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 The Harder We Fall [Marius]

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MessageSujet: The Harder We Fall [Marius]   The Harder We Fall [Marius] Icon_minitimeVen 4 Sep 2015 - 23:13

Rien n’a changé. Ou peut-être que si. Mais en apparence, tout semble comme avant. Anormalement calme. Spontanément, tout a changé. Du jour au lendemain, quatre semaines de congé déposées chez mon supérieur pour disparaître, sans mot dire. Destination inconnue de ces vacances inattendues, je n’ai même pas laissé le temps à mon patron d’approuver. Qu’il me vire et me rétrograde : à l’heure actuelle, cela ne changerait rien. Cela n’avait pas la moindre importance qu’une goutte d’eau dans un verre vide. Sans contact avec qui que ce soit, ne possédant que du liquide pour veiller à m’en sortir, sac au dos j’étais parti, en vagabond, intraçable et introuvable. Pour se faire oublier, rien de tel que passer quelques temps à l’écart des autres. Certainement recherché par la famille, il n’y avait pas de regret. Pas d’infraction dans mon appartement pour assurer d’un rapt, j’étais tout simplement parti, veillant à n’avoir aucune électronique pour permettre de me localiser. Difficile aujourd’hui de s’effacer du monde, de faire partie d’une pépite d’or dans une rivière, infime, indétectable. Cet agissement, je ne le regrettais nullement : une folie de plus pour marquer le point d’arrêt. Avant de passer en burn-out, de devenir fou. Coincé dans une spirale dont je ne maîtrisais plus rien, le temps se jouait de moi, me narguant envers un choix dont je ne pouvais solliciter le coup de tête pour effectuer le changement ; j’avais pourtant trouvé les éléments de réponse, détectant ce qui n’allait pas, ce qui devait changer, inévitablement. Le problème demeurait toujours identique, et cette situation ne pouvait en rester là : la colère d’apprendre également certaines choses précipitaient ma décision sans nom ; sans avoir la moindre idée de comment faire, comment agir, je revenais avec l’assurance que ce choix, bien que difficile à prononcer permettrait sur le long terme d’éviter des catastrophes sans nom. Je n’appartenais plus aux Hunters : dans leurs idéaux, dans leurs pensées, plus possible de revenir en arrière, d’imaginer autrement ce que je ne percevais plus. Cette situation me dégoutait, me rebutait à l’extrême, et je ne pouvais poursuivre cette mascarade. Pour mon frère pour mon entourage, il était temps de crever cet abcès tant gonflé que rien ne pourrait plus le contenir s’il s’engrenait davantage.

Une folie m’a pris. Ou peut-être simplement ai-je pensé à mon frère, et à cette angoisse de ne plus me voir, de se sentir abandonner par son frère après tout ce temps. J’avais promis de ne jamais agir de la sorte, et le laisser tout seul. J’avais aussi dit que nous serions inséparables, quoi qu’il arrive… mais nous l’étions déjà, depuis tant d’années. Ils nous avaient fait commettre ça, nous mentir l’un à l’autre, nous casser en morceaux pour ensuite se délecter des miettes à ramasser. Mon frère, mon sang, et pourtant celui à qui j’avais manqué le plus d’honnêteté. Pour toute la famille, il avait trinqué. Pour tous, il avait été mis à l’écart de nos agissements. Et je regrettais tellement de l’avoir mêlé à tout cela, que malgré tous mes efforts pour le protéger, la cause des hunters lui soit retombée dans un bain de sang. Comment lui expliquer ? Je l’ignorais encore, et je ne savais comment j’allais m’y prendre pour assurer toute cette culpabilité grandissante envers lui. J’avais menti et trompé sous son nez, sans le moindre scrupule et la catastrophe avait fini par frapper, mettant un point d’arrêt au jeu.
Je me suis rendu chez lui, au perron de sa porte. Je n’avais nulle part où aller, nulle part où m’expliquer. Mes affaires posées à mon appartement à peine arrivé, je n’ai même pas pris la peine de regarder les centaines, les milliers d’appels reçus. Je n’y répondrais pas, de toute manière. Quant à mes parents… ils n’avaient qu’à venir me voir et constater. Autant demeurer à l’écart de leur portée pour le moment. Avec ce qu’ils avaient fait autant qu’ils se fassent discrets à mon égard.

« Marius… désolé d’être parti ainsi sans prévenir »

Il n’y avait pas assez de mots pour expliquer la situation, pas assez de support pour assurer que je n’étais pas fou, que je ne délirais nullement. J’étais présent, aujourd’hui, mais à quel prix ? Avais-je joué avec le feu pour définitivement le perdre, ou bien… restait-il une petite chance, même infime, qu’il ne m’en veuille pas ?
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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: The Harder We Fall [Marius]   The Harder We Fall [Marius] Icon_minitimeDim 6 Sep 2015 - 21:46

The harder we fall
Martial & Marius



Je m’ennuie. Et l’ennui est la pire chose qui puisse m’arriver, moi, charmant hyperactif qui ne supporte pas la moindre contrainte et encore moins l’oisiveté. Même lorsque je larve sur mon canapé, je suis actif puisque je joue à la console ou je résous des équations en tirant la langue sous la concentration. Mais là, je m’ennuie. Parce que je fixe mon téléphone toutes les vingt minutes, parce que je me suis effondré sur mon lit il y a deux heures, parce que j’ai passé une sale nuit et une… sale matinée. Et que j’angoisse à l’idée de ne pas avoir de messages sur mon téléphone, j’angoisse à l’idée en recevoir un, parce que je passe une mauvaise journée, voilà tout.

Un grognement, je me téléporte devant mon frigo pour l’ouvrir et constater qu’il ne me reste vaguement que trois petits pois, un concombre, deux tomates et six bières, et que c’est définitivement la loose. Une nouvelle téléportation, je m’écroule sur le canapé et allume la télé. Je m’ennuie mais je ne sais pas quoi faire. La seule personne que je veux voir m’a abandonné et je préfère ne pas y penser. Trop tard. Je me recroqueville dans le canapé en faisant gaffe à mon plâtre, j’ouvre ma bière et je lutte pour ne pas regarder une énième fois mon téléphone. Trop tard : il est dans ma main. Trop tard : le numéro est composé et le répondeur s’agite au bout de quelques sonneries. « J’te déteste Marty. T’avais promis de ne jamais me laisser tomber. Tu es où, Martial ? Qu’est ce que tu fous ? Tu es où putain ? » Un soupir. Je laisse les secondes défiler avant de mettre le téléphone en haut-parleur et de le poser sur la table face à moi. Je m’ennuie. Je n’ai rien à faire. Je n’ai même plus envie de lire mon encyclopédie des théories mathématiques. Je n’ai même pas envie de jouer sur mon portable, de faire le sniper sur ma console, d’envoyer mon ballon rebondir contre le mur. J’ai juste envie… de parler à mon frère. « Hier soir, j’suis allé boire un verre avec Seth, tu sais ? J’t’ai déjà parlé de Seth, normalement. Bref. Et il m’a fait clairement comprendre que se bourrer la tronche, c’était pas très… malin. C’est de ta faute, tout ça. J’suis allé voir Papa aussi, cette semaine, mais je suis tombé sur Maman et... Bref, c'est pas intéressant. Astrid est… » Je parle à un répondeur. Je ferme les yeux. C’est comment déjà pour supprimer le message qu’on est en train d’enregistrer ?  Je soupire en fermant mon téléphone. Au pire, ce ne sera que le quarantième message sans réponse, au bas mot, que je laisse sur la messagerie de mon frère. Pas de nouvelles. Un mois. Je ne sais pas quoi en penser, je ne sais même pas s’il a disparu, s’il s’est fait enlevé ou s’il m’a juste abandonné. Je refuse de penser au pire, mais… je ne sais même pas ce qui serait le pire. Que mon frère m’abandonne ou qu’il… Je me recroqueville davantage encore, serrant mon téléphone dans mon poing, hésitant entre refaire le numéro et l’envoyer se fracasser contre le mur comme mes trois précédents portables. C’est un cauchemar. Ma vie est un putain de cauchemar en ce moment, c’est la seule chose que je peux voir. Et je ne sais pas comment je vais m’en sortir parce que…

On frappe. On frappe à ma porte. Je grommelle un vague « Dégage » qui ne risque pas de franchir l’isolation tout en serrant Chester contre mon torse. Les coups retentissent à nouveau, j’attrape mes béquilles et me téléporte devant ma porte, la main sur la poignée, l’œil sur le judas et… Mon cœur arrête de battre. Je déglutis. Et forcément, je me décale sur le côté pour ouvrir la porte en grand. « Marius… désolé d’être parti ainsi sans prévenir » Je le regarde sans un mot, tiraillé entre l’envie de lui fermer la porte au nez, de lui sauter dans les bras malgré mon plâtre, de l’ignorer, de l’engueuler, de lui demander pourquoi ? et de lui balancer ma béquille à la tronche. C’est finalement un fatigué « Tu te fous de ma gueule ? » qui prend les devants alors que je me décale quand même pour le laisser passer. On ne s’est jamais vraiment disputé tous les deux. Ou plutôt je n’ai jamais été aussi blessé que là. De toute manière, faut bien être lucide, de nous deux, c’est toujours moi qui craque le premier lorsqu’on est en froid parce que je ne peux tout simplement pas perdre contact avec Martial et… « Tu m’as abandonné au pire moment, t’en es conscient ? » Je ferme la porte derrière lui. Je me doute bien que je n’ai jamais autant ressemblé à mon père qu’à cet instant, à préférer parler aussi froidement au lieu de lui hurler à quel point il m’a fait peur, à quel point il m’a manqué, à quel point il m’a fait mal. « Qu’est ce que tu fous là ? » Je balance Chester, que je tenais encore, sur le canapé avant de me téléporter sur la chaise la plus proche et de m’y adosser en croisant les bras. « Tu te souviens de mon existence ? De mon adresse ? De ton frère jumeau ? Comment ça se passe du coup, dans ta tête ? »

Au début, j’ai cru à une mauvaise blague. Au bout d’une semaine, j’ai débarqué au commissariat. Au bout de deux semaines, on m’a dit que s’il avait été enlevé ou tué, on aurait déjà reçu une demande de rançon ou trouvé un corps, ou des traces. Et il y a quelques jours, on a conclu qu’il avait peut être décidé tout seul de se barrer, sans un mot, avec ses affaires et surtout rien d’électronique. Son portable, son ordi, toutes ses affaires en dehors d’un sac de rando et de quelques habits étaient à son appartement. Il m’a abandonné. Volontairement. Et j’exige des explications. « Putain Martial... tu vas bien ? »


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MessageSujet: Re: The Harder We Fall [Marius]   The Harder We Fall [Marius] Icon_minitimeDim 27 Sep 2015 - 19:46

Rentré, alors que je pensais ne pas y retourner avant un moment. Cette sensation étonne, celle qui d’un coup de tête se marque comme une évidence, quand le lendemain, elle se place comme une marque de lâcheté. Une fois n’est pas coutume, j’avais tout lâché pour fuir cette pression n’en finissant plus de tout détruire sur son passage. Les décisions prises, les conséquences seront assumées à mon retour, comme si de littéralement éviter de prévenir qui que ce soit de mes intentions. Que Marius sache ou non, il aurait paniqué et aurait poussé le vice jusqu’à me faire cracher le morceau si je l’avais mis au courant. Car il n’aurait jamais lâché le morceau, jamais. A travers les routes où j’avais erré, les chemins, les motels pour l’espace d’une nuit, dans la recherche d’une solution, celle de soi. Qui j’étais réellement, qui avais-je décidé de devenir, quel chemin emprunter. Ces questions se posaient naturellement dans ma tête, sans pour autant savoir si à la clé du pèlerinage, une réponse se poserait au milieu de toutes ces interrogations. La marche se poursuivait, les sentiers s’empruntaient, sans savoir où j’allais arriver. Pas de voiture, que du liquide dans les doigts pour s’en sortir et des clopes. Bien trop de cigarettes consumées pour pallier ce stress, ce manque à ma vie. Pour quelle raison, quelle instance faisais-je tout cela. Pour moi ou pour d’autres ? Etais-je mon véritable chef ou celui d’apparences plus trompeuses les unes que les autres, ou simplement le pantin manipulé sans en avoir la moindre conscience ? Cette manière que mon propre prestidigitateur avait trouvé pour que je finisse par revenir, à jamais soumis, à sa portée, tandis qu’il tirait les ficelles de ma vie. Peut-être que finalement je n’avais jamais choisir et en assumer les conséquences, que rester en retrait de cette forme de violence me permettait d’éviter les catastrophes grondantes. Mon père aurait considéré cela comme de la lâcheté, tout simplement. Comme il aurait considéré chacun de mes traits pour en prendre avantage et se délecter de me voir sombrer si facilement, dans ma propre démence, et folie. Comme si sortir de ses sentiers battus me rendrait plus faible, moins forts et moins enclin à me battre pour mes propres convictions.
Comme si jamais je n’avais eu droit d’en avoir, des avis convergents de celui de mon paternel, lui qui s’imaginait que nous nous ressemblions trop pour converger vers des idéaux opposés.

Ce n’était pour pas lui vers qui je me tournais le premier. Qu’il me pense mort ou vivant, peut important finalement. Mentir n’avait jamais été trop difficile, lui assumer ma vérité dans la tronche un peu plus. Chacun ses faiblesses et ses imperfections, pas vrai ? Vous ne pouvez pas juger ce que j’ai vécu, puisque vous n’en avez connu le contexte ; Vous ne pouvez pas non m’assurer que ma décision de m’en aller était mauvaise ou bonne. Mon choix également, parce que j’en ai assez de les entendre ces préjugés, suppositions venimeuses auxquelles vous croyez sans réfléchir. Auxquelles vous pensez que je suis simplement comme vous alors que ce n’est pas le cas. Et c’est peut-être ce qui est le plus chagrinant finalement : que personne ne sache ce que j’étais, ce que je valais. Se voile la face sur une image faussée le reflet du miroir. Alors que la réalité dévoilait un autre visage. Simplement.

Sur le perron, je savais que je ne serai pas accueilli chaleureusement ; je savais également que j’allais me prendre quelques reproches de la part de Martial. Comment lui en vouloir après tout ce que nous avions vécu, c’était plus que légitime. J’avais promis ; j’avais brisé. Je ne me pardonnerai pas cet acte, mais le but n’avait jamais été de le faire du mal. Comprendrait-il avec le recul, et le temps ? Pour l’instant j’encaissais le coup, me renfermant sur moi-même face à ce flot d’insultes et de colère ; Je ne souhaitais pas me battre avec lui, ni même devoir rendre des comptes comme je devais le faire avec mon père lorsque je faisais une bêtise. Pour des inconnus, j’acceptais les reproches et les représailles, leur tenais même tête : pour les proches je n’y arriverai pas.
J’ai essayé de m’expliquer, de lui dire ce qu’il s’était. Sans succès. Pas un mot n’est parvenu à sortir de ma bouche. Pas un son n’a réussi à se manifester tandis que sa colère se déployait. Le regardant s’installer, sans mot dire j’étais entré, sans pour autant oser m’avancer davantage. Pas comme ça, pas ainsi. Toujours aussi calme, je me résignais, même si sa voix allait décroissante, même si les mots semblaient s’évanouir pour retrouver une tonalité normale. Non, ce n’était nullement le temps pour parler pour lui expliquer. Il n’écouterait pas, bien trop fermé dans sa conception du monde et des choses. Si ça allait ? N’était-ce pas la première question qu’il aurait dû me poser ?

« Parfaitement bien. Je passais juste m’excuser, et te dire que j’étais encore en vie. Si tu as besoin de moi, tu sais où me joindre, cette fois je répondrais. Bonne soirée »

Je demeurais calme, et pourtant je laissais tomber. Si facilement. Je ne lui laissais même pas le temps de me répondre pour rejoindre la porte et la claquer derrière moi.
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MessageSujet: Re: The Harder We Fall [Marius]   The Harder We Fall [Marius] Icon_minitimeJeu 1 Oct 2015 - 16:39

The harder we fall
Martial & Marius



Quand j’étais petit, je pensais que tout le monde avait un frère jumeau, ou une sœur jumelle. Moi j’avais Martial, et j’étais si proche de lui, si complice avec lui, si fusionnel avec lui, que je ne pouvais pas concevoir que des gens puissent vivre sans connaître ça. Ce n’est que lorsque je suis rentré au CP que j’ai compris à quel point j’étais chanceux. Parce que j’avais Martial, petite tête blonde comme moi, parce que d’un regard, on riait aux éclats, d’un regard, il séchait mes larmes, d’un regard, il me rassurait. Et que de mon côté, j’étais capable de faire pareil. Et naïvement, je ne pensais pas qu’un jour on pourrait perdre cette complicité. Ni mon père, ni ma mère, ni même tout ce qu’ils ont pu mettre en œuvre pour détruire ce lien si particulier qui nous liait, rien n’a réussi à nous séparer. Puis il m’a laissé tomber. Violemment. Pas au pire moment, mais presque. Je lui en veux, plus que jamais, lorsqu’en ouvrant la porte j’entends ses excuses. Désolé. Est-ce tout ce qui’l trouve à me dire pour justifier son absence, son abandon, ma panique, mes cauchemars où on retrouvait son corps, où on retrouvait mon frère mort, arraché à ma vie plus brutalement que tous mes espoirs ? Je ne pensais pas revivre un jour l’horreur de perdre toutes ses illusions. Une première fois il y a cinq, six ans, lorsqu’on m’a annoncé que je devais faire une croix sur ma carrière sportive. Et la seconde, maintenant, par ce désolé qui n’appelle qu’une seule réplique. Que je sers habituellement à mon père. Va te faire foutre. Ca fait mal, ça fait mal rien que de le penser et je lui en veux autant que je suis soulagé de le voir enfin en chair et en os devant moi. Les mots dépassent ma pensée, je suis fatigué, je ne lui ai jamais parlé aussi sèchement, aussi froidement, je ne me suis jamais comporté avant aujourd’hui comme mon père. Mais j’ai mal. Et enfin, lorsque je ne trouve plus à dire, vient la question la plus importante, finalement, la première que j’aurais du lui poser. Tu vas bien ?

Je m’en veux. Lorsque je le vois me regarder sans rien dire, je m’en veux d’être aussi en colère et tout s’évapore. Sauf la douleur, bien sûr. Et la peine. Nos regards se croisent, je ne lui en veux plus. Presque plus. Et le silence, qui s’échoue entre nous deux, lorsque je me tais enfin. Tu vas bien ?. « Parfaitement bien. Je passais juste m’excuser, et te dire que j’étais encore en vie. Si tu as besoin de moi, tu sais où me joindre, cette fois je répondrais. Bonne soirée » Je n’ai pas le temps de faire quoique ce soit – en même temps avec une jambe immobilisée, c’est toujours dur de danser la gigue-en-délire – qu’il est déjà à la porte et que, pire encore, la porte claque. C’est instantané, c’est automatique, c’est sonore : « MARTIAL JE T’INTERDIS DE ME TOURNER LE DOS ! » Tout l’immeuble doit m’avoir entendu. Je n’en ai rien à faire, j’attrape mes béquilles, je me téléporte au niveau de la porte que j’ouvre en grand. Je hurle à nouveau un « MARTIAL TU REVIENS TOUT DE SUITE », quand bien même il est à quelques centimètres de moi. Je n’ai jamais brillé par mon self-control et encore moins par mon sens de la mesure, plutôt par celui de la démesure en toutes circonstances. Ca contraste tellement avec le comportement de mon frère que ça fait rire les gens, en règle générale. Mais pas moi. Pas maintenant. Ma voix redescend d’un ton quand je pose une main autoritaire sur son épaule. « Déjà, non. Ensuite, non. Enfin… » Je me mordille la lèvre, incertain quant à l’attitude à tenir. Et ça me perturbe : depuis quand j’hésite face à mon frère, depuis quand je cherche mes mots, depuis quand je fais attention et surtout à quoi ? « Reste, reste au moins quelques heures, reste avec moi, explique moi. » Je le tire maladroitement dans ma direction, pour l’étreindre, pour retrouver mon frère. « Je sais que je suis con, Martial, je sais que je suis un foutu con et un foutu enfoiré. Je sais que je suis un raté, une déception, pour pas mal de gens. Je sais que je ne suis pas comme toi, ou Papa, ou Maman, je sais que je suis le vilain petit canard de la famille et que tu dois me mépriser ou autre. Je sais tout ça, je le comprends même, tu vois, parce que c’est normal. » Aidé de mes béquilles, je fais un pas en arrière pour m’adosser à la porte de mon appartement. « Mais je suis aussi ton jumeau, tu le sais ça. Et tu peux tout me dire. Et surtout tu… » J’hésite, encore. Mais cette fois je sais exactement pourquoi. Ca fait un mois, mais la douleur et ma panique sont encore nettes dans ma mémoire. « Je pense que j’ai droit à des explications, aussi, Martial. Tu ne crois pas ? »

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MessageSujet: Re: The Harder We Fall [Marius]   The Harder We Fall [Marius] Icon_minitimeMer 4 Nov 2015 - 20:31

J’avais jeté l’éponge. Ou plutôt que mon comportement n’était qu’un moyen de barricader les enceintes autour de mon royaume intérieur, pour finalement ne laisser plus de place à nulle autre de prendre le risque d’y entrer pour tout casser, tout briser, tout fragiliser. Un réflexe de survie qui finalement ne portait pas ses fruits ; j’avais tout aussi mal de perdre cette proximité avec les autres, de ne même plus pouvoir les approcher par cette hantise de souffrir une fois encore ; tout se rapportait à cette éternelle question, celle d’avoir mal, de retrouver cet esprit morcelé m’habitant sans être capable de faire face. Sans être capable au fond de pouvoir me remettre de cette situation à laquelle je ne savais faire face, puisque tout hurlait en moi de me taire, et d’arrêter de me morfondre pour assumer, me battre ; si je ne le faisais pas, je n’y arriverai jamais, me condamnant à me coincer dans cette spirale infernale sans pouvoir en sortir vraiment. Fallait-il croire en ma bonne étoile pour être capable de me tirer d’affaire ou simplement prendre les choses en main et foncer ? Mon esprit semblait tiraillé entre ces deux possibilités, me laissant porter par une éventualité jusque-là inédite : la confrontation avec mes parents bien trop conservateurs et fermés dans leurs idées pour voir au-delà. Il ne me restait plus qu’à taper du poing sur la table, pour affirmer avec force mes idées. Une tâche que je pensais quasi impossible, improbable, et dont je ne serai même pas capable de donner une couleur. Et voilà que je rejetais mon propre frère, mon propre sang, celui avait qui j’avais le plus de liens, celui qui me comprendrait malgré tout, malgré nos différents, ou à défaut de savoir ce qu’il se passe dans ma tête, me tendrait la main pour me relever. Devant sa colère, j’avais fait profil bas, rendant les armes, prêt à m’éloigner définitivement de sa vie également, de celles de tous. S’emmurer en solitaire durant des semaines n’avait nullement aidé à me réintégrer vers ceux qui se souciaient de moi, qui m’aidaient. Et si finalement je ne souhaitais pas de cette main tendue pour m’en sortir, qu’au fond si je souhaitais prouver mes capacités, c’est seul que je devais faire face ? Il serait possible de disserter sur le sujet durant des heures, des mois ou même des jours. Je n’en avais plus l’envie, ni même le courage. D’aller au bout de mes convictions, préférant la fuite pour exprimer le malaise, face à ces regards meurtriers que mes proches tendraient une fois qu’ils sauraient : mon frère me blâmerait d’être un hunter, mes parents me blâmeraient de ne plus vouloir en être un. Des deux côtés, je prenais le risque de les perdre, voire même rompre les contacts avec eux.
Je n’étais absolument pas prêt à l’encaisser. Qui blâmer pour cette situation finalement ? Mes parents, ou moi-même, ou simplement cette société nous embobinant jour après jour ? Trop de questions, pour si peu de réponses.

Il m’ordonna de rester, de ne pas partir. Mon propre frère m’ordonnait de l’écouter. Et je ne savais pas sur quel pied danser, l’aborder, prendre les choses. S’il était préférable d’en parler ou au contraire se taire. Des deux côtés, il y aurait un prix à payer, un lourd tribut que je préférais fuir plutôt que d’affronter. Faisant profil bas, je regardais mon frère avec sérieux.

« Tu n’as pas à tout savoir Marius ; je ne suis pas prêt à t’en parler »

Ma réponse lui apportait un ton des plus durs, mais d’une certaine manière nécessaire : je ne pouvais pas faire comme si de rien n’était, je n’en étais plus capable, et ce, même si la communication ne semblait pas évidente à mettre en place. Pour le moment, je voulais simplement rentrer, retrouver mes proches jusqu’en oublier les raisons de mon départ. Seulement ça. Les problèmes auraient tout leur temps pour se faire un nid, pour s’installer et cracher leur venin sans ménagement. Tant que je le pouvais, autant profiter d’un peu répit, n’importe quoi ; je fuyais une fois encore, ne pouvant m’en empêcher.

« Et sérieusement, arrête de te dénigrer pour tout. Tu n’es pas con, ok ? Sors toi cette idée de la tête. »

S’il savait… s’il savait que j’allais finalement mettre un terme à toute cette histoire par amour pour lui… s’il savait.
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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: The Harder We Fall [Marius]   The Harder We Fall [Marius] Icon_minitimeVen 6 Nov 2015 - 21:32

The harder we fall
Martial & Marius



Mon hurlement résonne dans tout l’immeuble. Un hurlement de colère, de rage, de désespoir aussi. Je ne suis pas le plus calme des Caesar, je n’ai même jamais prétendu l’être, je suis plutôt du genre à m’exprimer par cris plutôt que par murmures même lorsque mon interlocuteur est face à moi. Pour me faire remarquer, pour le forcer à me regarder. Je hurle, donc. Je lui ordonne de rester, je lui interdis de partir, je tente d’imposer une autorité, celle du petit frère sur le grand frère, celle du jumeau sur l’autre jumeau. La bonne blague. Je n’ai aucune autorité sur mon frère et je ne cherche même pas à en avoir une, tout ce que je veux ce sont des explications. Pourquoi il a disparu, pourquoi il est parti, pourquoi Moren l’a appelé, pourquoi il lui a demandé de me tuer. J’ai peut être une mémoire extrêmement sélective et un cerveau qui ne veut que me préserver, j’ai fermé les yeux pendant un mois même lorsque je lui laissais des messages jusqu’à six fois dans la même journée. Mais maintenant qu’il est là… je ne veux pas qu’il parte.

Je m’immobilise, le regardant droit dans les yeux. Le souffle court, l’angoisse au ventre, l’anxiété aux tripes. Pars pas, Marty, pars pas putain. Je pose une main autoritaire sur son épaule. Je le supplie, bordel. S’il te plait, explique-moi. Je sais que je ne suis pas le fils que nos parents veulent, que je ne suis pas non plus spécialement le frère idéal tel qu’on le voit dans les magazines et dans les bouquins à trois euros. Mais je reste ton frère, je reste ton jumeau, je reste celui dont tu es le plus proche, non ? Je me mordille la lèvre, désespéré. Fais un pas en arrière, me réfugie contre la porte de mon appartement. Son regard me fait peur, je sais y lire le sérieux qu’il y met, loin des facéties que j’y trouve habituellement lorsque je sors une connerie, ce qui arrive souvent, faut pas se leurrer. « Tu n’as pas à tout savoir Marius ; je ne suis pas prêt à t’en parler »

Ca fait mal. Ca fait très mal. C’est un coup de poing dans l’estomac, c’est une trahison, ça fait mal. Je sais depuis longtemps que si je confie presque tout à mon frère sans la moindre hésitation, sans la moindre arrière-pensée, ce n’est pas spécialement réciproque. Je le sais depuis longtemps tout comme je suis conscient qu’on n’est pas exactement pareil et ça ne m’a jamais posé de problème, vraiment jamais. Après tout… c’est comme ça. Et j’ai une confiance en lui totalement inébranlable. J’ai, j’avais… je ne sais plus quoi en penser. « Martial… » Je n’aime pas son ton, je n’aime pas son regard, je n’aime pas ce que ça implique. Et ma voix à moi se teinte de mise en garde. « Et sérieusement, arrête de te dénigrer pour tout. Tu n’es pas con, ok ? Sors-toi cette idée de la tête. »

Je me force à me taire. Je voulais retrouver mon frère, vraiment. Certains pensent que je suis trop dépendant de Martial, je le sais bien, à commencer par Astrid, à commencer par mes amis, à commencer par mes parents. Que je me repose trop sur lui pour réfléchir, que j’ai tendance à trop lui obéir, et toutes les conneries dans le genre. Je ne suis pas d’accord. Ou du moins, je ne l’étais pas. « Martial… je ne comprends pas… » J’ai l’impression de me prendre des claques en continu depuis quelques minutes. J’ai confiance en mon frère, là n’est pas la question. Je ne lui en veux même pas, même plus d’ailleurs. Je veux juste savoir pourquoi, je veux juste être là pour lui comme il l’est constamment pour moi, je veux juste être son frère comme il l’est pour moi, je veux juste qu’il me parle. Parce que s’il ne veut pas en parler à son jumeau, à qui il va parler, hein ? Je peux pas le laisser seul, pas maintenant. D’autorité, je défie son regard, défie son attitude, lui pose une main sur son épaule et nous téléporte instantanément dans le salon avant de retourner, toujours par téléportation, fermer la porte de l’appartement. « Non. »

Voilà. J’ai dit non. J’ai dit non à mon frère. C’est étrange comme sensation, de grandir. De se démarquer, de prendre ses responsabilités. « Si j’suis pas con, alors je peux comprendre. » Je croise les bras sur ma poitrine. Je dois être super intimidant comme ça. Ou pas. Mais je n’en ai rien à faire parce que cette fois, je vais lui opposer la même obstination que lorsque j’étais gosse et que je répondais non à notre père. « Moren m’enlève, me tabasse, me vaccine, me charcute la main, me brise la jambe. Tu débarques comme une fleur parce qu’il t’a appelé, tu me ramènes à l’hôpital, tu te pointes une fois et tu disparais. Sans un mot. Sans rien. » Oui, je suis en train de l’accuser, oui je suis en train de m’énerver. « Alors tu t’assois, tu bouffes ce que je te serre, tu bois ta bière et tu m’expliques. » Je suis sérieux. Très sérieux. Trop sérieux. « On a vingt-sept ans aujourd’hui. Ou demain. Bref. Et je refuse qu’on se dispute aujourd’hui, j’refuse qu’on se dispute tout court. Mais je veux pas de ton silence, Martial. » Je secoue la tête, apparaissant prêt du frigo, revenant près de lui avec une bière que je lui mets de force dans les mains. « J’ai le droit de comprendre. J’ai peut être pas tout à savoir, mais j’ai besoin de comprendre pourquoi tu m’as abandonné. Sans un mot. Sans rien. Tu m’avais juré de ne pas me laisser. De quoi t’as peur, Martial ? »

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MessageSujet: Re: The Harder We Fall [Marius]   The Harder We Fall [Marius] Icon_minitimeLun 4 Jan 2016 - 17:14

Il a le droit de savoir. Il a le droit de comprendre. Mais il ne sera peut-être pas prêt à l’encaisser, à l’assumer. S’il craint ma perte, mon départ, la même possibilité se place chaque fois que je tente de lui avouer toute la vérité, celle dont mes parents m’ont clairement défendu de lui dire. Ils ne sont plus là à présents, pour régir sur nos vies, pour nous donner l’avantage ou l’inconvénient. Hormis cette culpabilité douloureuse qui me ronge, je ne devrais plus les craindre ou les laisser régir ma vie. J’ai droit de changer mes aspirations, quitte à prendre le risque de me faire tuer si je quitte les hunters. J’y suis condamné, alors même que je souhaite me dépatouiller de ceux qui régissent le droit de vie ou de mort, de choix sur des individus qui n’ont rien demandé pour avoir un don ; il fait pourtant partie d’eux, il est pourtant une part de leur existence, alors pourquoi la renier au lieu de les laisser vivre avec ? Nous valons bien mieux qu’une peur de l’inconnu, nous valons bien mieux que cela. Il suffirait de nous ouvrir un peu, d’accepter la différence comme un atout et non une déchéance de l’humanité. C’est ainsi, que pouvons-nous y faire ? Les détruire n’empêchera pas l’expansion de cette particularité, et même dans les familles d’hunters, certains membres acquièrent ces pouvoirs. Marius en est le parfait exemple, très tôt mis à l’écart car jugé incompétent, il fait figure d’exception dans la famille et je ne le laisserai pas s’écraser face à la possibilité de prendre un vaccin s’il ne souhaite pas le faire de son plein gré. Ce serait renier une part de sa personnalité, ce serait s’écraser face à la pression que les hunters poussent avec leur menace idiote. Créer la peur pour assouvir, écraser.

Il insiste, refuse que je m’en aille sans un mot. Me pousser à rester. Je sais pourtant que la vérité ne pourra éclater entre deux bouchées de nouilles chinoises. Contraint de rentrer, de le suivre et de revenir vers lui, il ne semble prêt à lâcher tandis l’affaire tandis que je m’exécute sans dire un mot. Il faut que cela sorte, aussi durs soient-ils, et je reste, bière à la main, regard fermé, sans envie de l’entamer comme si de rien n’était, comme si c’était facile. Ce ne sera pas aisé, certainement pas, et je ne veux pas qu’il se sent rassuré, s’il n’est pas con, alors il comprendra. S’il n’est pas rancunier, alors il pardonnera. Il ne me reste plus qu’à lui poser un ultimatum, un que je saurais tenir, quoi qu’il arrive, même si la force est de mise pour m’en aller. La porte n’est pas bien loin, je la calcule rapidement.

« Je vais te dire deux phrases. Si tu les encaisses, tu sauras la suite. Si tu ne les encaisses pas, je m’en vais et je te laisse digérer tout ça. Tu peux même décider de ne plus me parler, de me renier, bref tout ce qui te fait plaisir. Deal ? »

Deal. A prendre ou à laisser. Il prendra, je le sais déjà, puisque les secrets le détruisent, et que la vérité de plus en plus se tissent parmi les mensonges toujours plus nombreux et venimeux. Toute notre famille ne se fonde que sur ça : une toile d’araignée d’où se dressent des non-dits, des secrets, et qui ne va pas tarder à se lâcher. Si je veux vivre et passer à autre chose, en quittant définitivement la ville ou en y restant, il faudra y passer, sans entourloupes. Au point où nous sommes, au croisement de la rupture sous silence ou sous aveu, les deux chemins fusionnent. Mentir et prendre le risque de perdre son frère. Dire la vérité et obtenir le même résultat. Pourquoi choisir la première option dans ce cas, si tout converge vers un même résultat ? J’ai conscience que l’aveu videra le poids que je transporte jour après jour depuis que mes parents m’ont entrainé sans en parler à Marius. Ils nous ont séparés depuis des années, nous poussant à emprunter des chemins diamétralement opposés, à détruire cette confiance inébranlable que nous avions. Illusoire, elle s’est tissée sur un mensonge, s’est développée, mesquine, tandis que je croyais à la fois mentir et protéger mon frère. J’ai récemment compris que ce ne serait possible de jouer pour toujours sur les deux tableaux. Avoir une opinion et agir dans le camp adverse. Cela ne finit jamais bien et les proches ne sont que des dommages collatéraux du bazar dans lequel nous nous sommes enfoncés.

« Papa et maman sont des hunters et moi aussi. Si je n’étais pas intervenu pour te sortir des griffes de Moren tu serais mort. »

J’attends sa réaction : les pires secondes de ma vie


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MessageSujet: Re: The Harder We Fall [Marius]   The Harder We Fall [Marius] Icon_minitimeDim 10 Jan 2016 - 22:20

The harder we fall
Martial & Marius



Mon frère est la personne la plus importante dans ma vie. Loin devant mes parents – sans blague – loin devant mes amis, loin devant moi, loin devant Astrid. Mon frère est, de loin, la seule personne qui n’a pas besoin de me répéter deux fois la même chose pour que j’accepte de le faire, la seule personne dont je ne remette presque jamais la parole en doute, la seule personne qui me supporte quand je fais tout particulièrement le con ou quand je ne suis pas agréable, la seule personne, enfin, qui me comprenne pleinement. Ou presque. Et c’est ce presque qui n’a rien à faire dans ce que je viens de dire. Parce que… pendant des années, ça a été Martial et moi contre le monde, contre le reste du monde, contre nos parents. Ou plutôt, ça a été moi contre mes parents, avec Martial en soutien constant et en unique point de repère. Pendant des années, il n’y a eu que lui et moi, aucun secret, aucun non-dit : je lui disais tout, de mes pires conneries à mes plus honteux souhaits en passant par mes larmes, mes éclats de rire et mes projets d’avenir. Pendant des années, je n’ai pas eu l’ombre d’un secret pour Martial, et ça m’allait très bien comme ça. Il m’aidait à réfléchir, me raisonnait, me soutenait, me reprenait, m’arrêtait lorsque j’allais trop loin. Que lui me cache des choses… dans ma tête, c’était dans l’ordre des choses et ça ne me dérangeait pas parce que ma confiance en lui était plus que complète. S’il me cachait des choses, c’était qu’il avait de bonnes raisons pour me les caches. Puis il y a eu mon cœur, puis il y a eu notre vie d’adulte, puis il a eu Lexie. Un secret que je lui ai caché, une ombre sur le tableau, une intruse entre lui et moi.

Et maintenant… ça. Sa disparition, Kingsley, ces doutes qui me taraudent et que je refuse de considérer, que je lutte pour rejeter. Ca. Tu dois le voir, Martial, tu dois le voir que j’ai changé. Tu es mon jumeau, tu es mon reflet, tu es mon confident et mon protecteur, tu es mon idole, mon exemple, mon frère, tu dois bien le voir que j’ai fini par changer. Qu’on m’a forcé à grandir, qu’on m’a forcé à mûrir, qu’on m’a forcé à sortir de mon refuge puéril. Alors non, Marty, il est hors de question que tu t’en ailles comme ça, il est hors de question que tu te barres, il est hors de question que tu me laisses sans réponse. C’est fini : j’ai besoin de réponse, j’ai besoin de savoir, j’ai besoin de comprendre pourquoi tu es parti. Et bordel, donne moi le droit de passer une heure avec mon frère, bouffe ce que je te donne, bois ce que je t’impose, réponds à mes questions et laisse moi vérifier que tu vas bien ou que du moins, je peux toujours être là pour toi.

Je dis souvent non à mon père, à mes supérieurs, à mes potes, à Astrid. Je le dis rarement à Martial, parce que c’est comme ça. C’est peut être l’une des preuves les plus insistantes de ce changement qui a opéré lentement en moi ces derniers mois que ce non que je viens de lui imposer. Je toise mon frère dans le plus grand sérieux, et la plus grande des nervosités. Parce que j’ai peur, putain, j’ai peur de sa réaction, de son silence comme de sa réponse, j’ai peur de savoir ce qu’il veut me cacher tout comme j’ai peur de le savoir. Je le regarde. J’ai toujours détesté les silences, j’ai toujours angoissé face à ce que je percevais immédiatement comme un rejet, de l’indifférence ou une ignorance snobe comme celle que me vouait ma mère. Et ceux de Martial… ce sont les pires. Loin, très loin, devant les deuxièmes de ma liste à savoir ceux de mon père. Ceux de Martial… ils me font agoniser surtout dans des moments comme celui là où je n’ose pas rajouter un mot de plus. Allez, Martial, allez, réponds moi. Réponds quelque chose, mais ne me laisse pas dans l’ignorance, je t’en supplie grand frère, je t’en supplie. Je dois avoir le regard larmoyant derrière ce visage que je veux patient et dur, à l’image de celui que peut nous offrir notre père. Ca ne me ressemble pas, d’attendre comme ça, en silence. J’ai du mal à respirer, j’ai la bouche et la gorge toutes les deux asséchées. « Je vais te dire deux phrases. Je le laisse parler, gardant de justesse pour moi le vas-y je t’écoute qui me brûle les lèvres. Deux phrases. Allez Marius, tu peux le faire, tu peux encaisser deux phrases. Si tu les encaisses, tu sauras la suite. J’acquiesce, déterminé à avoir la suite. Allez, Martial, accouche. Si tu ne les  encaisses pas, je m’en vais et je te laisse digérer tout ça. Tu peux même décider de ne plus me parler, de me renier, bref tout ce qui te fait plaisir. Deal ? » Je reste planté comme un con pendant une poignée de secondes. Encaisser, pas encaisser, pourquoi il me parle de ça, pourquoi il me parle comme ça ? Mon front se tord d’inquiétude, mon regard aussi. « Tu me fais peur, Martial… c’est… c’est quoi cette histoire de… c’est si terrible ? » Je secoue la tête, comme pour effacer ce que je viens de dire. « Nan, ne réponds pas, dis moi plutôt. D’accord, tu me dis, et on verra après si j’encaisse. » Je meurs d’envie de savoir ce qu’il a de si grave à me dire.

Je meurs d’envie, d’impatience, de curiosité, et d’inquiétude aussi. J’hoche à nouveau de la tête, comme pour répéter ma réponse, comme pour expliciter mon babillage comme pour le faire accélérer. « Deal, Marty. » Deal. « Papa et maman sont des hunters et moi aussi. Si je n’étais pas intervenu pour te sortir des griffes de Moren tu serais mort. »

Pas deal. Pas deal du tout. Je me laisse tomber sur une chaise. Papa et Maman sont des Hunters. « … qu… Quoi ? » Papa et Maman sont des Hunters. C’est une douleur dans ma poitrine, sombre rappel de cette crise cardiaque que j’ai failli faire il y a des années maintenant. Papa et Maman. STOP. Stop. Je me prends la tête entre les mains, regarde fixement le sol, mes chaussures, le sol à nouveau. Ne pas regarder Martial, ne pas le regarder. Si tu ne les  encaisses pas, je m’en vais. Je déglutis. J’ai l’impression d’avoir couru un marathon. Papa et Maman sont des Hunters. Okay. Genre… ces mêmes Hunters que celui qui m’a enlevé, tabassé, frappé, vacciné, presque mutilé, ces mêmes Hunters que celui avec qui tu bosses tous les jours, celui qui a failli me tuer, ce psychopathe ? La tête toujours plongée vers le sol, soutenue par une main, je lève un index dans la direction de Martial. « Reste. T’as pas intérêt à te barrer, laisse moi juste le temps de… » Et moi aussi. Soit.

Soit. Non. Non. Juste… non. Qu’est ce que je sais des Hunters ? Qu’ils tuent les mutants. Que des tarés comme Moren s’amusent à les torturer en plus. Qu’est ce que je sais de mes parents ? Que ce sont des connards. Des psychopathes ? Pas aux dernières nouvelles. Des meurtriers ? Martial ? Un psychopathe ? Un meurtrier ? Je dois avoir un teint cadavérique, je me lève, arrache la bière des mains de mon frère pour la vider d’une traite et me téléporter dans un coin de mon salon pour m’adosser à la fenêtre la plus proche. Je me passe une main sur le visage. Papa et Maman sont des Hunters. Okay. Si tu ne les  encaisses pas, je m’en vais. Okay. J’encaisse. Je vais même encaisser très bien, comme je sais si bien le faire : en me réfugiant dans une connerie affichée. De toute manière, c’est simple : mes parents sont des cons mais pas des psychopathes, et mon frère n’est pas un gros taré. Et puis… Martial est mon jumeau, Martial sait pour ma mutation depuis des lustres, Martial est… Martial. Parfait. Irréprochable. Et moi aussi. Putain. Tu veux que j’encaisse, Marty ? Et bien, je vais encaisser tu vas voir. J’inspire lentement. « D’accord. » Ca fait mal, putain. Ca fait mal parce que… je ne comprends pas. Je ne veux même pas comprendre. Je veux lui demander pourquoi, je veux lui demander s’il m’a déjà vu comme un monstre, s’il a déjà voulu me tuer, s’il a déjà tué tout court, mais je ne veux pas savoir les réponses à ces questions parce qu’elles me terrifient. La seule question que je m’autorise à poser, au final, c’est « Et… de… depuis quand ? » Je me souviens de mon enthousiasme lorsque j’ai découvert ma mutation, venue compenser la plus grande de mes disputes avec notre père. Je me souviens de mes sauts sur son lit en me comparant à un X-Men, comme pour mieux oublier que je venais d’apprendre que mon cœur n’était qu’une bombe à retardement. Je me souviens de sa réaction. Est-ce que je m’invente une absence de réaction ou n’avait-il déjà pas réagi plus que ça à l’époque ? Je me mords la lèvre. « Je… putain… je… tu veux en parler ? Enfin je veux dire… » Si je n’étais pas intervenu pour te sortir des griffes de Moren tu serais mort. Comment lui dire que dans tous les cas, je m’attends à mourir dans les prochaines années ? Non, hors de question qu’il l’apprenne. « Je… pour Moren, c’est pas grave, hein, j’ai… je suis en vie, ça se soigne bien, c’est… » J’inspire à nouveau. « Je comprends pas, Martial. T’es pas comme Kingsley, tu seras jamais comme lui. » Pour nos parents en revanche…

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MessageSujet: Re: The Harder We Fall [Marius]   The Harder We Fall [Marius] Icon_minitimeMer 3 Fév 2016 - 21:03

C’est terrible. Cela va changer nos vies pour toujours. A jamais. Comme la partie émergeante de l’iceberg lorsque le Titanic fut touché et coula. Comme tous ces petits secrets que l’on se garde bien de dévoiler pour connaître à l’avance les conséquences désastreuses impliquées dans l’affaire. Ici, c’est la même histoire qui se répète, la même qui en ensorcèle. Chaque famille porte finalement avec son héritage le poids de son histoire et de ses dettes. Les rejeter, c’est finalement rejeter le passé, et peut-être que mes parents auraient dû faire de même : repousser cette aberration de nos vies pour construire quelque chose de meilleur. Que se serait-il passé si Marius leur avait dit que leur fils était un mutant aux facultés inattendues ? Aurait-on poursuivi notre manège tout en faisant comme si de rien n’était pour lui ? Certainement, et même qu’il en aurait fait les frais par l’administration d’un vaccin adéquat qui plus est. Après tout, père n’avait jamais véritablement compris le sens de la famille, davantage prêt à asseoir ses idéaux que les intérêts de ses propres enfants. Tant qu’ils évoluaient dans son sens, il n’y aurait aucun problème, tant que ce serait le cas. Après, il ne pourrait témoigner des catastrophes pouvant toucher les désobéissants. Il a toujours été ainsi, forçant les autres à rejoindre constamment son opinion ou le cas échéant, les détruisant sans la moindre culpabilité.

Marius ne mesure aucunement la portée de mes propos. Pas encore. Il relativise, se dit que tout ira bien, que je me fais du souci pour peu de choses. Comme il a tort de prendre le sujet avec autant de légèreté, mais je n’ai pas d’autre choix que l’ultimatum pour tout miser sur sa curiosité et son besoin de m’avoir à ses côtés pour ne pas le perdre. C’est moche de réagir ainsi, de jouer sur le plan affectif pour être certain que la vérité ne vous fera pas tout perdre. C’est comme jouer aux cartes et croire en la valeur de son pli. On bluffe, on triche, l’air de rien pour faire croire que l’on a davantage alors que l’on n’a rien. C’est le jeu et parfois on gagne comme parfois on peut tout perdre. J’ai assez misé entre deux eaux, tangué d’un côté ou de l’autre de la barque. J’ai assez pris de risques pour comprendre qu’en restant dans cette situation je pourrai tout perdre. Alors j’ai choisi et ça ne plaira pas à tous. Cela m’est égal, puisque j’ai choisi ce qui me ferait du bien, ce qui pourrait m’aider à avancer et reprendre ma vie en main. Leur avis importe peu finalement car j’ai choisi ce qui me correspondant ; Maintenant je dois l’assumer haut et fort et sortir de l’ombre, pour pouvoir vivre ma vie comme je l’entends. Les mots se déversent en pluie tandis que sa surprise ravale ce calme qui semblait émaner de lui. Un choc, pour mon frère qui vit dans le mensonge depuis 27 ans. J’ai menti, j’ai omis, pour mes parents, puis j’ai fait de même pour Marius lorsque j’ai su, et j’ai jonglé depuis entre ces deux pôles sans jamais vraiment me poser en faveur de l’un en sachant ce que je devais faire depuis longtemps. Le courage manquait, un peu de d’espoir pour y croire également. Le morceau lâché ne devait pas sceller une quelconque fin mais marquer les réconciliations, nous rapprocher Marius et moi. Il n’y avait pas d’autre secret plus lourd que celui-là, aucun qu’il ne connaisse pas déjà. Je serai prêt à le lui jurer. Il a demandé depuis quand. Depuis trop longtemps maintenant, au nez et à sa barbe.

« Depuis que je suis en âge de tenir une arme dans les mains. En te mentant je t’ai trahi pendant des années. Voilà pourquoi je préférais directement que tu me rejettes plutôt que de devoir affronter ton visage plein de rancœur et d’amertume. »

Pour mon frère, je ferai n’importe quoi pour le protéger, même si je me mets en travers de la route de nos parents. Ils n’ont jamais su, la particularité de Marius, n’ont jamais appris qui était leur fils, qui il deviendra, qui il sera. Et moi non plus, pour finalement m’avoir montré une voie qui ne me convenait pas pour faire de moi le fils parfait. Je sais que c’est difficile et douloureux pour lui à encaisser et je pense que l’après coup se placera un peu plus tard, lorsque la réalité le fouettera en plein visage. Mais je poursuis à propos de mes intentions, de cette idée à laquelle je mettrais un terne pour enfin sortir du gouffre.

« Je ne serai jamais comme eux. Je l’ai été à un moment, pour constater que c’était mal, que c’est de la folie. Leur mouvement, leurs idéaux… ce n’est pas comme si tu avais choisi d’avoir des pouvoirs, ce n’est pas comme si tu étais différent ou dangereux. Ils cultivent leur peur vis-à-vis des mutants pour maintenir le mouvement et je ne peux plus jouer un double jeu. Je quitte les Hunters et je vais l’annoncer aux parents. »
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MessageSujet: Re: The Harder We Fall [Marius]   The Harder We Fall [Marius] Icon_minitimeMer 17 Fév 2016 - 1:00

The harder we fall
Martial & Marius



Papa et Maman sont des Hunters. Les battements de mon cœur semblent percuter ma poitrine au rythme du tambour lent qui précède une exécution. Papa et Maman sont des Hunters. Okay. J’inspire. Lentement. Je me laisse tomber sur une chaise, aussi. J’ai l’impression de lui avoir menti lorsque je lui ai affirmé que j’avais besoin de savoir, que je pouvais encaisser, que je pouvais tout encaisser. Papa et Maman sont des Hunters. J’inspire. Je regarde le sol, lève un index dans sa direction pour lui interdire de se barrer. Mes parents, nos parents sont des Hunters. Bien. Et moi aussi.

Non. Juste… non. Qu’est ce que je sais des Hunters ? Je fais vite le tour de la question et la réponse m’apparait comme une évidence : je sais juste que ce sont des psychopathes qui refusent que des gens comme moi vivent tranquillement leur vie. Martial ? Mon frère ? Mon jumeau ? Mon roc, mon rocher, mon appui, mon soutien, mon frère ? Il est incompatible avec cette définition. Je récupère la bière que je lui ai imposée d’autorité un peu plus tôt avant de me téléporter de l’autre côté de la pièce. Je me passe une main sur le visage, nerveux. Papa et Maman sont des Hunters. La voix de Martial résonne dans ma tête, comme une balle rebondissante qui tenterait d’échapper au bocal dans lequel on l’a jetée. BAM Papa et Maman sont des Hunters. BAM Papa et Maman sont des Hunters.

Si tu n’encaisses pas, je m’en vais. Il n’a pas intérêt à me laisser, pas maintenant, pas après m’avoir dit ça, pas… J’encaisse. Il faut que j’encaisse. Mes parents sont des chasseurs, ils tuent la maman de Bambi à leurs heures perdues, soit. Ce sont des cons, des connards, des enculés et tous les qualificatifs charmants qu’on puisse trouver pour les décrire, soit. Mais ce ne sont pas des psychopathes. J’encaisse. Je me réfugie dans cette immaturité qui est ma signature. Je me réfugie derrière une certitude. Martial est parfait. Martial est irréprochable. Martial est mon frère. Et moi aussi. Non. Mon frère ne sera jamais un Hunter, quoiqu’il puisse en dire, quoiqu’il puisse me dire. D’accord. Ma voix résonne, comme ne m’appartenant pas. Les questions affluent dans ma tête, malgré ma mauvaise foi. Les questions affluent, toutes pires les unes que les autres. Est-ce que je suis un monstre à tes yeux, Marty ? Est-ce que tu as déjà songé à me tuer ? Est-ce que tu as déjà tué ? Est-ce que… Depuis quand. « Depuis que je suis en âge de tenir une arme dans les mains. En te mentant je t’ai trahi pendant des années. Voilà pourquoi je préférais directement que tu me rejettes plutôt que de devoir affronter ton visage plein de rancœur et d’amertume. » Je relève la tête, je le regarde dans les yeux. « Tu mens. » Ma voix est calme. Etrangement calme.

Il ment. Parce qu’il ne peut pas s’imaginer une seule seconde que je puisse, moi, Marius, le rejeter. « Tu mens, Martial. Jamais, putain, jamais je ne te laisserai tomber. Je refuse que tu puisses penser ça, donc puisque je le refuse, alors tu me mens. » Je me mords la lèvre, lève une main pour l’empêcher de dire quoique ce soit. « Mais ce n’est pas grave. Je sais que tu me mens, depuis des années. Ca me va, je ne t’en veux pas. C’est normal, j’imagine, de cacher des choses à son petit frère. » C’est normal de cacher quelque chose à son frère. Qui est ce que j’essaye de rassurer, à cet instant ? Je ne me comprends pas, je ne m’explique pas, mais j’ai une certitude, encore une : je n’ai pas le droit d’en vouloir à mon frère puisque cela fait maintenant six ans que je lui cache que je vais mourir.

J’encaisse. Difficilement. Je tiens à la lisière de mon esprit toutes les implications de ce qu’il vient de me dire. Je refuse d’y réfléchir, je refuse de me pencher sur la question. Mon frère, mon père, ma mère : jamais autant qu’aujourd’hui je n’ai eu l’impression de ne pas être un Caesar, de n’être que le voisin du palier gentiment adopté. J’ai toujours eu conscience de ne pas être le fils parfait mais… là… « Je ne serai jamais comme eux. Je l’ai été à un moment, pour constater que c’était mal, que c’est de la folie. Leur mouvement, leurs idéaux… ce n’est pas comme si tu avais choisi d’avoir des pouvoirs, ce n’est pas comme si tu étais différent ou dangereux. Ils cultivent leur peur vis-à-vis des mutants pour maintenir le mouvement et je ne peux plus jouer un double jeu. Je quitte les Hunters et je vais l’annoncer aux parents. » Je fronce les sourcils. En équilibre sur ma jambe indemne, je fixe mon frère. Il l’a été. Il l’a été, vraiment ? « Tu quittes les Hunters ? » Il fait ça pour moi. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. « Ca se passe comment ? Tu rends une carte d’adhérent, tu signes une chartre confirmant que tu as retrouvé ton cerveau, tu promets de ne pas divulguer le nom du QG secret des super-vilains ? » Ma voix se teinte d’agacement, de moquerie, de sarcasme, de ce qu’on veut. Je me passe une main sur le visage avant de me téléporter de l’autre côté de la pièce, à côté du frigidaire d’où j’extirpe une bouteille d’eau. « Je ne comprends pas, Martial. Tu… toute la famille est comme toi, sauf moi. Moi, je suis un mutant. On dirait le début d’une mauvaise blague et… pourquoi maintenant ? Pourquoi est ce que tu t’es barré, pourquoi est ce que tu as pété un câble, pour qu’est ce que… c’est parce que je me suis fait attrapé par Kingsley ? » Je déteste les discussions sérieuses, surtout entre mon frère et moi. « Si Moren m’était pas tombé dessus, est-ce que tu aurais continué à jouer double-jeu longtemps ? Si Moren m’était pas tombé dessus, après la naissance de mon fils, tu aurais continué à jouer double jeu, même en sachant qu’avec une mère et un père mutant, il fait le combo des conneries lui aussi ? Même en étant son parrain ? » Oui, je viens de lui demander cash d'être le parrain de mon fils pas encore né, de mon fils qui est supposé arrivé d'ici un mois, un mois et demi.

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MessageSujet: Re: The Harder We Fall [Marius]   The Harder We Fall [Marius] Icon_minitimeJeu 17 Mar 2016 - 15:41

Je ne mens pas. Les faits sont ce qu’ils sont. Je l’ai trahi, en cachant un terrible secret durant des années, jouant avec lui comme si de rien tandis que père m’emmenait au fond du jardin pour m’entraîner à tirer en l’absence. C’était mon secret, partagé avec les parents, me laissant au dépourvu parfois, pour ne pas savoir comment faire face à cette situation. J’ai menti, trahi, triché, détruit. Il peut refuser de le croire, repousser les limites, faire comme s’il n’était pas touché, comme s’il n’avait pas. C’est malheureusement la vérité. Qu’il se laisse bercer au royaume des illusions, qu’il se laisse glisser sous cette façade complètement folle, idyllique chimère, vision biaisée de son royaume des songes. Je ne le retiendrais pas, je ne l’empêcherai pas de croire ce qu’il veut bien imaginer pour soulager sa conscience de ce fardeau que je le force à porter. Mes traits fermés se taisent tandis qu’il tente de se convaincre que je ne pense pas mes mots, que j’invente pour apporter un contexte dramatique à la situation. C’est faux, malheureusement, et je ne peux lui en vouloir de penser le contraire : la situation semble suffisamment compliquée ainsi. Déroutante, dérangeante, elle brise et change notre relation dans lequel le mensonge s’est infiltré. Rien ne change, seul le nœud de mystères s’efface et disparait pour ne laisser plus aucun masque nous dicter notre ligne de conduite. Mes mots ont libéré un poids que désormais je ne porte plus seul, et je me sens presque soulagé de la réaction de Marius. Presque, en attente de l’après-coup, du mirage qui s’ensuivra.

« Tu n’es pas mon petit frère »

Jumeau. Allez Marius lis entre les lignes, essaie de comprendre nom d’un chien ! Pourquoi provoques-tu de la sorte, pourquoi cherches –tu toujours à envenimer une situation suffisamment difficile à encaisser hein ? C’est légitime pourtant, même si j’aurais préféré qu’il ne se remette pas en cause mes propos, mais tout simplement qu’il accepte sans chercher davantage.
Il y a trop de questions auxquelles je n’ai pas de réponse concrète. L’idée s’envole, tandis que j’attends de voir mon prochain mouvement, la prochaine étape de mes actions. Combien de temps, combien de jours ou de mois vont s’écouler avant que les choses bougent réellement que cette histoire appartienne au passé ? Je l’ignore encore, et c’est certainement ce qui me tracasse le plus : avoir la volonté est une chose, passer à l’action en est une autre.

« Je ne sais pas Marius. Je n’ai pas réfléchi à la manière dont j’allais procéder »

J’ai pris la décision. Le mode opératoire, la façon d’aborder la chose s’échappe, n’ayant aucun moyen de l’aborder sans offenser. Ceux qui ont quitté les hunters n’ont jamais vraiment bien terminés… en fait je ne sais pas comment une vie normale pourrait être possible après cela. Ce serait pourtant un rêve d’aspirer à cette possibilité de redevenir quelqu’un qui ne se préoccupe même plus de cette différence, qui détermine qu’elle doit être anéantie ou non.
Pourquoi ? Très bonne question. J’aurais pu partir hier, aujourd’hui ou demain. J’aurais pu prendre la décision dès le départ quand un doute m’avait traversé l’esprit quant aux réelles intentions, aux réels objectifs de l’organisme. J’aurais pu partir une fois adulte, une fois indépendant de mes parents. J’aurais pu créer un scénario différent dans mon esprit, et le matérialiser à ma manière. Avec des si on met Paris en bouteille. Qu’est-ce que j’en sais ? Je ne peux passer une éternité à me justifier.

« Parce qu’avant, je n’en avais pas le courage, pas la force. Je n’étais pas prêt. Tu veux que je te dise ? L’idée me traverse l’esprit depuis des mois, si ce ne sont des années. Et parfois on laisse les toiles d’araignée encrasser ce qui au contraire devrait être détruit. Je ne peux plus vivre avec ce poids sur les épaules. Parce que j’ai l’impression de ne pas être honnête avec toi, et qu’il n’est plus question qu’un jour se passe et que je le sois. »

C’est décidé, aujourd’hui, pas un autre jour. Le choix est fait, et il n’y a rien qui puisse davantage expliquer maintenant et pas avant. C’est comme ça, il n’y a pas à chercher des raisons, des origines pour justifier des actes parfois, simplement les accepter.

« Qu’est-ce que j’en sais Marius ? Des scénarios, j’en ai des dizaines dans ma tête, certains où j’aurais pu réagir avant, d’autres où j’aurais du attendre. C’est fait aujourd’hui, ne cherche pas une raison, je n’en sais rien. Et c'est quoi cette histoire ? Tu vas être papa ?  »

Finalement je ne suis pas le seul à être plein de surprises...
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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: The Harder We Fall [Marius]   The Harder We Fall [Marius] Icon_minitimeLun 28 Mar 2016 - 18:50

The harder we fall
Martial & Marius



Aussi étrange que ça puisse paraître, ça ne m’a jamais dérangé que Martial me mente. Vraiment. J’imagine que c’est une conséquence de cette absence totalement de confiance en moi, mais dans tous les cas, le fait est que Martial peut me mentir, je lui confierai toujours ma vie, mon avenir, mes secrets sans sourciller. Sauf que là… là c’est plus gros que tout le reste. Ce n’est plus un petit mensonge, c’est un pan de sa vie qui vient de tomber dans une absence de pudeur brutale. Ce n’est pas juste Martial qui m’a menti, c’est aussi mon père et ma mère. L’intégralité des Caesar. Moins moi. Ô surprise. Il ment, donc. Il m’a menti, il me ment encore : ça me va. Et je ne lui en veux pas. Et il a beau fermer ses traits, il a beau se taire, je persiste à répéter qu’il ment, lorsqu’il m’affirme avoir mis tant de temps à m’en parler parce qu’il avait peur de ma réaction. Comme si moi, Marius, je peux un jour vouloir le laisser tomber. Comme si moi, Marius, je peux une seule seconde vouloir le repousser. Il est con. Et il ment s’il pense réellement que je vais gober ça. Mais qu’il se rassure, aussi, ce n’est pas pour autant que je vais lui en vouloir. Je ne lui en veux pas mais il ment. Voilà. « Tu n’es pas mon petit frère » Je relève la tête, une tempête d’angoisse dévalant mes pensées pour tout détruire. « Quoi ? » Un réflexe, une syllabe, une terreur. Avant la compréhension, forcément. Je parle toujours avant de réfléchir, cette fois-ci n’y a pas manqué. Je parle, puis je comprends, avec un temps de retard. « Ah ouais, nan mais ouais... façon de parler, t’es mon jumeau. Tu m’as compris, quoi, chipote pas… » J’ai eu peur, brutalement, qu’il finisse, lui, par atteindre l’inévitable en me rejetant, finalement, malgré ses promesses. Ma terreur de le perdre me consume, annihile tout le reste, détruit mon sens de l’humour et exacerbe une agressivité brutale. Je ne goûte pas vraiment à ce genre de phrase, Martial, donc la prochaine fois que tu dis que je ne suis pas ton frère, petit ou grand, tu te prends mon poing dans la gueule.

Et mon poing dans la tronche, il va vraiment finir par se le prendre, en fait. Mes questions tombent, ses réponses aussi. Ma colère, elle, ne retombe pas. Je me sens… trahi. Pas par Martial, ça non, mais par tout le reste. Je me sens monstrueux, je me sens difforme, je me sens différent. Je ne suis pas un Caesar. Je quitte les Hunters. Alors c’est comme ça que ça marche ? Il se casse un mois, il m’apprend qu’il fait partie de la même bande de psychopathes que celui qui m’a tabassé pour mieux me dire qu’il les quitte ? « Je ne sais pas Marius. Je n’ai pas réfléchi à la manière dont j’allais procéder » Ses réponses laconiques sont en total contraste avec mon babillage incessant. Je ne sais pas si ça a toujours été le cas, mais ça me semble être une constante entre lui et moi. Je parle pendant des heures, il résume mon bavardage en une phrase. Je bouge de partout, il reste posé et ne fait que les pas nécessaires, sans superflu. En fait, c’est ça : je gaspille, il économise, je m’étends, il cible, je me disperse, il se concentre. « Comment ça, tu sais pas ? Tu veux dire que t’y as pas réfléchi, t’as pris ta décision et BAM, tu comptes claquer des doigts et… ? Ben je te conseille d’y réfléchir, Martial, hein. Parce que Papa », oui Martial, pendant ton mois d’absence, je suis passé de connard à papa mais ne fais pas de commentaire là-dessus. « ça ne va pas lui suffire, tu le sais aussi bien que moi. Je comprends rien à tout ce bordel, mais… » Mais ? Mais c’est tout moi, ça, aussi : cette manie de commencer une phrase sans savoir où aller et de me retrouver bloqué comme un débile au bout d’un certain nombre de mots. « mais je suis sûr d’une chose : t’as putain d’intérêt à savoir ce que tu fais dans cette histoire. » Ouais, je sais, c’est une fin de phrase pas très convaincante mais je fais ce que je peux.

Je me passe une main sur le visage, avale une gorgée d’eau, me téléportant dans des allers-retours sans le moindre scrupule. Je n’aime pas ce genre de conversations qui me dépassent. Je n’aime pas ce genre de conversation tout court : j’aimerais qu’on reste à une vie simple, posée, constituée de Martial et de moi, sans parasites, qui jouons à la console, discutons, faisons des plans sur l’avenir pour quand on sera grand. Sauf qu’on n’a plus quinze ans, sauf qu’on est grand maintenant. Pourquoi ? Pourquoi, Martial, pourquoi revenir maintenant, pourquoi m’en parler maintenant ? C’est une deuxième salve de questions qui tombe en cascade sur mon jumeau. « Parce qu’avant, je n’en avais pas le courage, pas la force. Je n’étais pas prêt. Tu veux que je te dise ? L’idée me traverse l’esprit depuis des mois, si ce ne sont des années. Et parfois on laisse les toiles d’araignée encrasser ce qui au contraire devrait être détruit. » Les araignées, les années, les toiles : j’en ai rien à faire. Il parle bien, mon frère, et c’est normal parce que c’est un avocat, mais… s’il pouvait aller droit au but avec moi. Je secoue la tête. « Je ne peux plus vivre avec ce poids sur les épaules. Parce que j’ai l’impression de ne pas être honnête avec toi, et qu’il n’est plus question qu’un jour se passe et que je le sois. » Et je regrette instantanément avoir ne serait-ce que souhaité qu’il soit direct. Parce que l’honnêteté… Je ne lui cache rien. Strictement rien. Mon cœur, c’est bien la seule chose qu’il ne sache pas. En sept ans maintenant, je n’ai pas fait le moindre faux pas, je lui ai menti les yeux dans les yeux à plus d’une reprise sans faillir une seule fois. Pourtant, là… J’ai envie de lui dire. J’ai envie de tout lui avouer. J’ai envie de lui dire la vérité, j’ai… « Je t’en veux pas, Martial, enfonce toi ça dans le crâne. » Je t’en veux pas, mais toi, si un jour je fais un arrêt cardiaque et que mon cœur ne se relance pas, est-ce que tu pourras ne pas m’en vouloir toi non plus ? « Qu’est-ce que j’en sais Marius ? Des scénarios, j’en ai des dizaines dans ma tête, certains où j’aurais pu réagir avant, d’autres où j’aurais du attendre. C’est fait aujourd’hui, ne cherche pas une raison, je n’en sais rien. Et c'est quoi cette histoire ? Tu vas être papa ?  » Je relève la tête pour attraper sa question au vol, comme surpris. Je fronce les sourcils.

« Mais si, tu t’en souviens pas ? Je te l’ai dit… c’est cette fille, là… on a couché ensemble juste une fois, je sais plus trop quand… » Alors je sais, un coup d’un soir, je sais plus quand, c’est extrêmement précis. Ça doit correspondre à quand même un paquet de filles, même si on ne doit pas dépasser la quinzaine depuis Crescentia. Mais… comment parler d’elle plus précisément ? « En même temps, si t’étais pas occupé à bosser H24 et à te barrer, tu t’en souviendrais. » Un peu de reproche, je cherche dans ma poche mon téléphone, me téléporte dans ma chambre, reviens avec une photo de la dernière échographie pour la lui tendre. « Tiens, regarde. Ca va être un garçon, il est prévu pour dans un peu plus d’un mois. » Je m’écrase sur une chaise. « La mère est sympa, on a pu discuter depuis le début de sa grossesse… ‘fin elle en était au… trois ? quatrième mois je crois. Le genre de fille qui te plairait, tiens. Intelligente, cultivée, célib. Le genre de filles qui plairait à Papa aussi. Elle m’a demandé si je voulais bien reconnaître le gosse et tout, mais j’allais pas dire non, quoi. Quand l’autre connard est venu me voir à l’hôpital, là, t’sais, à l’hôpital où tu m’as abandonné avant de te barrer, il y a un mois, je lui ai dit. Il m’a fait le pataquès habituel comme quoi je suis un petit con, immature, irresponsable, un imbécile, tout ça… » J’hausse les épaules. « Tu veux bien être le parrain ? On n’a pas encore choisi le prénom, mais ce sera Samuel, ou Celian. J’ai proposé Marius Junior aussi, mais elle n’a pas voulu. » J’esquisse un sourire, décrédibilisant totalement mon intervention. Je fais des pichnettes dans des miettes posées sur ma table. « Tu crois que les parents réagiraient comment s’ils découvraient que je suis un mutant ? » Je me rends compte que je ne préfère pas connaître la réponse. « Ouais, non, ne réponds pas. Tu veux dormir à l'appart' ? Ta chambre est toujours opé, hein, j'ai rien touché. » Un appart pour moi tout seul, forcément deux chambres, une pour moi, une pour mon jumeau.

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