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 dark times ❅ (felix & alec)

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MessageSujet: dark times ❅ (felix & alec)    dark times ❅ (felix & alec)  Icon_minitimeLun 12 Oct 2015 - 18:11

in my dark time i'll be going back to the street, promising everything I do not mean, in my dark time, baby this is all i could be, and only my mother can love me for me.
dark times
❅ ❅ ❅
Felix étouffait. Rien n’allait plus, après tout. Sa vie auparavant rangée, auparavant décidée, avait éclatée en morceaux. Une fumée épaisse s’était propagée dans ce qui avait été clair toute sa vie, et Felix étouffait. Il avait besoin d’une porte de sortie. D’un moyen pour faire dégager cette fumée, pour remettre un peu d’ordre dans tout ce bordel. Ça faisait des jours, voire des semaines, qu’il cherchait vainement. Il sortait à peine de son appartement, sauf pour aller travailler – et quand il était au poste, sa tête n’y était pas vraiment. Il ne pensait qu’à Bea, il ne pensait qu’à Maiken. Il ne pouvait pas s’enlever de la tête les paroles qui s’étaient échangées, les regards qui s’étaient donnés. Il ne pouvait pas s’arrêter de penser à Desmond, son idiot de frère, qui s’était plongé profondément dans la merde. Doren, à qui il n’avait pas parlé depuis des semaines. Son père, qu’il n’avait pas visité en prison depuis des lustres. Sa mère, seule et froide dans sa maison. C’était à lui de recoller les morceaux, Felix le savait. Il était la colle de cette famille, c’était son boulot de la garder ensemble et de la garder saine. Son père lui avait demandé de lui faire honneur. Il devait être lamentablement déçu. Felix avait échoué, tout simplement. Il avait été tellement préoccupé par Maiken, tellement obnubilée par elle, qu’il avait oublié tout le reste. Il en recevait maintenant les conséquences. Une famille brisée, encore plus ternie qu’auparavant. Une famille aux antipodes. Un frère meurtrier, une soeur transmutante. Et le pire dans tout ça, c’est qu’il avait aussi perdu Maiken. Comment se sortir de ce bordel ? Felix n’en avait aucune idée. Il n’en avait franchement aucune idée. Et ça le mettait dans une colère noire. Toute sa vie, il avait su quoi faire. Toute sa vie, il avait eu les outils. Toute sa vie, il avait été entouré des bonnes personnes pour l’aider. Et maintenant il était seul, et maintenant il était perdu. Lui seul pouvait se sortir de ce merdier, le problème c’est qu’il n’avait aucune idée comment. Comment regagner la confiance de Maiken ? Comment gérer la mutation de Bea ? Comment calmer les ardeurs de Desmond ? Comment regarder son père dans les yeux et lui dire qu’il avait échoué ? La simple idée d’affronter Carlisle parvenait à faire paralyser Felix d’appréhension. Son père, son héros, qu’il avait tellement toujours voulu impressionner. Il avait toujours été son fils prodige, et voilà qu’il ne deviendrait qu’une honte. Mais le jeune Lecter comptait bien repousser ce face à face le plus loin possible. Son père était toujours en prison, enfin pour l’instant. Il pouvait l’éviter encore quelques temps. Il pouvait se permettre de ne pas trop y penser, pendant quelques temps. Et de penser à Bea, et à la scientifique qui avait complètement chamboulé sa vie… Il pourrait tellement lui en vouloir, à Maiken. La détester pour ce qu’elle lui avait fait. Car c’était elle qui avait tout changé, Felix en était bien conscient. Mais il était incapable de la blamer pour quoi que ce soit, car même si elle avait tout mis en bordel, même si elle était au coeur de tout ce qui n’allait plus, Felix était tout de même tellement heureux de l’avoir rencontré. Ses yeux dorés, ses tâches de rousseur. Ça serait tellement facile de la détester, ça règlerait tout. Mais Felix était prêt à accepter la complexité, si ça voulait dire qu’il reverrait Maiken et qu’il pourrait à nouveau lui tenir la main.

Puis, un après-midi, alors qu’il revenait d’une patrouille, Felix pensa soudainement à Alec. Alec, qui était censé être son meilleur ami, Alec, qu’il connaissait depuis tellement d’années, Alec, qu’il n’avait pas vu depuis des lustres. Felix se surprit en se demandant où était son ami. Car il n’en savait rien. Il avait été tellement préoccupée par tous ses problèmes qu’il avait carrément oublié Alec. Il ne l’avait pas vu au poste depuis bien longtemps. Voilà une éternité que les deux amis n’avait pas écouté un match, ou partagé un bière au bar du coin. Cette seule pensée parvint à le convaincre de rendre visite à son ami le soir-même. Alec, bien sûr. Felix avait toujous pu se fier à Alec – pourquoi est-ce que ce serait différent cette fois-ci ? Alec avait toujours lui mettre le sourire aux lèvres, il avait toujours su lui dire exactement la bonne chose. Felix se trouva stupide de ne pas avoir pensé à son ami auparavant. Comme c’était étrange, tout de même, cette absence. Pas de nouvelles, depuis – Felix n’en savait rien. Mais le jeune Lecter comptait bien aller reprendre le temps perdu. Car avec Alec tout avait toujours été facile. Il savait qu’il pouvait lui faire confiance, ça avait toujours été le cas. C’état son meilleur ami. Il ne pouvait pas croire que ça pourrait un jour changer. Alors Felix, après son quart de travail, se rendit à l’épicerie du coin pour acheter des bières, et passa ensuite au casse-croûte pour attraper au passage une pizza à emporter. Bières et pizza, c’était leur rituel. Felix se sentait soudainement léger, enthousiaste à l’idée de revoir son ami. Il ne pensait presque plus au reste. Revoir Alec serait un baume, parce qu’Alec, bien que lié à tout ce qui se déroulait, en était également éloigné. Ce serait comme retourner dans le passé. Revoir son ami, manger de la bonne pizza, boire une bière bien froide. Ouais, ça ferait du bien. Plus que du bien. Felix se rendit à l’appartement d’Alec, qu’il connaissait bien. Sourire aux lèvres, son premier depuis des lustres, il marcha jusqu’à la porte et cogna trois frois. Alec serait content de le revoir, certainement. Une petite surprise, un mardi soir, après le boulot. Relaxer entre potes, bien manger, bien boire. Ça faisait tellement longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus. Ça serait comme dans le bon vieux temps… Il n’y avait pas de doute, ça serait comme dans le bon vieux temps, et pendant quelques heures, Felix pourrait tout mettre sur pause, et profiter un peu de la vie, et oublier qu’il avait tout gâché…

“Livraison de pizza !” lança Felix avait un sourire amusé, assez fort pour qu’Alec puisse entendre à travers la porte. Le jeune Lecter ricanait déjà en imaginant la réaction de son ami, qui ouvrirait la porte en croyant à une erreur, peut-être. Puis, la porte s’ouvrit sur un visage familier, et Felix sentit son sourire s’agrandir, la blague déjà au bout des lèvres. “Dis, ça t’as pris du temps, te rendre jusqu’à la porte. T’es rendu vieux, mon pote, faudrait que tu fasses plus d’exercice.” Ironique, bien sûr, vu la silhouette d’Alec. Felix montra la pizza et leva les bières pour les montrer à son ami. “J’espère que t’avais rien de prévu ce soir, parce que je viens annuler tous tes plans.”


Dernière édition par Felix Lecter le Lun 8 Fév 2016 - 23:06, édité 1 fois
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Alec Lynch
Alec Lynch

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SUR TH DEPUIS : 26/04/2015
MessageSujet: Re: dark times ❅ (felix & alec)    dark times ❅ (felix & alec)  Icon_minitimeMer 14 Oct 2015 - 2:21


brother fighting brother as their avarice corrodes
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eyes wide shut but they know, buried alive by the lies in their soul. their stride of a blind man's stroll well for whom does the next bell toll. i'm too many years in the zone, too many years to have built what i own. and many dumb fool try to take what I've grown, but these roots go deep and you can't blood a stone, cuz i fear no fall, no brawl, no scars w/felix lecter & alec lynch.

Il y avait des failles ; partout, d’imprenables crevasses qui se creusaient un peu plus à chaque jour qui passait. Alec n’avait pas voulu y croire – mais subrepticement, chacune de ses croyances avait éclaté en des milliers de petits morceaux qui n’avaient plus de sens désormais. A mesure que ses yeux clairs parcouraient les lignes de dossier, le Lynch avait l’esprit qui accélérait : il tournait désormais à vive allure, chaque neurone de son esprit se précipitant dans une fuite en avant, avant d’être rattrapé par la réalité. La triste vérité, criante, hurlant à qui voulait l’entendre, que Thaddeus Lancaster pourrissait de l’intérieur la cause des chasseurs – et que c’n’était pas bon. Ca n’pouvait pas être bon : tous ceux qui ployaient l’échine devant le maire de Radcliff renonçaient à tout ce qui faisait d’eux des chasseurs – des protecteurs de la vie, et de l’équilibre naturel des choses. Etait-il encore cela ? Flic, d’une certaine manière, arborant l’habituel badge qu’on lui reconnaissait ; mais qu’était-il d’autre ? Chasseur pour le compte des intérêts du maire, ou pour protéger les habitants de Radcliff ? Pour rendre justice ou dans l’esprit d’une continuité, sous la mainmise d’un homme qui n’faisait que les utiliser ? C’était l’évidence qui était née à l’esprit du chasseur, alors qu’il parcourait inlassablement les données que Calista avait amassées, pour rajouter encore des preuves accablantes à son histoire de meurtre des Hodings. Ouais, force était de constater, que la tarée qui avait fait exploser l’hôtel de ville à la fête des Fondateurs, avait eu raison ; le maire avait lui-même commandité le meurtre de ces humains sans histoire… et quoi d’autre ? La question revenait toujours à son esprit, à chaque fois qu’il pensait aux flèches qu’il avait plantées dans un corps, à chaque fois qu’il se revoyait foutre une balle dans le crâne de Johan Lachlan. Il dirait volontiers qu’il l’avait fait avec raison, et que revenaient à son esprit les souvenirs de l’influence du dégénéré sur la vie de la Wolstenholme – rien que ça, suffisait à justifier son acte, et à lui donner une légitimité inébranlable. Quant au reste… Il soupira, las de parcourir tant de paperasse sans même s’offrir la moindre échappée, une quelconque trêve pour répondre aux inquiétudes qui germaient en lui, et fleurissaient comme des plantes sauvages sous les rayons d’un soleil – après treize années de service, c’était la première fois qu’il se retrouvait comme ça. Comme ça, au pied du mur, avec tant de question bouillonnant dans son cerveau. Tant de remises en question qu’il voulait fuir ; pourquoi changer du tout au tout ? C’qu’il faisait avait servi, sa simple présence parmi les forces de police de Radcliff avait permis de sauver quelques vies, à la fête foraine. Quelques vies seulement, un maigre espoir auquel se rattachaient beaucoup de gens malgré tout : combien de dizaines de cadavres avaient été amoncelés, au milieu des décombres, des flammes et des explosions ? Personne n’s’était donné la peine de compter ; ou peut-être bien que Lancaster faisait de la rétention d’information, encore une fois. Si tel était le cas, Lynch pouvait toujours compter sur Calista pour frapper à sa porte, un beau jour, avec tout un paquet de preuves assommantes qui ne feraient que rajouter un énième fardeau sur ses épaules.

Lecter. Le nom accroché à son esprit tout autant qu’au dossier recueilli par Calista ; rien n’était clair, rien n’était défini. Ni définitif. Seulement ces quelques lettres, alignées sur le papier comme si elles ne signifiaient rien – combien s’en foutraient ? Pas Alec, qui avait presque vu le patronyme sortir des paragraphes de rapport pour venir le poursuivre où qu’il aille, quoiqu’il fasse – ses passages au commissariat ne lui offraient en rien une trêve, tant il se demandait qui parmi ceux qui l’entouraient, était encore digne de porter le nom de chasseur. Les Lecter qui avaient donné un sens à sa vie, les Lecter qui lui avaient permis de débusquer le tueur de ses parents – de venger ceux qui lui avaient donné la vie, et étaient morts d’une piètre façon, victimes de la lâcheté d’un dégénéré. Les Lecter auxquels il avait cru comme il aurait cru en sa propre famille : du digne fondateur de la grande famille, dont on se moquait presque avec orgueil à Radcliff – à tous les autres. Presque ceux qui n’avaient pas d’importance ; et Felix. Le silence du meilleur ami n’aidait en rien, n’apaisait guère les hésitations et les questionnements du Lynch : depuis combien de temps ne s’étaient-ils pas adressés la parole ? Avant ou après cette histoire d’incendie ? Felix avait-il sombré dans un groupe extrémiste, au service de Lancaster, prêt à faire cramer n’importe qui, tant qu’il y avait des dégénérés à blâmer derrière ? En était-il arrivé à ce point de non-retour ? C’était une évidence alors, que jamais le chasseur qui lui avait tout appris, ne serait un jour capable d’accepter ce qu’était devenu Alec, bien malgré lui. Malgré lui ou en l’acceptant, ça n’changeait rien à la séquence génétique qui faisait de lui un monstre : un être qui ne respectait plus aucune loi naturelle, et défiait tout ce qui s’imposait aux autres. La mort en premier lieu, le danger, l’imprévisibilité de la vie : celle d’Alec était désormais une ligne toute tracée qui ne serait perturbée par rien. Ni la maladie, ni les blessures. Ni même le temps ; un jugement sans pitié qui pesait sur lui depuis son entrevue avec Maiken. La Holst avait prononcé ces mots sans appel, sans aucune empathie sans doute – après tout ce qui les liait : il n’pouvait pas mourir, pas tant qu’il aurait cette dégénérescence répugnante au fond de lui-même – héritée d’où, à vrai dire ? Le Lynch était incapable de le savoir ; il n’pouvait se tourner vers personne pour poser une telle question, s’interroger d’une telle manière. Ses géniteurs n’étaient plus là, enterrés six pieds sous terre. Et celui qui avait servi de point d’ancrage dans son entrée dans ce monde-là, n’était plus là. Ouais, Felix n’était plus là ; c’était tout ce qu’il y avait à dire. Etait-ce mieux, était-ce pire ? Le Lynch oscillait entre ces deux idées, se confortant dans l’idée qu’il n’avait au moins, pas à mentir à son ami de toujours. Pas à l’regarder en face comme si de rien n’était, alors même que son corps tout entier trahissait une nature répugnante et traitresse. Mais Felix n’avait-il pas ses secrets lui-même ? Etait-ce son meilleur ami qui avait foutu le feu à la maison des Hodgins, avec les humains dedans, sans même hésiter une seconde, y allant même jusqu’à rajouter des solvants toxiques pour bien finir le boulot ? C’n’était pas que la Holst, et son faux côté fragile ; l’humaine qu’il avait osé menacer pendant des mois et des mois, qui avait changé quelque chose – il l’espérait en tout cas, presque, se raccrochant à l’espoir silencieux que vingt années d’amitié n’pouvaient pas être réduites à néant. Comme ça.

Y avait-il encore quoique ce soit qui les connectait ? Un commun accord qui flottait dans l’air, malgré les jours, les semaines, les mois qui avaient passé ? Ses relations extérieures s’limitaient aujourd’hui à Calista, et aux dégénérés qu’il finissait par tuer. Pour la forme. Pour l’honneur. Parce que c’était comme ça ; et l’idée renvoyait irrémédiablement à l’absence de Felix, le lien entre Lecter et Lynch qui se désagrégeait. Après tout ça. Il s’était levé, saisi par l’envie de quitter les murs de son appartement, et l’écho de ses songes qui ne trouvaient aucune réponse : le terrain rendait les choses claires, précises, aussi mortelles comme les flèches qu’il tirait en direction de ses ennemis. Les transmutants ; ceux qui s’étaient élevés au-dessus des lois fondamentales : il savait encore, que malgré tout, c’était ça qui avait de l’importance. On l’interrompit pourtant, au moment où il attrapait l’arme posée sur sa table, pour l’accrocher à sa ceinture : quelques coups sur la porte, et le premier réflexe d’Alec aurait été de croire que Calista avait de nouvelles informations, et venait les lui amener histoire de ne pas être la seule à n’pas pouvoir fermer l’œil, déchirée par les doutes. “Livraison de pizza !” c’était pourtant une autre voix ; l’appel d’un visage familier qui fit fourmiller dans ses veines une inquiétude pernicieuse. Felix ? Tout droit sorti de ses songes ? Ses doigts relâchant le flingue qu’il avait caressé presque par réflexe, Lynch soupira : en étaient-ils arrivés tous les deux à la même conclusion ? Que ça faisait trop longtemps, et qu’il y avait peut-être quelque chose à réparer. Ou pas. Felix avait visiblement choisi de faire comme si de rien n’était ; comme si ça n’faisait pas des mois qu’ils n’s’étaient pas regardés dans le blanc des yeux, avec une honnêteté sans faille. Il n’avait pas fait le moindre pas vers la porte, et il semblait presque que le flic n’en ferait pas. Pour un instant, du moins ; il aurait cru que la prochaine visite de son meilleur ami tournerait encore autour de Maiken, de leur dernier tête à tête forcé qu’il lui avait infligé : l’humaine avait-elle choisi de se taire, une bonne fois pour toutes ? Il n’allait pas cracher sur cette chance, l’opportunité que lui offrait la jeune femme, presque sans le savoir. Il arriva donc à sa porte, l’ouvrant pour reconnaître le visage de Felix : pas de faux semblant, y’avait bien une pizza, des bières. Presque l’habitude. Presque. “Dis, ça t’as pris du temps, te rendre jusqu’à la porte. T’es rendu vieux, mon pote, faudrait que tu fasses plus d’exercice.” ni sourire ni rigolade, presque l’instant de flottement qui suivait la surprise palpable qui avait glissé sur le visage du Lynch. Il détestait les imprévus, avait toujours détesté cela ; si ce n’est de la part de Felix, parce qu’il avait appris à les accepter. Avec le temps. C’même temps qui avait couru, si vite ces derniers mois. Il n’y était presque plus habitué. “J’espère que t’avais rien de prévu ce soir, parce que je viens annuler tous tes plans.” un ricanement nerveux, presque à demi-teinte amère, voilà ce qui passa ses lèvres en premier lieu. Il finit pourtant par s’écarter, signifiant au Lecter qu’il pouvait entrer – sans doute, si ça pouvait maintenir l’illusion, et pourquoi pas recréer les liens, quasiment à leur escient, en laissant les choses reprendre leur place. « J’commençais surtout à m’faire à l’idée de devoir me faire moi-même à manger maintenant. » remarqua-t-il finalement, sur le ton de la conversation. Un reproche qui n’en avait presque pas l’apparence. En claquant la porte derrière eux, Alec vint prendre une bière, directement dans le pack amené par le meilleur ami, revenu de son exil. « J’avais aussi commencé à croire que c’était possible pour un flic de Radcliff d’avoir trop d’boulot. » il observa Felix, une œillade qui fila rapidement de la tête aux pieds du jeune homme : surtout un moyen de se rendre compte du temps qui était passé, et avait changé certaines choses. Peut-être. Etait-il différent d’une quelconque manière, le fils Lecter ? Si tel était le cas, Alec n’voulait pas le voir, n’voulait pas y croire – pas maintenant, en tout cas.

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MessageSujet: Re: dark times ❅ (felix & alec)    dark times ❅ (felix & alec)  Icon_minitimeDim 25 Oct 2015 - 1:26

in my dark time i'll be going back to the street, promising everything I do not mean, in my dark time, baby this is all i could be, and only my mother can love me for me.
dark times
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Malgré tout, c’était étrange de revenir chez Alec. De prendre ce chemin qu’il avait pris des dizaines, des centaines de fois. Il connaissait encore le chemin par coeur. Certaines choses ne s’oublient pas vraiment. Ça faisait des lustres que Felix n’était pas allé chez Alec, et pourtant son environnement était tellement familier qu’il aurait cru que ça ne faisait que quelques heures. L’arbre à la branche cassée devant la petite maison bleue. Les mots griffonnés avec un crayon permanent sur le réverbère – “Isaac + Lily”. Le petit chemin en ciment, légèrement courbé, menant à l’entrée du bloc appartements d’à côté. Et celui du bloc d’Alec – Felix baissa les yeux sur la cinquième tuile, celle sur laquelle il avait déjà trébuché après avoir pris une bière de trop. Ça semblait dater d’une autre vie. Une vie très lointaine, floue, étrangère. La vie d’un autre homme. Pas le Felix qui se tenait à présent devant la porte d’Alec. Peut-être que c’était ça qu’il cherchait, en fait. Retrouver un peu l’homme qu’il avait été. Pour oublier celui qu’il était devenu, ou alors pour mieux le comprendre. Tout changement n’était pas une mauvaise chose, Felix en était conscient. Du changement, ça faisait du bien à tout le monde. Un nouveau manteau, une nouvelle coupe de cheveux, une nouvelle fréquentation. Une bouffée d’air frais. Mais la bouffée d’air que Felix avait pris était clairement empoisonnée. Car les changements dans sa vie, jusqu’à maintenant, n’annonçaient absolument rien de bon. Peut-être était-ce un tunnel sombre à traverser avant de tomber dans une nouvelle époque, plus lumineuse et plus heureuse ? Peut-être. Mais Felix en doutait. Difficile de voir la lumière au bout du tunnel quand on est submergé dans la noirceur. Et Felix l’était, submergé. Jusqu’à la racine des cheveux, étouffant et cherchant l’air comme un homme désespéré. Et il se sentait seul, aussi. Personne à qui parler, pas vraiment. Il avait toujours eu Bea, mais il ne voulait plus la déranger, elle qui avait déjà tellement à gérer. Son père était en prison. Maiken ne voulait plus le voir. Il y avait bien sa mère, mais Felix n’oserait pas affronter son regard avant d’avoir des réponses, car il savait qu’elle lirait en lui comme dans un livre ouvert. Et elle lui poserait des questions, tellement de questions, auxquelles il n’avait aucune réponse. Alors il ne restait plus qu’Alec. Et Felix s’en voulait de ne pas avoir pensé à lui plus tôt. Après tout, Alec avait toujours été confident. Son meilleur ami. On disait tout à son meilleur ami, n’est-ce pas ? Mais le temps écoulé avait probablement creusé un gouffre. Felix espérait qu’il ne soit pas trop grand. Car il le savait maintenant, qu’il avait besoin de son ami plus que jamais. Et c’était salement égoïste de débarquer chez lui à l’improviste, après autant de temps, et de lui demander son pardon et son oreille en même temps, mais Felix ne pensait même pas à cela. Il était aveuglé par son désir de s’oublier, lui et ses problèmes. Alec était partie intégrante de son passé – le revoir ramènerait inévitablement le passé dans le présent, n’est-ce pas?

Les secondes passèrent avant que la porte ne s’ouvre, Felix crut même qu’Alec n’était peut-être pas chez lui. La pensée envoya comme une onde froide dans ses veines, le faisant paralyser sur place – car si Alec n’était pas là, qui serait là pour le rattraper? Felix n’était pas certain qu’il pourrait survivre à une autre chute, à une autre déception. Le souffle lui manqua, puis la porte s’ouvrit finalement et le jeune Lecter pris une longue inspiration, se sentant déjà bien mieux en voyant le visage familier de son ami. Il connaissait cette tête par coeur, après tout. Alec et Felix se connaissaient depuis toujours. Des gamins, puis des adolescents, puis des jeunes officiers. Le duo inébranlable. Était-il brisé à jamais? Felix ne voulait pas y songer. Sa première remarque n’arracha aucun sourire à son ami – il ne s’en vexa pas, après tout, ça devait être une sacré surprise de le voir débarquer comme ça. Il laissa donc Alec s’en remettre, sachant bien que son ami n’aimait pas vraiment les imprévus – mais Felix avait toujours ignoré cet aspect de son ami, il n’allait pas commencer aujourd’hui. Puis, un ricanement. Un peu nerveux, et Felix attribua ca à la surprise. Après tout, peut-être avait-il interrompu Alec, peut-être que le jeune Lynch avait été occupé à faire quelque chose, ou à être avec quelqu’un… Felix jeta un coup d’oeil rapide à l’appartement derrière lui, mais celui-ci semblait vide et silencieux. Il retourna son regard vers Alec, regrettant soudainement un petit peu de ne pas l’avoir prévenu. Ce dernier semblait en effet plus troublé que ce que Felix aurait pu pensé – mais il s’écarta rapidement, et le jeune Lecter, toujours son sourire enfantin aux lèvres, hocha de la tête et s’engouffra dans l’appartement. L’environnement lui était familier, tout en lui étant étranger. Il était venu souvent dans cet appartement, mais Felix fut surpris en constatant à quel point il avait oublié les détails. Les détails tellement caractéristiques d’Alec. Aurait-il tant oublié sur son ami? Le temps était-il vraiment aussi ravageur? “J’commençais surtout à m’faire à l’idée de devoir me faire moi-même à manger maintenant.” Le ton d’Alec était familier, amusé même, et Felix ne put empêcher un ricanement de sortir naturellement de ses lèvres. Ouais, voilà le Alec à lequel il était habitué. La porte se referma, et Felix déposa les provisions, retirant son manteau pour se mettre plus confortable. “J’avais aussi commencé à croire que c’était possible pour un flic de Radcliff d’avoir trop d’boulot.” Felix se tourna vers Alec, qui était debout avec sa bière dans la main, et arqua un sourcil tout en se saisissant lui aussi d’une bouteille. “M’en parles pas. La ville est devenue complètement dingue.”

Le jeune Lecter s'avança près de la table, ouvrit la boîte de la pizza. "Elle est de Trivioli - t'sais, celle au fromage 'de qualité' que t'aimes tant. Y'a que toi pour choisir sa pizza en fonction de la qualité du fromage." Un petit rire s'échappa de ses lèvres. Felix prit une longue gorgée de sa bière tandis que le silence s’installait. Une, deux, trois, quatre secondes. C’était étrange. Il avait Alec, devant lui. Ils sirotaient une bière ensemble. Comme dans le bon vieux temps. Tout était là. Même la pizza. Et pourtant, il y avait quelque chose dans l’air qui bloquait la conversation. Qui bloquait cette fluidité qui avait existé entre les deux jeunes hommes. N’étaient-ils pas meilleurs amis? Pourquoi Felix se sentait-il soudainement aussi restreint, aussi contraint, comme s’il ne pouvait pas parler de tout, comme s’il devait vraiment peser se paroles? Peut-être qu’après tout ce temps, quelque chose avait changé. Mais Felix refusait de le croire. Il secoua la tête. Ridicule. C’était Alec. Alec. Il ne devait pas l’oublier. “Écoute…” Les mots étaient maladroits. “Désolé de débarquer à l’improviste comme ça. C’est juste qu’enfin, merde, ça faisait un sacré bail. Et tu l’as dit, ça été dingue, et j’me suis dit, une soirée pizza, c’est peut-être c’qu’il nous faut... Pour décompresser. T'sais.” Felix voulait secouer la tête tellement il se sentait ridicule. Les mots débordaient de ses lèvres, dénués de sens. Un sourire. Un petit ricanement. Une gorgée de bière. Felix manqua l’avaler de travers. Puis, une longue inspiration. “C’est bon d’te revoir, vieux. À nos retrouvailles?” Il leva sa bouteille vers Alec, le sourcil haussé. Toujours un sourire sur les lèvres. Il était sincère, après tout. C'était vraiment bien de revoir Alec. Mais en même temps, il ne pouvait se débarrasser de l'impression qu'il faisait un faux pas. Un saut dans le vide.


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Dernière édition par Felix Lecter le Lun 8 Fév 2016 - 23:06, édité 1 fois
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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: dark times ❅ (felix & alec)    dark times ❅ (felix & alec)  Icon_minitimeMar 27 Oct 2015 - 18:28


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eyes wide shut but they know, buried alive by the lies in their soul. their stride of a blind man's stroll well for whom does the next bell toll. i'm too many years in the zone, too many years to have built what i own. and many dumb fool try to take what I've grown, but these roots go deep and you can't blood a stone, cuz i fear no fall, no brawl, no scars w/felix lecter & alec lynch.

La situation à Radcliff, plus encore que le temps qui avait couru, avait laissé l’impression au Lynch qu’il était impossible pour Felix et lui, de se retrouver d’une quelconque façon. Avec les semaines et les mois, il avait presque appris à s’y acclimater, n’attendant plus guère que l’on frappe à sa porte avec l’annonce que son ami de jeunesse allait se pointer jusqu’à chez lui. Il était tout autant fautif, sans doute ; lui non plus, n’avait pas égaré ses pas jusqu’à l’appartement du jeune Lecter. Pour bien des raisons, des indiscrétions et des questionnements lascifs qui freinaient la moindre bonne volonté de la part du chasseur. Ses compagnies étaient désormais on ne peut plus limitées : il y avait dans sa vie quotidienne désormais, ses ‘collègues’ du Gunpowder Squad, Calista et les dégénérés qu’il traquait à travers les rues de la ville. Il était loin, le gosse de riche joueur et amusant que Felix avait connu, si facilement amadoué par toute compagnie frivole, prêt à aligner fête sur fête pour se faire remarquer. Ce fait qu’ils avaient toujours su, depuis le jour même où le gosse des Lynch était devenu un chasseur, était plus évident que jamais désormais – en plein cœur d’un Radcliff condamné par les combats qui ne cessaient jamais, les bombes qui explosaient au gré des caprices des uns et des autres. Lancaster, sur la brèche, prêt à riposter au moindre instant ; et eux deux, quelque part les bras armés soumis à la volonté de l’homme politique. Le temps n’était plus aux fêtes joyeuses, aux retrouvailles sans conséquence, et aux soirées pizza passées à n’parler de rien, voire même à simplement fixer un écran dans l’attente désespérée que ça ferait disparaître le malaise, et courir le temps plus rapidement. Ce soir, comme tous les soirs, le Lynch avait prévu que son repas soit rapide, pris par-dessus des piles de dossiers qu’il faisait naviguer entre son lieu de travail et son appartement : encore avec toujours plus d’imprudence, il profitait du fait de ne pas attirer l’attention pour agir à sa guise. Pour combien de temps encore ? Alec sentait s’amenuiser ses chances d’échapper à la prescience de la justice apposée par les autres ; à chaque jour nouveau qui se levait sur Radcliff, le moindre faux pas, la moindre erreur pouvait lui coûter tout ce qui lui restait. Peut-être pas l’amitié de Calista ; la blonde était quelque part le seul élément stable dans l’équation sans queue ni tête qu’était désormais devenue son existence toute entière. Mais le reste… si on venait à découvrir l’existence de sa dégénérescence, Alec perdrait son honneur de chasseur, sa place dans la police, sa liberté quelle qu’elle soit au profit du fait de devoir devenir un fugitif. Car il préférait largement, devenir un fugitif plutôt qu’un rat de laboratoire, analysé dans tous les sens car incapable de mourir. Placer un brin de confiance – aussi fin était-il – en la personne de Maiken Holst avait été un acte désespéré ; la réponse d’un chasseur acculé dos contre le mur, par un destin qui exigeait bien trop de lui. La jeune femme s’en était-elle seulement rendue compte ? Le flic était, quelque part, presque surpris que son secret n’ait pas été ébruité : la brune avait sûrement pris en compte les menaces qu’il n’avait eu de cesse de répéter. Car ouais, s’il fallait que son monde à lui s’effondre, il ferait en sorte d’emporter celui de la jeune femme dans les abysses avec lui.

Tous ces songes traitres, ces pulsions intestines, Felix n’en avait qu’à peine idée : c’n’était pas faute d’avoir déjà subi des tensions vivaces et assassines, autour du sujet de la Holst et de l’importance que le fils Lecter lui accordait. Presque un caprice, jugerait volontiers le Lynch à chaque fois qu’il dévisageait son meilleur ami, ou évaluait le manque de patience que Maiken avait à son égard à lui. Comment pouvait-il y avoir quoique ce soit entre le fils d’un chasseur, un hunter né, et une femme qui éprouvait tant de haine à leur égard ? Des phénomènes quasi-incroyables de la nature humaine, Alec n’en avait cure : il n’jouerait pas les entremetteurs entre son meilleur ami et cette femme, quoiqu’il en soit. Au contraire ; à ce sujet-là, il faisait preuve d’une mauvaise volonté à toute épreuve, agissant vertement à contre-courant des indications du Lecter, quitte à ce que ça nuise à la brune, aux sentiments et connexions invisibles qui la liaient à Felix, voire même à leur amitié indéfectible, depuis tant de temps. Faire comme si de rien n’était, c’n’était pas dans ses prérogatives : Alec aurait probablement été plus apte à rebondir avidement sur ces retrouvailles entre eux deux, si Felix était venu frapper à sa porte avec la détermination de lui faire comprendre de rester loin de Maiken. Mais feindre l’indifférence, feindre que le temps n’avait pas couru à toute vitesse dans le silence de leur distance, s’avérait plus compliqué que n’importe quel duel, d’esprit à esprit. Frère contre frère. S’ils devaient en arriver là, ce soir, la pizza qu’ils partageraient aurait de ces saveurs emplies d’amertume et d’incompréhension – ces mêmes non-dits qui planaient trop souvent autour de l’âme du Lynch, désormais. La bonne humeur, la bonne volonté qu’il avait affichée au moment d’ouvrir la porte, s’épuisaient déjà – elles s’évadaient par tous les pores de sa peau, tandis qu’il dévisageait vertement l’homme en face de lui. Felix, qu’il aurait juré connaître de la tête aux pieds, dans chaque recoin recelé de son âme, pendant bien longtemps. Plus de quinze ans, pour ainsi dire ; ils avaient été complices avant même que toute cette histoire de chasse ne prenne le pas sur sa vie, leur amitié et leur quotidien. Ils avaient traversé des océans ensemble, plus capricieux que les imprévus de la vie. Felix était celui qui l’avait empêché de sombrer, de tomber en lambeaux pour n’être qu’un rien, dévasté par l’injustice de la mort de ses parents. Et tout ça pour en arriver là ? Ça ressemblait à une mauvaise farce, l’ironie pernicieuse d’un cruel joueur qui s’amusait avec leurs vies jusqu’à les détruire. Et pourtant, ce soir, c’était bel et bien lui qui avait le contrôle sur son être, sur ses mots, sur ses attitudes aussi traitresses étaient-elles : comme le fait de croiser les bras, presque renfermé dans une rancœur qui planait dans l’air qu’ils respiraient tous les deux désormais. Felix et sa pizza, Felix et ses bières, Felix et ses si jolies apparences. C’aurait pu suffire, sans doute ; si Alec avait toujours été Alec. Le meilleur ami chasseur avec lequel il avait été prêt à être sur le terrain en un clin d’œil. Celui convaincu encore dans chaque fibre de son être. Alec l’humain qui avait décidé de prendre les armes, et n’avait jamais failli depuis. Cet homme-là, il lui semblait aussi lointain et inatteignable que son ami d’enfance, et leurs habituelles démarches amicales, sans la moindre arrière-pensée. Il n’y avait plus que ça à l’instant précis, des arrière-pensées qui les trahissaient – et faisaient fléchir le jadis jusqu’à n’être plus rien.

“M’en parles pas. La ville est devenue complètement dingue.” y’avait pas eu que la ville, qui était devenue dingue ; Alec lui-même se sentait dévoré par une folie qu’il n’aurait jamais cru avoir à subir. La folie de l’ironie dans toute sa splendeur ; et dire que ça, il avait même été prêt à le confier à Maiken avant même de songer à son meilleur ami. La force du désespoir, la puissance d’une crainte impétueuse – car si Felix devait découvrir ce qu’il était, ce ne serait là que l’énième coup de poignard pour trancher les liens qui les connectaient encore l’un à l’autre. Il se foutait éperdument de c’que Maiken pouvait penser de lui, et Calista avait découvert ces vérités en le jour fatidique où il avait cru pouvoir passer l’arme à gauche – incapable qu’il avait été, de disparaître de sa vie sans crier gare. Mais Felix… Malgré la rancœur et le temps qui les trahissaient, il s’y raccrochait encore. Parce que sans ça, sans l’assurance d’avoir encore cet indéniable lien à son existence, il ne serait plus rien. Plus rien de l’Alec qui avait vécu avant l’apparition de cette mutation perfide. Ouais, Radcliff était devenue complètement dingue, et sa folie avait débordé sur le Lynch lui-même. "Elle est de Trivioli - t'sais, celle au fromage 'de qualité' que t'aimes tant. Y'a que toi pour choisir sa pizza en fonction de la qualité du fromage." et le ricanement de Felix à ce sujet avait toujours la même allure ; Alec ne s’était pas prié pour le suivre jusqu’au niveau de la table, une œillade distraite analysant le repas que son meilleur ami avait amené sans crier gare. « C’est sûr, fais genre tu t’moques. Remarque, t’es bien content d’avoir du fromage de qualité sur ta pizza, et pas de la sciure de bois réhydratée. » il y avait eu un temps où Alec Lynch aurait volontiers fait livrer une pizza directement d’Italie pour prouver l’importance du fromage dans la recette ; comme tout le reste, cet Alec-ci était étonnement loin, quand bien même ils avaient eu la bêtise de le croire immuable, peu importaient les étapes de vie par lesquelles il passerait. La vie venait toujours avec son lot de complexité, les changements qu’elle forçait, les mutations qui se jouaient imperceptiblement. Traitresses qu’elles étaient, synonymes du silence qui s’apposa, lourd de sens entre les deux hommes ; c’n’était pas faute pourtant de s’analyser, encore et encore, de la tête aux pieds. C’était comme si le Lynch se retrouvait face à un fantôme disparu depuis trop longtemps de son paysage habituel : Felix n’appartenait plus désormais, au décor qui s’était constitué autour de cette malédiction glaciale qui avait glissé sous ses veines. Sans le savoir, le meilleur ami avait manqué un coche, et Alec aurait préféré fuir leur tête à tête, laisser le silence et la distance s’occuper de les détruire, plutôt que d’envisager laisser la vérité le faire. “Écoute…” et ni la pizza, ni les bières ne réussissaient à maintenir une quelconque illusion. “Désolé de débarquer à l’improviste comme ça. C’est juste qu’enfin, merde, ça faisait un sacré bail. Et tu l’as dit, ça été dingue, et j’me suis dit, une soirée pizza, c’est peut-être c’qu’il nous faut... Pour décompresser. T'sais.” Décompresser. Il connaissait bien l’importance que ça pouvait avoir ; si souvent il avait décompressé en chassant, traquant des transmutants divers et variés à travers la ville. C’n’était plus suffisant désormais, tant il devait être précautionneux à chaque attaque qu’il commettait : il n’manquerait plus qu’un dégénéré lui échappe et ébruite le fait qu’il était un transmutant. Sa nouvelle célébrité à Radcliff venait avec le désavantage d’être reconnu par beaucoup trop de gens, aujourd’hui. « J’comprends. » lâcha-t-il à mi-voix ; avant d’observer Felix : qu’est ce qui pouvait bien pousser son meilleur ami à vouloir décompresser de manière aussi imprévue ? La question ne passa pas ses lèvres, c’n’était pas faute d’en ressentir la préoccupation – mais surtout le besoin de repousser l’inévitable complication qui allait suivre l’instant présent. “C’est bon d’te revoir, vieux. À nos retrouvailles?” sans se faire prier, enfin, Alec décapsula la bouteille de bière qu’il n’avait guère touché jusque-là, la levant en direction de son meilleur ami, un fin sourire, aussi distrait que franc, s’imprimant sur ses lèvres. A son tour, mimant les gestes de son vis-à-vis, Alec avala une longue gorgée de bière, avant d’opter pour se rabattre vers la pizza, trouvant une place à la table où Felix l’avait déposée ; il hissa ses pieds sur celle-ci, pour mieux dévisager le Lecter, qui cachait bien avidement les intentions qui l’avaient amené jusque-là. Ce fameux besoin de décompresser qu’ils n’avaient que trop en commun. « T’sais, ce serait quand même dix fois plus facile de t’faire décompresser autour d’un bar. Avec de la compagnie et de quoi t’occuper l’esprit. » remarqua-t-il, malicieux presque pour la première fois de la soirée – nostalgique, jusque dans une certaine mesure. Il n’y avait pas grand-chose à regretter de l’ancien Alec et de son caractère à deux balles, mais il avait au moins eu une capacité hors du commun à chasser tous les soucis de l’esprit de son meilleur ami : une tape dans le dos, des verres alignés les uns après les autres, des nanas, et le tour était joué. La magie d’un autre temps. Qu’ils le veuillent ou non, y’avait maintenant un couvre-feu qui empêchait tout ça. « De quoi est-c’que t’as besoin de décompresser ? » les mots franchirent la barrière de ses lèvres presque avec froideur – non pas de l’agressivité, plutôt une volonté farouche d’aller droit au but ; briser la glace. Car ils n’avaient pas seulement été des meilleurs amis à travers les fêtes et les moments sans importance – y’avait eu un temps, où Alec avait tout dit à Felix, et où l’inverse avait été tout aussi vrai. « J’suis presque sûr que t’as réussi à faire un truc de travers, sans moi pendant des mois. » ajouta-t-il presque à mi-voix, avec toute l’ironie du monde : jamais dans leur duo Alec n’a été la voix de la raison. Même aujourd’hui, il n’aurait sûrement pas la capacité de l’être : heureusement pour lui, à Radcliff on ne le connaissait pas pour ses frasques de jeunesse, mais pour ses exploits de hunter. Y’avait que Felix qui connaissait l’Alec stupide, immature et excessif, qu’il avait laissé à Elizabethtown ; presque un privilège, qu’il n’aurait réservé à personne d’autre qu’à son frère d’armes.

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MessageSujet: Re: dark times ❅ (felix & alec)    dark times ❅ (felix & alec)  Icon_minitimeMer 18 Nov 2015 - 18:06

in my dark time i'll be going back to the street, promising everything I do not mean, in my dark time, baby this is all i could be, and only my mother can love me for me.
dark times
❅ ❅ ❅
Le temps, le pire ennemi de l’homme. Le temps, l’ennemi impossible à vaincre, l’ennemi impossible à combattre, l’ennemi sortant toujours gagnant peu importe les batailles. Le temps, à la fois la pire calamité de l’existence et le compagnon de route le plus fidèle qui soit. Le temps ne change jamais. Le temps reste le même. Mais le temps est traître, car il peut autant être une présence constante à nos côtés qu’un fantôme facile à oublier. Felix le savait, alors qu’il tentait de se tenir le plus droit possible devant Alec. C’était le temps qui avait tout gâché, le temps qui avait tout détruit, qui avait érodé quelque chose de bon et de sain. Une amitié. Il n’y avait rien de plus important en ce monde, selon le jeune Lecter, que l’amitié, que la solidarité, que la loyauté. Il s’était toujours fait un point d’honneur de respecter cela. Au moins cela. Et pourtant, avec tout ce qui s’était passé, il était parvenu à oublier ça, il était parvenu à trahir cela. Cette promesse qu’il s’était fait à lui-même, tant d’années auparavant alors qu’il complétait son entraînement et que son père lui avait souri (Dieu savait à quel point Carlisle Lecter ne souriait pas souvent), qu’il serait le fier fils de son père, oui, qu’il serait un chasseur de talent, oui, mais qu’il ne se perdrait pas de vue, qu’il ne perdrait pas ses valeurs de vue, et que jusqu’à sa mort, il protégerait les siens en les gardant près de lui. C’était l’idée au coeur même de qui était Felix, une loyauté sans faille, digne des plus grands super-héros. Après tout, n’était-ce pas ce qu’il avait toujours prétendu être? Un justicier, sauvant les vulnérables citoyens d’une petite ville du Kentucky contre les méchants transmutants? Exactement. Un justicier sans collants, un justicier sans masque, se cachant dans la noirceur certes, mais se tenant droit devant ses cibles. Et après avoir accompli son devoir, il rentrait chez lui, et s’assurait que tout le monde était en sécurité. Bea. Doreen. Desmond. Alec. Et après il pouvait dormir sur ses deux oreilles. Comment s’était-il autant perdu? Comment avait-il autant perdu de vue sa nature même? Sa rencontre avec Maiken avait tout changé, certes, mais ça n’aurait pas du changer qui il était. Après tout, c’était exactement ces valeurs qui l’avait poussé à protéger la jeune scientifique – l’amitié, la solidarité. Une jeune femme vulnérable et sa fille, l’incarnation même des gens qu’un justicier se doit de protéger. Mais il l’avait également fait parce qu’elle était belle, et parce qu’elle était forte, et parce qu’il l’admirait. Il l’avait également fait égoïstement, pour lui-même, pour qu’elle l’apprécie, pour qu’elle ne le voit plus comme un monstre. Ça avait été le début de la fin, aucune autre explication n’était possible. Et maintenant que Maiken était partie, maintenant qu’elle l’avait rejeté, maintenant qu’il se retrouvait seul à nouveau, il ne restait plus qu’un tableau érodé par ce temps maudit, un tableau à moitié détruit, et Felix devait en ramasser les pièces et tenter de les réassembler. Mais était-ce seulement possible? Éternel optimiste, Felix le croyait bien. Du moins, il voulait désespérément y croire. Avec un peu de volonté, on pouvait tout faire, non? C’était pour ça qu’il était revenu voir Alec. Parce qu’il avait été con, oui, parce qu’il avait laissé ce gouffre se creuser entre eux, mais rien n’était perdu. Non?

La ville était devenue complètement dingue. C’était une manière de le dire. Il semblait à Felix que Radcliff avait été piégé sous un dome, et qu’il n’y régnait que la terreur et le chaos. On ne pouvait pas en sortir, littéralement. Mais Felix avait été tellement concentré sur ce qui se passait autour de lui qu’il avait à peine pris de le temps de s’occuper de sa ville, qui était pourtant tellement importante pour lui. Le justicier avait disparu. Sale égoïste. Et le pire là-dedans, c’était qu’il s’en fichait pas mal, parce qu’à présent rien n’était plus important que de protéger les siens. Radcliff pourrait partir en flammes et ça ne le ferait pas flancher. L’essentiel c’était que les autres soient en vie. Sans ça, rien ne voudrait plus la peine. “C’est sûr, fais genre tu t’moques. Remarque, t’es bien content d’avoir du fromage de qualité sur ta pizza, te pas de la sciure de bois réhydratée." Les lèvres collés sur le goulot de sa bouteille tandis qu’il prenait une longue gorgée de sa bière, Felix ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Et pendant une seconde, une courte seconde, il parvint à oublier tout le reste, et retrouver son meilleur ami. La seconde passa. Et elle disparut. Felix ne pouvait pas simplement rester muet. Il voulait – non, il devait des explications à Alec. L’honnêteté était la seule solution. Les mensonges et le silence, ça ne causait que de la destruction, et Felix préférait largement dire la vérité à Alec que de rester les bras croisés tandis que le sol s’écroulait sous leurs pieds. Il était comme ça. Incapable de garder sa langue. C’était Felix. Au moins il n’avait pas perdu ça. C’était étrangement rassurant. Puis, une bière levée, une question lancée le souffle à moitié coupé. Peut-être qu’il n’aimerait pas la réponse d’Alec. Peut-être que tout ce temps avait été trop destructeur et que des retrouvailles étaient maintenant impossibles. Mais au moins, il en aurait le coeur net. Au moins, il pourrait repartir avec la certitude qu’il avait essayé, qu’au moins, il avait essayé. Mais à son grand soulagement, Alec décapsula la bouteille et la leva également, un sourire se dessinant sur ses lèvres qui étaient restées droites jusqu’à présent. Felix sentit comme un souffle de vie le traverser – peut-être que tout n’était pas perdu.  “T’sais, ce serait quand même dix fois plus facile de t’faire décompresser autour d’un bar. Avec de la compagnie et de quoi t’occuper l’esprit” dit Alec avec une pointe d’amusement. Felix arqua un sourcil, retenant un ricanement. “Merde, j’y avais même pas pensé. J’suis devenu aussi vieux que toi, faut croire.” C’était vrai – sortir n’avait même pas traversé l’esprit de Felix. Ça faisait des semaines qu’il ne s’était pas amusé autour d’un verre, la musique lui pompant dans les oreilles. Ses soirées, il les passait en travaillant, ou s’inquiétant dans son appartement. Rien de très palpitant – à en devenir dingue, même. Peut-être que ça lui ferait du bien.

“De quoi est-c’que t’as besoin de décompresser?” Felix releva les yeux vers Alec, retombant comme sur terre de son petit nuage éphémère. “J’suis preque sûr que t’as réussi à faire un truc de travers, sans moi pendant des mois.” “J’pense que t’inverses les rôles là, m’sieur le rebelle” répondit Felix, avec un sourire, mais ça lui apparut faux. Car l’amertume l’emplissait. Le jeune Lecter prit quelques secondes avant de répondre. Devait-il se lancer, et tout raconter à Alec? Il ne savait pas vraiment si c’était la chose à faire. Il ne savait pas vraiment s’il voulait le faire. Il était venu ici pour voir son meilleur pote, et retomber dans le passé un peu, pas se jeter dans le présent pour le vivre encore plus vivement. Il était venu pour oublier, pas raviver la douleur et l’inquiétude. Mais Felix savait qu’il devait une réponse honnête à Alec. Finis les mensonges. Il ne voulait plus mentir. Il haussa des épaules, déposant sa bière sur la table. “J’te l’ai dit. C’est devenu complètement dingue. Tout change, tout… part en vrille.” Un soupir. Il n’arrivait même pas à mettre des mots sur ce qui passait dans sa tête. “J’ai l’impression que tout m’échappe. Que tout est en train… d’exploser autour de moi, et que j’peux rien faire pour l’en empêcher.” Un autre soupir. “Rien qu’ya quelques jours j’voulais appeler mon p’tit frère, et quand j’ai composé le numéro y’avait plus de service. Il a du changer son numéro sans l’me dire, et il a quitté son boulot, j’ai aucune idée où il est!” Desmond. Il devait arrêter d'y penser, sinon il deviendrait fou. Il entendait encore et encore son nom dans les hauts-parleurs à la fête des fondateurs. Un ricanement s’échappa de ses lèvres, secouant la tête. “Merde. Désolé. J’débarque à l’improviste et maintenant j’te déballe mon sac comme si t’étais mon psy. J’deviens dingue, va falloir que tu m’emmènes à l’asile.”  



Dernière édition par Felix Lecter le Lun 8 Fév 2016 - 23:06, édité 1 fois
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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: dark times ❅ (felix & alec)    dark times ❅ (felix & alec)  Icon_minitimeLun 30 Nov 2015 - 0:34


brother fighting brother as their avarice corrodes
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Y’avait eu la jeunesse ; le temps où ils s’étaient crus immuables, indestructibles, inatteignables. Guère une naïveté dirigée vers eux-mêmes, plutôt leur capacité à profiter de l’instant présent, de chaque jour avec une insouciance non feinte : et pourtant, Alec s’était souvent pensé plus adulte que ce que ses proches – ses parents – n’auraient pu soupçonner à l’époque. Aucun retour à la réalité n’avait ressemblé au jour où tout avait basculé, cette façon dont le réel s’était fait un chemin jusqu’à lui pour lui prouver en mille éclats, qu’il n’avait encore rien vu de la vie. Le fils des Lynch avait été né chanceux ; dans une famille riche, sans n’jamais manquer de rien, dans un pays où les affaires tournaient bien et où l’avenir ne ressemblait pas à un chemin plongé dans l’obscurité. Bien souvent, il avait eu pleinement conscience de la fortune dans laquelle naviguait son existence toute entière : de ses deux parents, à son grand manoir en plein cœur de la banlieue chic d’Elizabethtown. Jusqu’à son meilleur ami, un lien que certaines personnes passaient toute leur vie à chercher, mais qu’Alec avait trouvée presque sans même s’en rendre compte : tout fils unique qu’il avait toujours été, il avait toujours considéré Felix comme son frère, celui qui le connaissait sur le bout des doigts, le comprenait plus que de mesure, et était l’plus à même de supporter chacune de ses rixes. Il avait été facile à vivre en ces temps, vivotant d’une destination à l’autre au gré de ses caprices, dépensant plus d’argent que nécessaire dans des plaisirs aussi futiles qu’éphémères. Somme toute, Alec et Felix avaient connu la belle vie, une adolescence et une jeunesse à mille kilomètres de catastrophes qui jalonnaient l’existence des autres – ils avaient slalomé autour des complications avec une facilité déconcertante. Pendant des années et des années ; vingt, pour le Lynch, avant que la vraie vie n’s’empare de sa tranquillité, pour la renverser totalement – comme un plateau d’échecs, sur lequel quelque autorité omnisciente avait déplacé ses pièces pour le mener droit vers le chaos, sans même qu’il n’s’en rende compte. Il avait fallu que le chemin du patriarche Lynch rencontre celle d’un homme nommé Duncan – guère un homme, plutôt un monstre avec la capacité de créer des flammes avec ses mains. Un bandit, sans conteste, un homme qui n’avait aucunement sa place dans la société dont il avait abusé depuis plus d’une décennie. Il avait fallu que des faux pas soient commis, que le père d’Alec vienne se mettre en travers du chemin de ce type – un clin d’œil, un claquement de doigts qui avait enchainé toute une succession de causes à effets qui menaient là. Treize ans plus tard, à Radcliff, les jours et les mois ayant filé une vitesse ahurissante, et trop lentement à la fois. A chaque complication, chaque tournant décisif, chaque tentative du Lynch de se couper du reste du monde, Felix avait été là. Felix, les Lecter, la famille, leur cause ; y’avait eu des choses qui avaient raisonné en Alec aussitôt avait-il pris les armes pour venger ses parents – mais désormais, même ça semblait lointain. Infiniment lointain, comme le meilleur ami de toujours, l’irremplaçable présence à ses côtés, le confident dont il avait si souvent eu besoin : depuis des semaines et des mois déjà, Alec n’s’était pas confié à son meilleur ami – et l’inverse était vrai également – et pourtant ils étaient là, à s’rendre compte que le monde continuait de tourner quoiqu’il arrive. Et que le temps avait effet sur eux aussi.

Une pizza, des bonnes bières, le décor habituel avait été planté aussitôt le Lecter avait-il passé le pas de la porte ; presque s’y introduisant sans y avoir été invité, parce que c’était tout c’qu’il y avait de plus naturel entre eux. Tout ce qu’il y avait eu de plus naturel. C’avait ressemblé à une toute autre existence, le temps où Alec pouvait dévisager son meilleur ami droit dans les yeux sans avoir l’sentiment d’y saisir un étranger. Sans porter l’impression d’en être un, lui aussi. Bien malgré eux, dans tout ce temps durant lequel ils s’étaient perdus, les circonstances les avaient faits changer plus que de mesure : Alec du moins, en avait pleinement conscience. Quelque part, dans les fibres de son corps, y’avait une conviction en lui qui avait changé – de chasseur à transmutant, d’humain à monstre, ces mêmes êtres qu’ils avaient passé tant d’années à chasser, bras dessus-bras dessous, sans concession et sans s’perdre dans de quelconques remords. Jamais, jamais il n’avait lu dans les prunelles de son meilleur ami, sa conviction faiblir, son devoir s’envoler au profit d’une hésitation quelconque – le chasseur lui-même ne la ressentait pas, malgré la chose qui pulsait dans ses cellules à la vitesse de l’éclair. Mais… mais. Nier n’était plus la réponse adéquate. Nier n’était plus ce qu’il pouvait faire, maintenant qu’il n’savait que trop bien au combien sa mutation avait pris le pas sur tout le reste : elle hantait ses chairs sans qu’il n’en ait le choix. C’n’était pas comme s’il pouvait décider ou non de créer des éclairs avec le bout de ses doigts, comme s’il pouvait choisir de fermer son esprit pour ne pas lire les pensées des autres. Renier, renier ardemment la tare en lui. Ses cellules ne s’obéissaient qu’à elles-mêmes, n’fonctionnaient qu’entre elles, et le guérissaient sans qu’il ne le veuille : car à choisir entre être un monstre, et mourir humain, Alec Lynch avait fait son choix treize ans plus tôt, lorsqu’il avait rejoint la cause des Lecter. Des chasseurs. D’ceux qui avaient pleinement conscience de la gangrène qui s’emparait de la société moderne, là, sournoisement, dans l’ombre. Le meurtrier de ses parents était devenu un monstre à cause de ce sentiment de toute puissance grondant dans ses veines. Irrémédiablement, ils étaient tous voués à le devenir : il n’y avait qu’à voir ici, à Radcliff, les dégénérés qui prenaient les armes désormais, et s’montraient virulents au point d’bien vouloir faire exploser toute une fête foraine rien qu’avec le bout de leurs doigts. Etait venu s’faire un chemin dans la tête du Lynch, la conviction que c’était alors mieux ainsi – que c’était mieux que Felix ne se pointe pas à sa porte pour prendre des nouvelles de lui. Le temps avait apaisé le sentiment de trahison, l’amertume qui avait coulé dans sa gorge aussitôt s’était-il rendu compte de la facilité avec laquelle ils s’étaient passés de l’un et de l’autre dans leur vie. Y’avait eu la Holst pour se mettre entre eux de toute manière, empoisonner la bonne marche mécanique de leur amitié toute simple, sans l’ombre d’un nuage jusqu’alors. Maiken ; et une énième raison pour justifier l’fait qu’il la détestait, la haïssait de plus en plus à chaque fois qu’il la dévisageait – qu’elle lui ait fait accepter l’omniprésence de cette dégénérescence dans ses chairs n’changeait rien au cœur du problème : la façon dont elle avait déséquilibré la balance, affiché de ces recoins d’âme profondément cachés en eux deux. En Felix. En Alec. Où en était le meilleur ami de toujours aujourd’hui ? Somme toute, le Lecter n’ressentait plus trop le besoin d’avoir son compagnon d’antan dans son quotidien, maintenant qu’il avait la brune pour combler les vides, et répondre à ses doutes. Alors quoi ? Alors pourquoi prétendre ?

Ca n’faisait que donner un goût plus amer à la bière qu’ils avalaient. Une acidité nouvelle à la pizza toute chaude que Felix avait ramenée avec lui. Ca n’faisait que tendre l’air, faire fuser une électricité dangereuse dans l’air à mesure qu’ils se dévisageaient l’un l’autre : pour combien de temps les illusions pouvaient-elles tenir ? Alec n’était pas d’ces gens aptes à mentir bien longtemps ; à vrai dire, il était plus aisément du genre à sauter à la gorge de ceux avec qui il avait un problème, plutôt qu’à jouer l’hypocrite voilant ses paroles d’une semi-vérité. “J’te l’ai dit. C’est devenu complètement dingue. Tout change, tout… part en vrille.” tout partait en vrille, probablement l’meilleur moyen d’expliquer le tout, et d’justifier la piètre scène de retrouvailles qui se jouait à l’heure actuelle. Alec soupira, détournant le regard un instant pour retenir les signes évidents d’une tension renaissant bien vite d’entre les mots. “J’ai l’impression que tout m’échappe. Que tout est en train… d’exploser autour de moi, et que j’peux rien faire pour l’en empêcher.” c’était sûrement parce que tout explosait, partout à Radcliff : les bâtiments, les liens d’antan, indestructibles y’avait pas si longtemps que ça. Alec avait déjà posé sa bière, comme si les illusions n’pouvaient pas duré plus longtemps que possible – il n’avait, après tout, pas tenu bien longtemps face à Carlisle Lecter non plus. “Rien qu’ya quelques jours j’voulais appeler mon p’tit frère, et quand j’ai composé le numéro y’avait plus de service. Il a dû changer son numéro sans l’me dire, et il a quitté son boulot, j’ai aucune idée où il est!” la mention de Desmond tendit l’air un peu plus, Alec sentant ses entrailles se consumer dans une rage difficilement maitrisée ; il songeait à Calista alors, à c’qu’ils avaient découvert ensemble – cette implication des Lecter dans l’incendie chez les Hodgins, et une question lancinante qui lui brûlait les lèvres. Est-c’que Felix savait ? Est-c’que Felix pouvait un tant soit peu comprendre, accepter et justifier les actes de son cadet ? De tous les enfants de la fratrie Lecter, Desmond avait sûrement été celui avec lequel le Lynch s’était moins lié. Pour des raisons évidentes, lui avait-il souvent semblé ; Alec s’était parfaitement fondu dans la notion d’honneur, et d’équité du père Lecter. Pour ce qui était du reste… ç’avait souvent été plus sujet à discussion. Desmond était connu pour être l’électron libre et imprévisible du groupe. “Merde. Désolé. J’débarque à l’improviste et maintenant j’te déballe mon sac comme si t’étais mon psy. J’deviens dingue, va falloir que tu m’emmènes à l’asile.” mais le chasseur semblait plus intéresser par inspecter le carton de la pizza plutôt qu’à observer pleinement l’homme qui s’exprimait à quelques pas de là. Il n’avait pas bougé, et pendant un moment, Alec ne répondit rien, les mâchoires serrées comme dans une hésitation quelconque. « C’est pour ça qu’les amis sont là… non ? » souligna-t-il, sans pouvoir retenir une certaine ironie de couler dans l’air, filtrer à travers ses mots pour trahir une arrière-pensée désagréable. « Mais j’sais pas non plus où est Desmond. Ni c’qu’il fait. » et les mots n’parvinrent pas à s’apaiser, à s’tasser pour être oubliés. « Aux dernières nouvelles, il fout l’feu aux maisons des familles de Radcliff, si j’me souviens bien. » l’offensive qu’ils n’avaient que trop longtemps fuie, non ? Pendant un instant – long, interminable – instant, Alec garda le silence, dévisageant son vis-à-vis pour mieux l’analyser. Analyser ses tics, chaque trait de son visage à la recherche de quelque chose, n’importe quoi. Une énième trahison, peut-être bien, comme si c’était la seule chose qu’il pouvait attendre de la vie, des autres. D’ceux qui avaient autrefois fait tout son monde. Mais après d’insoutenables secondes, il lâcha un vague ricanement, un souffle plus qu’autre chose. « Ça doit pas être facile à supporter pour lui, ces accusations sorties de nulle part. » mais tous les deux devaient savoir que ça n’était pas si étranger que ça au personnage, que ça n’serait pas si surprenant que ça. Et que ça réveillait bien des questions, des histoires de principes qu’Alec était incapable d’partager avec quelqu’un comme Desmond Lecter ; cramer des familles innocentes, c’était comme donner une légitimité au tueur de ses parents. Et jamais, jamais il n’ferait ça. Jamais il n’pourrait envisager, accepter qu’son meilleur ami puisse trouver une excuse à ça. Il avait confronté Carlisle lui-même, de but en blanc, sans retour en arrière possible ; mais avec Felix, c’était plus difficile encore. Le filin menaçait de se dérober sous ses pieds, d’déclencher une avalanche qui détruirait tout sur son passage. Mais y’avait aucun mot pour apaiser la tension qu’il venait lui-même de créer, diffuser l’illusion qu’il faisait confiance en le jugement de Felix, ou Desmond Lecter lui-même ; parce que c’n’était pas le cas. C’n’était plus le cas, à cause du temps assassin, de la froideur avec laquelle il avait détruit tant de choses. Ouais, tout avait explosé autour d’eux, sûrement pas c’qu’ils avaient imaginé, ou c'qui était visible au premier coup d’œil, quand on grattait la surface, comme ça, avec une bière et une pizza.

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MessageSujet: Re: dark times ❅ (felix & alec)    dark times ❅ (felix & alec)  Icon_minitimeLun 28 Déc 2015 - 19:21

in my dark time i'll be going back to the street, promising everything I do not mean, in my dark time, baby this is all i could be, and only my mother can love me for me.
dark times
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Felix avait toujours détester mentir. Ça n’avait jamais été dans sa nature, après tout. Il était plutôt du genre à affronter la vérité, tête première, à lui faire face directement, peu importe les conséquences. Bien sûr, il se faisait parfois un point d’honneur à éviter la vérité, à la contourner un peu, ou à la tourner en sa faveur; il parlait bien, Felix, il savait comment se faire valoir et il possédait ce charme qui faisait en sorte qu’on croyait ce qu’il disait, peu importe ce qu’il disait. Ce petit talent, il s’en était beaucoup servi, beaucoup plus qu’il ne voudrait l’admettre. Avec l’autorité, bien sûr, et surtout avec la gente féminine. Mais mentir, ça, il n’avait jamais aimé ça. Chez les Lecter, après tout, l’honnêteté était grandement valorisée. Dans leur maison, on se disait les vraies choses, même si elles étaient douloureuses, même si elles pouvaient parfois être cruelles. Ça permettait d’avancer, d’être fidèle à soi-même; se cacher derrière des mensonges, ça n’avait jamais été le genre de Felix. Évidemment, ces derniers temps, le jeune homme avait du se résoudre à pas mal de secrets. De plus en plus, il se retrouvait obligé à mentir, à enfouir la vérité. Pas le choix. C’était pour la sécurité des siens, et pour ça, il était prêt à faire n’importe quoi. C’était facile de mentir à ses collègues, ou à des gens qui n’avait pas beaucoup d’importance pour lui. Ça ne l’empêchait pas de dormir la nuit, parce qu’il savait que c’était devenu nécessaire. Il ne pouvait pas dire à tout le monde que Bea avait le génome X. Il ne pouvait pas tout raconter au sujet de Maiken à n’importe qui. Quand quelqu’un lui demandait comment ça allait, il souriait et disait ‘quand est-ce que ça va pas?’. Certains mensonges devenaient plus difficiles. Mentir à sa partenaire, par exemple. Même s’ils ne se connaissaient pas beaucoup, Felix et Isolde travaillaient très souvent ensemble, et il avait l’impression de ne jamais pouvoir être totalement lui-même avec elle, et de toujours devoir dissimuler tout sur sa vie. Il l’aimait bien, il aurait aimé être honnête avec elle. Mais il ne pouvait pas se permettre une telle chose. Il devait vivre seul avec ses secrets, tout simplement. Donc, mentir à Alec, il ne pouvait s’y résoudre. À n’importe qui d’autre, pas à Alec. Alec était comme son frère, comme un autre membre de sa famille. Ce serait comme mentir à Bea, comme mentir à Trisha ou à Desmond. Même que c’était pire que ça, parce que c’était Alec, et que jusqu’à maintenant, il n’y avait jamais eu de secret entre eux. C’était bizarre de réaliser que c’était probablement le cas aujourd’hui. Ça se sentait dans l’air. Felix tentait vraiment d’être honnête avec Alec, mais c’était comme si quelque chose l’empêchait de l’être totalement, une sorte de blocage. Un manque de confiance, peut-être? Après tout, ça faisait des mois qu’il n’avait pas vu Alec. Avait-il changé? Ça semblait être le cas, mais c’était aussi le cas de Felix. Mais peut-être n’était-il plus du tout l’homme que Felix avait connu à l’adolescence. Il espérait que non.

“C’est pour ça qu’les amis sont là… non?” Felix jeta à un regard à Alec. Cette remarque aurait pu lui arracher un sourire si elle n’avait pas été dit comme Alec l’avait fait. Ça ne semblait pas vraiment sincère, ou peut-être que Felix se faisait des idées; mais son ami avait la mâchoire serrée, comme s’il retenait quelque chose d’autre. La tension entre les deux semblait soudainement avoir monté d’un cran. Visiblement, Felix avait dit quelque chose qui avait éveillé une certaine colère chez Alec; mais quoi? Felix se sentit soudainement déboussolé, comme s’il lui manquait une pièce du puzzle. Peut-être que ça avait été une mauvaise idée de venir comme ça. À quoi il avait pensé? Qu’il débarquerait chez Alec avec une bonne pizza, et qu’ils commençeraient à discuter comme avant, comme si les dernières années de silence n’avaient jamais existées? Pensait-il vraiment que tout le reste du monde pourrait soudainement disparaître, et qu’ils redeviennent des adolescents le temps d’une soirée? Qu’il pourrait fuir tout ce qui s’était passé? Évidemment que tout referait surface entre eux. C’était inévitable, et Felix se trouvait vraiment idiot d’avoir pensé le contraire. “Mais j’sais pas non plus où est Desmond. Ni c’qu’il fait. Aux dernières nouvelles, il fout l’feu aux maisons des familles de Radcliff, si j’me souviens bien.” Les mots d’Alec tombèrent comme des pierres, faisant paralyser Felix sur place. Il dévisagea Alec, comme pour s’assurer qu’il avait bien dit ce qu’il avait dit. Et il l’avait dit avec une telle colère, avec une telle aversion. Felix sentit son visage se décomposer. Oui, il avait vraiment été con de penser qu’il pouvait fuir tout ça en venant chez Alec. Et ça venait de le rattraper à la course. Les actes de son frère hantaient ses pensées depuis cette fameuse fête des fondateurs. Il ne savait pas encore quoi faire avec tout ça. Il n’approuvait certainement pas ce que Desmond avait fait, mais confronter son frère serait se trahir lui-même. Il avait tout rejeté bien loin, espérant pouvoir l’oublier et ne plus avoir à y penser. Que son frère était devenu un meurtrier – pas juste un tueur de mutants. Un meurtrier d’innocents. “Ça doit pas être facile à supporter pour lui, ces accusations sorties de nulle part.” Felix fuya le regard insistant d’Alec. Car il savait très bien que ces accusations étaient vraies; bien sûr qu’elles étaient vraies, et Alec devait le savoir aussi bien que lui. Il connaissait bien Desmond lui aussi. Il savait que son frère en était capable. Pourquoi alors Alec feignait-il l’indifférence? Voulait-il savoir si Felix approuvait les actions de son frère? L’idée frappa Felix comme un coup de poing, l’idée qu’Alec, celui qui avait été son meilleur ami, puisse croire qu’il possède une telle cruauté. La colère se répandit dans ses veines, le faisant serrer des poings. Et comme ça, tout était disparu, tout s’était envolé, il ne restait plus que la tension et la colère et l’emprise malsaine que le temps avait eu sur eux.

“Pourquoi tu penses que j’essaie d’le rejoindre?” Felix ne voulait pas parler aussi froidement, pas à Alec; après tout, il n’était pas en colère contre son ami, il était en colère contre Desmond, et contre le reste du monde. “Tu penses que ça me fait plaisir, de savoir que mon frère est devenu un meurtrier, qui tue des innocents comme ça? Bordel, Alec, tu pouvais pas vraiment croire que j’étais en accord avec c’qu’il a fait? Tu pensais peut-être même que j'étais dans le coup?” Felix sentait la colère s’emparer de lui, il se mit à faire les cents pas dans le salon d’Alec, les poings toujours serrés, les sourcils froncés. “J’sais bien qu’on s’est perdu de vue, mais j’peux pas croire que tu penserais ça de moi!” Felix s’arrêta soudainement, face à celui qui avait été son meilleur ami. Peut-être était-ce perdu à jamais. Tout était sur la glace à présent. Ils se tenaient tous les deux sur un fil qui menaçait de se casser à tout instant. Autant être honnête. Brutalement honnête. “Merde! Tu penses vraiment ça de moi? Que je vaut pas mieux que tous ces meurtriers, ceux qui ont tué les Hodgins, ceux qui ont tué tes parents?”



Dernière édition par Felix Lecter le Lun 8 Fév 2016 - 23:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: dark times ❅ (felix & alec)    dark times ❅ (felix & alec)  Icon_minitimeMar 19 Jan 2016 - 15:55


brother fighting brother as their avarice corrodes
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eyes wide shut but they know, buried alive by the lies in their soul. their stride of a blind man's stroll well for whom does the next bell toll. i'm too many years in the zone, too many years to have built what i own. and many dumb fool try to take what I've grown, but these roots go deep and you can't blood a stone, cuz i fear no fall, no brawl, no scars w/felix lecter & alec lynch.

Peu avaient importé le temps, les mots, les expressions toutes construites. La relation qui le liait à Felix avait toujours eu raison d’être, de subsister à travers les années. Et les épreuves ; combien d’épreuves, exactement ? Le Lynch avait volontiers fui jadis lorsqu’il avait laissé sa vie de jeune homme insouciant et riche derrière lui, abandonnant sa ville natale et les dernières traces d’existence de sa famille. Lorsqu’il avait suivi les Lecter, joignant son chemin à leur vie ; et combien de préceptes, combien de valeurs avait-il revu à l’ordre du jour sous la tutelle de Carlisle Lecter afin de devenir l’homme qu’il était aujourd’hui ? A trente-trois ans, Alec n’pouvait imaginer ressentir autre chose qu’une profonde reconnaissance pour l’homme – la famille – qui l’avait pris sous son aile alors même qu’il venait tout juste de devenir un orphelin, comme ça, par caprice du destin. Et oui au final, à Radcliff, au milieu de tout ce qu’il se passait, il était aisé pour le chasseur et son meilleur ami, de croire que tout ceci n’aurait aucunement raison de leur si bonne façon de fonctionner. Des bières, une pizza, des histoires qu’ils se racontaient et qui n’avaient aucune importance, cette façon de se connecter en quelques échanges verbaux qui avaient une saveur d’antan, une valeur toute particulière. C’était toujours comme ça que ça avait fonctionné, peu avaient importé les circonstances ou les rixes qu’ils affrontaient, face à face, presque comme des adversaires pour d’éphémères secondes. Secondes du moins, dans toutes les années qui composaient leur amitié : au milieu de tout cela, ouais, les conflits semblaient n’avoir duré que d’infimes temps révolus. Mais cette fois-ci, alors même que l’alcool avait un goût plus amer que jamais, que la pizza n’avait aucune saveur et ce, peu importait de l’endroit où elle était venue, les choses étaient différentes. Différentes au point qu’ils préfèrent le nier, grignotant de courtes trêves aux circonstances, à la tension impitoyable qui électrifiait l’air. On pouvait au moins reconnaître cela à Alec Lynch : il avait toujours été honnête, rare menteur sauf uniquement pour le fun, lorsqu’il s’était présenté comme un étudiant en médecine très prometteur à quelques minettes qui semblaient un poil plus exigeantes que d’autres. Hormis cela, il avait toujours eu l’allure d’un livre ouvert, et les secrets qu’il avait pu garder avaient aisément pu se lire sur son visage ; s’il n’avait aucun talent pour les mots, il libérait une vérité brutale et sans merci, une honnêteté qui avait toujours profondément raisonné avec ses convictions. Ses convictions, celles des Lecter qu’il avait épousées sans aucune retenue, se jetant corps et âme dans une quête absolue – vengeance, justice, simplement faire une différence, il n’y avait pas à nier que c’était avant tout le désir de planter une lame assassine dans le cœur du meurtrier de ses parents, qui avait motivé le jeune Alec à prendre les armes. Désormais, c’était comme si le Lynch était devenu plus pragmatique, plus honnête avec lui-même que ne l’était son meilleur ami ; jamais il ne s’était vu sauver le monde, changer les choses ou voler au secours de la veuve et de l’orphelin. Et jamais il n’avait réussi à comprendre les fantaisies héroïques de son ami d’enfance – jamais il n’avait pu saisir comme le fils Lecter avait réussi à transformer le meurtre dans sa vie, en quelque chose d’édulcoré, qui faisait de lui un super-héros digne des histoires qu’ils avaient lues à l’époque de leur adolescence. Sûrement même que dans toute la fratrie Lecter, le plus clairvoyant vis-à-vis de ce qu’ils étaient, avait été Desmond Lecter, si prompt à embrasser les parts monstrueuses de sa personnalité, de l’homme qu’on l’avait fait deviner : était-ce ça, la réponse ? Que finalement, tous les hunters n’étaient faits que de ça, d’un instinct meurtrier qu’ils transformaient en autre chose au caprice de leurs esprits et de leurs fantasmes ? Alec s’était toujours refusé de penser de la sorte ; mais plus encore que la mutation qui battait ses veines, les récents événements ne faisaient que bouleverser tout ce qu’il avait cru immuable jusqu’alors.

Felix et lui, ce n’était qu’un petit chainon dans une longue suite d’événements ; et pourtant, aussi petit était-il, c’était une pièce maitresse à son équilibre, les mots imbibés d’amertume brisant peu à peu les apparences. Et quelques fragments de leurs âmes, l’indispensable amitié dont ils avaient eu tant besoin, au milieu des remous d’un océan sans cesse en mouvement ; Radcliff avait bougé tout autour d’eux, et aujourd’hui, les meurtriers et les monstres dévoilaient leur vrai visage. Son interlocuteur le savait-il ? Dans le silence de son meilleur ami, les regards qu’il attardait sur lui et chaque réaction qui traversait son facies, le Lynch connaissait déjà la réponse à cette question ; oui, à mesure qu’il lâchait ses sarcasmes et l’ironie grandiose de leur situation en quelques petites phrases piquantes, Felix réalisait au combien il venait d’entrer dans une impasse emplie de menaces plus pernicieuses et meurtrières que celles dehors, dans la rue. Car au final, ce qu’ils avaient tant fui par leur silence, leur distance, était voué à arriver maintenant qu’ils se regardaient dans le blanc des yeux, s’affrontaient en face à face ; ça n’avait pas été faute de repousser l’inévitable – et sûrement d’ajouter toute une quantité de hargne à leurs esprits. Combien de théories, d’idées diverses et variées Alec avait-il pu se construire en épluchant le dossier papier, épais, rempli de preuves accablantes, que Calista lui avait fourni ? L’histoire de l’incendie des Hodgins – ouais, ça pouvait paraître totalement anodin au milieu des masses meurtrières qui s’entrechoquaient dans toute la ville ; pour Alec, c’était pourtant la goutte d’eau qui faisait déborder un vase qui avait déjà bien trop encaissé. Et nul ici-bas, n’était mieux placé pour le savoir que Felix ; pas même Calista, qui était obsédée, effrayée à l’idée que des gens de sa famille aient pu verser le sang d’innocents. Uniquement Felix – parce que la Wolstenholme, contrairement à l’ami d’enfance, elle ne connaissait pas l’histoire désastreuse qui avait fait d’Alec Lynch un hunter. Et c’était mieux ainsi, ç’avait toujours été mieux ainsi dans sa tête du moins – Radcliff et Elizabethtown symbolisaient toutes les deux des vies diamétralement différentes, qui n’avaient jamais été vouées à se rencontrer autre part que dans la mémoire, la conscience et la raison de l’unique, solitaire pantin de l’histoire. Ils avaient oublié la pizza désormais, oublié les bières et les paroles polies ; et derrière tout cela, après l’attente insoutenable, Felix avait enfin compris que les hostilités avaient été lancées. Brutalement, sans détour, sans égard. “Pourquoi tu penses que j’essaie d’le rejoindre?” Alec en vint à ciller ; non pas à cause du ton que le jeune homme en face de lui adopta ; cette voix emplie de vilénie si rarement adressée à sa personne à lui, si rarement entendue entre eux. Mais parce qu’il sentit le doute se faire un chemin jusqu’à lui, rapidement, pour une infime seconde, la loyauté qu’il éprouvait à l’égard des Lecter se rappelant à lui comme une sonnette d’alarme qui se répercuta en écho dans tout son esprit. “Tu penses que ça me fait plaisir, de savoir que mon frère est devenu un meurtrier, qui tue des innocents comme ça? Bordel, Alec, tu pouvais pas vraiment croire que j’étais en accord avec c’qu’il a fait? Tu pensais peut-être même que j'étais dans le coup?” fut-ce de la culpabilité ou de la hargne qui enserra ses entrailles au moment où il croisa le regard de son meilleur ami ? Ouais, il l’avait pensé, ouais, le doute avait été plus empoisonné qu’il ne l’aurait imaginé – et au fond, le silence qui s’était propagé partout autour d’eux n’avait en rien aidé. Alec n’avait toujours pas bougé, ouvert la bouche ou laissé quelque ressentiment que ce soit trahir ses intentions, lorsque Felix rouvrit la bouche, pris dans sa torpeur, la tempête de la vérité qui était enfin libérée. “J’sais bien qu’on s’est perdu de vue, mais j’peux pas croire que tu penserais ça de moi!” ils se regardèrent en chien de faïence – pour combien de temps ? – le Lynch n’ayant pas quitté sa chaise, toujours assis, et pourtant empli d’un orgueil qui pulsait à la vitesse de son cœur baigné de hargne.

“Merde! Tu penses vraiment ça de moi? Que je vaux pas mieux que tous ces meurtriers, ceux qui ont tué les Hodgins, ceux qui ont tué tes parents?” et ce fut à ce moment-là qu’Alec se redressa sur ses jambes ; comme s’ils s’étaient défiés silencieusement, au premier qui mettrait en mots le centre de gravité de tout le problème, la question lancinante qui hantait leurs esprits, de l’un et de l’autre. « J’en sais rien, Felix ; j’suppose que ouais, les mois sans nouvelle ont dû jouer. » et quand bien même ils n’en étaient pas encore à se hurler dessus jusqu’à vider leurs poumons de toute air, les mots, les voix avaient l’allure de poignards plantés dans la chair. La rage était là, omniprésente, probablement entremêlée à une rancœur qui sommeillait entre eux pour bien plus longtemps, et pour des raisons bien étrangères à cette histoire d’incendie. « J’ai passé les treize dernières années d’ma vie à suivre des préceptes que ton père, ta famille, toi vous m’avez donnés – j’m’attends certainement pas à c’que Desmond puisse comprendre quoique ce soit d’cette histoire, ou qu’il s’en préoccupe d’une quelconque manière. » mais lui. « Mais si tout c’que j’ai appris, tout c’que j’ai cru savoir et tout c’que j’ai décidé d’suivre pendant ces années n’était qu’un mensonge, autant qu’tu me l’dises maintenant. » c’était un mensonge, indéniablement ; parce qu’Alec Lynch n’avait pas simplement été un humain à la famille humaine frappée par la menace mutante de plein fouet. Alec Lynch avait été un mutant, avant de devenir un hunter ; qu’il le veuille ou non, une réalité que Maiken lui avait fait entrer dans le crâne, et le rendait malade à chaque fois qu’il y pensait. Mais à l’heure actuelle, à dévisager Felix, il n’savait pas si cette révélation-là serait plus douloureuse, plus insoutenable que celle qui planait entre eux deux. « J’veux dire, t’es aux abonnés absents, va savoir où - ton frère crame des gens, et comme par hasard, ton père sort de prison pour dev’nir l’homme à tout faire de Lancaster – et y’a des preuves, Felix, des preuves que va savoir qui a voulu cacher. » il n’eut qu’à faire quelques pas pour prendre l’épais dossier planqué dans un coin du salon et l’exhiber juste sous les yeux de son meilleur ami. Ancien meilleur ami. Adversaire. Impossible à dire à l’heure actuelle. « Tu sais très bien que j’serais pas du genre à croire c’qu’une timbrée qui fait exploser la ville peut dire – j’ai cherché, histoire de savoir- » savoir pour qui il se battait, pour quoi il se battait. Et quel visage monstrueux il venait de revêtir simplement parce que treize ans plus tôt, bien avant la hargne de Lancaster et toutes ces histoires fumeuses de politiques, il avait décidé d’agir contre des gens qu’il n’avait jamais vus différemment que dangereux. « J’ai jamais compris quel procédé pouvait s’passer dans ta tête Fe’, pour qu’tu crois qu’on était autre chose que des meurtriers. C’est c’qu’on a toujours été – mais j’croyais qu’y’avait au moins encore quelque chose qui nous différenciait des autres. » les autres, ces hunters qu’ils n’avaient que trop souvent vus, et qu’ils se devaient de côtoyer trop fréquemment ici, à Radcliff. Des dizaines de personnes, des noms qui tournaient dans sa tête, encore et encore ; ceux-là qu’il aurait imaginés aisément mêlés à cette histoire d’incendie chez les Hodgins, avant même de songer à ce que ce soit le patronyme Lecter qui ressorte coupable de cette histoire. Finalement, la vérité était là. « J’sais plus quoi penser Felix. » de lui, des treize dernières années de sa vie, de la chasse, de ce qu’il avait fait. Alec sentit l’air se glacer dans sa gorge, ses muscles se crisper alors que de ses deux mains il s’appuyait sur le bord de la table, juste devant ce dossier accablant qu’il n’avait eu que trop souvent sous les yeux. « Mais j’ai pas l’intention d’finir mêlé à des histoires comme ça. Ou d’me retrouver un jour avec Lancaster qui m’demande de tuer une famille d’innocents, parce que j’serai devenu son esclave ou va savoir quoi d’autre. » est-c’que ça voulait dire qu’il avait perdu foi en tout ? La chasse ? Certainement pas ; ses convictions étaient toujours là, quand bien même elles avaient un goût amer, paradoxal. Il avait perdu foi en ce qui était changeant, imprévisible ; l’humain, les autres, les longs mois de silence qui laissaient dans un brouillard épais. Felix. Les Lecter. Les autres.
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MessageSujet: Re: dark times ❅ (felix & alec)    dark times ❅ (felix & alec)  Icon_minitimeLun 8 Fév 2016 - 23:05

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dark times
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Il se souvenait d’une époque où les noms de Lecter et Lynch ne faisaient qu’un. Où l’un ne venait pas sans l’autre, où l’un n’était pas prononcé sans être suivi de l’autre. Felix et Alec, Alec et Felix, duo irréprochablement lié. Le sang de l’un était le sang de l’autre, et même quand ils étaient séparés ils n’étaient pas vraiment loin. Les coeurs battaient presque à l’unison, jeunes hommes si semblables et si différents, partageant tout, vivant presque la même vie. Oui, il se souvenait de cette époque là, où il n’était jamais vraiment seul, parce qu’une partie de lui vivait en Alec, d’une certaine manière, par les infinies confidences et moments conjoints. Une époque lointaine, à présent, où les jeunes hommes étaient maintenant hommes. Une époque séparée par le temps, et une époque séparée par tout le reste. Il ne restait plus que les cendres de cette époque, éparpillées dans les esprits des deux hommes, éparpillées dans cette ville qui les avait vu s’accomplir. Voilà quelques années à peine, c’était encore la belle époque, avec les bières et les filles et les bars et les éclats de rire, voilà quelques années à peine cette époque était pertinente. Mais à présent, elle était terminée, elle était conclue, même qu’elle avait volée en éclats. Le Lecter d’autrefois, le Lynch d’autrefois, plus que des ombres, plus que des fantômes. Tout ce qui les avait uni semblait avoir disparu – les chasses, d’abord. Adolescents, ils étaient doués, plus que doués, parcourant les rues sombres à la recherche de leurs cibles. Maintenant, Felix ne chassait même plus, son esprit trop embrouillé à la suite de la rencontre de Maiken et de Sigrid, d’abord, puis de l’annonce de Beatrix dans son bureau quelques semaines auparavant. Non, chasser était hors de question pour le jeune Lecter en ce moment. Alec, il ne savait même pas s’il chassait toujours. Il ne savait plus rien de l’homme qui se tenait en face de lui, il le réalisait à présent. Cet homme qu’il avait mieux connu que lui-même, qui l’avait connu mieux que lui-même, il n’était plus qu’un étranger, et voilà maintenant qu’il se transformait en adversaire. La tension palpable poussait Felix à serrer des poings, à plisser des yeux, comme prêt à attaquer, ou comme prêt à se défendre. Deux animaux sauvages, rendus inconsolables et fous par le chaos de la jungle, prêts à sauter à la gorge de l’autre, pour défendre les petits morceaux qui restaient. Le coeur de Felix pompait dans sa poitrine, alors qu’il se défendait des accusations de son ami – l’était-il encore ? – car c’était bien ce que c’était, des accusations, glissées entre des simples faits, glissées dans une remarque légèrement sarcastique. Felix était stupéfait autant qu’il était en colère, et alors la froideur et la cruauté s’échappait de ses paroles, sans qu’il ne puisse les retenir, qui était Alec pour l’accuser de telle manière ? Quel droit avait-il ? Lui qui n’était venu que pour se rappeler d’une époque passée, se retrouvait maintenant comme à son procès. Évidemment, il aurait du savoir, il aurait du prévoir, qu’on ne peut pas faire face au passé sans faire face à ses conséquences, mais le jeune Lecter se sentait comme un animal en cage, qu’on venait de placer devant son bourreau. Meurtrier, il l’était, il le savait, Alec le savait. Mais meurtrier de sang-froid, jamais. Son frère en était peut-être capable, mais jamais Felix. Le Alec d’autrefois l’aurait su. Mais l’homme devant lui n’était pas le Alec d’autrefois. Et alors il ne pouvait pas être le Felix d’autrefois. Il ne pouvait pas laisser Alec l’accuser d’être le genre de personne qu’il a tellement travaillé pour ne jamais être, il ne pouvait pas laisser Alec l’accuser d’avoir orchestré une telle horreur avec son frère, pas après tout ce temps, pas après toutes ces épreuves. Le seul fait de penser qu’Alec – que quiconque – puisse le croire capable d’une telle chose suffisait à faire ressortir le venin, à hurler à la figure de l’accusateur – je ne suis pas cet homme. Je ne serai jamais cet homme.

Le jeune Lynch était immobile, recevant les paroles froides de Felix, et ce dernier lui fut redevable d’au moins recevoir sa plaidoirie en silence. Puis il prononça les mots, les deux derniers mots, ceux qui firent redresser Alec sur sa chaise comme si on l’avait électrocuté, les deux mots qu’il aurait pu éviter mais qui étaient inévitables – tes parents. Car le voilà, le coeur de leur histoire, le coeur battant et sanglant de leur histoire. Son premier battement avait débuté l’amitié entre les deux jeunes hommes – allait-il également la tuer pour de bon ? Felix avait l’impression de trembler de la tête au pied, au rythme du sol qui bougeait sans cesse, mais le sol restait immobile, immuable. Il semblait au jeune Lecter que quelque chose venait de briser, et c’était la glace, le fil fin sur lequel ils avaient dansés depuis son arrivée, qui venait de casser, et voilà que venait l’avalanche. “J’en sais rien, Felix ; j’suppose que ouais, les mois sans nouvelle ont dû jouer.” Felix se fit violence pour ne pas riposter à cette remarque – certes, il était à blâmer pour ce manque de communication, pour ce temps passé sans échange, pour avoir laissé le sablier s’écouler sans le moindre effort – mais Alec l’était tout autant, à son avis. Mais ce conflit, cette rage insupportable qui régnait entre les deux hommes à cet instant allait bien au-delà de ça. “J’ai passé les treize dernières années d’ma vie à suivre des préceptes que ton père, ta famille, toi vous m’avez donnés – j’m’attends certainement pas à c’que Desmond puisse comprendre quoique ce soit d’cette histoire, ou qu’il s’en préoccupe d’une quelconque manière. Mais si tout c’que j’ai appris, tout c’que j’ai cru savoir et tout c’que j’ai décidé d’suivre pendant ces années n’était qu’un mensonge, autant qu’tu me l’dises maintenant.” Le voilà, le monstre – Felix fixa le jeune Lynch, ses yeux presque sortis de sa tête, recevant chacun de ses mots comme un rasoir lui coupant la peau. Aucun mot ne lui vint pour répondre – un mensonge ? Le mot se propagea comme un écho dans son esprit, mélodie horrifiante. La réponse lui apparaissait évidente – pour lui, ce n’était pas un mensonge, ça n’avait jamais été un mensonge. Mais il ne pouvait honnêtement parler que pour lui. Car il ne pouvait nier que les récents événements l’avait fait douté, de tout, de tout le monde. Pour Felix, ça n’avait pas été un mensonge. “J’veux dire, t’es aux abonnés absents, va savoir où – ton frère crame des gens, et comme par hasard, ton père sort de prison pour dev’nir l’homme à tout faire de Lancaster – et y’a des preuves, Felix, des preuves que va savoir qui a voulu cacher.” Bientôt un épais dossier se trouvait sous ses yeux, et l’aîné Lecter s’en empara de mains moites, fixant toujours Alec d’une expression indéchiffrable – car jamais il n’avait été aussi confus, jamais il n’avait été autant acculé au coin du mur. Toutes ces inquiétudes qui le hantaient depuis des semaines, des mois, mais faites en silence – elles étaient à présent prononcées, et par Alec. La réalité le frappait, et elle frappait fort. “Tu sais très bien que j’serais pas du genre à croire c’qu’une timbrée qui fait exploser la ville peut dire – j’ai cherché, histoire de savoir.” Felix ouvrit le dossier, bien malgré lui, bien qu’il ne voulait pas vraiment savoir, mais il devait. Il parcouru les notes, les photos, les rapports – les preuves mentionnées, elles étaient là, et Felix sentit ses muscles se détendre, et s’afaiser sous les poids de ce dossier, qui venait de se déposer sur ses épaules. “J’ai jamais compris quel procédé pouvait s’passer dans ta tête Fe, pour qu’tu crois qu’on était autre chose que des meurtriers. C’est c’qu’on a toujours été – mais j’croyais qu’y’avait au moins encore quelque chose qui nous différenciait des autres.” Le silence. La jungle était disparue, il ne restait plus que l’appartement, la pizza qui refroidissait sur la table, les bières à moitié bues, oubliées. “J’sais plus quoi penser Felix.” L’aîné Lecter décolla ses yeux du dossier et les plongea dans ceux du jeune Lynch. Avec ces quelques mots, jamais Felix et Alec n’avaient été aussi proches. Ils faisaient écho à tout ce que Felix avait eu dans la tête depuis sa rencontre avec Maiken. À cet instant, Felix sentit toute sa colère s'évaporer comme fumée dans l'air, car lui non plus ne savait plus quoi penser. Entendre cela de la bouche de quelqu'un d'autre - et d'Alec, en qui il avait tant espéré trouver un quelconque réconfort - était comme un baume sur sa plaie béante. “Mais j’ai pas l’intention d’finir mêlé à des histoires de comme ça. Ou d’me retrouver un jour avec Lancaster qui m’demande de tuer une famille d’innocents, parce que j’serai devenu son esclave ou va savoir quoi d’autre.”

La réponse fusa de ses lèvres comme le sifflement d’un serpent, précédé d'un rire jaune. “Et qu’est-ce que tu comptes faire, Alec ? C’est quoi, ton plan ?! Te rebeller contre Lancaster et te transformer en justicier ? Tu comptes trahir les hunters, c’est ça ton plan ? Tu veux peut-être tuer Lancaster pour c’qu’il a fait, et tuer tout ceux qui ont participé à cette incendie, tu veux tuer mon père, tuer mon frère ?” Son ton avait considérablement augmenté, et puis le silence tomba. Felix expira violemment, laissant aller son poing sur la table à ses côtés, la frappant presque de toutes ses forces. Il prit quelques secondes pour reprendre son souffle et ses esprits, son coeur frappant sa poitrine comme un marteau, ses poings tellement serrées que ses jointures en étaient blanchies. Puis tout sembla se calmer, et le monde retourna à ses couleurs. L’aîné Lecter expira à nouveau, plus doucement. “Je… Merde. Désolé.” Il s’était emporté. Trop. Ça devenait trop une habitude, il fallait que ça cesse. Mais son sang brûlait dans ses veines sous la pression des dernières semaines. Felix se redressa, respirant normalement à nouveau, et retourna son regard dans celui de Lynch, qui lui semblait à la fois tellement étranger et tellement familier – comme s’il parlait avec un pur inconnu et son propre reflet à la fois. “J’sais très bien que Desmond et mon père trempe dans des trucs pas nets. J’vois tout ça. Mais je – j’ai rien à voir avec tout ça. J’te jure. Je…” Balbutiement, le souffle court, Felix ne faisait pas de sens. Ses joues brûlaient de honte, car oui, il voyait tout ça, et oui, il savait tout – mais il n’avait rien fait pour l’arrêter, ou même pour l’ébruiter. Simple spectateur muet, c’était tout comme il avait craqué l’allumette lui-même. Il voulait tout dire et ne rien dire. Les mots se bousculaient et se frappaient, faisant écho au battement bruyant dans sa poitrine. “Y s’est passé des trucs… J’ai rencontré des gens…” Maiken. Le visage de la scientifique apparut dans l’esprit de Felix, qui s’en trouva adoucit. Non. Il ne pouvait parler de Maiken à Alec. Pas maintenant. L’aîné Lecter prit une dernière inspiration, tentant de trouver les mots, tentant de trouver les réponses. “Alec, j’tai pas menti. J’tai jamais menti. J’me suis jamais foutu de ta gueule, pour moi, tout était vrai – j’ai toujours cru qu’on était pas comme les autres, et je le croit encore. Parce que sinon, on aurait pas cette conversation.” N’était-ce pas vrai ? Si les allégeances de Felix s’étaient entièrement trouvés en son frère, en son père, en Lancaster, voilà longtemps qu’il serait parti, ou qu’il aurait fait bien pire face aux accusations du Lynch. “Et j’pensais bien dev’nir fou, ces derniers mois, à tout remettre en question, à tourner dans tous les sens tout ce en quoi j’ai toujours cru, et à me d’mander si j’étais comme eux, comme mon frère, comme mon père… Mais non. J’le suis pas. Et je crois – non, en fait j’suis sûr – que toi non plus.” Et à cet instant Felix trouva une étincelle d’espoir, un minuscule éclat dans la noirceur, qu’Alec puisse être son allié à nouveau. Mais être allié en quoi ? Il semblait qu’une cause était impossible à trouver, effacée par Radcliff et sa guerre civile.“Mais qu’est-ce que ça peut faire ? J’peux pas juste tout foutre en l’air et tout arrêter, et prendre ce dossier et m’en servir pour faire justice à ces pauvres Hodgins. La justice, y’en a pas, y’en a plus, pas dans cette ville. J’ai pas l’choix, Alec. Mon nom, j’peux pas m’en débarrasser. J’ai les mains liées. Y’a rien qu’on puisse faire.” Car oui, le jeune Lecter n’était plus l’éternel bout-en-train d’autrefois, la blague à la main, les lèvres crochetées en un sourire – il n’était plus que noirceur et pessimisme, confronté à l’horrible et tragique nature du monde.
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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: dark times ❅ (felix & alec)    dark times ❅ (felix & alec)  Icon_minitimeDim 17 Avr 2016 - 4:51


brother fighting brother as their avarice corrodes
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eyes wide shut but they know, buried alive by the lies in their soul. their stride of a blind man's stroll well for whom does the next bell toll. i'm too many years in the zone, too many years to have built what i own. and many dumb fool try to take what I've grown, but these roots go deep and you can't blood a stone, cuz i fear no fall, no brawl, no scars w/felix lecter & alec lynch.

Combien d’épreuves, combien de folies, combien de conneries ? Y’avait personne comme Felix dans la vie du Lynch. Y’avait que Felix ; son frère, son meilleur ami – l’homme vers qui il se serait tourné sans aucun doute, s’il avait eu besoin d’un coup de pouce, ou de s’trouver un témoin pour son mariage, ou même de quelqu’un pour payer le chèque pour le sortir de prison, s’il se retrouvait dans une mauvaise passe. Felix, il l’avait connu avant tout ça ; avant la chasse, avant le meurtre, avant la mort de ses parents. Avant Radcliff. Alors ouais, d’un commun-accord silencieux, Felix ç’avait été le repère d’un Alec qui se jetait à corps perdu dans le chaos. Felix, ç’avait été celui qui lui avait offert sa vengeance- celui qui avait présenté la chasse comme un moyen de faire une différence. Alors en devenant chasseur, Alec avait compté sur son meilleur ami pour le sortir des ténèbres s’il avait été trop loin. Et combien de fois avait-il menacé de fondre dans la noirceur, d’passer la frontière entre ‘la nécessité’ et l’achèvement d’actes sanglants pour instiller la haine ? Fallait croire qu’il n’avait jamais pris cette question en considération, lorsqu’il s’était engagé sur le chemin tout offert par les Lecter. Y’avait eu des conséquences, qu’il avait acceptées avant même de prendre les armes – devenir un tueur, à défaut de s’faire tuer un beau jour comme ses parents, par exemple – mais ici à Radcliff, avec Lancaster, le Gunpowder Squad, cette vaste échelle de pourriture cachée dans les rues de la ville, c’était différent. C’était épuisant, imprévisible- dangereux. Et aucune pizza, aucune bière offerte comme ça au détour d’une soirée n’allaient pouvoir changer quoi que ce soit aux dilemmes qui s’étaient d’eux-mêmes immiscés à l’esprit d’un Alec qui n’se serait jamais cru être un jour aussi torturé que ça. Il était loin, l’temps de l’Alec insouciant qui n’en faisait qu’à sa tête, agissait démesurément et impunément, caché derrière les gros chèques de son patriarche, ou l’ombre d’être un terroriste qui échappait à la justice. La rigueur, et cette vision de l’honneur qu’il avait appris de toute la famille Lecter et de leurs savoirs ancestraux, il n’voulait pas y renoncer, il n’voulait pas les remettre en question ; fondamentalement, il pensait toujours qu’y’avait que du bien dans les motivations des hunters, que de la raison dans la méfiance et la véhémence qu’il éprouvait à l’égard des dégénérés. Ils étaient dangereux, ils étaient d’ces menaces à peine voilées sous des apparences inoffensives d’êtres humains – c’n’était pas le débat qui s’était ouvert en les entrailles du Lynch, insidieusement et distraitement. Malgré sa dégénérescence à lui, tombée du ciel comme un fardeau l’enfonçant encore plus, Alec n’remettait pas tout en question. C’était Lancaster le problème- Lancaster, le virus qui s’était glissé sous les chairs des êtres nobles de c’te ville, et transformait tout en quelque chose de noir ou blanc ; la nécessité était, elle, devenue du meurtre pur et dur pour atteindre un but que le Lynch n’arrivait même pas à comprendre. Quel avait été l’intérêt politique caché derrière les actions de Lancaster ? Derrière le meurtre des Hodgins et l’accusation publique de cette transmutante ?! Pourquoi n’tout simplement pas envoyer une poignée de hunters à la poursuite de cette femme, et attendre que les dégénérés se clouent eux-mêmes au pilori ? Ils l’auraient fait irrémédiablement, une assurance qui faisait partie d’celles qu’Alec n’avait pas cessé de croire : ils avaient fini par faire exploser la mairie au beau milieu de la fête des Fondateurs. Ils avaient fini par préparer leur petite guerre eux aussi, et à rétorquer avec toute la monstruosité dont ils étaient capables. Là, à la place de Felix, il aurait bien voulu s’retrouver confronté à Rhaena Dryden, rien que pour pouvoir l’interroger à ce sujet – n’était-elle pas l’assistante du maire, chargée de sa communication et de tous les jolis atours qui entouraient sa campagne ? Avait-elle fait partie de ceux qui avaient l’idée de l’attaque chez les Hodgins ?

Ouais, ce soir c’était Felix qui était remis en question, parce que c’était Felix qui était venu frapper à sa porte. Mais fondamentalement, y avait-il quelqu’un dans son entourage qu’il n’remettait pas en question de A à Z, quand bien même l’idée lui déplaisait ? Bah tiens, il aurait bien voulu, Alec, pouvoir ravaler ses doutes, déguster ces bières et avaler cette pizza si bien choisie par le type qui le connaissait le mieux à des kilomètres à la ronde. Mais tout avait un goût amer, de ces distractions-là, à l’air qu’il respirait, à chaque regard qu’il attardait en direction de son meilleur ami. Alors il arrivait bien, le Lecter, avec sa bouche en cœur, ses bonnes intentions, et sa volonté de passer une bonne soirée à oublier le reste du monde. Alec avait déjà abandonné des espoirs de c’genre- l’échappée lui était impossible dès lors qu’il n’connaissait plus qu’à peine l’épuisement salvateur censé lui permettre au moins de glaner quelques heures à n’pas penser. Mais non, ses doutes étaient condamnés à tourner encore et encore au bord de ses pensées, martelant son crâne dans une migraine imaginaire, tandis que fermer l’œil devenait de plus en plus impossible. Hodgins, Lancaster, Calista. Lecter. Ça lui avait demandé bien trop de patience que de ravaler cette hargne qu’il n’avait voué qu’à du vent et des visages lointains jusque-là, et Alec avait bien vite quitté sa place confortable pour se retrouver debout, les pieds ancrés dans le sol, toute son attention concentrée sur l’instant trop réel qui se nouait juste sous son nez. Oh y’avait pourtant un Alec, quelque part, enfoui derrière treize années réduites à de l’errance pure et dure, qui aurait bien voulu pouvoir retenir ses attaques, et n’pas balancer des poings verbaux encore et encore – parce que c’était Felix, son meilleur ami avant d’être un quelconque frère d’arme ou collègue chasseur. Felix et lui, ils avaient fait la tournée des bars ensemble, ils avaient dragué ensemble, ils avaient été des gars de fraternité, moqueurs et insouciants, avant d’être des hunters aux mains maculées de sang. Il avait vu le désarroi tasser le faciès du Lecter, dès lors qu’il avait été confronté au dossier meurtrier de preuves que Calista avait amassées d’elle-même – c’n’était même pas lui qui avait cherché, trop occupé à glaner quelques jours de trêve, quelques jours de déni en plus ; il l’avait vue, ouais, l’incompréhension mêlée d’une peine difficile à ignorer, et l’Alec de treize ans plus tôt aurait ravalé le reste de ses répliques. Pas l’Alec transmutant, chasseur, incapable de trouver une salvation où que ce soit ; l’Alec meurtrier, qui avait tant de sang sur les mains que celui de son meilleur ami n’semblait plus être différent de celui de tous les autres : en fin d’compte, si tout ça n’avait fait que les diriger vers la révélation d’utiliser et tuer des innocents à leur guise, ouais, le Lynch préférait largement lâcher les armes. Ou s’rebeller. Parce qu’y’avait eu un temps, où les motivations des chasseurs avaient eu écho en lui, et merde, ça lui arrivait relativement peu d’être nostalgique, mais il l’était presque, là, trop désespéré pour s’tourner vers l’avenir. “Et qu’est-ce que tu comptes faire, Alec ? C’est quoi, ton plan ?! Te rebeller contre Lancaster et te transformer en justicier ? Tu comptes trahir les hunters, c’est ça ton plan ? Tu veux peut-être tuer Lancaster pour c’qu’il a fait, et tuer tous ceux qui ont participé à cet incendie, tu veux tuer mon père, tuer mon frère ?” et ils auraient pu ressembler à un duo de serpents qui s’balançaient leur venin, parce qu’Alec lâcha un sifflement à son tour, acerbe, une réponse filant en un éclair, probablement la manifestation honnête de ce qu’il ressentait. « Les hunters m’ont trahi en premier. » les Lecter l’avaient trahi. Felix l’avait trahi. Les mots avaient été implacables, quand bien même il n’savait pas encore ce qu’ils pouvaient signifier, c’était bien ça l’problème. Il voyait tous ces gens, dans le Gunpowder Squad, si prompts à balayer, écraser, tuer ceux que lui il jugeait innocents si ça pouvait leur permettre d’atteindre une poignée de dégénérés à peine. Alors est-c’que c’était les hunters à vaste échelle, le mensonge et la trahison ? Ou juste les hunters ici-bas, la lie de la société qui dormait dans les rues de Radcliff ? Il n’était pas comme Kingsley Moren, ou comme Roman Griske- ou comme ces grands noms de la chasse qui frôlaient surtout le meurtre en série. Et il ne l’serait jamais. Il avait eu tort d’suivre Felix, et les Lecter avaient eu tort d’croire que c’était ce qu’il était prêt à devenir ; Alec, il n’s’était pas perdu à ce point- il n’avait pas perdu des valeurs inculquées par ses parents morts, à c’point.

Il ne cilla pas, n’sursauta pas, si ce n’est pour dévisager son interlocuteur d’un air indécis, lorsque Felix vint écraser son poing contre la table – il était loin, l’arôme des bières et de la pizza, maintenant, c’était le décor tout entier qui faisait tâche. Hormis ce dossier, omniprésent et gênant juste entre eux. “Je… Merde. Désolé.” Lynch avait observé le panel d’états d’âme qui avaient glissé à travers Felix, juste sous ses prunelles claires. Il ne releva pas, ne l’excusa pas, ne dit mot tout simplement. “J’sais très bien que Desmond et mon père trempe dans des trucs pas nets. J’vois tout ça. Mais je – j’ai rien à voir avec tout ça. J’te jure. Je…” yeux dans les yeux, s’il y avait bien une personne des paroles desquelles il n’aurait jamais doutées, c’était bien Felix. Parce que même au-delà de la confiance mutuelle qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, Alec pouvait au moins prétendre connaître c’type depuis assez longtemps pour pouvoir lire dans son visage, ses attitudes et ses réflexes comme dans un livre ouvert – quand bien même il détestait libre, putain. Pourquoi est-c’qu’il avait fallu que les mois passent de la sorte, à la fois rapides et lourds dans la balance ? Pourquoi est-c’que c’était plus facile de l’blâmer lui, que l’reste du monde ? Les mâchoires du chasseur se serrèrent, dans ce tressautement des muscles de son visage tout entiers ; il essayait, essayait d’ravaler son animosité à lui- mais elle dépassait tellement juste les Hodings. C’était comme s’il voulait blâmer volontiers Felix de n’pas avoir été là quand il avait découvert sa mutation : à chaque fois que ses espoirs, ses volontés s’étaient effrités entre ses doigts lorsqu’il se relevait. Il s’était tiré une balle dans la tête, il avait sauté du haut d’un immeuble, il s’était enfoncé l’aiguille empoisonnée du vaccin dans les veines. Encore, et encore. Et encore. Et il était toujours là. Vivant, et transmutant. Des vérités qu'il n'admettrait jamais à son meilleur ami, quand bien même il le blâmait – inconsciemment, dans ses entrailles qui tournaient et tournaient nerveusement - de n’pas avoir été si naturellement là. “Y s’est passé des trucs… J’ai rencontré des gens…” c’était la phrase qui tombait à pic ; Alec n’put retenir un ricanement entre la véhémence et l’acidité, ne sachant que trop bien qui ces gens pouvaient être. Maiken Holst en tête- et quoi ? Lui avait-elle présenté quelques-uns des précieux dégénérés en lesquels elle avait tant foi ? L’avait-elle converti à sa cause, à son p’tit groupe ? Lequel déjà ? Uprising ? “Alec, j’tai pas menti. J’tai jamais menti. J’me suis jamais foutu de ta gueule, pour moi, tout était vrai – j’ai toujours cru qu’on était pas comme les autres, et je le crois encore. Parce que sinon, on aurait pas cette conversation.” sans s’en rendre compte, Alec avait détourné le regard, dardant de ses yeux clairs le dossier qu’il avait si aisément avancé devant Felix. Comme ses arguments, et ces relents d’impressions qu’il gardait depuis si longtemps en lui : avec Felix, tout était sorti comme une vague enfin libérée, à l’oreille réceptive idéale. La personne qu’il avait besoin d’entendre, quand bien même y’avait Calista, quand bien même il assumait ses choix et ses actes : qu’on vienne frapper à sa porte pour l’embarquer pour les meurtres qu’il avait commis, Alec n’résisterait pas- au moins il savait qu’il n’avait pas franchi cette ligne-là que beaucoup trop de hunters ignoraient si facilement. “Et j’pensais bien dev’nir fou, ces derniers mois, à tout remettre en question, à tourner dans tous les sens tout ce en quoi j’ai toujours cru, et à me d’mander si j’étais comme eux, comme mon frère, comme mon père… Mais non. J’le suis pas. Et je crois – non, en fait j’suis sûr – que toi non plus.” « J’suis pas comme eux. » qu’il répondit du tac au tac, agressif comme un animal qu’on aurait acculé, et sortait les griffes dans d’ultimes tentatives. Il soupira, longuement, feignant la lassitude plus que le regret. “Mais qu’est-ce que ça peut faire ? J’peux pas juste tout foutre en l’air et tout arrêter, et prendre ce dossier et m’en servir pour faire justice à ces pauvres Hodgins. La justice, y’en a pas, y’en a plus, pas dans cette ville. J’ai pas l’choix, Alec. Mon nom, j’peux pas m’en débarrasser. J’ai les mains liées. Y’a rien qu’on puisse faire.” et insidieusement, Felix venait de réveiller l’orgueil du Lynch. « J’suis pas un Lecter, Felix. Tes problèmes, c’est pas les miens. »

Et c’était probablement la première fois depuis qu’ils s’connaissaient, qu’ils en arrivaient à se désolidariser comme ça – c’était pourtant une évidence ; Alec était celui qui avait cherché la justice au mauvais endroit. Et Felix avait été celui qui n’avait eu que trop bien conscience de la pourriture de sa famille, mais n’avait fait que s’voiler la face. Il n’avait jamais été particulièrement manichéen, le Lynch, bien au contraire, son père lui avait toujours appris que l’monde était plus compliqué que ça ; et il n’comptait pas abandonner cette croyance-là. Ni pour la chasse. Ni pour les Lecter. Ni pour Felix lui-même. « J’te demande pas ton aide. Si tu choisis ta famille, reste avec eux. Mais me d’mande pas de faire comme si j’étais okay avec ça. » y’avait presque plus d’animosité dans la voix- c’était tout l’inverse ; parce que malgré la hargne qu’il pouvait si facilement sentir battre dans ses veines, Alec pouvait aussi sentir une évidence qui le tordait les tripes. Ici et maintenant, ça marquait un point de rupture qu’il n’aurait jamais cru connaître avec Felix. Le moment où la dévotion de son meilleur ami, s’opposait à la sienne à lui – quel paradoxe, après tout ce qu’ils avaient connu. « T’es celui qui es venu ici, espérant qu’rien n’avait changé. Que j’avais entendu les noms de ta propre famille liés à c’meurtre, et que j’allais t’accueillir comme si y’avait aucun problème. » comme quoi, y’avait une putain d’ironie qui lui disait dans un coin d’sa tête qu’il avait là, plus de points communs avec Maiken Holst qu’avec Felix Lecter – bordel de merde. Il n’aurait jamais cru que ça puisse être possible, et ça l’aurait presque répugné, si la jeune femme et lui n’avaient pas déjà eu une conversation de c’genre. « J’sais bien qu’y’a pas d’justice, et qu’ton frère, ton père, ils auront jamais la peine qu’ils méritent- » la sentence tomba lourdement, parce qu’ils la méritaient ; peu importait l’affection qu’Alec avait eu pour les Lecter, ceux qui avaient donné tellement de sens à sa vie treize ans plus tôt. Le père Lecter, Desmond Lecter, ils étaient des meurtriers, au-delà des zones bien définies d’une chasse qui avait toujours été au sujet d’protéger les innocents, plus que de les exploiter comme de la chair à canon. « j’irai pas les tuer non plus. Mais j’vais pas continuer d’suivre aveuglément des gens comme ça. » Lancaster ou les Lecter, étaient-ils fondamentalement dans le même panier ? Il n’savait pas jusqu’où ils iraient dans leurs actions, Calista et lui. Mais s’ils devaient en finir avec le maire et ses alliés pour exposer au grand-jour toutes les pourritures qui tuaient impunément parmi l’armée de Radcliff, alors ils le feraient… il avait tué Lewis Duncan pour moins qu’ça.


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MessageSujet: Re: dark times ❅ (felix & alec)    dark times ❅ (felix & alec)  Icon_minitimeSam 4 Juin 2016 - 20:45

in my dark time i'll be going back to the street, promising everything I do not mean, in my dark time, baby this is all i could be, and only my mother can love me for me.
dark times
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Toute cette histoire, c’était délicat. C’était délicat parce que ça venait toucher des nerfs à vif, comme si on posait le bout du doigt sur une plaie encore fraîche, faisant dégouliner le sang. C’était agiter sous leurs nez respectifs des choses douloureuses, des faits poignants, des rumeurs choquantes, des vérités froides. C’était faire trembler la glace fine sur lesquels ils marchaient tous les deux, menaçant de les faire sombrer tous les deux dans l’eau glaciale, menaçant de terminer de signer leur arrêt de mort. Parce qu’ils savaient tous les deux que les enjeux étaient importants, trop importants même. Ça en jouait de leurs propres vies, certes, mais ce n’était pas que ça. Si ce n’était que ça, ça n’aurait pas le même impact. C’est parce que ça en jouait aussi de la vie de ceux qu’ils aimaient, de ceux pour qui ils s’étaient toujours battus, leurs vies entières. Ceux pour qui, et ce pour qui. Parce que au fond de tout ça il y avait quand même deux jeunes hommes, avec des principes et des valeurs, avec des convictions et des idées, et cette histoire venait tout fracasser et tout remettre en question, et ça faisait extrêmement peur. Felix ne pouvait pas mentir. Cette discussion le terrorisait, mais il ne voulait pas s’en enfuir. Parce que s’ils étaient incapables de se parler maintenant, quand le pourraient-ils ? Il en dépendait tellement de choses, Felix le comprenait à présent. Felix et Alec étaient liés par leur amitié, mais par de nombreuses autres choses. Ils étaient comme des inconnus après tout ce temps sans nouvelles mais ils se connaissaient aussi trop bien. Ils savaient qui était l’autre, malgré tout. Et ça, c’était un fait qu’ils ne pouvaient pas juste ignorer. Felix tentait de rester calme, de ne pas se mettre en colère. Perspective difficile, devant de telles paroles, de tels ultimatums, de telles questions. Il en tremblait presque, il avait envie de tout casser et de courir jusqu’à s’en enflammer les poumons. Mais il savait aussi qu’il devait rester. Il voulait rester. Parce que malgré tout ça, une partie de lui restait attachée à Alec, bien plus qu’il n’aurait voulu l’admettre à cet instant. Il décida d’être honnête – parce que c’était une chose qu’il appréciait de lui-même, et que même si ça le mettait dans l’ennui au moins il serait resté lui-même. Il avoua tout à Alec, ses incertitudes, sa confusion, son désespoir, son pessimisme. Ça faisait du bien de le dire à voix haute, d’avouer à quelqu’un que non, il ne savait pas quoi faire. Que oui, il était vulnérable parfois. Qu’en effet, ses mains étaient liées, et qu’à faute de solution, il s’était rangé, comme un lâche peut-être, incapable de faire quoi que ce soit pour arranger les choses. La colère, l’électricité dans la pièce qui avait quelques secondes auparavant rempli leurs paroles de venin s’était transformée en une tension tranquille – comme si toutes les gardes avaient été abattues, les murs mis à terre, et qu’il ne restait rien sauf être honnête. Felix était prêt à faire pour Alec – mais alors qu’il parlait, il sentait la distance entre lui et son ami augmenter, il regardait son visage familier et y voyait des ombres et des expressions qu’il n’avait jamais vu, et il savait maintenant à quel point il ne savait plus rien de lui. Que tout comme lui, sa vie avait avancée et s’était fait balancée dans tous les sens pendant ces mois sans nouvelles, que lui aussi, avait eu son lot de soucis, que lui aussi transportait un poids sur ses épaules. « J’suis pas un Lecter, Felix. Tes problèmes, c’est pas les miens. » La réplique de Alec lui fit affaisser ses épaules. Et pendant un instant, il crut bien que c’était perdu, que la conversation se terminerait là ainsi que leur histoire. Que maintenant, tout était trop différent, qu’il s’était passé trop de choses et que le silence avait duré trop longtemps, et que ça avait eu raison du reste, d’une amitié comme Felix n’en avait jamais connu, comme il n’en connaîtrait jamais à nouveau.

Alec ouvrit la bouche à nouveau, et Felix leva les yeux vers lui, attentif. C’était comme si la glace était fissurée, et que maintenant, seul le reste du monde pouvait décider si elle allait définitivement se briser, ou rester comme tel juste le temps qu’ils puissent s’enfuir tous les deux. « J’te demande pas ton aide. Si tu choisis ta famille, reste avec eux. Mais me d’mande pas de faire comme si j’étais okay avec ça. » L’aîné Lecter acquiesça la tête, lentement. Non, ça il ne pourrait lui demander. Plus maintenant. Le temps des faux-semblants était terminé depuis longtemps. « T’es celui qui est venu ici, espérant qu’rien n’avait changé. Que j’avais entendu les noms de ta propre famille liés à c’meurtre, et que j’allais t’accueillir comme si y’avait aucun problème. J’sais bien qu’y’a pas de justice, et qu’ton frère, ton père, ils auront jamais la peine qu’ils méritent. » Cela fit tiquer Felix, qui serra la mâchoire. Merde. Il aurait pu donner n’importe quoi pour que cette foutue histoire d’incendie soit oblitérée de la mémoire de tous. Pas juste celle d’Alec, mais de la sienne aussi, et de celle de Desmond. Parce qu’il devait être honnête – il avait honte, tout simplement. C’était la honte qui l’avait poussé à tout ignorer, à faire comme si son frère n’avait pas fait ce qu’il avait fait. Parce qu’avoir son nom associé à un tel acte était comme une tache impossible à enlever. Lui qui avait tant travaillé pour redorer le nom de Lecter après l’emprisonnement de son père, voilà que son petit frère venait gâcher son travail – enfin, ça dépendait du point de vue, mais Felix n’avait jamais voulu que le nom Lecter soit associé à du meurtre de sang-froid. Pas ça, jamais ça. « J’irai pas les tuer non plus. Mais j’vais pas continuer d’suivre aveuglément des gens comme ça. » Felix hocha à nouveau la tête, tentant de rassembler ses pensées. Était-ce tout ? Ils en étaient arrivés là, après tout ce temps ? Felix choisirait toujours sa famille, même avec tout ça, et Alec en était bien conscient. Mais ce dernier ne voulait plus, ne pouvait plus continuer comme avant, le jeune homme le voyait dans son visage. Ça en était terminé depuis longtemps de Felix et Alec, les jeunes insouciants chassant ensemble, et maintenant c’était avoué. Le verdict était tombé, final, inébranlable.

« D’accord. » Le mot tomba doucement entre les deux, et Felix aurait aimé avoir autre chose à dire mais il n’y avait rien d’autre à dire. Et il respectait suffisamment Alec pour ne pas lui s’obstiner davantage avec lui, pour ne pas tenter de le convaincre davantage qu’il n’était pas l’un d’eux. Une partie de lui aimait croire que le jeune Lynch le savait, au fond de lui, que malgré son patronyme Felix n’était pas comme son père, n’était pas comme son frère. Ça le rassurait de penser ça. « J’veux pas m’battre avec toi, Alec. Je sais qu’c’est impardonnable, c’que Desmond a fait. Crois-moi au moins là-dessus. Et j’comprends. Vraiment, j’comprends.» C’était comme vivre un deuil, tout en même temps. Comme si à cet instant précis, il disait définitivement au revoir à l’ancien Felix, le jeune Felix, insouciant, arrogant, le sourire accroché aux lèvres tout en parcourant les rues de Radcliff à la recherche de mutants, son meilleur ami à ses côtés. Une époque qui se terminait, un livre qui se fermait. Tout bonnement, tout comme ça. « J’crois que je ferais mieux d’y aller. » Il pointa le dossier, brique lourde sens déposée tout près. « Fais gaffe avec cette histoire, tu veux ? Lancaster… il s’arrêtera pas. » C’était inutile, dire ça à quelqu’un comme Alec, mais il voulait tout de même le faire. Parce que Felix était comme ça, il le dirait à son pire ennemi. Il se dirigea vers la porte d’entrée, passant la pizza qui n’avait même pas été entamée. Il déposa sa main sur la poignée, mais s’arrêta pour se tourner vers Alec. « Je sais qu’t’a dit que t’avais pas besoin de mon aide, mais… si jamais tu changes d’avis... j’serai là. » Un petit sourire furtif passa ses lèvres. « Fut quand même un temps où on faisait bonne équipe, tous les deux. » La nostalgie. La suite logique au dégringolade. Au moins les choses étaient dites, malgré tout ce qui flottait encore dans l’air. Une entente, en quelque sorte. Felix avait fait irruption sans prévenir et il sentait que c’était temps de partir. Il pensait que ça avait été une erreur de venir ici – ou peut-être pas, après tout. L’avenir seul le dirait. Il ouvrit la porte, passa le seuil, et la referma derrière lui, le coeur lourd.

RP TERMINÉ

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dark times ❅ (felix & alec)

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