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 (merry) i put a hole in you, you put a hole in me.

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MessageSujet: (merry) i put a hole in you, you put a hole in me.   (merry) i put a hole in you, you put a hole in me. Icon_minitimeDim 18 Oct 2015 - 1:22


and suddenly, i felt nothing.
MEREDITH & LYSANDER


Des jours d'errance. A se briser contre les murs. Sans cesse, il essayait, l'imagination s'évadant tandis qu'il redécorait les alentours d'un milliers de souvenirs, se laissant docilement aspirer par ces fantômes d'un passé impossible à rejoindre. Sa carte magique ne fonctionnait plus depuis des semaines, mais il ne s'était pas résigné. Sa vie n'était pas ici, dans le chaos d'un monde qu'il ne contrôlait pas. D'une époque qu'il ne voulait pas connaître, pas après ces semaines d'enfermement. On avait brisé ses chaînes, elle avait brisé ses chaînes. Il pensait que tout était terminé, qu'une fois libre plus rien ne l'empêcherait de s'en aller. Quelques jours à attendre que son organisme n'ait évacué ce qu'ils appelaient le vaccin, et il disparaîtrait.

Il glissait dans la ville comme une ombre, les mains gantées de cuir enfouies dans les poches de son long manteau, la sensation de cette barbe démangeant ses traits lui hérissant le poil, lui d'ordinaire si soigné. Un mois et quelques jours à vivre en cobaye, il en avait perdu de sa superbe, inévitablement. Il n'avait plus grand chose de l'empereur de Louisville, avec ses traits tirés par ces derniers jours à vivre caché. Loin du luxe de sa vie véritable, Hyde en aurait presque regretté d'avoir couru loin du foyer qui lui avait été temporairement offert. Mais à y réfléchir, la colère ne tardait guère à émerger à nouveau, lui rappelant les raisons ayant motivé son départ. Ne se doutant pas encore qu'il lui faudrait affronter sous peu les foudres de son hôte. Bientôt, un écho feutré se greffa au claquement de ses pas foulant le bitume de la ruelle. Trop doux sans doute pour ne pas être calculé. Pourtant, résonnait l'impatience dans cette démarche s'alignant sur la sienne. Ralentissant et accélérant au rythme du truand, qui à de trop nombreuses reprises avait été ainsi filé pour ne pas se savoir menacé. Eux ? Ces autres venus le rechercher ? Sa dernière balle s'était perdue sur la serrure d'une habitation, et l'homme ne portait plus aucune arme en sa possession. Il assemblait ses souvenirs, encore et encore. Redessinait sous son regard les rues, les pavés brunis, les odeurs se mélangeant au coeur de Louisville, les visages des passants, les robes des filles, les feutres vissés sur les crânes. Tout prenait sa place dans son esprit, encore et encore, visualisant les lieux tels qu'il les connaissait, attendant l'impulsion surnaturelle qui l'y projetterait. La ruelle demeurait désespérément vide, désespérément étrangère. Il ne rentrerait pas chez lui. Pas ce soir. Passant une main tremblante dans la broussaille de sa chevelure, avant de brusquement pivoter sur les talons de ses mocassins, l'homme demeura un instant interdit.

Elle. La dernière personne qu'il s'attendait à découvrir dans son sillage. Il avait filé comme un voleur, comme un amant quittant précipitamment les appartements de sa conquête au petit matin, sans un mot. Sans un adieu. Sans sentiments. Lysander n'avait jamais été homme à avoir des états d'âme, détaché au possible de toute forme d'attachement. Seule sa loyauté prévalait sur son manque d'égard. Sans doute la raison pour laquelle il ne l'avait pas blessée, malgré tout. Sûrement qu'il aurait peut-être dû. Qu'il n'avait plus les idées au clair, depuis que cette merde coulait dans son sang en lui brouillant l'esprit. Ses regard détaillait ses traits, l'angle de sa mâchoire, ses iris noisettes dardés sur lui, ses lèvres pleines qui ne souriaient pas. Elle lui semblait familière, et si différente à la fois. Son ancre dans la douleur, moins rassurante soudainement dans les ténèbres descendantes d'une nuit qui ne s'arrêterait jamais. « Bonsoir, Meredith. » Il la saluait comme s'il n'y avait rien d'anormal à la trouver là, à quelques mètres à peine, comme s'il ne s'était pas enfui sans prévenir après qu'elle lui ait offert le gîte et le couvert. Il avait sauvé sa peau autant que la sienne, pourtant, en agissant de la sorte. Leur évitant une altercation qui arriverait sans nul doute bien rapidement. Il n'aimait pas qu'on se moque de lui, Hyde, qu'elle ait pu le manipuler lui, lui que personne n'avait le droit de tromper sans en payer le prix. L'avait-elle sauvé des ruines pour mieux l'utiliser ? L'avait-elle écouté par toutes ces après-midis glacées, pour gagner sa confiance ? La vérité semblait difficile, bien trop pour qu'il ne l'accepte, incapable de le redécouvrir sous un visage inconnu et inappréciable. Il s'était accroché à ses visites, à sa voix douce qui tranchait dans la pâleur du laboratoire. Sûrement qu'il en aurait été autrement, sans cette injection qui emmêlait ses idées. Sûrement qu'il aurait été plus clairvoyant, lui qui avait fait de la paranoïa son alliée. Il avait été faible, d'ainsi s'attacher au doux minois de la rassurante Meredith. La belle Meredith. Entourloupé par une femme. Si ce n'était pas là le comble de l'ironie. Un sourire vissé au coin des lèvres, parce que la rancune les plaçait désormais sur un même pied d'égalité, l'homme ne rompit pas la distance en reprenant la parole.  « Je ne pensais pas te revoir de si tôt. A vrai dire, je n'ai pas pour habitude  de revoir qui que ce soit lorsque je m'envole avant le petit-déjeuner. Peut-être aurais-je dû être plus... explicite ? » Son ton était doux, nullement agressif. Calculant chaque mot avec un soin mielleux. Le goujat qui paradoxalement ne l'avait pas touchée, l'envie ne lui en ayant pourtant pas manqué, mais cela rendait peut-être sa fuite plus acceptable. Plus incompréhensible, également. Pourquoi abandonner son seul toit dans cette ville hostile ? Pourquoi rebrousser chemin devant la seule figure d'amitié s'étant présentée à lui lorsque les choses s'étaient corsées ? Un point d'interrogation qui ponctuait son départ précipité. Auquel lui seul avait sûrement la réponse. Et ça recommençait à le désarçonner, face à cette fragilité apparente qui l'avait si facilement dupé. Sans doute n'avait-elle jamais rien attendu d'autre de lui qu'un voyage. Un voyage convoité par le plus grand nombre, dans les laboratoires. Un voyage que lui seul était en droit de contrôler, l'espace-temps pour domaine, et personne n'en profiterait. Personne. Pas même Meredith.


(c) elephant song.


Dernière édition par Lysander Hyde le Dim 27 Déc 2015 - 13:54, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: (merry) i put a hole in you, you put a hole in me.   (merry) i put a hole in you, you put a hole in me. Icon_minitimeJeu 29 Oct 2015 - 20:00

Des jours de traque minutieuse, de fébrilité impatiente, pour en arriver enfin à ce moment. Meredith avait oublié de dormir, de manger, de travailler pour parvenir jusque dans cette ruelle, à marcher derrière cette silhouette. Et c’était le cœur battant comme celui d’un animal fou, qu’elle avançait dans le silence de la nuit. Bientôt. C’était l’espoir qui guidait les pas de la jeune chasseuse, un espoir qui ne l’avait pas quittée depuis le jour où elle avait appris l’extraordinaire pouvoir dont le nouveau cobaye du laboratoire était doté. Si elle n’avait jamais renié ses convictions depuis le jour où elle avait prêté serment face aux hunters qui l’avaient accueillie, jamais elle n’avait été aussi proche de tout laisser tomber. Sur un espoir. Elle ne voulait en aucun cas abandonner sa foi, elle ne comptait pas renier ce qu’elle était. Hunter dans l’âme, elle y croyait. Mais il y avait une chose qui pouvait la faire dévier de son chemin si bien tracé. Toujours cet espoir, si minuscule, si chétif, mais si brutalement réel ! Elle était prête à fermer les yeux sur ses convictions si elle obtenait ce qu’elle désirait, elle n’avait aucune promesse à faire pour être sûre de tenir parole, son cœur qui battait si fort en était la preuve ultime. Elle était prête à tout donner, tout abandonner, pour que ce mutant lui accorde son vœu. Et elle avait fait des efforts, Merry. Elle avait vu les sourcils se froncer quand elle avait pénétré dans le laboratoire, quand elle s’était agenouillée face à cet homme qui souffrait pour lui offrir un peu de la douceur que plus personne ne lui accordait. Au fond d’elle-même, elle avait souffert avec lui, mais elle aurait fermé son cœur et aurait détourné les yeux de sa peine si elle n’avait pas eu un but bien précis. C’était étonnant, de voir à quel point elle s’endurcissait. Elle parvenait à ne plus pleurer sur les cadavres qui jonchaient le sol derrière elle, et elle pouvait passer sans ciller devant les êtres torturés qui peuplaient le laboratoire. A une époque, elle se serait arrêtée devant chacun d’eux, les larmes brillant au coin des yeux et des excuses au bord des lèvres. A présent, elle était capable de marcher sans s’arrêter. Mais elle s’était arrêtée devant Lysander Hyde. Elle avait ignoré la désapprobation des autres hunters et elle avait offert un peu d’humanité à cet homme aux yeux hagards. Elle était revenue plusieurs fois, sa compassion naturelle s’exprimant sans retenue puisqu’elle ne se forçait plus pour la contenir, jusqu’à ce qu’elle s’imagine ressentir réellement quelque chose pour lui. Il n’était qu’un dégénéré, elle ne l’avait jamais oublié, pas une seule seconde, mais la douleur dans son regard était telle qu’elle n’avait pu s’empêcher de la prendre à son tour. Elle savait quelle était l’histoire sordide qu’on racontait sur lui, dans les couloirs du laboratoire. Elle avait vu les coupures de journaux, comme tout le monde, mais elle savait mieux que tous les autres ce qu’il ressentait. Et l’idée encore si abstraite et inconsistante qu’elle avait eu la première fois qu’elle était entrée dans sa cellule s’était alors muée en Espoir. Ce n’était plus une idée, c’était une certitude. La souffrance immense qu’il portait dans son regard, elle la partageait à mesure égale, mais elle pouvait les en débarrasser. Tous les deux.

Cet Espoir, elle l’avait entretenu soigneusement, jusqu’à ce qu’il prenne vie quand les flammes avaient ravagé le laboratoire. Les autres hunters avaient tenu à sauver des résultats d’expériences, des échantillons précieux, mais aucun n’avait songé une seule seconde à aller aider les dégénérés qui étaient voués à périr dans le brasier. Sauf Meredith. Elle en avait sauvé un, à qui elle avait ouvert sa porte comme s’il était son égal, soulageant ainsi sa conscience taraudée par la mort de tous les autres prisonniers, et apaisant la terreur atroce qu’elle avait eu de voir son Espoir s’envoler en fumée. Et une fois chez elle, elle avait fait en sorte qu’il se sente bien, qu’il perde un peu de son comportement d’animal captif pour retrouver l’humanité qui lui manquait. Elle n’avait rien dit, elle ne l’avait pas brusqué. Elle n’était pas si patiente, mais elle avait attendu des années et elle pouvait bien attendre quelques jours de plus … Quelques jours où elle l’aiderait à se remettre, où elle ferait totalement abstraction du fait qu’il était un dégénéré. Elle était certaine d’avoir réussi à gagner un peu de sa confiance, parce qu’elle était la seule à avoir montré de la compassion pour lui. Elle ne l’avait jamais torturé – en était-elle seulement capable ? – et elle ne l’avait pas laissé périr alors que tous les autres l’avaient oublié. Elle prenait des risques pour lui, et elle espérait qu’il s’en rendait compte. Tout ce qu’elle demandait, c’était un peu d’aide de sa part, et pour l’instant elle s’était bien gardée de réclamer quoi que ce soit pour ne pas l’effrayer. Elle attendait encore un peu afin qu’il se sente plus à l’aise et puis … Elle n’avait pas eu le temps de mettre son plan à exécution. Il avait disparu, du jour au lendemain, laissant sa couverture en boule au pied du canapé, faisant disparaître les maigres possessions qu’il avait gardé avec lui. Et Meredith avait été frappée par une angoisse vertigineuse, qu’elle n’avait pas ressentie depuis des années. L’espoir envolé, elle avait vacillé comme une flamme en plein courant d’air. Il ne pouvait pas l’abandonner ainsi, alors qu’elle avait presque touché du doigt le jour béni où il accèderait à son souhait, où il ramènerait la vie dans son cœur flétri. La douleur avait creusé un gouffre dans sa poitrine, et elle avait eu si peur de s’y perdre une nouvelle fois, comme il y a trois ans, qu’elle avait tout mis en œuvre pour retrouver son dégénéré. Et il était là, à quelques pas devant elle. Sa peur s’estompait déjà alors qu’elle réduisait la distance. Il allait l’aider. Il ne pouvait pas la laisser comme ça, à demi noyée dans sa folie.

« Bonsoir, Meredith. » Elle inspira profondément et lui souri, comme elle lui avait toujours souri. Simplement, naturellement. Comme à un ami. Il valait mieux que les autres dégénérés. « Bonsoir Lysander. » Elle était rassurée par le ton amical qu’il avait employé, depuis son départ elle avait imaginé le pire et elle avait craint qu’il n’ait une réaction bien plus violente devant elle. « Je ne pensais pas te revoir de si tôt. A vrai dire, je n'ai pas pour habitude  de revoir qui que ce soit lorsque je m'envole avant le petit-déjeuner. Peut-être aurais-je dû être plus... explicite ? » Le cœur de la jeune hunter se serra, mais elle eut un petit rire. Elle n’allait pas laisser ses sarcasmes l’atteindre, elle était au-dessus de tout ça. « Je ne suis pas une de tes conquêtes, tu n’avais pas à t’enfuir comme ça. » Son sourire vacilla légèrement. « Je pensais que tu avais besoin d’aide et je t’ai aidé. La moindre des choses aurait été que tu sois un tout petit peu plus … poli avant ton départ. » Lâcha-t-elle avec un pincement de lèvres. Elle faisait la leçon à un homme qui avait tenu un bordel dans les années trente et qui avait traité les femmes comme du bétail. Heureusement qu’elle connaissait un détail supplémentaire sur son passé, sans quoi elle ne se serait pas fatiguée avec lui. « Tu n’as nulle part où aller, tant que le vaccin fait encore son effet. Et tous les hunters de la ville sont à ta recherche. Pourquoi est-ce que tu es parti ? Chez moi, tu étais plus en sécurité que partout ailleurs, ils ne te chercheront pas dans mon appartement. » Elle ne comprenait vraiment pas son départ, et elle espérait qu’il puisse l’éclairer.
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MessageSujet: Re: (merry) i put a hole in you, you put a hole in me.   (merry) i put a hole in you, you put a hole in me. Icon_minitimeDim 27 Déc 2015 - 21:20


and suddenly, i felt nothing.
MEREDITH & LYSANDER


Le sourire en réponse à la salutation détendit légèrement le visage de la jeune femme tandis que sa voix résonnait doucement dans la ruelle, glissant sur les murs pour venir caresser ses oreilles. Cette voix à laquelle il s'était si férocément accroché, par toutes ces longues après-midi. Qu'il haïssait, pour manquer de faire resurgir sa clémence, lui qui n'en appelait en cette heure qu'à l'acrimonie. Froissant le cuir sous ses doigts qu'il agitait doucement près de sa poche, pour chasser les fourmillements que le froid y apportait, Hyde ne retint pas le rictus qui griffa ses lèvres en réponse aux paroles de la jeune Quinn. « Poli ? » Sourcil arqué et mâchoire à demi-crispée, tandis que les mains regagnaient les poches pour cesser de se tendre sous les décharges nerveuses qu'apportait sa proximité. « De quelle politesse parlons-nous là ? » Un pas en avant, soigneusement calculé, juste suffisamment ferme pour que la menace se fasse perceptible. « De quelle aide parlons-nous là ? » Un second, lentement exécuté. Le visage légèrement incliné sur le côté, calquant son regard dans le sien comme pour y déceler la moindre émotion, la moindre pensée. Détaillant avec ténacité les traits de la brune. Le grondement s'insinuait derrière chaque mot, pratiquement indiscernable, électrisant méticuleusement l'atmosphère de la ruelle. Fort de son expérience en la matière, Lysander n'en était pas à son premier interrogatoire. Ni à sa première trahison. Parce qu'il s'agissait bien de cela, à ses yeux. Peu importait désormais ce qu'elle pourrait en dire, nulle attention ne serait portée à ses exlications, à son point de vue. Il n'y avait pas de place pour l'absolution dans le monde du mafieux, il n'y en avait jamais eu. Justice était faite selon les règles qu'il avait élaboré, délivrée de sa main, de celle de Camille, sans merci. Et si Meredith ne ressemblait ni de près ni de loin à ses anciens félons, elle n'en avait pas moins mis à mal sa confiance. Raison suffisante pour déchaîner les foudres du mutant, colère dont il l'avait préservée au nom du respect qu'il avait pu lui porter durant ces semaines d'enfermement. De cette aide qu'elle lui avait apporté, lui sauvant probablement la vie par cette nuit funeste où les salles aseptisées s'étaient dispersées en quelques montagnes de cendres. N'avait-elle donc rien compris ? Se jouait-elle encore de lui ? Cette simple idée accentuait les pulsations furieuses de son coeur et acheva son troisième pas dans sa direction. « La politesse était de partir. De ne pas m'arrêter plus que de raison sur le pas de la porte de ta chambre. » Il ne laissait plus de place aux suppositions, s'immobilisant physiquement et figeant ses traits dans ce masque de tempérence qui portait le calme apparent de ses mots. Ces mots pourtant de plus en plus inquiétants. « Ne serait-ce pas de mon aide dont il est réellement question ? De ce que tu attendais de moi ? » Cheminant tel un serpent dans sa direction, langue fourchue délivrant son venin avec tranquillité, pupilles resserrées trahissant son état d'alerte, l'homme engageait l'attaque en réponse à ces questionnements qui lui hérissaient le poil. Culottée petite fille n'ayant semblait-il pas la moindre idée des sombres pensées que sa présence éveillait chez le monstrueux Hyde. La bête de violence dont elle avait infiltré la peau, roulant sous la chair pour finir par se frayer un chemin le long de ses veines. Laissant le miel de sa voix adoucir l'acidité du sang, y distillant sa bonté, cette bienveillance apparente dont elle-seule avait su faire preuve à son égard jusqu'alors. Avait-elle seulement conscience de l'exploit accompli ? De la prouesse de s'être vue attribuée une place dans le monde du truand, allant jusqu'à éveiller la tendresse dans les décombres de son être ? Pour finir par n'y répendre qu'un peu plus de chaos, souffle dévastant les ruines tel un vent ravageur tandis que le prénom de sa défunte soeur passait ses lèvres pour la première fois. Le voile s'était levé sur les intentions de son hôte alors que son regard s'égarait sur ces photographies en couleur qui décoraient son appartement. Elle ne lui avait rien demandé. Cela n'avait pas été nécessaire pour qu'il comprenne. Pour quelle raison il n'avait pas péri comme tous les autres. Pour quelle raison elle l'avait choisi, lui.

« Tu n'aurais jamais dû venir me chercher. » Mais ce n'était pas vraiment de sa faute, n'est-ce-pas ? Sans doute n'était-il plus de notoriété publique qu'il ne fallait jamais, ô grand jamais venir se frotter aux Hyde. « Eux, toi, quelle différence. » Ils n'en voulaient pas moins exactement la même chose, avant de le laisser rendre son dernier souffle. Moins agréables à l'oeil que la jeune femme, moins trompeurs par le fait. L'homme ne la lâchait plus du regard, le front brûlant d'un nouvel accès de fébrilité lui rappelant quel poison se trouvait encore dans ses veines. Il ne savait que trop bien à quel point il n'avait plus d'autre alternative que l'attente. L'attente loin d'une nouvelle injection le bloquant ici encore quelques semaines supplémentaires. Mais jamais, jamais il ne la suivrait plus. Levant le menton tout en achevant de rompre la distance, tentant de canaliser les pulsions violentes qui l'animaient un peu plus à chaque pas dans sa direction, Lysander s'arrêta en laissant toute la noirceur envahir l'azur de ses iris. « C'est ta dernière chance de filer, Meredith. Tu as déjà bien trop abusé de ma patience. »


(c) elephant song.
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MessageSujet: Re: (merry) i put a hole in you, you put a hole in me.   (merry) i put a hole in you, you put a hole in me. Icon_minitimeVen 15 Jan 2016 - 23:25

Merry avait joué la carte de la candeur, espérant ainsi obtenir une réponse franche de Lysander, et peut-être un nouveau rapprochement. Il n’avait rien à craindre d’elle, elle avait supposé qu’il s’en était rendu compte et qu’ainsi, elle gagnerait une infime part de sa confiance. Elle ne se faisait pas d’illusions, Lysander Hyde était quelqu’un de trop puissant et de trop méfiant pour qu’elle se fasse réellement une place dans son petit monde. Ce n’était pas non plus ce qu’elle souhaitait. Elle n’attendait qu’une seule chose de lui, puis elle le laisserait tranquille. Il pourrait filer, disparaître même, c’était tout ce qu’elle lui souhaitait. Mais avant cela, elle voulait qu’il reste à sa portée, qu’elle sache toujours où il se trouvait. Elle ressentait encore trop la bouffée d’angoisse qui l’avait étreinte quand elle avait découvert sa disparition. Elle ne pouvait le laisser faire ça. « Poli ? De quelle politesse parlons-nous là ? » Le masque d’affabilité qu’il avait endossé se craquelait pour laisser apparaître une violence maîtrisée, et elle sut qu’elle avait échoué dans ses arguments. Elle ne bougea pas d’un pouce quand il s’avança lentement vers elle. Elle avait peur, bien entendu. Mais pas de lui, et ça faisait toute la différence. « De quelle aide parlons-nous là ? » Merry fronça légèrement les sourcils. Elle n’appréciait pas la tournure que prenait cette discussion, ainsi que l’air menaçant qui s’étalait à présent sans fard sur le visage de Lysander. Il n’aurait pas du remettre en cause l’aide qu’elle lui avait apportée, il n’aurait pas du être en colère après elle. « La politesse était de partir. De ne pas m'arrêter plus que de raison sur le pas de la porte de ta chambre. » C’était ce qu’il avait fait, lui causant des nuis d’insomnie et des sueurs froides telles qu’elle n’en avait plus connu depuis des années. Ce n’était pas de la politesse, c’était de la torture. « Ne serait-ce pas de mon aide dont il est réellement question ? De ce que tu attendais de moi ? » Merry sentit toute couleur quitter son visage en réalisant qu’il avait très bien compris son petit jeu, et elle déglutit avec difficulté. Elle ne devait pas se laisser dominer par la panique ! Il était parti parce qu’il avait compris, mais elle l’avait retrouvé et elle ne le laisserait plus s’enfuir. Il allait l’écouter. Elle allait le convaincre. Il le fallait. « Tu n'aurais jamais dû venir me chercher. » La jeune hunter ouvrit légèrement la bouche comme pour répliquer, mais elle la referma de peur de laisser échapper une plainte des plus pitoyables. Elle avait envie de pleurer, de crier, de supplier. La dureté dans les yeux de Lysander lui hurlait qu’elle avait déjà perdu la bataille, qu’il était vain de vouloir encore se battre. Mais elle n’avait pas le choix, plus maintenant ! « Eux, toi, quelle différence. » Cette pique lui donna pourtant l’énergie de répliquer. « Quelle différence ? » Répéta-t-elle, ulcérée. « Je t’ai sauvé la vie, je t’ai ouvert mon appartement, je t’ai soigné. Les autres t’auraient simplement laissé crever. C’est toute la différence. » Il pensait qu’elle était comme les autres hunters, mais il se trompait, et elle allait le lui prouver. « Je ne t’ai jamais rien demandé. Jamais. » Lâcha-t-elle entre ses dents serrées. Il avait compris ce qu’elle voulait, parfait. Elle ne comptait pas s’en cacher. « Mais j’avais espéré que tu ferais preuve d’un peu plus de reconnaissance. » Elle inspira profondément, et desserra ses poings, qui s’étaient crispés convulsivement sous l’effet de l’angoisse qui ne la quittait plus. L’angoisse qu’il disparaisse et qu’il n’accède pas à sa requête.

« C'est ta dernière chance de filer, Meredith. Tu as déjà bien trop abusé de ma patience. » Il s’était encore approché d’elle et il la dominait de toute sa taille. Elle frissonna et ferma les yeux un bref instant, puisant du courage au fond d’elle-même. Elle n’était plus une petite fille facilement impressionnable – ou si elle l’était encore, elle la laisserait de côté aujourd’hui, rien qu’un instant, pour faire face à cet homme. Rien ne semblait plus important que ça. « Tu me menaces, maintenant ? Pourquoi ? Parce que j’ai eu la faiblesse de veiller sur toi, au risque de passer pour une traître aux yeux de mes pairs ? Parce que je n’ai pas voulu te laisser mourir ? » Elle secoua la tête. Elle savait, au fond, pourquoi il était si en colère contre elle, du moins elle le supposait. « Ou tout simplement parce que j’espérais que tu puisses me rendre un service en échange de cette aide ? » Elle eut un petit rire narquois. « J’ai fait beaucoup de choses gratuitement, dans ma vie. Des gens comme toi, j’en ai aidé des dizaines, je les ai nourris, soignés, protégés, sans jamais rien leur demander. Je le faisais parce que je voulais juste qu’ils aillent mieux. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux tue ma petite sœur, sous mes yeux. Et après ça … » Elle battit furieusement des paupières pour faire disparaître l’envie de pleurer qui recommençait à poindre à l’évocation de la mort d’Isobel. Cette époque lui paraissait à des années lumières d’aujourd’hui, comme tirée de l’histoire de quelqu’un d’autre. Une époque où elle donnait sans compter, parce qu’elle avait le sentiment de faire le bien. Une époque où sa sœur était encore là, avec elle. Rien que des souvenirs. Seule la douleur restait bien réelle, même après tout ce temps. « C’est vrai que j’ai plus de mal à agir par pure bonté, maintenant. C’était un peu trop évident que je te demanderais un service en échange, je le reconnais. Tu ne connais pas le principe ? Tu n’as pas construit ton empire par altruisme, il me semble. Pour chaque service rendu, tu exigeais quelque chose en retour. » Le mafieux qu’il avait été – et qu’il ne demandait qu’à redevenir – devait même user de principes moins équitables que ça. Menaces, chantage, voire exécutions discrètes, il devait connaître tout ça mieux que personne, Merry ne se faisait pas d’illusion. Mais bien qu’elle sache tout ça, elle n’avait pas l’intention de reculer. Il était impressionnant, surtout depuis qu’il avait récupéré de son incarcération, mais elle n’avait pas peur. Sa seule crainte était qu’il refuse, et elle était prête à tout pour que cela n’arrive pas. Elle ne craignait ni sa colère, ni ses menaces, elle avait simplement peur de la douleur indicible qu’il pouvait lui causer s’il refusait. Elle avait bien trop espéré, ces dernières semaines, pour accepter de voir tout ça s’effacer dans le néant. « Je n’exige rien. Mais je te demande de m’aider. Juste une fois. Tu n’as rien à perdre, et je te laisserais ensuite retourner à ton empire, et à ta fille. » C’était ce qu’il souhaitait depuis le début, retourner à son époque et empêcher le meurtre de sa fille. Il n’était pas le seul à pouvoir proférer des menaces, bien que celle de Merry soit moins flagrante. Pour l’instant.
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MessageSujet: Re: (merry) i put a hole in you, you put a hole in me.   (merry) i put a hole in you, you put a hole in me. Icon_minitimeDim 28 Fév 2016 - 21:57


and suddenly, i felt nothing.
MEREDITH & LYSANDER


Le bloc de glace qui lui servait de coeur ne cessait de s'endurcir à chaque nouveau pas, inondant ses veines d'une colère glaciale, pétrifiant ses traits dans un masque d'apparence inébranlable. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle réplique. Certainement pas avec cet aplomb. Personne ne s'adressait jamais à lui avec cet aplomb, surtout pas lorsque la menace se faisait décelable et les prunelles orageuses. Sans doute aurait-elle mieux fait de garder le silence, de ne pas lui envoyer ces paroles-là à la gueule. Mesurait-elle seulement l'ampleur qu'auraient ses mots sur un homme qui n'avait que peu de notion de ce que pouvait être la reconnaissance ? On lui était reconnaissant, depuis toujours. Reconnaissant d'épargner une vie, de laisser survivre une gamine en n'égorgeant que le père, d'honorer un marché, d'apporter sa protection. Le Hyde n'était reconnaissant envers personne. Un seul Homme avait été digne de sa reconnaissance, en quatre décennies, à une époque où la confiance se gardait soigneusement, s'offrait timidement, sans se départir d'une pointe de méfiance. Ici, il n'y avait plus de place pour les remerciements. La brunette n'avait aucune idée de l'homme auquel elle s'adressait. Du prix à payer pour avoir osé le duper. Parce qu'il n'était question que de cela. Une fierté en piteux état, mise à mal par une gamine. Il lui aurait été redevable, sans doute, de l'avoir aidé à tenir entre les heures sombres du laboratoire, les illuminant de sa simple présence, estompant la douleur. De l'avoir sauvé sans raison apparente, acte qu'il avait songé désintéressé, porté par la seule amitié qu'elle avait pu avoir pour lui, comme il avait pu nourrir une certaine affection à son égard. L'affection d'un homme fou de désespoir, s'accrochant à la vie en la seule personne de Meredith. Elle n'avait nulle idée de ce qu'elle avait pu faire naître en lui, lui l'inaccessible bourreau qui ne comptait ses proches que sur les doigts d'une main. Amputé de ses repères, elle-seule avait été en mesure de le secouer suffisamment pour qu'il ne perde pas pied. Et il s'était attaché, juré qu'il ne lui arriverait rien à son tour. Là aurait été sa reconnaissance. Lui demeurer loyal et ne pas la blesser. Disparaître un beau jour, lorsqu'il serait parvenu à retourner le temps, regagner son époque pour ne jamais plus intervenir dans la sienne, s'effaçant  de ses souvenirs et sauvant les siens, se sauvant lui, retrouvant sa vie. Mais tout n'avait été que manipulation. Elle était douée, il lui devait bien ça. Derrière ses grands yeux et ses traits de poupée, il n'y avait vu que du feu, s'était laissé attendrir. La rancune enflait derrière ses côtes tandis que l'homme se faisait violence pour ne pas tout bonnement se laisser aller à la colère physique qui électrisait ses nerfs. « Estime-toi heureuse. Tu ne serais plus là si je n'avais pas eu un tant soit peu de reconnaissance à ton égard. » Crachant son venin entre ses dents serrées, lâchant une vérité atroce dans une sincérité sordide, Lysander ne détachait plus son regard, malgré les frissons qui vrillaient ses vertèbres et la fièvre qui brûlait ses tempes. Si elle ne l'avait pas aidé à s'enfuir, l'affaire aurait été réglée dès qu'il avait compris ce qu'elle attendait de lui. La même chose que tous ces fils de pute en blouse blanche. La plaçant dans la catégorie des Hommes à abattre, des Hommes contre lesquels ruminer sa vengeance. Il l'aurait tuée de sang froid, et tout aurait été plus simple. Terriblement plus simple.

Le sang n'avait fait qu'un tour et son coeur avait cessé de retenir la fureur, il n'avait fallu que quelques mots supplémentaires pour que la brune anéantisse tout ce que l'homme lui portait encore comme attention. « Ferme-la, ferme-la. » Les grognements s'élevaient de sa voix soudainement plus rauque, ses nerfs prêts à lâcher, une quinte de toux le détournant un instant tandis que ses poumons semblaient s'embraser, sa vue se distordre. Les couleurs de la ruelle changeaient, les murs s'effondraient, le décor se transformait sous ses yeux tandis que sa main rugueuse venait presser ses paupières à l'en aveugler. Pas maintenant. Pas ici. L'évocation de son empire, elle n'avait pas le droit, parler comme si elle le connaissait, elle ne pouvait pas. Pas sans éveiller sa colère, lui rappelant à quel point elle avait pu en apprendre sur son compte, à quel point les mots avaient sans doute pu lui échapper lorsqu'il était à demi-éveillé et qu'elle apparaissait dans l'encadrement de la porte. La curiosité, la curiosité l'avait portée dans cette chambre de torture, à lui adresser quelques paroles délicates, ne désirant au fond qu'une seule chose, la même que tous ces barbares qui n'avaient cessé de le pousser à bout durant ces semaines d'horreur. Se retournant brusquement vers elle, tanguant sur place en focalisant son regard sur elle pour oublier à quel point le temps et l'espace lui échappaient, ses prunelles s'étaient mises à briller d'un éclat assassin, l'affichant sous son plus mauvais jour, incapable de canaliser les flammes qui s'emparaient de lui. « T'avise... t'avise pas d'parler de mon empire, et surtout, surtout pas de ma fille. » La douleur courait le long de ses os, brisant son thorax en crucifiant le bout de muscle qui lui servait de coeur. Pas Elisa. Ou il ne répondrait plus de rien. « Tu t'es foutue de ma gueule depuis l'début, t'avais flairé la bonne aubaine, t'avais presque réussi ton coup, pas vrai ? Me parle pas de principe, j'étais pas d'accord avec ça, t'as fait ton plan toute seule et puis quoi ? » Un mugissement pour dernier mot, s'avançant vers elle en y collant sa carcasse fatiguée, la repoussant dans son élan en y associant un mouvement du bras pour l'écarter de lui. La tête lui tournait, à s'agiter frénétiquement de la sorte, à se perdre entre deux époques en tentant de ne plus penser à Elisa, les mots de la brune ayant invoqué son souvenir en le brusquant au passage. « T'allais me dire que tu voulais revoir ta soeur chérie, hm ? Qu'en échange je pourrais partir ? » Plaquant sa main à la pierre froide de l'une des façades, prenant appui en sentant ses jambes trembler sous son poids, le mafieux luttait pour tenter de conserver une attitude convenable, pour redresser son échine voûtée par ses muscles endoloris. «  C'est exactement ce que tes pairs attendaient, que j'les emmène, mais tu sais quoi, Meredith ? Eux ou toi, personne n'aurait voyagé avec moi. » Parce qu'ils ne l'auraient jamais laissé rentrer. C'était ce qu'il avait dit, au labo. Sûrement ce qui lui arriverait, avec elle aussi. Une balle entre les deux yeux dans le meilleur des cas. Une vie d'errance à traîner les souvenirs dans le pire des cas. Un sourire narquois germait au coin de ses lèvres, en détaillant l'expression de celle qu'il avait cru son alliée. Sadique, cruel, le mafieux repoussa le mur pour se donner la force de la rejoindre, de s'approcher un peu plus. « Mais toi, toi... c'est pas pareil, c'est ça, hm ? Tu me laisseras retourner à mon empire. » Un coup violent dans le coeur, s'humectant les lèvres en faisant mine de réfléchir, comme si prononcer ces mots ne lui déchirait pas la poitrine. « A ma fille. » Les iris s'assombrissaient indiciblement. « Trop aimable. » Un rictus à la bouche. Parce que sinon, quoi ? Elle ne le laisserait pas partir ? Fatigué ou non, affaibli ou non, l'homme ne doutait pourtant pas une seconde de la facilité avec laquelle il prendrait le dessus sur elle. « Il faut croire que nous n'avons pas passé suffisamment de temps ensemble. » Nulle plaisanterie dans son ton, malgré le sourire mauvais qu'il ne réprimait plus. « Tu ne me connais pas. Tu ne sais pas qu'il ce que vaut la reconnaissance d'un Hyde. » La fierté meurtrie qui tentait de se reconstituer, d'effacer tout souvenir de cet attachement qu'il avait pu ressentir à son égard. Affichant le masque du salaud. Celui qui lui allait le mieux, indiscutablement. « J'reste curieux de savoir jusqu'où t'aurais été. Après tout, tu as honni tes principes au point d'aider quelqu'un comme moi, comme tu dis. Dommage, j'aurais aimé voir jusqu'où ton amour pour ta soeur aurait pu te conduire. Nul doute que tout cela aurait été... délicieux. » Le regard qu'il glissa le long de sa silhouette était sans équivoque. « Mais peu importe ce que tu aurais pu faire, ne regrette rien, surtout. Parce que dans tous les cas... » Le couperet prêt à tomber. Le coup de grâce à asséner. Suffisamment proche pour lui chuchoter de dernières paroles, les ultimes déclarations avant de tourner les talons pour ne jamais la revoir. « Jamais tu ne reverras ta soeur. »


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MessageSujet: Re: (merry) i put a hole in you, you put a hole in me.   (merry) i put a hole in you, you put a hole in me. Icon_minitimeDim 20 Mar 2016 - 17:49

Ce n’était pas la première fois que Meredith recevait les menaces d’un homme plus grand, plus lourd, et tout simplement plus fort qu’elle. C’était quelque chose qu’elle avait du accepter en entrant chez les hunters, même si les premières fois avaient été plutôt traumatisantes pour son petit cœur de jeune fille sensible. Mais depuis, elle avait avancé, et elle était toujours vivante. Les menaces de mort ne s’étaient révélées être pour la plupart que des paroles jetées en l’air destinées à l’impressionner et à la faire plier. Elle avait vraiment sa sensibilité peinte sur le visage, elle ne pouvait pas s’en cacher. N’importe qui voyait en elle la première fille facile à terroriser. Ce n’était pas faux. Et les menaces de Lysander faisaient très bien leur effet : elle était terrorisée. Mais elle avait appris, depuis le temps, et elle ne reculait plus en baissant la tête. La différence principale résidait dans le fait qu’elle avait sur les mains le sang de tous ceux qui avaient voulu la tuer. Elle était encore vivante, eux ne l’étaient plus. Elle avait beau avoir un visage d’ange et de grands yeux de biche effarouchée, elle restait une hunter. Une hunter terrifiée, un peu trop prompte à pleurer, mais une hunter tout de même. Et aujourd’hui encore moins déterminée à reculer que toutes les autres fois. Lysander pouvait bien dire tout ce qu’il voulait, elle était parfaitement consciente qu’il était un homme dangereux et qu’il aurait pu la tuer n’importe quand dans son sommeil s’il l’avait voulu, mais elle n’était pas plus impressionnée que ça. Elle était encore vivante. Et elle le resterait jusqu’à ce qu’elle obtienne de lui ce qu’elle voulait. Il ne connaissait pas la force de sa conviction, le pouvoir de cet espoir qui brûlait en elle, lui faisant perdre sommeil, appétit et toute envie de rire. Tant qu’il n’aurait pas accédé à sa demande, elle continuerait d’évoluer dans un état de demi-vie, où rien d’autre n’avait d’importe que lui, et une promesse qu’elle attendait de sa part. Il ne comprenait pas l’importance que cela avait pour elle, mais elle ne renoncerait pas face à de vulgaires menaces. Elle ne savait pas comment, mais elle arriverait à ses fins, il le fallait. Elle voulait d’abord essayer de le convaincre, avant d’utiliser la manière plus forte. Elle pouvait menacer elle aussi, elle avait quelques billes en réserves pour y parvenir, mais ce n’était pas sa façon de faire. Elle lui avait sauvé la vie et ils avaient passé ensemble quelques moments qui n’étaient pas les plus désagréables … Elle espérait pouvoir retrouver ce minuscule petit coin adouci qu’elle avait réussi à aménager en lui, elle savait qu’il existait, elle l’avait vu alors qu’il ne se doutait pas encore de ce qu’elle lui demanderait … Il avait baissé sa garde avec elle, il l’avait déjà fait. Il pouvait le refaire sans que personne n’en souffre. Il suffisait qu’il … « Ferme-la, ferme-la. » A en juger par la fureur qui venait de déformer ses traits, elle n’avait pas réussi à le convaincre. Pendant un instant, elle le vit blêmir, vaciller sur ses jambes, et ses gestes se firent moins assurés, plus brouillons. Il semblait presque malade, et elle réfréna un geste pour lui porter secours. Un vieux réflexe qui n’avait pas lieu d’être ici et maintenant …  Cet homme là ne voulait pas de son aide, plus jamais il ne l’accepterait, même aux portes de la mort. Et elle pouvait respecter ça, mais elle ne le laisserait pas mourir. Elle ferait tout ce qu’il faudrait pour qu’il soit en état de la ramener là où elle voulait, et s’il fallait passer outre la volonté du vieux mafieux, ce ne serait pas un problème.

« T'avise... t'avise pas d'parler de mon empire, et surtout, surtout pas de ma fille. Tu t'es foutue de ma gueule depuis l'début, t'avais flairé la bonne aubaine, t'avais presque réussi ton coup, pas vrai ? Me parle pas de principe, j'étais pas d'accord avec ça, t'as fait ton plan toute seule et puis quoi ? » Elle resta bien droite quand il la repoussa de son bras, alors qu’il se dirigeait vers elle de sa démarche d’ivrogne, mais sa main effleura sa poche pour se rapprocher son arme – juste au cas où. « T'allais me dire que tu voulais revoir ta soeur chérie, hm ? Qu'en échange je pourrais partir ? » Merry serra les dents. Elle n’allait pas nier, c’était exactement ce qui s’était passé. Elle était une hunter, il l’avait très bien compris. Elle ne faisait plus rien gratuitement, surtout s’il s’agissait d’aider un mutant. Le dernier qu’elle avait aidé avait tué sa sœur, on ne pouvait pas lui en vouloir d’avoir changé. « C'est exactement ce que tes pairs attendaient, que j'les emmène, mais tu sais quoi, Meredith ? Eux ou toi, personne n'aurait voyagé avec moi. » Elle plissa les lèvres devant ce premier refus. Elle maudissait les hunters qui l’avaient torturé et qui lui avaient trop exposé ce qu’ils comptaient faire de lui, ils avaient démoli le peu de confiance que Lysander aurait pu avoir en elle. « Mais toi, toi... c'est pas pareil, c'est ça, hm ? Tu me laisseras retourner à mon empire. A ma fille. » Elle hocha la tête. « Exactement. » Se permit-elle de répondre d’une voix basse mais assurée. Il se moquait d’elle, il ne croyait absolument pas en elle, mais elle se devait de le convaincre. Il n’y avait pas d’autre possibilité. Elle n’était pas comme les autres hunters ! Elle ne voulait rien, rien d’autre que revoir sa sœur, tout autant que lui voulait revoir sa fille. « Trop aimable. » Ces quelques petits mots sonnèrent de façon funeste aux oreilles de Merry. « Il faut croire que nous n'avons pas passé suffisamment de temps ensemble. Tu ne me connais pas. Tu ne sais pas ce que vaut la reconnaissance d'un Hyde. » Visiblement, elle s’était trompée. Elle lui avait sauvé la vie et il lui crachait au visage qu’il n’en avait rien à faire … Lysander Hyde n’avait aucune reconnaissance. « J'reste curieux de savoir jusqu'où t'aurais été. Après tout, tu as honni tes principes au point d'aider quelqu'un comme moi, comme tu dis. Dommage, j'aurais aimé voir jusqu'où ton amour pour ta sœur aurait pu te conduire. Nul doute que tout cela aurait été... délicieux. » Elle eut une petite expression méprisante sous son regard libidineux, et préféra se dire qu’il ne faisait cela que pour la provoquer un peu plus. Il ne servait à rien d’y réagir, mais il n’avait pas tord : elle serait allée jusqu’au bout pour sauver la vie de sa sœur. Offrir son corps, cela ne lui était pas encore venu à l’idée, mais elle l’aurait fait si elle avait vu que cela pouvait être utile. Plutôt deux fois qu’une. Elle avait envie de vomir devant le comportement de Lysander, mais plus encore, elle avait envie de pleurer. Elle devait retenir ses larmes pour ne pas lui faire ce plaisir, elle devait se montrer plus forte que ça … Mais elle voyait Isobel lui échapper, et elle avait peur, trop peur que cela soit la conclusion de cette discussion. Il ne pouvait pas lui faire ça. Elle devait encore essayer de le convaincre …   « Mais peu importe ce que tu aurais pu faire, ne regrette rien, surtout. Parce que dans tous les cas... » Il s’approcha d’elle et elle frissonna en sentant son souffle sur sa peau, comme un courant porteur de mort et de désespoir. « Jamais tu ne reverras ta sœur. »

Pendant quelques instants, Merry fut incapable d’avoir la moindre réaction. Elle resta là, à regarder Lysander, son sourire malveillant, ses yeux durs et froid qu’aucune humanité ne venait éclairer. Elle savait qu’il ne reviendrait pas sur sa décision. Elle savait qu’aucune de ses paroles ne pourrait jamais le convaincre de l’aider. Elle s’était leurrée en imaginant pouvoir réveiller un peu de compassion en lui, elle s’était leurrée en pensant qu’il lui offrirait quelque chose avant de s’en aller, juste parce qu’elle l’avait sauvé, qu’elle s’était occupée de lui, qu’elle avait adouci sa douleur pendant ses longues heures de torture. Il n’était pas homme à se souvenir de ça, il ne voyait que le mal, et oubliait le reste. La mort d’Isobel, il s’en fichait. La douleur de Meredith, qui enflait en elle comme un raz de marée, il s’en fichait … Non, bien pire que ça : il s’en repaissait. Il la contemplait en train de s’effondrer et il prenait un plaisir pervers à être le responsable de la destruction du seul espoir qu’elle avait. « Non … » Gémit-elle en réfrénant un sanglot. Non. Non. Elle ne le laisserait pas la détruire. Elle ne le laisserait pas profiter de sa victoire. Alors elle baissa les bras, elle se laissa aller. Elle se regarda agir de loin, sans même y penser, avec des gestes d’automates perfectionnés pendant des heures d’entraînements à souffrir le martyre. Qui aurait cru qu’elle s’en souviendrait si bien ? Elle détestait se battre au corps à corps, mais elle s’y jeta sans réfléchir. En une enjambée, elle avait rattrapé Lysander. D’un coup sec du talon dans sa rotule, elle le jeta à terre, puis lui attrapa un bras qu’elle serra dans son dos dans une clé qui lui tordit le poignet, l’empêchant de faire le moindre geste pour se libérer, tandis qu’elle s’asseyait sur son dos pour le bloquer complètement au sol. Elle résista à l’envie pressante de lui éclater la tête contre le pavé, juste pour effacer son sourire suffisant qu’elle voyait encore imprimé derrière ses rétines, mais au lieu de ça elle attrapa de sa main libre la seringue qu’elle gardait constamment sur elle. Il y avait deux choses dont elle ne se séparait plus : son automatique, et sa seringue de NH25. Deux armes essentielles contre les mutants, l’une pour ceux qui étaient un véritable danger, l’autre pour ceux qui pouvaient encore être sauvés. Elle n’allait pas tuer Lysander, mais elle ne voulait pas non plus le sauver. Elle enfonça la seringue dans sa carotide et appuya sur le piston avec un sentiment de libération intense. « Tant pis pour toi alors. » Murmura-t-elle quand elle retira la seringue et qu’elle se releva, le libérant de son poids. Elle contempla pendant une seconde l’arme de son crime, qui reposait toujours au creux de sa main de plus en plus tremblante. Elle la rejeta loin d’elle, et l’entendit s’écraser au sol dans un coin d’ombre. Elle avait du mal à respirer. Elle allait tomber. Comme si c’était elle qui venait de se faire vacciner … Elle s’appuya contre le mur pour ne pas flancher, appuya ses mains contre le béton glacé. « Ta fille est morte, Lysander Hyde ! C’est fini, elle est morte, c’est fini … Tu la reverras plus, plus jamais. Qu’est-ce que tu dis de ça ? » Elle eut un rire à moitié hystérique, qui se termina en sanglots irrépressibles qui lui déchirèrent la gorge. « C’EST TA FAUTE !!! » Hurla-t-elle entre deux hoquets. « Je demandais rien de plus … Rien qu’une fois … Je t’aurais laissé partir. Je t’ai sauvé du labo, je t’aurais laissé partir, je suis pas ... Je suis pas … J’ai jamais voulu … » Elle ne parvint pas à terminer sa phrase, qui se perdit au milieu de ses gémissements. Elle avait tué Isobel. Elle. De ses propres mains. Elle avait éliminé toute chance de revoir sa sœur vivante … « Va crever, Hyde !!! C’est ton putain d’entêtement qui a tué ma sœur !! »


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MessageSujet: Re: (merry) i put a hole in you, you put a hole in me.   (merry) i put a hole in you, you put a hole in me. Icon_minitimeMar 19 Avr 2016 - 19:50


and suddenly, i felt nothing.
MEREDITH & LYSANDER


Un rictus aux lèvres, l'homme s'éloignait, une supplication venant caresser son échine qu'il redressait de plus en plus fièrement, galvanisé par cette rencontre, par ce message qu'il était certain d'avoir fait passer. Cajolant son égo meurtri, le laissant repartir tête haute et orgueil regonflé. Quelques pas portés par la certitude de ne plus avoir qu'à attendre, un jour, deux tout au plus. Il n'aurait plus qu'à fermer les yeux, à se remémorer cette fin d'après-midi de décembre, cette réception donnée dans l'opulence de sa demeure, quelques heures avant de s'éclipser. Se rappeler les traits angoissés de Johnny, lui dire que tout irait bien, ne pas élever la voix lorsqu'il lui parlerait de se retirer quelques temps, ne pas le secouer comme il avait pu le faire, tant physiquement que mentalement, lui faire entendre raison autrement.  Dessiner sous ses paupières closes le regard de Darlene, ses lèvres contre lesquelles il s'attarderait davantage, comme si c'était la dernière fois qu'il l'embrassait, graver son passage et tatouer sa peau contre la sienne pour qu'elle n'oublie jamais, au lieu de la laisser déambuler au milieu des invités sans prendre place à ses côtés. Et puis, cette porte qui s'était refermée sur Elisa, l'ouvrir de nouveau sans ne plus prononcer le moindre aurevoir, lui dire encore qu'il ne lui arriverait jamais rien, qu'on ne toucherait pas au moindre de ses cheveux tant qu'il serait dans le coin, et même après. Enfin, il se remémorerait cette expression sur les traits de Camille, ces avertissements qu'il lui avait confié. Il remonterait quelques minutes plus tôt dans la foule des souvenirs, s'arrêtant lors de leur dernier échange naïf de toute altercation. Le carillonnement de leurs coupes ricochant l'une contre l'autre, les paroles échangées. Peut-être que Lysander accepterait d'écouter. Lui expliquerait comme le plan allait changer. Comme la moitié des hommes se trouverait à l'extérieur, en attendant Harvey. C'était tous les éléments dont il avait besoin, pour redessiner cet instant précis au cours duquel il reviendrait. Il se le passait et repassait dans la tête depuis des semaines, à tel point que le voyage serait certainement l'un des plus rapides qu'il ait réalisé jusqu'alors. Il avait commencé à y resonger, à se perdre dans le souvenir vif de la foule se dispersant dans son salon, lorsqu'un coup l'atteignit en plein genou, lui se retrouvant à mordre la poussière avant d'avoir pu saisir ce qui se passait. Et en une seconde, le souvenir s'était envolé, une douleur déchirant les muscles de son cou sans qu'il ne puisse y échapper.

« Qu'est-ce-que tu m'as fait, qu'est-ce-que tu viens de me.. » Sa main cherchait à s'élever pour s'abattre sur sa gorge, là où la seringue venait de transpercer la chair, sensation loin d'être méconnue par le voyageur. Derrière ses côtes se réveillait un souffle d'effroi prêt à tout dévaster sur son passage. C'était de cette même manière qu'il avait été accueilli lors de ses premiers pas dans ce trou à rats, une piqûre enfoncée dans sa cuisse avant que tout ne commence à se distordre. Injection brève, efficace, le confinant dans cet espace-temps maudit. Cette substance dont il était sur le point de se défaire, après ces journées à se terrer à l'abris des regards inquisiteurs. Fallait dire qu'on le remarquait toujours, avec ses vêtements à la mode des vieilles années, qu'il eut été aisé de le repérer, de l'attraper de nouveau. Il n'avait pas fait le malin, n'avait sorti son museau qu'à la tombée du jour, le moins souvent possible. En vain. Parce que cette petite garce venait de le renvoyer au point de départ, le privant de ces jours précieux qu'il attendait avec de plus en plus de fébrilité. Lui faisant perdre son temps. Et s'il y avait bien quelque chose que le Hyde haïssait, c'était bien de perdre son temps. Il avait passé sa vie entière à la manipuler, à le moduler à sa guise, jonglant avec les jours et les lieux pour n'en peindre que le tableau parfait de ce que devait être sa vie. Et elle ne faisait définitivement pas partie de l'équation. Il y eut quelques secondes durant lesquelles il sentit les battements de son coeur se raffermir, la brûlure du vaccin sillonnant son corps en redessinant la cartographie de ses veines à vif. Il chercha à ruer, à se débattre, mais chaque muscle demeurait effroyablement ankylosé. Il sentit le poids plume de la chasseresse abandonner son dos meurtri, lui permettant tout juste de rouler sur le dos, d'ancrer son regard dans le sien durant quelques secondes. « Ferme ta grande gueule, ma fille n'est pas morte, je... » Sa propre voix résonnait à ses oreilles en se dédoublant, lui filant la nausée. Elle n'était pas morte, pas définitivement, et elle ne le serait plus dès qu'il se serait chargé de revenir, de faire défiler les aiguilles en sens inverse pour effacer tout ce qui venait de se produire. Il la voyait hurler, s'époumoner, lui envoyer une rage brute en pleine gueule, une douleur comme il en avait vu à de trop nombreuses reprises durant son existence, et dont il avait appris naturellement à se délecter. Mais ce soir, nul sourire n'animerait plus le visage décomposé de l'ancien mafieux, pas même ces cris hystériques, ce rire incontrôlé qui agitait la silhouette de plus en plus indistincte de Meredith. Ses mots rugissaient à ses oreilles encore et encore, tandis que tous ses os semblaient se dissoudre sous le cheminement de ce poison qu'elle lui avait collé sous la peau. « Ta putain de soeur est morte parce que tu n'es qu'une gamine, une gamine trop naïve qui n'a que ça à foutre d'emmerder le monde au lieu de faire gaffe à ses arrières !!! » Le dernier hurlement, la dernière morsure qu'il lui porterait avant de commencer à se perdre dans les limbes de son esprit. Il ne savait pas encore à quel point ses paroles étaient lourdes de sens. Il ne faisait allusion qu'à cette mort qu'elle lui avait décrite, sans se douter que ce soir, sa soeur était morte une seconde fois, d'une toute autre manière, tout aussi cruelle. Qu'il en était certainement le responsable. Mais il ne pouvait pas comprendre, Lysander, pas sans comprendre qu'il en était de même pour Elisa. Pourtant, ses mots faisaient sens, lentement, à mesure que le vaccin le déchirait de part en part. Ce n'était pas comme la première fois dans la rue, pas comme la seconde au laboratoire. C'était différent, si différent que ça ne manquait pas de lui évoquer ces paroles menaçantes qu'on avait pu lui asséner dans sa chambre de torture aseptisée. Deux produits pour deux effets. Il n'y avait pas prêté de réelle attention, toujours trop sédaté pour retenir quoique ce soit. Pourtant, la panique animait chaque pulsation de son myocarde, le broyant un peu plus furieusement à chaque nouveau coup en pleine poitrine. « T'as intérêt à courir, loin. » La voix rauque lui déchirant les poumons, à peine certain de s'être fait audible, proférant la menace comme une promesse, la promesse de la retrouver si ce qu'elle avançait s'avérait vrai. Paroles acerbes bloquées au bord des lèvres, son souffle s'amenuisant tandis qu'il tâtonnait d'une main pour trouver une prise lui permettant de se redresser. Mais il ne brassait que du vide, peinant de plus en plus à élever la main, le coude, l'épaule, à garder les yeux ouverts en fixant Meredith, en dardant sur elle ses iris glacés qui ne la quitteraient pas jusqu'à ce que ses paupières ne finissent par se presser contre ses globes oculaires en la laissant disparaître dans un mugissement plaintif.

Les dernières minutes lui échappaient. Sa tête reposait tranquillement sur la pierre froide du sol de la ruelle. Les larmes ruisselaient sur ses joues, ses joues à lui, l'homme qui ne pleurait pas. Il ne savait même plus pourquoi. Ses tripes étaient nouées dans la douleur, ses mains crispées s'accrochaient aux pavés tandis qu'il entendait ses pas s'éloigner. La nuit était tombée rapidement, il n'était pas vraiment tard pourtant, ou peut-être bien que si. Il n'avait plus qu'à crever ici. Comme un chien. Des flashs battaient ses tempes d'un bordel d'images qu'il peinait à assembler. Tout son corps se débattait contre lui même, chaque cellule se tordait, se modifiait, effaçant la si précieuse mutation. Ça lui revint un peu, les yeux noirs de Meredith, le ton montant entre eux, ce regard meurtrier, la colère. La colère de dire adieu à l'espoir de sauver sa sœur. Lysander se plia en deux, les crampes mordant son dos, son abdomen, ses bras, ses jambes, ça s'insinuait même jusque derrière ses yeux qui semblaient prêts à quitter leurs orbites derrière la pulsation furieuse des battements de son cœur. Il revoyait les traits fins de la jeune femme bouffés par le désespoir. La rancœur. Le dégoût. La concentration du voyageur, pour rentrer, pour oublier cette ville maudite à laquelle il foutrait le feu dès qu'il serait replongé en 1930. Pour que jamais personne ne connaisse les ravages causés par cette bande de cinglés. Les plaintes sourdes de l'étranger ricochaient contre les murs. Il tentait de s'accrocher aux visages happés par la spirale infernale du temps. Les regards de sa famille, de ses alliés, de ses amis. Elisa, Johnny, Camille, Darlene. Darlene, Camille, Johnny, Elisa. Elisa. Elisa qui disparaissait en toute dernière, la main tordue de douleur de son père tentant de la retenir en ne parvenant à rattraper ses chimères. Secouant la tête comme pour s'extirper d'un mauvais rêve. Le monde tournait à l'envers, ou peut-être bien qu'il s'était remis à tourner à l'endroit une fois le magicien privé de ses tours de passe-passe. Il ne réalisait pas encore. Dix minutes. Une heure. Plus la moindre notion du temps. La seringue que Meredith avait utilisée pour le briser était encore là, tombée au sol, jetée sans plus de cérémonie. Son oeil tomba dessus.

Et ça y était. Il se rappelait. Comprenait. Et tout s'arrêtait ici, dans cette ville, dans cette époque. A jamais.


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