WHEN THE NIGHTS CHANGE, SO DO MY NIGHTMARES TOO

Il est vingt heures. Dans sa chambre, il fait noir. Seuls quelques rayons lumineux arrivent à pénétrer l’enceinte sécurisante qu’est sa chambre, pour finir leur course sur le visage de la jeune blonde. Cela la réveille, ça ou bien le vacarme incessant qui se tient en bas.  Elle n’y prête pas l’oreille, jusqu’à ce que Luc rentre dans sa chambre. « Pam..j’arrive pas à dormir. Y a du bruit dans la rue. » Elle a seize ans, lui n’en a que dix. « Retournes te coucher. Fiche moi la paix. J’ai des examens d’main.. » dit-elle, agitant son bras pour lui signifier de dégager de sa chambre. Elle continue de parler mais finalement, ce n’est qu’un grommellement qu’elle émet. Une fois parti, elle se lève, d’un coup. Oui, elle avait senti qu’il se passait quelque chose d’inhabituel. Elle descendit quelques marches de l’escalier pour trouver ses parents face à un homme qui les menaçait avec une arme. Ils ne disaient rien. Pam vint briser ce silence avec un cri strident, long et audible. Tous les yeux se braquèrent sur elle. «  C’est qui elle ? » dit l’homme.  « T’as dit que les gosses étaient partis chez des amis ! Tu te fous de ma gueule c’est ça ?! Vous essayez de jouer au plus fort vous êtes ri… » « PAM ! Ils viennent pour Luc ! ». La scène s’enchaîne tellement vite, Pam ne réfléchit pas et fonce, avalant les marches à grande vitesse. Le bruit de la gifle que se prend sa mère ne l’atteint pas, elle l’entend mais le visage de son frère inquiet et en pleurs a toute son attention. Elle le prend, ne lui explique rien. Ce n’est qu’une fois dans la chambre qu’elle décroche quelques mots d’une voix qu’elle n’imaginait pas pouvoir paraître aussi déterminée. « Luc, prends l’échelle de lierres sur le côté et cours le plus loin que tu peux, vas chez mamie et ne t’arrêtes pas !» Il ne sourcille pas. Pendant ce temps Pam récupère dans son armoire un gros sac à dos, le met sur elle et descend cette fameuse échelle qui lui servait jusque-là à sortir en douce le soir. Son frère l’attendait en bas, elle s’apprête à lui faire un sermon quand finalement, elle le pousse à courir. Ils n’ont pas le temps. Plus le temps. A partir de maintenant c’est ainsi. Elle lui fournira des explications, oui mais pas maintenant, pour le moment ils doivent courir. Au fur et à mesure qu’ils foulent le bitume de leur rue, la maison prend feu au loin. Luke fait une pause un instant, réalisant bien ce que cela veut dire. Il jette un coup d’œil à sa sœur. «  Papa.. …Maman.. ». Les yeux de Pam sont remplis de larmes, elle ne sait quoi dire. D’ailleurs elle est obligée de faire une chose horrible en son sens, lui dire de continuer de courir.

WON'T YOU TELEPORT TO ME

« Et donc c’est comme ça que j’ai fini, devant mon boss, au Japon, à manger avec des baguettes.. » Pam sourit, reprenant un peu de ce vin qui lui rend la soirée plus.. douce. Parfois elle se demande ce qu’elle fait avec cet homme mais parfois elle se dit aussi qu’il correspond exactement à ce qu’elle recherche en ce moment : un homme assez simple d’esprit. Oui, il l’est sûrement un peu trop, elle doit le reconnaître mais ce n’est pas exactement comme si c’était l’homme de sa vie. Depuis qu’elle est en fuite, sa règle d’or n’est pas d’attache. Rien même qui y ressemble de près ou de loin. Son air d’idiot l’avait séduit, une fois, lorsqu’elle s’y attendait le moins. « Bridget, tu m’écoutes ? » elle hausse un sourcil en entendant son prénom, ou du moins celui par lequel elle se fait appeler. Elle lui prend la main comme pour lui montrer qu’il a toute son attention alors que son esprit est bien loin. Elle se demande ce que fait Luc. Depuis leur fuite, ils sont devenus fusionnels et être loin de lui l’inquiète. Si un hunter arrive et essaye de le tuer et qu’elle n’est pas là pour essayer d’empêcher cela, tout ça parce qu’elle traîne avec ce benêt, elle s’en voudra, elle le sait. « Ecoutes je crois que je v.. » vais rentrer… Il la coupe, lui posant un doigt sur la bouche. «  Ecoutes Bridget, je sais que ça ne fait que quelques mois qu’on se voit mais… Voudrais-tu devenir ma femme ? ». Son cœur se serre, s’arrête, sa respiration en fait de même. Première demande en mariage et elle a l’impression de ne pas ressentir les émotions qu’elle devrait. Loin d’elle le rêve de se marier un jour fleuri, elle a toujours imaginé passer sa vie à s’enfuir avec son frère. Elle regarde James. Le pauvre, il ne connait même pas l’existence de ce frère. Non en fait il ne connait rien d’elle. C’est Bridget qu’il aime, pas Pam. En même temps, pourquoi se cacher ? Depuis qu’ils sont à Memphis, ils n’ont pas vu la moindre trace de hunters. Luc fait profil bas, du moins il essaye. Pam a trouvé un petit boulot, sort avec James. La vie s’est améliorée ces derniers temps, et elle n’a pas peur de le dire. Cette sensation de sécurité qu’elle avait enfant revient peu à peu, malgré que son sac à dos soit toujours prêt au cas où. Au cas où quelqu’un d’autre voudrait lui prendre de nouveau son frère. Là où il y a des mutants,  il y a des personnes pour les tuer. Cette sensation de savoir qu’une poignée d’hommes cache un des plus grands secrets du monde aux yeux de tous, c’est exactement ce qu’elle ressent en regardant James. Il ne sait rien. Pire encore, il ne sait pas que quand il est avec elle, il est encore plus idiot que quand elle n’est pas là. Le temps semble s’arrêter quand son genou touche enfin terre. Cet idiot est vraiment en train de la demander en mariage. Non Pam, non. « Oui ». Eh bien voilà quelque chose qui sera dur à expliquer à Luc.

WON'T YOU TELEPORT TO ME

Pam regarde l’heure, ça y est. C’est bientôt à elle. Elle va se marier. Elle jette un  discret coup d’œil dans la salle, elle est quasiment vide. Elle a prétexté l’envie d’un mariage intime pour ne pas avoir à montrer Luc à tout le monde. Elle le sait, elle est bien trop protectrice. Comme si en le voyant quelqu’un pourrait se rendre compte qu’il est transmutant. Non. C’est impossible. Mais elle est paranoïaque, et ces dernières années n’ont fait qu’aggraver cela, son Beretta coincé sur sa jambe en est la preuve. La musique commence, elle remonte tranquillement l’allée, regardant les personnes présentes. Luc, le prêtre, deux témoins. Pas de fête après, ils ont prévu de s’envoler pour les îles une fois le mariage fini. C’est la première fois que James le voit et il le regarde avec attention, le dévisage peut-être un peu trop même. Un peu vexé de ce manque d’attention, elle continue sa marche d’un pas lent. Son frère est au premier rang, il la fixe. Il ne regarde pas ailleurs, il ne voit que sa sœur. Elle, en revanche, voit bien James laisser sa place près du curé pour commencer à attraper Luc. Elle ne réfléchit pas, tire un coup en l’air, dans une église. Tout le monde commence à crier et les deux hommes continuent de se battre. Elle entend les grognements de son frère, des bruits de phalanges qui s’écrasent dans le flanc de l’autre, elle ne saurait dire à qui appartiennent tous ces gémissements. Cette fois-ci, ce n’est plus le toit mais James qu’elle vise. C’est dur, elle ne peut pas se résigner à appuyer sur la gâchette. «  Qu’est-ce que tu fais bordel ?! Laisse mon frère. » Son bras bouge, elle tremble bien trop. « MAINTENANT ! » rajoute-t-elle, tirant dans la jambe en mouvement de James. Il se replia sur lui, instantanément. «  Putain  Pam ! Ma jambe ! Laisse-le moi et tout ira bien » Pam ? Il n’a pas le temps de rajouter un mot que Luke le finit, lui foutant son poing dans le visage pour pouvoir avoir le temps de faire ce dont ils ont l’habitude .. fuir. « Pam viens, j’ai tout de prêt dans le coffre de la voiture !» Elle reste un instant à regarder James au sol mais finalement, son frère la prend dans ses bras et l’emmène dans leur voiture. Deux minutes plus tard, elle reçoit un appel de James. Elle fixe son téléphone, ne sachant pas quoi faire. Luc sait. Il le lui prend, ouvre la fenêtre et le regarde s'éclater sur le sol. «  Faut qu’on change d’identité… Je suis désolé Pam.. vraiment. »