Il faisait noir. La pièce était vide. Vide de tout mobilier. Aucun lit pour s'assoupir, ni aucun drap pour se couvrir. Milo payait les conséquences de ces actes, de sa stupide rébellion. Une énième tentative qui le poussa à penser autrement. La rue, il connaissait et savait s'y débrouiller pour survivre. Mais ici, dans ce lieu encore inconnu à ces yeux, il comprenait que tout ce qu'il avait connu ne reflétait guère la situation qu'il vivait. Son bienfaiteur le torturait psychologiquement afin qu'il oublie la bassesse de son comportement clandestin. « Milo, as-tu compris les règles de ta nouvelle vie cette fois-ci ? » Prononça une voix masculine, roque et autoritaire à travers la seule issue possible. Le jeune Cavalieri se leva donc du coin de la pièce sombre pour s'avancer vers la sortie. « J'ai compris... » Lui répondit-il en sachant qu'il ne pourrait lui résister plus longtemps. « Le respect, jeune effronté ! Le respect ! » Il haussait la voix. Il le faisait depuis le début. Depuis qu'il avait récupéré ce jeune délinquant dans une ruelle entre deux benne à ordure. « J'ai compris, monsieur. » Et la porte en fer s'ouvrit instantanément, la lumière du jour éblouissant le jeune homme et l'odeur d'un bon repas se faisant sentir non loin de là. « Mon brave garçon, tu ne sais pas encore ce qui t'attends et crois-moi ton avenir sera exceptionnel. »

La nuit était tombée sur Washington et Milo sortait enfin du bureau du politicien dont il était le conseiller. Quelques minutes encore et il serait enfin dehors. Dernier travailleur ce soir, il organisait la prochaine journée qui serait tout aussi mouvementé. L'homme de l'ombre enfilait donc son manteau, attrapait sa sac et se dirigeait vers la sortie avec le sourire aux lèvres lorsqu'une silhouette douteuse attira son regard. Il n'eut pas le temps de réagir que cette silhouette s'attaque à lui et le plaqua violemment contre un mur, l'empêchant de se servir de ces mains pour se défendre. « Je sais qui tu es, mutant ! » Paniqué, il sentait la peur ainsi que la colère montées. Un hunter cagoulé l'attaquait et cherchait sans nul doute à faire de lui sa victime. Alors qu'il éteignait les lumières, Milo en profita pour fuir. Une fuite qui ne dura pas puisque l'assaillant se rua sur lui et bloqua à nouveau ces mains. « Je ne suis pas ton ennemi. » Tenta-t-il de le convaincre, même s'il savait que les chances étaient minimes. « Tu ne sais pas de quoi tu parles, Milo... » Surpris d'entendre son prénom, le jeune homme commençait à douter de l'identité de son attaquant. Mais ce dernier jouait le jeu et ne faiblissait pas. Jusqu'à ce rire... Il retira sa cagoule et l'italien découvrit son petit copain du moment. « T'es con  » Renchérit Milo, son cœur battant toujours la chamade et ses lèvres aussi froides que de la glace. Souriant face à la connerie de son compagnon, ce dernier chercha à l'embrasser pour se faire pardonner. Mais à peine leurs lèvres s'effleurèrent que le don du politicien s'activa et gela en quelques secondes le corps entier de son amant. Pris de panique, il ne savait quoi faire, ni comment réagir. Il se figea un instant devant le miroir qui lui faisait face et constata avec horreur la couleur froide de son visage et de ces iris, la froideur de la mort. Il passait d'ancien délinquant à criminel, étape qu'il aurait préféré ne jamais franchir. Et pourtant, cette mort ne serait que la première d'une longue liste à venir...

Radcliff et Isolde Saddler sont deux raisons pour lesquelles Milo avait déménagé en ville. Des mois s'étaient écoulés et le politicien ne regrettait pas d'avoir laissé tombé un poste à l'avenir florissant pour une mutante qui lui portait un grand intérêt quant à l'avenir de sa ville et de sa politique. Saddler savait ce qu'elle gagnait avec lui et il lui en était reconnaissant. Aujourd'hui, et particulièrement cette nuit, Milo agissait seul, dans l'ombre. Il rendait justice lui-même et volait, tuait, pillait, torturait n'importe quel hunter qu'il croisait. Et justement, il venait d'en attraper un qu'il retenait avec férocité après lui avoir glacé son avant-bras et posé son pied dessus pour l'empêcher de s'enfuir. « Où comptes-tu aller comme ça toi ? » Lui dit-il alors qu'il essayait encore de s'enfuir. Il n'irait nul part, pas sans une égratignure. L'italien prit donc en main la bouteille en verre vide qui trainait dans cette ruelle et frappa brutalement l'avant-bras de son prisonnier qui se brisa en mille morceaux. Il hurla de douleur mais Milo ne réagit pas. « Tu mériterai dix fois pire après tout ce que tu as fais aux mutants. Thaddeus n'est plus là pour vous protéger et je compte bien en profiter pour vous faire subir cette terreur que vous nous avez fais vivre... » Il fixa alors son autre avant-bras, puis ses chevilles. De nombreuses possibilités de torture lui venaient en tête mais, en véritable gentleman, il s'accroupit face à sa victime. « Je te laisse même choisir ta prochaine blessure... » Le hunter, probablement sous l'effet de l'adrénaline et d'un courage inapproprié, sortit alors une arme à feu. Milo poussa alors sa main en direction de son prisonnier et le gela entièrement en quelques secondes. Une nouvelle statut de glace venait d'être sculpté et le politicien s'empressa de le frapper d'un violent coup de pied pour l'anéantir. « Abrutis... » Lança-t-il avant de repositionner sa veste et de reprendre sa marche en piétinant les débris qu'il laissait derrière lui. Il n'avait aucun remord, aucune culpabilité. Milo pouvait être aussi froid que son pouvoir.