(fst - adrian) here we are, don't turn away now

Dès que Darian passe la porte du poste de police, il sort sa main de sa poche. Il a senti la brûlure parcourir sa main depuis une heure environ, sans pouvoir s'échapper discrètement du bureau pour pouvoir s'assurer de ce qui se passait lui-même. Sous la pénombre de la nuit, il est contraint de s'approcher d'un réverbère pour constater ce qu'il soupçonnait déjà. La couleur de sa main est sombre. Bien trop sombre pour être normale. Inspirant doucement, pour éviter de paniquer, Darian relève la manche de son pull pour libérer sa peau jusqu'à son coude. Le constat est le même que la dernière fois : l'espèce d'ombre englobe également son poignet, jusqu'à ne faire qu'un avec sa peau. Comme lorsqu'Alana est repartie de chez lui. Continuant d'observer sa paume avec attention, tournant et retournant cette main qui tremble légèrement depuis que les questions ont envahi son esprit à ce sujet, le policier se dit qu'il devrait peut-être l'appeler. Lui dire enfin ce qui se passe pour au moins entendre une voix rassurante et suivre un conseil utile. Seul, il n'est pas certain d'adopter la bonne démarche. Pas du tout. La peur de blesser ou d'être blessé le tenaille, si bien que même sortir son portable de sa poche est une mission à risque tant la fine pellicule noire se mouve le long de sa peau, indépendamment de sa volonté, tel un tatouage en perpétuel mouvement, telles ses pensées en ébullition imagées contre son épiderme. Une fois son portable dans son autre main, Darian se met à chercher frénétiquement Alana dans les contacts. Qu'elle réponde, qu'elle réponde car il ne pourra plus faire ça tout seul très longtemps et il n'est... Un bruit dans son dos le fait de retourner brusquement. Si brusquement que, la seconde suivante, Darian réalise que l'ombre a quitté sa main pour filer au sol, ramper jusqu'à la personne qui lui fait désormais face et grimper jusqu'à son visage. Une blessure longiligne parcourt la peau de l'inconnu. Horrifié, le Segelbacher n'a qu'un seul réflexe désespéré : reculer d'un pas salutaire. - Est-ce que ça va ?, qu'il demande d'une voix faible. Du sang s'évade de la blessure qu'il vient d'infliger, accélérant son rythme cardiaque l'instant suivant. Il a fait ça. Il a fait du mal à quelqu'un. Secouant la tête, Darian laisse son regard absent dériver vers sa main : à l'endroit exact où est venu se redisposer, l'air de rien, la tâche sombre, immobile, voyante, effrayante.

Traverser la moitié de Radcliff pour trouver des framboises en plein mois d'octobre et combler les envies subites d'une femme enceinte, voilà qui était fait. Aurora bien emmitouflée dans plusieurs couches de vêtements et harnachée dans sa poussette, son père et elle avaient quitté leur domicile pour faire tous les marchés de la ville, à la recherche du fameux fruit rouge. Adrian le savait bien, Evie n'en aurait pas fait une montagne s'il n'avait pas trouvé ce qu'elle désirait, mais pour le futur père de jumeaux il n'était tout simplement pas question. Evie voulait ses framboises et elle aurait ses fichues framboises, tant pis s'il lui fallait des heures et un véritable marathon pour en trouver. Ses pérégrinations avaient fini par le conduire dans une petite épicerie non loin du poste de police, où il avait fini par dénicher les précieux fruits – et tant pis pour leur prix exorbitant. Naturellement, à la vue des jolies baies Aurora en avait réclamé, et Adrian avait cédé aux yeux brillants de sa fille, qui n'avait pas tardé à se retrouver les menottes tachés, sans que cela n'inquiète son père qui n'y voyait pas là le moindre problème. Ce qui l'inquiétait davantage c'était la nuit tombée, ce qui signifiait qu'Evie n'allait pas tarder à s'inquiéter de ne pas les voir rentrer, sans doute loin de se douter que sa petite envie s'était transformée en véritable expédition pour sa petite famille. Pressant un peu le pas, Adrian avait pris un petit détour qui leur permettrait de rejoindre la voiture plus rapidement, le tout sans trop se soucier des alentours – il savait que Radcliff était peu fréquentable une fois le soleil couché, il avait lui-même fait partie de ces ombres qui rôdaient dans pénombre. Il faisait à peine attention à la personne qui marchait devant lui, et sans doute fut-ce son erreur. Il releva les yeux sur l'homme qui le précédait uniquement lorsque celui-ci se retourna, et avant-même qu'Adrian n'ait compris quoi que ce soit à ce qui était en train d'arriver, il s'était retrouvé avec une longue estafilade sur la joue. Son premier réflexe fut de porter bêtement une main à sa joue, tandis que l'inconnu reculait avec un air choqué et lui demandait s'il allait bien. Ce fut plus fort que lui, Adrian soupira longuement, de façon totalement exagérée, avant de lever les yeux au ciel. « C'est bien la première fois qu'on me le fait, ce coup là... » L'air de rien, Adrian essuya sa joue ensanglantée avec la manche de sa veste, sachant parfaitement qu'Evie paniquerait à la vue de cette petite blessure. « Ça va, j'ai connu pire. » Le regard d'Adrian s'attarda sur la main de l'homme, qui semblait être habillée d'une ombre, ce qui ne laissait aucun doute quant à la nature de l'individu. Cependant, loin de paniquer, Adrian préféra avancer de quelques pas, se plaçant stratégiquement entre lui et la poussette – au cas où. « Écoutez, ça va, c'est rien... Mais vous, vous n'avez pas l'air bien. » Il avait le même air angoissé qu'avaient affiché tous les mutants sur lesquels il était tombé lorsqu'il croyait encore faire quelque chose de bien débarrassant les rues de Radcliff de ceux qui étaient trop dangereux, à coups de NH25 ou de choses plus... radicales. « Vous devriez pas traîner dehors comme ça... Lancaster n'est peut-être plus maire, mais tous les tarés n'ont pas disparu en même temps que lui. »

Darian continue de regarder sa main avec effroi. A la lumière du réverbère, l'ombre se concentre sur cette dernière, dans une densité anormale, une approche différente, et lorsque le policier a l'audace de regarder au sol, aucune ombre ne s'y trouve. Elle a disparu. Comme s'il n'en avait jamais eu. Depuis que ce phénomène s'est produit une première fois, après le retour d'Alana dans sa vie, Darian a commencé à faire attention. Il a privilégié le moins de contact possible avec les autres, pour ne pas se remettre à blesser qui que ce soit par inadvertance, sans s'en rendre compte, comme maintenant, et plus tôt dans la journée son ombre n'avait rien d'étrange. Jusqu'à présent. Le rythme cardiaque affolé, les pensées ravagées, l'allemand met un temps infini à reporter son attention sur l'homme plus loin. Lui, il n'a pas l'air bien ?! Un rire nerveux lui échappe. Un comportement qu'il n'adopte jamais, une réaction qui le surprend une fois de plus, sans doute à cause de cette nervosité qui fait pulser le sang à ses tympans et battre son coeur en toujours plus de désaccord. - Non, non, ça va... Sa gorge est sèche, sa voix est rauque, son regard hagard. Darian veut déguerpir mais ses pieds restent fermement ancrés au sol. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il remarque l'enfant dans la poussette, derrière le géant. Sa bouille enfantine, ses grands yeux curieux, ses sourcils qui se froncent sous l'incompréhension de ce qui est en train de se passer. Le tout redonne un second souffle au Segelbacher, qui parvient enfin à articuler deux mots avec un minimum de sens. - Je veux pas la blesser. Continuant de fixer la gamine, de peur de la perdre de vue sans y être préparé, et alors de mettre sa vie en danger, Darian fait un premier pas en arrière. Il se met à masquer dans son dos cette main qui continue de l'intriguer autant que l'effrayer, avant d'inspirer une grande bouffée d'air. Il doit se calmer. Il doit réussir à s'apaiser pour ne pas que cet homme voit en lui un pauvre animal blessé prêt à mordre par simple automatisme de défense. Ce n'est pas ce qu'il est. Ce n'est pas ce qu'il va devenir. Il peut contrôler cette chose, il va la contrôler, il en est capable, comme Alana l'a été avant lui, ou pas, il peut, s'il demande à Ezekiel de l'aide, en espérant que ce dernier ne le rejette pas une nouvelle fois, il peut... - Vous êtes- vous êtes mutant ?, qu'il demande, d'une voix qu'il veut plus assurée, plus forte pour ne pas être manquée maintenant. Il a besoin d'aide ; la première aide bienvenue, bien qu'il n'ose pas formuler concrètement cette demande à voix haute. Bien qu'il aurait eu besoin de la Kovalainen à ses côtés pour l'épauler, dans un moment aussi critique que celui-ci. Tant pis si prononcer ces mots en pleine rue est une mauvaise idée. Darian n'a cependant plus le choix. Sa mutation – car il suppose que ça ne peut être que cette dernière s'éveillant enfin - a ce côté incontrôlable et imprévisible qui le panique, si bien que lorsqu'il fait rapparaître son bras découvert de tissu dans son champ de vision, l'appréhension de voir cette ombre mouvante, calquée sur sa nervosité grandissante, est toujours intacte. - Je sais pas comment faire pour que ça s'arrête, c'est la deuxième fois que ça se manifeste, j'ai aucune idée de comment... Les mots lui manquent. Pour la première fois depuis longtemps, les mots lui manquent.

Surtout pas de panique. Toujours plus facile à dire qu'à faire, mais Adrian commençait à avoir l'habitude de ce genre de situation. Généralement, il préférait ne pas avoir Aurora avec lui lorsqu'il tombait sur un mutant paniqué, mais sa fille était là, et il devrait faire avec. Quelque chose l'empêchait de faire simplement demi-tour, pour ramener ses maudites framboises à Evie, la détresse du mutant était palpable et s'il le laissait dans cet état, il n'aurait pas eu la conscience tranquille. Et c'était plutôt comique, car quelques mois plus tôt, il faisait encore partie de ceux qui terrorisaient les mutants. Il n'était pas fier de cela, mais au moins il était parvenu à ouvrir les yeux et à comprendre que s'en prendre à des innocents ne mèneraient à rien. Aider ce qui en avaient besoin, c'était bien plus noble, et cela même si ça ne suffirait pas à laver sa conscience de toutes les atrocités commises alors qu'il se croyait parti en croisade contre la race mutante. Évidemment, la présence d'Aurora – complètement insensible à la scène qui se jouait sous ses yeux – compliquait un peu les choses, mais à présent qu'il était là, il allait faire ce qu'il pouvait pour aider ce pauvre gars. « J'suis pas mutant, non. Mais j'en ai épousé une. » C'était censé être rassurant. Après tout, un type qui avait passé la bague au doigt d'une mutante ne pouvait que les aimer – ou au moins, les tolérer. Sauf que malheureusement pour Adrian, l'amour qu'il portait à Evie ne se lisait pas sur son visage ni dans son attitude. Il allait devoir trouver autre chose pour rassurer le mutant, histoire qu'il ne recommence pas ce qu'il avait fait – d'ailleurs, Adrian n'avait toujours pas compris ce qui lui était arrivé. La bouche d'Adrian forma un O parfait quand le mutant lui expliqua que c'était la deuxième fois seulement que sa mutation se manifestait. Ça expliquait sans doute pourquoi il semblait aussi paniqué. « Respirez à fond. » Dit comme ça, c'était con. « C'est ce que je conseillais à ma femme de faire, quand sa mutation lui échappait... Ça paraît ridicule comme ça, mais ça marche, je vous assure. » Réguler sa respiration, c'était un bon moyen d'éviter la crise de panique. C'était un truc qu'il avait appris à l'armée, et qu'il appliquait dès qu'il sentait ses angoisses le prendre à la gorge. « Vous... On devrait pas rester ici. Faut pas trop traîner dehors à cette heure ci. » Adrian avait voulu prendre un raccourci, mais il n'avait pas eu l'intention de rester dans cette rue miteuse plus longtemps que prévu. Et puis, plus ce mutant restait dehors, plus il risquait de tomber sur quelqu'un qui n'aurait pas d'aussi bonnes intentions que lui à son égard. Adrian se risqua à faire quelques pas vers le mutant, sans quitter le bras du mutant des yeux. « C'est quoi votre prénom... ? Moi c'est Adrian. Et elle, c'est Aurora. C'est une petite mutante, elle aussi... Je sais pas ce qu'elle fera plus tard, mais avec sa mère, on saura gérer... Vous avez des enfants ? » Détourner l'attention de l'homme de ce qui était en train de lui arriver, ça paraissait être une bonne idée. C'était comme avec Aurora quand elle tombait et commençait à pleurnicher, il détournait son attention avec un jouet et elle oubliait tout. Facile... Non ?

En posant cette question, Darian ne sait pas ce qu'il espère. Une réponse positive, une réponse négative, une réaction virulente ou de la moquerie. Ce n'est pas une question qui se pose, en temps normal, même si à la tête de la ville se trouve dorénavant Isolde Sadler, une mutante. Mais dans un moment comme celui-ci, le Segelbacher oublie un peu ce qu'il peut faire ou non. Il préfère également oublier son passé, sa famille, ses origines, il ne cherche à et doit se concentrer que sur cette mutation qui vient de s'éveiller pour la deuxième fois et qu'il ne maîtrise pas. Il a appris par le passé à chasser les personnes comme lui, à les considérer comme des personnes à part... Toutes les choses qu'il a entendues par le passé, Darian n'a jamais réussi à se les ancrer dans la tête. Son côté entêté, il ne l'a jamais démontré effrontément devant sa famille, devant les autres chasseurs, mais il a tenu tête en son fort intérieur. A chaque fois qu'il devait s'entraîner, en prévision de blesser des personnes qui, au fond, étaient comme lui, il réfutait les idées terribles qu'on cherchait à lui ancrer dans le crâne. Les méthodes, les mots, les leçons, Darian les a appris par la force des choses tout en sachant faire la part des choses : la différence entre celui que sa famille voulait le voir devenir et celui qu'il était vraiment. Aujourd'hui, il se retrouve aux mains d'une situation qui le dépasse. Une situation qu'il ne peut réfuter ni tenter de faire disparaître de sa vie. Il est mutant. Sa mutation s'éveille lentement, ne lui laissant plus le choix de l'ignorer. Ce soir, il ne peut pas le faire. Il ne peut plus. Quand le Segelbacher relève son regard dans celui de l'homme, il fait plus de peine qu'autre chose. Il consent enfin à écouter, à suivre l'idée d'un autre pour tenter de maîtriser un peu mieux ce qui lui arrive. - D'accord..., souffle-t-il dans un murmure. Prenant une légère inspiration, pour continuer à s'apaiser, à prendre sur lui, il baisse les yeux sur l'ombre qui continue de remuer sur son avant-bras. Il remarque que cette dernière a continué de se concentrer sur cette zone le temps d'écouter le fameux Adrian. Il ne sait pas encore ce que cela peut signifier ou non, il constate juste que sa main est manifestement le lieux de convergence de ce don qu'il est inapte à maîtriser. L'homme vient de lui conseiller un truc tout bête. Réguler sa respiration pour peut-être réussir à mieux anticiper la suite des événements, respirer calmement pour peut-être tenter d'y voir plus clair, inspirer et expirer de manière à mesurer le potentiel qu'il peut avoir à reprendre en main les choses. Sa mutation ne peut pas incarner un tel handicap dès le début, Darian ne pourrait pas le supporter ; il ne le pourrait pas alors que, quand il était de l'autre côté de la barrière, quand il n'était encore qu'un adolescent dont le devoir était selon sa famille d'arracher la vie aux mutants, il n'avait pas non plus trouvé sa place. Il avait imaginé les choses différemment, il ne s'était pas projeté dans l'existence préconçue par sa mère et le reste des chasseurs l'entourant avec bien trop de fierté déjà, Darian s'en était senti incapable. Si aujourd'hui les choses se reproduisent de nouveau, sous une nouvelle forme, avec un autre rejet, le policier ne sait plus comment il va pouvoir gérer les choses. Continuant d'accorder autant d'attention que possible à sa respiration plutôt qu'à cette mutation qui continue de guetter son indépendance, le trentenaire relève un regard prudent en direction du père de famille. - Darian. La suite prend un peu le mutant de court. Instantanément, ses pensées dérivent vers Alana, son regard, sa présence apaisante, elles songent à toutes les choses qu'il aimerait pouvoir lui dire et entendre en retour de sa part et un sourire triste étire ses lèvres. Il aimerait qu'elle soit là, maintenant, juste maintenant. - Vous avez de la chance... Son regard parcoure les traits de la petite fille aux côtés du géant. Avant que la question d'Adrian ne le surprenne et lui fasse relever la tête dans sa direction. Un - Non. franc passe ses lèvres, sans pour autant qu'une moindre agressivité ne s'en dégage. Instantanément, l'image d'une Alana avec dans les bras une petite fille aux longs cheveux envahit son esprit. C'est une idée incongrue, surprenante, mais qui fait soudain battre son cœur d'un espoir infini. Sans même s'en rendre compte, l'ombre sur son avant-bras et sa main perd en superficie. - Pas encore, peut-être un jour, qui sait..., que finit par répondre un Darian qui préfère secouer la tête plutôt que de continuer à s'imaginer une vie future bien trop belle, bien trop enivrante. Ses prunelles accordent de nouveau attention à l'ombre. - Ça marche. Ses sourcils se froncent. - Peut-être que je peux réussir à rentrer chez moi sans que ça recommence... Cette dernière intervention a des airs de question. Le policier ne sait pas comment les choses se passent pour la femme d'Adrian. Il n'a pas idée de comment apaiser les choses, sachant que la première fois il est resté plusieurs heures sans trop bouger, dans son salon, en refusant que quiconque ne l'approche, encore moins Alana.

Bon. Ce n'était clairement pas de cette façon qu'Adrian avait imaginé son début de soirée, mais à Radcliff, on obtenait rarement ce qu'on voulait. Le plus ironique dans l'histoire, c'était que ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait à aider un mutant en difficulté à une heure pareille, à croire que le destin était décidé à le reconvertir de force dans le sauvetage de mutants. Le problème, c'était qu'Adrian n'avait jamais été très doué en psychologie, alors il avait l'impression de tâtonner dans le noir, il prenait les choses comme elles venaient en espérant ne pas mettre les deux pieds dans le plat. Cette fois, il semblait avoir de la chance, le mutant ne semblait pas trop nerveux. Ou du moins, pas suffisamment pour représenter un danger immédiat pour lui, et surtout pour Aurora. Autrefois, il ne se serait pas posé de questions et aurait passé son chemin, merci mais non merci. Mais depuis qu'il s'était retrouvé entre Evie et les chasseurs qui voulaient la tuer, il avait changé. Ou alors il s'était cogné la tête un peu trop fort contre le plancher, mais quoi qu'il en soit il avait eu la révélation qui l'avait remis sur le droit chemin. « C'est loin, chez vous ? » Et surtout, était-ce dans l'un des quartiers favoris des chasseurs ? Ces coins là, Adrian les connaissait trop bien, il avait pour nouvelle habitude de les éviter soigneusement. « Je peux vous accompagner, si vous voulez. Je connais les passages les plus sûrs, loin de... Loin des tarés qui prennent les mutants pour des cibles vivantes. » Personne ne lui avait encore demandé comment il savait ce genre de choses et de toute façon, si on lui avait posé la question il aurait menti. Son passé de chasseur n'était pas une chose dont il était particulièrement fier, il avait envie de mettre ces années là de sa vie derrière lui au plus vite, et si possible en toute discrétion. « D'expérience, je sais que plus vous penserez à ce que vous risquez de faire, et plus vous risquerez de le faire... » C'était comme une version pervertie de l'auto-persuasion. Si on vous dit de ne pas penser à un éléphant rose, que faites-vous... ? L'être humain était doué pour se mettre soi-même dans des situations compliquées, au cas où la vie ne s'en chargerait pas assez. « Loin de moi l'envie de vous mettre la pression, mais c'est à cette heure ci que les hunters commencent à sortir... » Et un mutant paniqué représentait une cible de choix pour eux, le genre qu'ils s'amusaient à traquer en bande, pour le plaisir. Même quand il faisait encore partie de leurs rangs, Adrian n'avait jamais compris comment l'on pouvait prendre plaisir à chasser. Il avait fait ce qu'il faisait parce qu'il avait été persuadé que c'était le mieux qu'il puisse faire pour protéger les siens, mais la torture n'était pas dans ses habitudes. Ceux qui considéraient la chasse comme un passe-temps avaient vraiment un problème et ces types là, il avait toujours refusé de se frotter à eux. Adrian lança un regard à Aurora qui commençait à s'impatienter dans sa poussette, et fit la grimace. « Ça va aller, ne vous en faites pas. Faut juste qu'on se dépêche. »

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» CORALEEN || Certains disent que nous avons besoin d'amour pour survivre alors que la seule véritable chose dont nous ayons besoin .. c'est l'oxygène.
» why does it rain down on utopia ? (adrian)

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