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 Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]

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Rafael DeMaggio
Rafael DeMaggio

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SUR TH DEPUIS : 01/10/2015
MessageSujet: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeLun 5 Oct 2015 - 22:42

Good to see you, son...

Rafael DeMaggio & Cesare DeMaggio
Un claquement sec résonna dans la pièce, rompant le silence. Le fusil était armé, prêt à faire feu, l'oeil de son propriétaire avisant ce qui l'entourait depuis le viseur. Un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres, et l'homme armé braqua son fusil sur son adversaire. Celui-ci, confortablement installé dans son fauteuil de cuir noir le regarda avec un air de profond dédain. On l'avait mis en joue plus d'une fois dans sa vie, et ce genre de petite menace ne lui faisait plus peur depuis longtemps. Il ne savait pas arrêter les balles, loin de là – et heureusement, sinon cela aurait pu signifier pour lui qu'il était un dégénéré – mais se mettre à chouiner parce qu'un cinglé le menaçait d'une arme... C'était risible.

Lassé de ce petit jeu, Rafael poussa un soupir et annonça sèchement son prix à l'autre, qui cessa immédiatement son petit jeu en faisant la grimace. Et bien oui, à quoi s'attendait-il ? A ce qu'il lui fasse un prix d'ami ou lui lègue gentiment une arme dernier cri qui valait une fortune à la fabrication ? Ce n'était pas le genre du père DeMaggio de faire cadeau de quoi que ce soit à n'importe qui. Son invité posa à contrecœur un sac rempli de billets de banque, et attendit sagement que Rafael les compte pour s'assurer qu'il ne cherchait pas à l'arnaquer. Le compte y était, aussi hocha-t-il la tête, laissant à son client le soin de remettre l'arme dans sa mallette. Il lui confia également deux chargeurs pleins et le raccompagna jusqu'à l'entrée sans plus de cérémonie.

Rafael avait horreur de conclure des échanges sous son toit. Seulement, de plus en plus de chasseurs venaient fouiner jusque chez lui pour lui acheter secrètement des armes qu'ils n'auraient pas à faire déclarer. Armes qui ne leur servaient pas à chasser l'ours ou le cerf mais plutôt le transmutant. Et de plus en plus, Rafael était exaspéré par cette intrusion dans sa vie privée, à tel point qu'il envisageait de tester ses propres fusils sur le prochain qui oserait mettre les pieds chez lui en demandant à faire affaire.

Retournant vers le salon en poussant un profond soupir, il alla se servir un verre de bourbon dans le bar prêt de la cheminée. Il n'y avait pas un bruit en dehors du cliquetis régulier de la pendule et du vent qui soufflait au dehors. Ce salon aurait pu avoir l'air chaleureux, avec ses boiseries vernies aux murs, ce parquet fraîchement ciré et les photographies de Rafael accrochées ça et là... Seulement il manquait cruellement de chaleur humaine. Les époux DeMaggio ne faisaient pas partie de ces couples appréciant les soirées tranquilles à lire au coin du feu ou encore le visionnage en amoureux d'un quelconque film niais et sirupeux. Leurs soirées, ils les passaient à l'extérieur, arme à la main, et ne revenaient satisfaits que lorsqu'ils ramenaient une ou deux proies chez eux. Ils ne comptaient plus ceux qu'ils avaient tué ou torturé, ce n'était pas important. Ce qui importait réellement, c'était qu'ils disparaissent tous. Même leurs deux enfants.

Ni Rafael ni Isabella n'avait de nouvelles de Cesare et Azaria depuis des mois. Ce n'était pourtant pas faute de les avoir traqué, et ils étaient à présent davantage une écharde douloureuse enfoncée dans la main de leurs géniteurs qu'autre chose.
Avalant une gorgée de ce liquide ambré qui vint lui réchauffer la gorge, Rafael regardait dans le vague, sans vraiment chercher à fixer ses yeux quelque part. Si bien que, perdu dans ses pensées, il failli ne pas se rendre compte qu'il n'était pas seul.

Le verre alla se fracasser sur le parquet tandis qu'il se retournait, saisissant le revolver qu'il gardait toujours à sa ceinture. Il le braqua sur l'intrus d'un geste vif, sans trembler une seule seconde. Et même lorsqu'il le reconnu, il ne baissa pas son arme pour autant. Son propre sang... La chair de sa chair, qui lui ressemblait tant que c'en était douloureux de ne plus le voir comme son enfant. Un dégénéré, voilà ce qu'il était. Une créature inhumaine, une monstruosité dissimulée par les traits d'un jeune homme.

Cesare. Son fils aîné.

- Donne-moi une raison. Une seule bonne raison de ne pas tirer. Ou bien tu es complètement idiot, ou bien tu es suicidaire. Avance, les mains levées, et pose ton arme si tu en as une...

Bien sûr, sa plus précieuse arme ne pouvait être désarmée... Mais il était hors de question que Rafael le traite autrement que comme un adversaire lambda. Humain. A quelques gênes défaillant près.
crackle bones
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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeMar 6 Oct 2015 - 2:41


salvation comes at a price. heavy lies the crown
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and with this bullet lodged in my chest, covered with your name, i will turn myself into a gun, because it’s all i have, because i’m hungry and hollow and just want something to call my own. i’ll be your slaughterhouse, your killing floor, your morgue and final resting, walking around with this bullet inside me. and it feels so natural, like the bullet was already there, like it’s been waiting inside me the whole time. w/rafael demaggio & cesare demaggio.

Le silence assourdissant. Chaque seconde défilant, comme un énième supplice virant sous sa peau. Le rappel lancinant de ses fautes, ses péchés ; l’expiation qui ne viendra jamais. Il n’y avait plus que l’absence d’Aria, partout autour : ses affaires sur le lit qu’il n’avait daigné ni toucher, ni approcher. Ni regarder. Jusqu’où pouvait durer sa fuite ? Cesare s’enfonçait à chaque aube plus profondément dans des ténèbres qui dévoraient son cœur – si volontiers, il offrait son âme au diable, que bientôt plus personne ne pourrait aller la repêcher des profondeurs abyssales où il se perdait. Aria avait été indispensable ; Aria avait été l’essence de son âme – plus que jamais, l’évidence qui avait toujours fait palpiter son cœur glacé par l’horreur ; devenait une supplique qui résonnait dans ses entrailles. Les tordait dans tous les sens, jusqu’à lui filer la nausée : la bile au bord des lèvres, la rage dans les tréfonds de ses prunelles. Et ces affres infernales qui donnaient un quelconque sens au devoir de survivre : survivre pour quoi ? Y’avait eu un temps où la réponse lui était venue comme ça, un claquement de doigt, pulsation de son palpitant contre ses côtes : un regard vers Aria et il avait su pourquoi il continuait. Pourquoi y’avait eu un moment, où il avait échappé à la marche du Destin – l’imprenable sort des DeMaggio. Il n’était pas un DeMaggio ; parce qu’un jour quand il avait eu six ans, il avait entendu sa sœur pleurer. Pleurer jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, exaspéré comme un gamin capricieux. Il n’avait jamais été un DeMaggio ; parce que ce jour-là, sa sœur dans ses bras, ç’avait éveillé quelque chose qui échappait totalement au reste des siens. Les porteurs de la malédiction qui vibrait dans leurs veines : était-ce ça, qui les avait rendus intouchables ? Etait-ce ça, qui avait fait d’eux des dégénérés ? Parce que Cesare et Aria, avaient toujours appartenu à un univers différent – une strate d’existence inaccessible à leurs géniteurs. Ils avaient été plus ; plus que les cendres d’héritage sur lesquelles était construite leur vie. Tant qu’y’avait eu Aria, il avait eu une âme. Désormais dans son cœur meurtris, les moments heureux étaient consumés par la rage –culpabilité, cette compagne qui lui collait à la peau depuis bien longtemps. Culpabilité pour Isolde, qu’il avait pourchassée à l’excès, un fantôme de leur autrefois qui n’était plus rien : rien d’autre que l’irrémédiable cause de la mort d’Aria. Sans ça, sans Isolde ; il aurait été là. Là quand leurs parents avaient tout découvert ; là quand il n’savait qui avait décidé d’apposer sur sa sœur le baiser mortel de la faucheuse. Il savait ; il savait que c’n’était pas que l’incendie, la fumée, la panique de la foule : ses tripes le lui hurlaient farouchement, tout autant que chacune des plaies béantes, qu’il avait remarquées sur la peau de sa sœur. Les tortures ; toujours ce mot qui venait marquer de cicatrices rougeâtres ce qu’ils étaient – torturés, mentalement, physiquement. Utilisés comme des armes. Traqués comme des bêtes. Reclus comme des fugitifs, prisonniers d’une minuscule chambre de motel dans laquelle ils avaient suffoqué, agonisé pendant tant de temps. Protéger Aria, protéger Aria, protéger Aria. L’instinct se mourait peu à peu à chaque fois qu’il se rappelait que ça ne servait plus à rien. Il n’y avait plus d’Aria, plus de Cesare. Juste la victoire écrasante de leurs tortionnaires. Les paupières cernées de rougeurs, les prunelles vides de leurs substances ; le visage décrépit, l’âme envolée, il se rappelait son père. Le portrait craché, presque un clone issu du même sang, des mêmes gênes – à ces quelques exceptions qu’il bénissait intérieurement désormais ; il n’y avait pas de meilleure solution, de meilleur poignard entre les côtes du paternel, que de pleinement embrasser désormais sa nature de dégénéré.

C’était la seule chose qu’il avait trouvée à faire ; fuir le sommeil, fuir l’errance de ses songes plus loin que la réalité pure et dure. Combien de fois pouvait-il s’imaginer les derniers supplices de sa sœur avant de sombrer dans la folie ? Il l’avait sans doute déjà embrassée ; elle l’avait embrasé. C’était c’qui le faisait survivre ; l’ivresse de la vengeance, la rage qui avait animé les DeMaggio, des décennies plus tôt. Pour ça, il était un DeMaggio. Construit sur les mêmes bases, selon les mêmes préceptes. Ca lui revenait plus souvent qu’il ne le voulait ; l’élan de rage, l’élan de haine. L’incarnation du père ; c’était de cette façon que la vie lui renvoyait en pleine gueule au combien ça avait été inutile – de fuir d’une quelconque façon. Ça lui était impossible, désormais ; au moment où tout s’effondrait, c’n’était pas l’altruisme, l’héroïsme qui pulsaient dans chaque fibre de ses muscles – juste le désir de destruction : tout ce qui venait sur son passage, le cœur d’Isolde, les pas en avant, le meilleur chemin sur lequel il ne s’était aventuré que timidement, encore. Quand ça en valait encore la peine ; Radcliff ou pas, hunters ou pas, guerre ou pas – il n’y avait plus de marche arrière, quand on s’était perdu. Au moment de toucher le fond, coincé dans un cul-de-sac, la seule défense, c’était l’attaque. Une phrase si similaire à toutes celles qu’il avait entendues pendant son enfance : celles qui avaient alimenté son esprit de gamin, la solitude qui le collait comme une ombre. Rafael DeMaggio. Rafael DeMaggio et son égo surdimensionné, ses préceptes, sa haine ; tout c’qui le constituait, tout c’qui coulait dans ses veines et alimentait sa vie. Face à son reflet dans le miroir, étranger tout autant que familier ; visage du démon paternel, Cesare ne trouva d’autre issue que l’attaque – l’attaque grandiose, fracassante, la glace explosant en mille petits morceaux sous la force de son poing. Certains éclats se fichèrent droit dans sa chair : et le sang s’écoulant, n’était qu’une énième preuve de son humanité criante. Son humanité faiblarde – le fait qu’il était vivant, injustement vivant. L’injustice ; toujours elle. C’était le fil conducteur de sa vie, synonyme de la déception du paternel. Plus encore synonyme de l’enfance miséreuse qu’ils avaient connue, Aria et lui. De miséreux à parasites – de parasite à miséreux ; y’avait une ironie quelque part dans le cercle vicieux. Mais surtout, surtout toujours le rappel de l’origine des faits, les racines du problème ; celles, profondément ancrées dans la terre américaine, de l’arbre généalogique des DeMaggio. Combien de générations avant lui avaient été maudites de la sorte ? Combien le seraient, ensuite ? Il n’égarait que trop rarement, désormais, ses songes hasardeux vers le bébé qui grandissait dans les entrailles d’Isolde – cette chose vivante alors même qu’Aria était morte. Injustice, encore une fois ; injustice dans la haine qu’il ne pouvait qu’éprouver désormais, pour ce qu’il aurait chéri, en d’autres temps. Dans une autre vie. Dans une autre ville. Dans un autre univers. S’il était quelqu’un d’autre.

Il avait patiemment retiré chacun des débris de ses phalanges ; bien souvent que d’un geste vif de sa main libre, les petits éléments métalliques de l’objet permettant à son don de faire effet. Le miracle d’une nature non-naturelle ; il les embrassait avidement désormais – si ç’avait été l’arme de sa survie jusque-là, ce serait l’arme de chaque petit instant de sa revanche après cela. D’autres fois, plus d’une fois, il avait laissé le verre charrier sa chair, s’enfoncer sous sa peau dans l’espoir d’y ressentir là un quelconque mal – un autre mal que celui qui le dévorait de l’intérieur. Il n’y avait rien, rien pourtant qui n’égalait la maladie qui s’était emparée de lui, en cet instant crucial, juste au-dessus du cadavre de sa sœur. La nuit était tombée à nouveau, drapant l’existence de son firmament d’étoiles : y’avait de ces histoires que sa mère leur avait racontées, à Aria et lui, qui lui revenaient trop souvent à l’esprit ; l’existence d’un quelconque Paradis sous la tutelle du Tout Puissant. Il jugeait ceux qui péchaient, et ouvrait grand la porte à ceux qu’il jugeait dignes de ce nom. Où était Aria, désormais ? Il n’trouvait aucun réconfort à l’imaginer accrochée aux étoiles, si loin – y’avait pas de vie après la mort, simplement celle des asticots qui bouffaient la chair, la repentance de n’être qu’à sa plus basse nature. Plus encore qu’un réconfort, la nuit était une arme : elle était ces ténèbres dans lesquelles il pouvait aisément se fondre. Pour fuir, lâchement, parfois. Fuir la veste de sa sœur, vaguement posée sur le rebord de son lit – les quelques affaires qu’elle avait amassées, dans un coin de la si petite pièce. Comment se résoudre à s’en séparer ? Comment se résoudre à les dévisager avec pour seule compagnie, la solitude ? Non, y’avait mieux à faire – mieux à faire qu’accepter, baisser la tête et s’faire baiser une nouvelle fois par toute l’ironie de l’existence. Il claqua la porte de la chambre derrière lui, le réflexe de ses pas le guidant instinctivement – Cesare connaissait Radcliff comme sa poche ; c’était le décor désastreux de sa lente chute vers le néant. Comment ne pas la connaître ? La ville où se partageaient ses rares instants de bonheur, et l’horreur criarde qui avait pris le pas sur sa vie. L’odeur du sang lui semblait encore planer dans l’air, significative de l’omniprésence de la mort – ici, là, à chaque coin de rue : un nouveau cadavre amassé dans l’ombre par les chasseurs. Et Aria, inconnue et presque oubliée au milieu d’eux – on préférait n’pas en parler. Et dans tout ça, il n’était plus qu’un gamin abandonné : un orphelin de sœur qui retrouvait le chemin jusqu’à la maison familiale. La richesse des DeMaggio dans toute sa splendeur ; cet endroit ne lui inspira que dégoût aussitôt qu’il en observa les contours, sous la lumière blanchâtre d’un lampadaire à quelques foulées de là. Radcliff lui filait la nausée, mais y’avait aucun lieu ici-bas qu’il rêvait de faire cramer plus encore que cette maison. La maison de son enfance. Non pas celle qui l’avait vu naître, lui ou Aria. La maison où ils avaient pourtant vécu comme ils avaient vécu ; saisissant des grains de bonheur là où leurs parents ne les soupçonnaient pas. Bien avant de découvrir la dégénérescence de leurs enfants, Isabella et Rafael avaient perdu le contrôle de leurs progénitures – ils ne s’en étaient juste pas rendus compte. Le sentiment d’appartenance à cet endroit n’avait plus rien de solennel pour Cesare, depuis longtemps déjà : combien de fois avait-il espéré pouvoir s’offrir pleinement à une autre vie ? Ne jamais tourner à l’angle de cette rue, passer son chemin et ne jamais revenir ? Et pourtant, libéré de toutes ses chaines, de toutes ses obligations, de toutes ses volontés, c’était là qu’il retournait. Et les armes données par le père allaient finir par se retourner contre lui ; le fils qui avait fui l’irrémédiable revenait à la maison, mains dans les poches, l’esprit aiguisé – mais la raison empoisonnée par le chagrin. Il se glissa exactement au bon endroit, trouvant le chemin qu’il connaissait si bien dans le dos de la bâtisse ; les DeMaggio ne se donnaient pas la peine de mettre un quelconque système de sécurité autour de leur maison – ils s’occupaient eux-mêmes de tout imbécile assez présomptueux pour entrer par effraction. Combien de fois, combien de fois Aria avait-elle grimpé, agile comme un chat, l’arbre à quelques mètres de la fenêtre de sa chambre, pour rentrer d’une fête sans se faire remarquer ? Bon dieu, il raserait cet arbre s’il en avait l’occasion. Une fenêtre, à demi-ouverte ; c’est tout ce dont il eut besoin pour se glisser des ténèbres de la nuit, à une noirceur plus épaisse encore – celle d’un autrefois poussiéreux. D’un naguère lourd de sens. Il reconnaissait tout, comme s’il était le spectre de gamin qui n’avait jamais quitté ces murs – comme s’il était le Cesare que ses parents avaient toujours admiré (à leur façon), comme s’il n’était pas une monstruosité qui venait de se loger droit dans le dos de ses géniteurs. Etaient-ils là tous les deux ? Y avait-il une réunion de chasseurs au beau milieu du salon familial ? Il n’en savait rien, il s’en foutait ; c’n’était pas le nombre de ses ennemis qui l’inquiétait. Si la folie semblait s’être calquée sur les traits de son visage, grimé de démons tout droit sortis des profondeurs de l’Enfer imaginé par les livres de sa mère, Cesare n’avait jamais plus préparé un face à face que celui de ce soir. Une nuit sans lune, seul l’éclat des étoiles – peut-être, Aria qui regardait, quelque part, spectatrice impuissante ; si souvent, il avait été le frère modéré, celui qui lui refusait ouvertement la vengeance qu’elle réclamait tant. Jusqu’à ce que ce soit trop tard.

Il était l’élève digne des enseignements du paternel ; aussi silencieux qu’une ombre flottant contre les murs empreints de chagrin. Il y entendait les pleurs silencieux de sa cadette, il y imaginait les supplices qu’elle ne lui avait jamais confiés, finalement. Y’avait eu des mois entiers, dans la vie de sa moitié, dont il ignorait tout. Il n’savait pas encore ce qu’il ressentirait, quel vague de ressentiments submergerait tout le reste une fois qu’il dévisagerait ceux qui lui avaient donné la vie – ils auraient mieux faits de s’abstenir – une évidence sur laquelle ils s’accordaient tous, désormais. Son cœur palpitait calmement contre ses côtes, divaguant au rythme de chaque pas qu’il faisait, chaque petit élément de sa vie qu’il reconnaissait : l’odeur, le silence, l’ambiance si pesante, étouffante – la silhouette du paternel, qui l’aurait fait tressauter d’inquiétude à une autre époque. Silencieuse statue de marbre, Cesare ne cilla pas ; et se surprit presque de l’impertinence du paternel. Il ne l’avait toujours pas remarqué – pas après quelques secondes, ni même une poignée entière de celles-ci. Combien d’occasions aurait-il eu, de ficher une balle dans le dos de son père ? De le faire ramper au sol comme une créature paralysée par des démons venus le happer ? Non, il voulait croiser son regard ; il voulait que Rafael croise son regard. L’œil du fils apeuré pendant tant d’années, l’héritier déchu qui venait arracher la couronne des doigts froids du cadavre de son père. Les DeMaggio tomberaient ce soir, et puisqu’il en était ainsi, le salon familial aux arômes mensongers serait le décor de ces retrouvailles grandioses. Enfin ; aurait-il presque dit avec défiance, lorsqu’il sentit l’atmosphère se tendre, électrique, suspendue aux gestes du paternel lorsqu’il lâcha son verre, délaissant son délicieux bourbon pour préférer l’arme glaciale qui avait tant tué déjà. Et le fils en aurait presque souri d’ironie – c’n’était pourtant pas la raison goguenarde d’un Cesare avec toute sa conscience, qui l’emportait dans le match de ce qui le faisait humain. C’était l’instinct, l’instinct pur – comme celui d’un animal trop longtemps retenu dans une cage. Un lion, un loup, un tigre, qui se retournait contre son dresseur, son créateur – toujours la même marche de l’injustice. « Donne-moi une raison. Une seule bonne raison de ne pas tirer. Ou bien tu es complètement idiot, ou bien tu es suicidaire. Avance, les mains levées, et pose ton arme si tu en as une... » le rictus à ses babines appelant le sang, retroussa ses lèvres presque contre son gré ; un sarcasme dans toute sa splendeur – Rafael DeMaggio en était-il rouillé à ce point ? A croire qu’il avait en face de lui non pas son égal, mais quelqu’un qu’il pouvait si aisément dominer ? Il n’était pas juste un dégénéré ; il était un DeMaggio. Le fils du grand chasseur reconnu dans toute la ville. Celui en qui on avait placé tant d’espoir. L’arme fatale, le bras armé du paternel pendant vingt-cinq longues années ; de quoi laisser des séquelles. De quoi équilibrer la balance. « T’attends p’tèt que j’te supplie. » remarqua-t-il enfin, ouvrant finalement la bouche pour défier le grand chef de la situation, celui qui avait l’arme. Sa vie n’avait aucune valeur, plus aucune valeur ; pas de quoi supplier, pas de quoi craindre le canon d’un flingue dirigé droit vers son front. « J’avais quel âge, dis-moi, la dernière fois que ce p’tit tour du flingue a marché ? » dix, onze ans peut-être bien ; était-ce donc pour remuer le couteau dans la plaie, souligner le ridicule de cette situation, qu’il leva les mains malgré tout ? Là, juste au-dessus de sa tête. « J’suis pas armé. » finit-il par déclarer, mettant fin au suspens : nan, il avait commis la bêtise de quitter sa misérable planque imbibée de la présence d’Aria, sans emporter son attirail habituel. L’attirail du chasseur.
Parce qu’il était un dégénéré, après tout.

« Mais toi t’es armé, et c’est tout ce dont j’ai besoin. » y’avait pas de bonne raison à pourquoi le père DeMaggio ne tirait pas, là, maintenant. Y’avait plus d’fils à récupérer, plus d’âme à racheter. Plus de substance pour le faire exister. C’était la coquille vide qu’il avait tant espérée, qui se présentait juste devant Rafael DeMaggio, ce soir – quelle dignité. Quelle victoire. Ça n’sonnait pas comme ça, pourtant. Peut-être qu’il le savait, peut-être qu’il ne le savait pas – mais appuyer sur cette gâchette, était le moyen le plus efficace pour le géniteur de se retrouver avec une balle fichée dans son cerveau. Ou dans son genou. Ou dans sa paire de couilles. Il n’avait pas encore décidé. Ils en étaient donc là, suspendus à ce choix – l’alternative de tout ça. Le silence, pesant, tendant l’air ; juste leurs regards, s’affrontant sans ciller, le même noir dans leurs yeux, trouvant écho l’un dans l’autre. Cesare et Rafael, si similaires. Des monstres jusqu’à l’intérieur. C’est finalement une sonnerie de téléphone, droit dans la poche du jeune homme, qui interrompit l’instant lascif des yeux qui se cherchent ; il observa son père – une seconde, deux, trois. La sonnerie continuait, ininterrompue, presque guillerette. Etait-ce une défiance stupide ? Cesare n’en savait rien ; Cesare s’en foutait – son autre main toujours en l’air, il vint glisser les doigts de la droite dans sa poche, inspectant l’appareil d’un air presque concerné. « Et Rafael DeMaggio vient juste de faire don de trois cent mille dollars à Sheldon Smith et au groupe Uprising. Généreux. » marmonna-t-il, avant d’envoyer le cellulaire en direction de son père – qu’il vérifie. La pomme n’était pas tombée loin de l’arbre – si Cesare n’avait jamais vraiment été un fan d’informatique, ça n’avait pas été le cas d’Aria. La vengeance d’outre-tombe ; « J’ai fini d’courir. » ajouta-t-il ; sans chercher à affronter la détresse qui résonna dans sa voix à ce moment-là. Il avait couru pour Aria, il avait tué pour Aria, il avait renoncé à Isolde pour Aria. Et voilà où il en était, de retour au point de départ. Presque. « J’vais juste vous entrainer avec moi. » son père, sa mère ; les DeMaggio, leur argent, leur honneur. Leur renom de chasseur. Combien de temps suffirait-il pour qu’on s’mette à douter de Rafael DeMaggio, principal investisseur d’Uprising ? C’n’était que le début de leur croisade – la longue, lente traversée du désert qu’ils allaient accomplir ensemble. Ils n’en ressortiraient que morts, de la tête aux pieds, profondément jusque dans leurs âmes – mais ça n’avait pas d’importance ce soir.
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Rafael DeMaggio
Rafael DeMaggio

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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeDim 11 Oct 2015 - 16:22

Good to see you, son...

Rafael DeMaggio & Cesare DeMaggio
Un sourire mauvais s'étira sur les lèvres de Rafael tandis qu'il tenait toujours son fils en joue. La seule raison pour laquelle il n'avait pas encore tiré, au moins pour l'immobiliser, venait uniquement de la mutation du jeune homme. Cet immondice qui empoisonnait ses gênes et lui donnait l'effroyable pouvoir de manipuler le métal à sa guise. S'il tirait, Rafael pouvait être sûr de finir avec une mal au mieux fichée dans l'épaule, au pire en pleine tête. Et pourtant il restait calme. Parce qu'il ne craignait pas l'adversaire qu'il avait en face de lui, quand bien même ses armes favorites étaient-elles inefficaces contre lui. Seulement, il fallait bien avouer qu'il aurait adoré entendre Cesare le supplier.

- Si tu en meurs d'envie, ne te prive pas... Ça me ferait plaisir, c'est vrai...

Il n'y avait plus de politesse, de respect ou de cordialité entre eux depuis bien longtemps. Si le lien père-fils avait pu exister à une époque, il n'en était plus rien. Et si les débordements d'affection n'avaient jamais été le fort de Rafael, ce n'était rien en comparaison du dégoût qu'il ressentait à la vue du dégénéré. Les sarcasmes, c'était là tout ce dont ils étaient capables avant de devenir vulgaire. Un haussement d'épaules et il répondit à la provocation du fils.

- La différence étant qu'à cette époque, tu n'aurais pas été en mesure d'esquiver cette balle... Ou de la dévier, appelle ça comme tu veux, cracha-t-il avec un dédain évident.

Alors ils en étaient là, à se fixer bêtement dans le blanc des yeux sans que l'un ne déclenche les hostilités. Et Rafael ne comprenait pas. Non, il ne comprenait pas pourquoi maintenant, ici, et surtout sans arme. Etait-il donc à ce point à l'aise avec sa difformité pour ne plus avoir besoin ni d'un revolver, ni d'un poignard ? Plissant les yeux, Rafael observa ce visage qu'il ne connaissait que trop bien. A l'âge de Cesare, il avait déjà perdu son père, son frère, et vu bien trop d'horreurs mutantes pour faire preuve d'indulgence avec l'un d'entre eux. Il l'avait mis en garde dès son plus jeune âge, lui affirmant que les dégénérés gangrenaient la société et qu'il fallait à tout pris les exterminer. Etait-ce donc tout ce que son fils avait retenu de ses années d'enseignement ? A lui tenir tête et le trahir de la plus odieuse des manières qui soit ? Certes, dans un coin de son esprit, il avait conscience que Cesare n'avait pas demandé à être si... Différent. En revanche, il était totalement responsable de ses actes et de ses choix, chose que son paternel désapprouvait totalement, étrangement.

- Tu n'es pas armé ? Es-tu donc présomptueux à ce point, ou bien t'es-tu rendu compte de tes erreurs ? Si c'est le pardon que tu es venu chercher, tu n'es pas sonné à la bonne porte...

Les excuses, c'était bien trop beau. Et quand bien même Cesare les lui aurait présentées, Rafael lui aurait accordé son pardon avec une balle entre les deux yeux. Il n'y avait aucune rédemption possible pour les gens de son espèce, et le pardon était fait pour les lâches, rien d'autre. L'échange de regards repris, froidement... Et là où l'on pouvait clairement lire le dégoût dans les yeux de Rafael, c'était la lassitude et la résignation qui animaient ceux de son fils. Un nouveau mystère que le chasseur se devait d'éclaircir avant d'en finir. Il n'était pas dupe : Le fils qu'il cherchait depuis des mois, qui se présentait de lui-même sous son toit ? Il était prêt à mettre en jeu son honneur de chasseur si ce n'était pas un piège.

Et il ne tarda pas en avoir la preuve, tandis qu'une sonnerie de téléphone résonnait dans la pièce. Rafael aurait du sentir dans cette mélodie guillerette la tonalité funeste du glas, mais il n'y vit tout d'abord qu'une nuisance sonore qu'il aurait volontiers jeté au feu. D'un geste sec de son arme, il invita Cesare à faire taire son téléphone, loin de se douter que le message lui était en partie destiné.

« Et Rafael DeMaggio vient juste de faire don de trois cent mille dollars à Sheldon Smith et au groupe Uprising. Généreux. »

Le chasseur plissa les yeux, un rictus se dessinant sur ses lèvres. Était-ce une mauvaise blague ou bien... ? Il réceptionna le téléphone d'une main, baissait l'autre qui tenait toujours fermement le revolver. A quoi bon menacer une cible qui ne craint ni les balles ni les explosions ? Il baissa les yeux vers l'écran du téléphone, sur lequel s'affichait un transfert d'argent, les fameux trois cent mille dollars dont lui avait parlé son fils à l'instant. Et s'il n'avait aucune preuve que le destinataire était bien cette pourriture de Sheldon Smith, il connaissait en revanche par cœur le numéro de compte de l'expéditeur. Son propre compte en banque. Sa fortune, son argent, sa fierté, des centaines de milliers de dollars qu'il avait amassé en commercialisant d'abominables engins mortels... Des armes qui servaient généralement à tuer des dégénérés... Quelle ironie. C'était l'argent de chasseurs consciencieux qui venait enrichir les caisses du camp ennemi.

Il la sentit monter, la colère, tandis qu'il serrait le petit objet dans sa main. Sournoise, elle vint lui agiter les entrailles et lui brûler la gorge, et il dut lutter de toutes ses forces pour ne pas vider son chargeur en direction de Cesare en guise de représailles. Trois cent milles dollars. Une somme importante, qui faisait de lui le mécène involontaire d'une cause qu'il réprouvait totalement. Mais ce n'était pas seulement le fait de s'être fait rouler, qui le dérangeait. Si quelqu'un dans son entourage ou celui de Lancaster apprenait que cet argent venait de lui... Combien de temps lui ferait-on encore confiance ? Et qui le croirait s'il affirmait que c'était son dégénéré de rejeton qui l'avait à ce point berné ? Rafael était bien trop orgueilleux pour admettre ce genre de chose. Il était prêt à inventer n'importe quel bobard plutôt que d'avouer la déshonorante vérité.

Il releva alors la tête vers son fils, le regard animé d'une fureur qui ne demandait qu'à exploser. Et les paroles du garçon achevèrent de réveiller en lui une colère qu'il nourrissait depuis près d'un an. Avec une violence inouïe, il jeta le téléphone qui allait se fracasser contre une vitre à l'autre bout de la pièce, la faisant voler en éclats elle aussi. Le vent glacial s'engouffra dans la pièce, faisant vaciller le feu dans la cheminée et danser les ombres sur les murs.

- Sale petit morveux..., cracha-t-il en jetant son revolver sur le fauteuil le plus proche.

En deux enjambées, il fut sur lui. Rafael n'avait plus depuis longtemps la possibilité de l'impressionner d'un regard sévère. Il n'avait plus affaire à un enfant, et ils avaient à présent sensiblement la même taille. Pourtant, il y avait quelque chose dans son regard qui aurait défié qui que ce soit de lui tenir tête. Enfin qui que ce soit... Certainement pas son fils. Rafael attrapa Cesare par le col, les dents serrées sous l'effet de la colère.

- Tu te crois certainement très malin, mais tu n'es qu'un pauvre gosse qui pense n'avoir plus rien à perdre... Ta sœur aurait-elle finalement ouvert les yeux ? D'ailleurs où est-elle ? Je suis étonné qu'elle ne t'ai pas suivi comme un brave petit toutou...

L'envie de lui mettre son poing dans le nez était vive, mais il devait être patient. Au moins jusqu'à ce qu'il ait récupéré son argent et lavé son honneur. Sans ménagement, Rafael tira Cesare jusqu'au vaisselier qui occupait une partie du salon. Il n'y avait ni service en argent ni belles assiettes de réception dans le meuble, mais un alignement sinistre de revolvers, fusil d'assaut ou de précision, ainsi que boîtes entières de munitions diverses et variées. Mais ce n'était pas ça qu'il était venu chercher. Ce qu'il voulait, c'était ce petit écrin noir qu'il ouvrit d'une main. Il en tira une seringue pleine d'un liquide translucide, et dont il ôta le bouchon avec les dents.

- Je ne vais pas te faire un dessin, tu sais très bien ce qu'il y a là-dedans. De quoi t'empêcher de nuire et faire à nouveau de toi un humain parfaitement normale. Je les ai faites faire spécialement pour ton cas, tu ne pourras plus dire que je ne pense pas à toi... Il n'y a pas une seule particule de métal dans l'aiguille ! Alors tu peux bien t'escrimer avec tes petits pouvoirs de démon, ça ne changera rien...

Se disant, il esquissa un sourire en approchant la seringue de la gorge du jeune homme.

- Je ne le répéterai pas deux fois. Rends-moi l'argent que tu as volé, et je te laisserai te défendre minablement avec ta mutation.

C'aurait été plus simple de le vacciner immédiatement et de l'achever une fois qu'il n'aurait plus rien pour se défendre... Mais non seulement Rafael voulait son argent, mais il avait aussi horreur de la simplicité.
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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeDim 11 Oct 2015 - 22:42


salvation comes at a price. heavy lies the crown
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and with this bullet lodged in my chest, covered with your name, i will turn myself into a gun, because it’s all i have, because i’m hungry and hollow and just want something to call my own. i’ll be your slaughterhouse, your killing floor, your morgue and final resting, walking around with this bullet inside me. and it feels so natural, like the bullet was already there, like it’s been waiting inside me the whole time. w/rafael demaggio & cesare demaggio.

Elle était restée appuyée, contre le montant de la porte, soupirant de manière régulière afin de montrer son mécontentement. Aria avait toujours eu un talent hors-pair pour transmettre à tous les gens autour d’elle, chacun de ses états d’âme : elle n’avait jamais été glaciale, froide, impérieuse comme son frère ; elle avait respiré la vie, transpiré des ressentis que personne d’autre chez les siens ne pouvaient connaître. « Et combien d’temps tu comptes rester parmi les dégénérés ? » il avait laissé les mots de sa cadette planer dans l’air, le silence se fondre dans leur tête à tête : y’avait des vérités qu’il préférait ne pas infliger à sa petite sœur, des mots qu’ils feraient mieux de ne jamais échanger. Comment pourrait-il seulement supporter l’idée qu’elle le regarde avec de la haine et du dédain plein les yeux ? Ça ne leur était jamais arrivé – ça n’aurait jamais dû leur arriver. La mission de Cesare lui avait été présentée comme l’idée brillante de leurs parents, de quoi accroître encore plus l’agacement palpable de la brune : défier ses géniteurs était une habitude chez elle, un excellent moyen de se rebeller contre ce père qui ne s’occuperait pas plus d’elle, et se contenterait de courir après les nouvelles, tout droit apportées par le fils prodigue. Elle le savait. Ils le savaient. « J’en sais rien Aria. Le temps d’apprendre des trucs sur c’qu’ils prévoient. » avait-il simplement répondu, préférant largement continuer la marche mécanique de ses gestes plutôt que d’affronter le regard bleuté de sa sœur. Chaque seconde qui passait, rapprochait Cesare et Aria de la séparation – avec la promesse qu’il reviendrait bientôt. Un jour. Si seulement. Si seulement il n’était pas lui-même un dégénéré, totalement incapable de mettre ça en mot, d’accepter le courroux du Destin. L’idée que le sang de son sang puisse le détester aussi intensément. Cesare avait fui, posant une dernière main sur le visage de sa sœur ; quelques doigts courant sur sa peau, un sourire qui masquait tant de vérités qu’ils préféraient ne pas dire.

------------------------------------------------------------------------------------------------

Mais il n’était jamais revenu. Jusqu’à ce soir. La nuit fatidique où le sang allait couler ; c’était une promesse silencieuse qu’il s’était faite en l’absence assourdissante de sa sœur. Combien d’erreurs, combien de faux pas avait-il commis au nom de ce qu’ils étaient ? DeMaggio avant tout le reste. L’instinct qui l’avait poussé pendant tant de temps, hors de la vie de sa cadette : il aurait pourtant dû faire les choses différemment. Etre un frère avant tout. Embarquer Aria sous son bras et quitter la ville sans se retourner, y’a des années de cela ; voilà ce qu’il aurait dû faire. C’était trop tard maintenant, et il n’y avait que la grandeur de son échec qu’il pouvait remarquer : la mort d’Aria, le frappant comme une gifle en plein visage à chaque fois qu’il se retournait pour découvrir le néant. L’absence. Cuisante, tortionnaire avide de ses instants de faiblesse : il savait subitement, il connaissait tous les maux que sa cadette avait ressentis lorsqu’il était sorti si brusquement de sa vie, quittant le paysage quotidien de la maison familiale. Ses murs semblaient familiers, tout autant que l’ambiance qu’il sentait graviter tout autour de lui : les mois avaient couru plus vite qu’une fraction de seconde, et le fils se retrouvait au sein d’un foyer qu’il n’aurait jamais cru pouvoir affronter à nouveau. A sa sœur ardente, vengeresse, il avait refusé tout retour ici : par crainte ? Par respect immuable ? Ou parce qu’il avait simplement cultivé encore l’espoir d’en sortir ? Le Cesare né des cendres de la fête foraine ne savait plus : il comptait, comptait irrémédiablement chaque geste, chaque souffle qui le séparait de cette marche justicière qu’il avait décidé de prendre, y’a quelques jours de ça à peine. Que faire d’autre ? C’n’était pourtant pas rendre à Aria ce qu’il lui avait tant pris, tant refusé jusque-là. Aria n’pouvait plus obtenir quoique ce soit de lui aujourd’hui ; y’avait un côté dans tout ceci qui était vain, simplement vain. Et pourtant furieusement bon, au creux de ses entrailles. A fusiller du regard le père qu’il n’avait que trop longtemps évité : leur dernier tête à tête s’était joué au milieu d’une rue, la froideur d’un échange entre deux ennemis – et encore une fois, Cesare qui avait faibli parce qu’il n’avait pas assumé. N’avait pas voulu affronter. Plus maintenant, plus maintenant. Plus maintenant. C’était comme un battement de tambours, un chant de guerre qui pulsait dans ses veines à la vitesse de son palpitant brisé en mille morceaux : son père, sa mère, ils n’étaient pas des démons dont ils devaient avoir honte. Ils étaient cette maladie, cette tare profondément ancrée en lui, qu’il devait affronter, coûte que coûte – cette ombre apposée au monde, qu’il se devait lui-même de supprimer. Parce qu’ils portaient son nom, parce qu’ils avaient fait de lui ce qu’il était – parce qu’ils étaient responsables, presque autant que lui, des cadavres qu’il avait amoncelés dans son sillage. C’n’était pas pour son âme qu’il faisait ça : elle avait déjà plongé dans les abysses – dans les profondes affres du regard vide d’Aria. Tout espoir pour Cesare était mort cette nuit, sous les lumières papillonnantes de la fête foraine, au milieu des cris d’agonie des autres. Perché sur le corps sans vie de sa sœur.

Pouvait-il seulement envisager le pardon ? Plus que de l’ironie, c’est une ombre qui passa sur son visage ; peut-être bien que c’était ce qu’il avait cherché, fut un temps. Non pas de la part de ses parents. De la part d’Aria avant toutes les autres. De la part de n’importe qui : n’importe quelle âme qu’il pouvait sauver de l’emprise d’une mort certaine. Le pardon futile, l’illusion d’équilibrer la balance, en retirant des mains de la faucheuse quelques âmes perdues, à défaut d’en avoir foutu lui-même un certain nombre sur le chemin d’une lente et glorieuse agonie. « Désolé si t’estimes qu’avoir les gènes que mes parents m’ont donné est pour toi une erreur que j’aurais commise moi-même. Mais nan, j’suis pas venu chercher ton pardon. » l’ironie avait débordé tout autant que la haine dans chaque mot qu’il avait prononcé : y’avait quelque chose, dans les mots encore frais d’Isolde, qui résonnait comme une certaine vérité. Son père était taré de le considérer lui, comme un monstre : s’il était devenu ce qu’il était aujourd’hui, c’était par l’héritage de ceux qui lui avaient donné la vie. Génétique, tout autant qu’intérieur. Le génome qui faisait de lui un dégénéré dormait depuis longtemps déjà dans l’arbre familial, et c’était probablement cette vérité descendue tout droit de l’incontrôlable marche du destin qui rendait Rafael si virulent. Une vérité scientifique, si grandiose qu’il n’pouvait rien y faire ; rien si ce n’est dévisager l’ingrate progéniture qui remettait les pieds dans ce lieu maudit. Il n’en avait jamais été châtié ; Cesare était parti de lui-même, encerclé de secrets et de mensonges – juste sous le nez de ses parents, il avait été un transmutant se découvrant pendant cinq longues années. Il avait été plus malin, indéniablement. L’orgueil des DeMaggio saigné à blanc : voilà où ils s’étaient arrêtés. Voilà où ils se retrouvaient : de leur côté aussi, il y avait sans doute des paroles non-dites, des mots imprononçables. Ils avaient un long chemin à parcourir – des mois et des mois qui avaient couru à une vitesse ahurissante ; et dire qu’ils auraient pu faire bien mieux. Bien mieux que se planquer pour l’un, courir après l’ombre d’un héritage pour l’autre. Si seulement. Si seulement ils avaient fait mieux : Aria n’en aurait pas payé le prix. Il le savait maintenant. L’attaque était la meilleure défense. L’attaque ; avec des armes que son père ne maîtrisait pas : Rafael avait toujours été l’amoureux du terrain, celui qui prenait ses flingues pour aller dézinguer des dégénérés dans leur lieu de vie, les débusquant comme un gibier qu’il poursuivrait à travers une épaisse forêt emplie de vie. Pourquoi se préoccuper des détails de l’informatique ? De la finesse du numérique, quelques numéros flottant dans le néant invisibles, fuyant à toute allure sans même qu’on ne puisse les retenir. Cesare avait passé ces derniers mois à en apprendre les rudiments avec Aria ; question de principe, question de survie. Pirater certaines choses, contourner des systèmes de sécurité – la base pour deux fugitifs piégés dans la ville qui verrait leur mort arriver. Il n’avait pu en être autrement – d’une certaine manière, c’était le coup de poing invisible que la cadette des DeMaggio aurait rêvé de foutre en pleine tronche de leur paternel. L’ingrate. Mais ç’eut un effet drastique ; le frisson d’effroi qui parcourut toute la pièce, tel une électricité statique les suspendant l’un et l’autre au souffle et au moindre geste de l’ennemi. La revanche d’outre-tombe ne plaisait pas à Rafael – et balancer le téléphone à travers une fenêtre ne changerait rien. Ne changerait plus rien au petit système numérique qui avait déjà fait son œuvre, transférant des quantités d’argent non négligeables à la caisse de l’ennemi.

Une provocation. Le premier acte de guerre, si différent d’un flingue pointé droit dans la direction du membre de la famille au visage si familier. Cesare était celui qui avait pressé la détente en premier ; il avait seulement choisi d’autres armes – loin de celles qu’il avait l’habitude de porter à la ceinture, au bout de sa main. La réaction du père ne se fit pas attendre – il ressemblait à un élément chimique, paisible, qui venait d’entrer en contact avec le plus instable des éléments. Cesare n’eut aucun mouvement de recul, pas même la moindre crainte brillant au fond de ses yeux au moment où les mains du père se refermèrent autour du col de sa veste. Combien de fois lui avait-il fait pire ? Et comment pourrait-il craindre quoique ce soit, maintenant qu’il n’avait plus rien ? Aucune menace, aucun mot, aucune phrase, aucun acte ne pourrait plus jamais l’atteindre ; il le savait, le savait jusque dans les profondeurs de son âme – c’était bien pour ça qu’il était là. Qu’il se tenait droit sur ses pieds avant tant de bravoure. Pour ça qu’il ne portait aucune arme : qu’on le tue et que ce soit fini. Il aurait presque été réceptif à cette idée, la mort prochaine, le baiser que la faucheuse approchait, inévitable. Aria, Aria qu’il reverrait bien assez tôt. Aria, Aria, Aria. Le nom se répercuta, en écho langoureux dans son esprit – chargé d’une nostalgie qu’il ne se connaissait pas. La froideur qui l’avait pris de l’intérieur, et paralysé pendant tant de temps : combien de jours s’étaient écoulés depuis la fête foraine ? Il ne savait pas, il ne savait plus. Il avait stagné dans sa misère, appelant des tréfonds de son âme le nom de sa sœur. Qu’elle lui revienne, qu’il aille à elle. Peu importait. Il n’avait plus rien à perdre, non. Plus Aria. Et sans le vouloir sans doute, le père DeMaggio avait remis en marche la mécanique de l’orgueil du fils – trop tard, ils avaient déjà atteint le vaisselier si familier, d’où il tira le poison qui ne lui était que trop peu familier. Ou trop familier. L’arme des chasseurs, et pourtant, c’était presque la première fois qu’il se retrouvait à observer la chose ; le liquide transparent, la seringue. Le vaccin qui lui retirerait cette tare qu’il avait tant détestée. Y’avait eu un Cesare, un jour, au cours de l’histoire de sa vie, qui aurait embrassé volontiers le châtiment de son père. « Fais-le. » prononça-t-il, sans crainte, ni provocation, une veine saillante, palpitant au creux de son cou. Ni supplication. Juste avec la froideur du sang qui coulait sous sa peau. Le caractère puissant et glacial du métal qu’il pouvait manier à sa guise. Si près du paternel qu’il sentait son souffle, il trouva son regard – et sans doute qu’enfin dans ses prunelles à lui brillait le même éclair rageur que dans les yeux du père. Cesare resserra ses doigts autour du poignet menaçant, la rage déformant les traits de son visage : « Tu m’as déjà tout pris. » sa vie. Le fils dégagea brusquement la main menaçante du père, profitant de l’élan rageur de ses jambes pour le pousser dos contre le vaisselier, les éclats verre pleuvant sur eux. Son âme ; la seringue lâchée au sol, il envoya son poing en plein dans le visage de son père, avec l’envie de faire plus, tellement plus. Sa sœur ; dans un cri de rage, il jeta au sol la carcasse de Rafael. Avait-il oublié c’qu’il était ? Son cœur cognait avec tant de force contre ses côtes, que le sang à ses tempes le rendait sourd. Sourd à toute raison, tout ce qui l’avait tant retenu jusque-là. Il n’eut qu’à faire un geste, un seul geste du doigt pour se retrouver avec l’arme de son père dans les mains ; le bijou qui ne quittait jamais Rafael, et avait arraché tant à beaucoup de gens. Le fils dégénéré, déchu, qui serrait presque affectueusement le flingue du père. Déshonneur. « J’ai pas besoin que tu me laisses faire quoique ce soit. Plus maintenant. » il en aurait presque lâché un ricanement, si seulement. Et le silence qui s’ensuivit, fut uniquement brisé par le cliquetis du cran de sureté, Cesare inversant officiellement les rôles, pointant le canon de l’arme traitresse en direction du paternel. « Je sais que c’est ta faute. » lâcha-t-il simplement ; comme si ça suffisait à ce qu’il comprenne : « T’étais trop incapable pour nous trouver toi-même. Alors c’est qui le connard que t’as envoyé pour faire ton boulot, hein ? » il n’y avait pas eu que le hasard qui avait eu une prise mortelle sur leurs existences, à Aria et lui ; y’avait aussi eu leur propre père – et il n’pouvait pas, il n’pouvait pas croire que seul un ennemi invisible, inatteignable tel que le Destin avait pu lui arracher sa sœur.
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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeLun 19 Oct 2015 - 1:47

Good to see you, son...

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La remarque de Cesare arracha une grimace dédaigneuse à son père. Si gêne défaillant il y avait, il ne venait certainement pas de lui et de sa famille. Il appartenait à une fière lignée au sang purement humain, jusque là vierge de tout immondice mutant. S'il fallait chercher des coupables, autant regarder du côté d'Isabella. C'était elle qui était venue souiller son noble lignage, pas lui ! Lorsqu'il regardait son fils avec un dégoût évident sur le visage, ce n'était pas sa propre erreur qu'il voyait mais celle de son épouse. Parce qu'il refusait d'admettre que ses propres gênes puissent être la cause de sa pathologie. Si Cesare portait cette épée de Damoclés au dessus de la tête, s'il était destiné à l'enfer une fois sa misérable vie terminée, ça ne serait pas sa faute. En revanche, il comptait bien être celui qui le délivrerait de sa condition de mutant. Même si cela impliquait de le tuer. Après tout, il s'y était résigné depuis longtemps, seule demeurait dans son bras l'hésitation d'un père menaçant son fils d'une arme à feu.

Et il aurait pu hésiter un peu plus, se rasséréner et entamer le dialogue juste le temps de comprendre les raisons de sa venue avant de l'achever... Il aurait pu. Si Cesare n'avait pas choisi de l'humilier et de lui nuire de la pire des façons qui soit. A présent, le père tenait son fils par le col, une seringue de vaccin prête à l'emploi dans une main. Finalement, le dialogue ne viendrait pas, puisqu'ils avaient déjà sauté cette étape pour entamer les hostilités. Il allait lui planter l'aiguille salvatrice dans la jugulaire, lorsque la résignation de Cesare le frappa, le faisant hésiter un instant. Pas par remords ni culpabilité quelconque, mais bien parce que quelque chose clochait, dans cette histoire. Pourquoi se résigner à ce point ? Qu'est ce qui avait pu changer à ce point pour qu'il décide brusquement de se rendre et demande presque à son père de lui inoculer le précieux remède. Ca n'avait aucun sens... Aucune logique... Et ces quelques secondes d'hésitation anéantirent les espoirs de vaccination du père. Le regard du fils se teinta de haine et d'une rage dont il n'avait pas fait preuve depuis le début de la conversation.

Rafael fut surpris de sentir les doigts de Cesare se resserrer autour de son poignet puis, d'un geste rageur, les arracher. « Tu m'as déjà tout pris »... La phrase se répercuta en écho dans l'esprit du chasseur, sans qu'il n'en comprenne réellement le sens. Pourquoi venir lui reprocher quoi que ce soit maintenant ? Pourquoi alors qu'il avait eu maintes occasions de le faire ? Etait-il idiot, ou bien lâche ? Non... Un DeMaggio ne pouvait être un lâche. C'était impensable. Dans son élan, Cesare repoussa brutalement Rafael, qui alla percuter le vaisselier derrière eux. La vitre explosa sous l'impact, ainsi qu'une partie de la vaisselle, et le chasseur du se protéger le visage pour éviter de finir avec des morceaux de verre dans les yeux. Se retenant machinalement au meuble pour ne pas tomber, il jura en sentant un morceau de verre lui entailler la paume. Il avait déjà lâché la seringue qui était allé s'échouer un peu plus loin, et il n'avait plus son revolver sur lui. Mauvais timing, mauvaise idée. Voilà qu'il se retrouvait maîtrisé par son propre fils, quelle honte...

Bientôt, et alors qu'il tentait de reprendre le dessus tant bien que mal, Rafael se retrouva projeté au sol, l'arrière de son crâne heurtant violemment le parquet. A moitié assommé, il voyait la faible lumière de la pièce danser autour de lui, tandis que l'image floue et déformée par la rage de son fils se dessinait au dessus de lui. Il ne tarda pas à se retrouver avec un canon entre les deux yeux. Pour la deuxième fois en l'espace d'une heure. Et loin de l'effrayer, la situation le blasait plus qu'autre chose. Il se contenta de fixer Cesare avec un regard totalement neutre, comme s'ils étaient de discuter d'un sujet parfaitement banal. Seulement, le sujet en question Rafael ne le comprenait pas. De quoi parlait son fils ? Finalement, quand celui-ci eut fini de parler, un silence s'installa entre eux, seulement ponctué par les derniers bris de verre qui tombaient au sol. Finalement, c'est un rire dément qui monta de la gorge du père pour envahir la pièce. Il riait comme si la situation avait quelque chose de coquasse, comme si Cesare venait de lui raconter la meilleure blague qu'il ait jamais entendue. Or, ce genre de chose n'arriverait pas. Car Rafael avait une notion bien particulière et noire de l'humour et tout simplement parce que son fils était bien la dernière personne susceptible de lui raconter une blague.

- Je serais ravi d'éclairer ta lanterne, fils... Seulement, je ne vois pas du coup de quoi tu parles...

Avec la rapidité et la dextérité de l'ancien militaire qu'il était, Rafael empoigna un morceau d'une assiette en porcelaine qui s'était brisé quelques minutes plus tôt et le planta fermement dans l'épaule de Cesare. De son autre main, il saisit le canon de l'arme, sans quoi il se serait retrouvé avec une balle dans le crâne. Tournant suffisamment la tête, il entendit la détonation partir tandis que la balle allait se ficher dans le parquet un peu plus loin. L'explosion lui vrilla le tympan et il grimaça en entendant un sifflement aigu et désagréable. Seulement, il profita cette fois de l'effet de surprise pour retourner la situation à son avantage. Un coup de genou dans le ventre de Cesare, un coup d'épaule, et voilà que leurs positions étaient inversées. Le regard dément et écœuré du père fixait celui plein de haine du fils, tandis qu'il reprenait sur le même ton détaché.

- Tu vas me dire exactement de quoi tu parles et pourquoi tu es là... Tu n'es pas venu pour que je te vaccine, tu peux très bien le faire tout seul... Je suis prêt à endosser fièrement bien des responsabilités, mais il va falloir que tu m'éclaires...

Il récupéra alors son fidèle revolver, car même s'il savait pertinemment que l'arme serait inefficace contre son fils, il préférait la savoir entre ses mains.

- Je t'écoute... Je vilain monstre que je suis t'a encore pris un de tes jouets... Quelle pitié... Si j'ai eu le malheur de tuer un de tes amis, tu m'excuseras si je n'éprouve aucune culpabilité... Mais je ne confie jamais ce genre de travail à qui que ce soit...

S'il y avait bien une chose donc Rafael avait horreur, c'était bien de déléguer. Il aimait faire le travail lui-même et supportait difficilement l'idée d'avoir des coéquipiers. Mais plus que tout, ce qui l'énervait prodigieusement était le fait de ne pas comprendre pourquoi subitement son fils revenait pour lui faire la peau. Qu'il lui en veuille à mort, très bien. Mais encore fallait-il connaître le contexte.
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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeLun 19 Oct 2015 - 19:37


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and with this bullet lodged in my chest, covered with your name, i will turn myself into a gun, because it’s all i have, because i’m hungry and hollow and just want something to call my own. i’ll be your slaughterhouse, your killing floor, your morgue and final resting, walking around with this bullet inside me. and it feels so natural, like the bullet was already there, like it’s been waiting inside me the whole time. w/rafael demaggio & cesare demaggio.

On lui avait appris à ne pas emmener ses états d’âme sur le terrain. On lui avait appris à n’pas porter ses sentiments comme une blessure paralysante. On avait fait de lui une machine de guerre, qui avait fusillé d’un regard sombre, l’éclair de terreur dans les yeux des autres. Ses victimes, les dégénérés qu’il avait laissés derrière lui, à qui les retrouvera. Morts, exécutés par la main d’un Destin qui n’était pas aussi capricieux qu’ils le pensaient : ç’avait été, pendant un temps, sa définition de la marche du monde. Les transmutants qui se cachent, les chasseurs qui viennent leur couper l’herbe sous le pied, arracher la menace jusqu’aux racines, avant qu’elle n’empoisonne tout. Chasseurs, DeMaggio ; seul l’instinct familial avait guidé ses jours et ses nuits. Ses longues errances, loin de la maison parfois, presque des semaines entières coupé de ceux laissés derrière, le temps de faire le job bien. On lui avait appris à n’pas se laisser appesantir par le regret, à n’jamais regarder en arrière en se posant des questions par milliers. Pour beaucoup, on avait appris à Cesare DeMaggio à ne plus réfléchir, ne plus ressentir, ne plus vivre, si ce n’est pour tenir un flingue au bout de ses doigts, presser une détente, et lâcher la mort en plein sur une âme errante. Il avait été pendant longtemps un chien enragé, retenu en laisse par la volonté de fer du paternel ; un carnassier lâché à la gorge de leurs ennemis, conditionné pour n’être que monstruosité. Sang, cadavres. Une mécanique impeccable, impitoyable ; sa force avait résidé dans le fait de ne rien sentir. De n’rien laisser le stopper, de n’rien laisser l’atteindre. Aria avait été l’unique spectatrice de ses doutes, celle qui avait vu les masques tomber, là, dans le secret de leurs conversations, sous le couvert de la nuit ; quand il était enclin à la traiter comme une oreille réceptive. Aria, avait été celle qui avait retenu entre ses lèvres bon nombre des secrets du fils DeMaggio : de bien des façons, aux yeux de leur géniteur, la relation entre le frère et la sœur aurait tout eu pour être délinquante, interdite. Pernicieuse et assassine. Ils s’étaient révélés leur âme, à l’un et à l’autre ; il avait aimé Aria jusqu’à s’en consumer, jusqu’à en consumer tout c’qu’on lui avait appris, pour quelques instants futiles. Pour alimenter l’espoir de l’en sortir. Pour le combat de toute une vie, le nœud décisif de la grande boucle qu’avait été sa vie, Cesare aurait sûrement dû venir affuté comme un poignard tranchant. Sans état d’âme, aussi limpide qu’une eau claire, aussi froid qu’une épaisse couche de glace. Pourtant, les ressentiments l’épuisaient déjà, les sentiments l’étouffaient, en ces flammes ravageuses le détruisant de l’intérieur : la rage, le dédain qu’il pouvait si aisément lire dans le regard de son père, n’étaient rien comparé à ce fardeau qui crispait tous ses muscles, empoisonnait ses réflexes d’une impulsion imprudente. Ca l’tuerait, s’il continuait d’une telle façon : le chemin était tout tracé, déjà – perdre Aria venait de le lancer sur le chemin de sa fin. Quand bien même Rafael était bien incapable d’être réceptif à ce qui hurlait derrière les apparences, le fils tombait lentement en ruines, là, au beau milieu du salon familial. Ici, ou ailleurs ; dans la balance de son orgueil, Cesare avait jugé que, quitte à offrir son âme au Diable, il donnerait également celle de son père, celle de sa mère. Celle de tous les DeMaggio, les précipitant eux et leur malédiction perfide, droit dans la gueule de l’Enfer.

Ce soir, dans ce décor familier, sous le regard de l’homme qui le connaissait depuis toujours, ses ressentiments étaient une indéniable faiblesse. Ils lui collaient à la peau pourtant, dévastant ses instincts les plus basiques de chasseurs comme une tempête sans fin : il attaquait de manière si vulgaire, si imprévisible et brouillonne que ça en déstabilisait le père. Rafael lui avait inculqué la discipline des soldats, l’implacabilité d’une poigne de fer sur de misérables existences – mais tout ceci semblait lui avoir échappé désormais, comme si les enseignements du père avaient disparu avec l’immuable respect, la crainte viscérale qu’il avait toujours ressentis, à l’égard du géniteur qui lui avait tant imposé. Sa vie avait appartenu à Rafael, de A à Z ; Cesare en serait presque arrivé, à un certain point, à accepter le courroux de l’homme en face de lui, le Créateur jugeant la marionnette indigne de continuer à être. Il s’était coupé les fils lui-même pourtant : grâce à Isolde ? Grâce à la rage qui avait pulsé en lui à l’instant même où les menaces les plus basses avaient passé les lèvres de l’homme qui l’avait élevé ? A un moment, à un moment ; quelque chose avait fait que le fils était devenu ingrat jusqu’au bout. Dégénéré, défiant – déterminé. Déterminé à rendre chacun des coups sanglants qu’il s’était pris dans la gueule, à nul autre que celui qui les lui avait foutus en pleine tronche. Le tout sous les bris de verre, la danse musclée de leurs corps, les coups qui volaient, le cliquetis violent d’une arme qui impose un calme tout nouveau – la froideur du métal d’un canon de flingue, fiché entre les deux yeux du vénéré paternel. Toutes les assurances d’autrefois, toutes les valeurs passées – réduites à néant, là, dans les prunelles rageuses du fils prêt à commettre l’acte Œdipien. Et avec aussi peu d’égard que s’il s’appétait à terminer la misérable vie d’un dégénéré, dix ans plus tôt. C’était ça, la colère à l’état pur, fureur bouillante coulant dans ses veines, portée par les images, les images qui tournaient dans sa tête à l’en rendre fou. Le sourire d’Aria, rare au point d’en devenir l’exceptionnel phénomène auquel il n’assistera plus jamais. Les nuits de cauchemar, les cris de sa sœur, les supplications qu’elle adressait au néant, piégée dans les réminiscences du passé que leur père lui avait imposé. Non, lui foutre une balle entre les deux yeux serait trop rapide, une mort sans pitié, certes, mais un cadeau dénué du martyr qu’il leur avait imposé. Il méritait plus, tellement plus. (…)

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'Non, non, non.' La supplication glacée avait traversé ses lèvres, presque sans même qu’il ne s’en rende compte ; une prière, qu'On la saisisse. Ses pas, légers comme du coton, baignés dans un malaise qui lui filait déjà la nausée, l’avaient guidé jusqu’au cadavre gisant, sans même qu’il ne s’en rende compte. Cesare avait couru, malgré l’air empoisonné qui avait glissé dans ses poumons pendant toute la soirée. La force de ses instincts, la puissance de son désespoir l’avait amené jusqu’ici – encore, et encore, il avait appelé Aria pendant des heures, hurlant son nom au milieu de la foule, bousculant ces silhouettes inconnues qui n’faisaient que lui boucher le passage. Il avait cherché, cherché en vain. Les paumes moites, des douleurs lancinantes à travers tout le corps, il avait composé le numéro de téléphone de sa sœur. Une fois, dix fois. Trente fois probablement. Elle avait toujours décroché – jusqu’à ce soir-là. Jusqu’à ce que le lugubre de la vie ne trouve passage jusqu’à eux. Jusqu’à elle. Comment avait-il fait pour la trouver ? Ça n’avait pas eu d’importance. C’n’avait plus d’importance. Il était arrivé trop tard, trop tard pour elle, trop tard pour lui. Trop tard pour gagner une quelconque gloire, de l’instant où tout s’effondrait. Tremblant de la tête aux pieds, enchainé à genoux au sol, il avait secoué sa sœur, sans la moindre compassion ; dominé uniquement par la force de son tourment, la course glaciale de la détresse à travers toute ses veines. Tous ses organes, toute sa contenance. Elle était morte. Morte, déjà loin, son âme arrachée par un bourreau qui avait déjà pris la fuite, emportant avec lui les dernières minutes, les dernières heures de vie de sa sœur. Et quel tourment cela avait été ; il l’avait lu, dans les plaies qui avaient amoché la carcasse de sa cadette – le bébé, si fragile, la carmélite de porcelaine qu’il s’était toujours promis de protéger. La protéger à en crever, prêt à sacrifier sa vie en l’échange de celle d’Aria. Mais il était arrivé trop tard, il n’y avait plus eu d’échange à faire, plus de marché à commettre avec la Faucheuse – elle avait déjà commis son œuvre, et il n’était plus que paralysé par l’impuissance. Tout c’qu’il avait pu faire, c’est prendre le corps sans vie dans ses bras, le serrer, le serrer dans ces étreintes si similaires à celles qui l’avaient lentement, mais sûrement consolée lorsqu’elle se réveillait, la nuit, secouée par les tourments de sa conscience. Elle n’avait pas ouvert les yeux cette fois-ci, elle n’avait pas parlé. Elle n’lui avait pas retourné son étreinte. Elle n’avait pas bougé. Parce qu’Aria était déjà partie.

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Le retour à la réalité fut tout comme le reste de sa vie ; brusque et imparable, grivois presque, sous le ricanement gras et sarcastique du père. Allait-il continuer à nier, encore et encore ? Il eut tout juste le temps de resserrer la prise de ses doigts autour du flingue, l’irrémédiable se rapprochant de quelques secondes, avant que le coup ne parte. L’éclat de porcelaine fiché dans son épaule par la poigne brutale de son père, lui arracha un grognement de douleur, de rage mélangés. Il fut pourtant noyé par le bruit d’explosion qui s’ensuivit, les doigts de Cesare ayant, par réflexe, appuyé sur la détente de l’arme qu’il avait tenue si serrée. L’écho électrique se répercutant avec force dans l’air, le transmutant sentit tout son corps se tendre, son cœur manquer un battement et surtout, ses tympans vibrer en signe de protestation. Une fraction de seconde à peine, d’impuissance ; ça suffisait toujours aux DeMaggio pour retourner la situation – aussi, n’y avait-il aucune surprise, probablement, dans le fait que Cesare se retrouve si aisément retourné sur le dos, comme un vulgaire tas de chiffon. D’égal à égal, leur match n’aurait probablement jamais de fin, jamais de gagnant. Et ses oreilles bourdonnaient encore, son épaule le lançait toujours, lorsqu’il se retrouva à nouveau menacé par le flingue de son père ; l’arme qui n’servirait à rien, qui était surtout là pour la forme, pour l’orgueil du géniteur qui se plaisait dans ces positions de force. Question d’arrogance, d’ardeur, de calcul, ces gestes précis dont le contrôle échappait proprement à un Cesare uniquement gouverné par les hurlements de ses tripes. Oui il voulait hurler, depuis tellement longtemps retenu prisonnier entre les frontières de la réalité, de son corps, de son être tout entier. Cesare DeMaggio, fils de hunter qui n’aurait jamais le choix. Finalement, être un dégénéré était, paradoxalement, la meilleure chose qui lui soit arrivée : l’occasion de saisir au vol c’qu’on lui avait dérobé le jour même de sa naissance. Il avait fait son choix, après vingt-six ans à n’être rien. Rien. La bile rageuse au bord des lèvres, il se débattait, grossièrement, inutilement – comme un animal sauvage qui se savait déjà fermement retenu entre les dents d’un piège plus puissant que lui, mais qui ne lâcherait rien. Jamais, plus maintenant. Pas même avec ses maigres forces, son pitoyable instinct de survie, et ses espérances miséreuses qui s’envolaient à chaque seconde qui passait.

Il savait, il devait savoir. C’était impossible qu’il en soit autrement : impossible que Rafael DeMaggio ne connaisse pas le désespoir à l’état pur. Impossible qu’il n’sache plus le lire dans les prunelles des autres déjà – pire encore, dans celles de son propre fils. Impossible qu’il ne comprenne pas c’qui pouvait dicter le gamin éhonté de revenir jusque dans le cœur de la maison familiale pour défier le père. Massacrer le père. Allait-il vraiment le forcer à le dire ? En étaient-ils là ? Les mains fermement accrochées au tee-shirt du père, ses yeux noirs dévisageant le géniteur, il aurait voulu demeurer silencieux. Muet, mâchoires scellées l’une à l’autre – plutôt crever d’une balle dans la tête que de le dire, comme ça, de but en blanc. « Aria. » lâcha-t-il finalement, les apparences rageuses se fissurant rien qu’à l’évocation du nom. Il lui était impossible, là, maintenant, peu importait d’au combien il détestait l’homme en face de lui, de cracher le nom de sa sœur avec véhémence. Suspendu à des peines pires que toutes les autres, l’inaltérable amour que leurs parents n’avaient jamais pu comprendre ni combattre, Cesare avait cessé de se débattre, de lutter. De fuir, de rager. « Elle est morte. » sa voix craquela, les morceaux dispersés par le vent glacial de la vérité, la certitude glaciale. Il avait vu son corps, il avait enlacé son corps. Il s’y était accroché jusqu’à ne plus avoir d’énergie, jusqu’à ce qu’on vienne le lui prendre – une morte, parmi tant d’autres avant elles. Une énième âme sur sa conscience, parmi toutes celles qui criaient déjà leurs tourments dans ses entrailles. Et l’ironie, répugnante ironie, la pire ironie qui soit, c’était que nul autre n’était mieux placé pour le comprendre que son père. Non pas parce qu’il venait de perdre sa fille, la disgracieuse gamine qu’il avait torturée des mois durant dans la cave de cette baraque. Mais parce qu’il savait c’que ça faisait, de se tenir debout au-dessus du cadavre de celui avec qui il avait partagé du sang, une parcelle d’âme. Une part d’enfance. Il n’était plus question de violence des poings désormais, rage contre rage exprimées en échanges musclés. Cesare n’faisait plus rien, abattu sur le sol comme s’il y était paralysé, désarmé et incapable de se défendre. Non, il n’pouvait pas se défendre contre le réel, et la foule de tortures qu’il amenait avec lui. Il aurait pu, retourner la situation, utiliser sa tare pour réduire en miettes ce flingue si cher à son père. Il aurait pu lui enfoncer à lui aussi, un bris de porcelaine dans le corps – la gorge, pourquoi pas, pour l’voir se vider de son sang. Mais de tels instincts l’avaient déserté, désormais. « Tu m’feras pas croire que tu l’savais pas. » ç’aurait dû être chargé de dégoût, d’ire et d’une fureur brûlante ; c’n’était pourtant que faiblement le cas. Il n’y arrivait plus, il étouffait – il était rattrapé par le dépit, l’abattement qu’il avait voulu fuir, coûte que coûte.
Vengeance ou non. Furie ou non. Il n’voulait pas rendre les armes, et affronter ce fait inchangeable ; il avait déjà perdu, quoiqu’il fasse.


Dernière édition par Cesare DeMaggio le Mer 28 Oct 2015 - 22:08, édité 2 fois
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Rafael DeMaggio
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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeMer 28 Oct 2015 - 11:09

Good to see you, son...

Rafael DeMaggio & Cesare DeMaggio
Le rejet, la haine, l'envie de lacérer ce visage qui lui ressemblait tant... Etait-ce là tout ce dont Rafael DeMaggio était capable ? Il avait chassé la bonté et l'affection de son cœur depuis bien trop longtemps déjà... Et à bien y réfléchir, avait-il seulement été un jour capable de voir en son fils autre chose qu'une potentielle arme à utiliser contre les dégénérés ? La réponse était aussi cruelle qu'évidente. Le sentimentalisme n'avait jamais eu sa place au sein de cette ancienne famille de chasseurs. Être un bon élément se traduisait par une inhumanité totale, un rejet total de la pitié et, par là, une absence de réflexion. Se comporter comme un robot, formaté pour la traque et le meurtre, c'était ce qu'on lui avait appris, et ce qu'il avait tenté d'enseigner à son fils.

Sans sa répugnante dépendance à sa sœur, peut-être ne serait-il jamais devenu ce parasite qui le regardait avec tant de haine. Peut-être serait-il devenu cette arme que le père avait passé tant d'années à façonner et aiguiser. Comment admettre qu'en cherchant à le faire entrer dans un moule trop petit pour lui, il n'avait fait que détruire une part de son esprit ? Aux yeux de Rafael, Aria et le sentimentalisme écœurant de Cesare étaient les uniques responsables de toute cette mascarade. Et c'était pourtant ce qui rendait son fils humain et faisait de lui une pathétique créature trouvant le réconfort dans les viscères de ses victimes. Alors qu'est ce qui retenait sa main, à présent ? Qu'est ce qui l'empêchait de tirer, sinon l'immonde mutation de son rejeton ? Certainement une quelconque connerie comme l'amour paternel. Qu'on lui sorte cet argument, et il aurait rit de tant d'ironie. Non, c'était plutôt la perspective de détruire toutes ces années de travail, d'acharnement, tout ce temps passé à faire de Cesare un chasseur d'exception. C'était l'idée même d'avoir gâché tant d'énergie qui l'empêchait à présent de faire ce qui devait être fait.

Et les quelques mots du fils jadis adoré, aujourd'hui haït achevèrent sa volonté. Le père baissa son arme, lentement, ses yeux noirs plongés dans deux, si semblables, du fils. Il n'y avait ni pathos, ni rage d'aucune sorte dans ses mots. Rien que la froide et implacable vérité, et une voix qui semblait se fissurer à l'évocation d'un souvenir trop douloureux. Rafael aurait pu se moquer totalement de cela, voire même se réjouir. Aria était de son propre sang et pourtant, il n'avait jamais plus d'affection que cela pour ce petit bout de femme trop faible, trop susceptible de détourner Cesare de sa mission... Elle n'avait été qu'un parasite qu'il avait vite appris à mépriser, qu'il n'avait jamais ménagé, et qui n'avait trouvé grâce à ses yeux que le jour où elle avait été en mesure de se battre correctement. Elle était morte, c'était fini. Probablement abattue par d'autres chasseurs.

Rafael n'eut pas souffrir toutes ces étapes incommodantes liées à l'acception d'un décès. Le dénis, la tristesse, la colère... Rien de tout cela. Juste la compréhension. Il fuyait depuis trop longtemps sa nature de père pour ressentir un quelconque pincement au cœur. Et lui-même s'en surprenait, car la seule chose qui l'animait à présent, c'était l'agacement de n'avoir pu être son meurtrier. De n'avoir pu faire son travail, d'avoir laissé sa propre erreur parcourir Radcliff impunément. Aurait-il du s'en vouloir, d'avoir si peu d'intérêt pour une vie humaine ? Qui plus est celle de son propre enfant ? Probablement, mais culpabilité et Rafael DeMaggio allaient rarement de paire.

Alors effectivement, il n'y avait que la compréhension. Il savait ce que traversait Cesare, et ne pouvait que compatir à son chagrin, sans pour autant le partager. Il avait vu son père et son propre frère mourir de la plus horrible des manières, dévorés vivants par un dégénéré à l'esprit détraqué. Comment aurait-il pu oublier cette image ? Le monstre penché sur l'abdomen béant de son père, tandis que son frère agonisait à ses côtés, le visage marqué par les morsures ? Cet événement le hantait, chaque fois qu'il fermait les yeux, il revoyait l'animosité dans le regard du mutant, la peur dans celui de son frère, l'impuissance, aussi... Il s'entendait à nouveau vider le chargeur de son revolver dans le crâne de la créature. Alors il comprenait. On se sentait coupable, on regrettait d'être arrivé trop tard, de n'avoir pu rien faire, on se retrouvait à fermer les yeux de l'être aimé pour ne pas avoir à supporter son regard vide. On se sentait terriblement con, aussi. La volonté se fracturant, on imaginait son agonie, on retournait cette putain d'ironie du sort des jours durant... On ne résignait jamais, on ne pardonnait jamais. On se jurait alors de tout faire pour que ce genre de tragédie ne se produise plus jamais. Rafael l'avait fait de la plus radicale des manière : Il avait mis toute sa volonté une service d'une cause qu'il pensait juste et louable, avait piétiné ses idées de paix, de trêve... Et cela faisait presque trente ans qu'il menait une guerre qui lui semblait interminable.

Lui et Cesare étaient finalement bien plus semblables qu'ils ne l'auraient imaginé. Seule la nature du meurtrier les opposait. Si Rafael ne pouvait qu'en vouloir à la race mutante toute entière, Cesare poursuivait certainement déjà le chasseur qui avait tué sa sœur. Et contrairement à ce qu'il pensait, son père ignorait totalement de qui il s'agissait. Après qu'un long silence se fut installé entre eux, marqué seulement par le mugissement du vent au dehors, Rafael se releva.

- Debout..., lâcha-t-il sèchement, sans même tendre une main à Cesare pour l'aider à se relever.

Quand bien même l'aurait-il fait, il se serait pris un poing dans la figure, au mieux. Tel un ours en cage, Rafael arpentait la pièce en réfléchissant. Il s'arrêta brusquement et se tourna vers son fils.

- Que tu le crois ou non, je n'était pas au courant. Il se passe trop de choses dans cette ville pour que je me préoccupe des petits problèmes de chacun. Qu'est ce que tu veux que je te dise ? Que je suis désolé ? Tu sais très bien que je ne le suis pas...

Il n'y avait plus de moquerie dans sa voix, juste une froideur qui allait de paire avec ses mots. Il n'était pas désolé, jouer les hypocrites n'aurait rien changé. Il était simplement pris au dépourvu. Qui donc avait pris la liberté d'abattre sa fille, son sang ? Rafael se sentait floué, trahis, d'une certaine manière. Il avait été incapable de retrouver la jeune fille, qui donc s'était permis de le faire à sa place ? Il éprouvait à présent le même besoin de son fils de retrouver le meurtrier d'Aria... Mais certainement pas pour les mêmes raisons.

- Tu t'attends à ce que je te dise qui l'a tuée, que je te le serve sur un plateau ? Navré de te décevoir, Cesare. A moins que tu ne sois là pour que je t'aide à la rejoindre ?

Il ne l'aurait pas fait de gaieté de cœur. Le fils pouvait encore lui servir... Après tout, pourquoi ne pas utiliser sa résignation et le besoin de vengeance qui n'allait certainement pas tarder à guider chacune de ses actions ? Ils voulaient la même chose : Savoir qui avait tué Aria. Et Rafael voulait à tout prix reprendre un semblant de contrôle sur Cesare, sans quoi il serait forcé de le tuer. Pourquoi ne pas allier les deux ? Rafael avait suffisamment de contacts à la mairie, en ville et auprès de nombreux hunters pour faciliter la tâche de son fils. Et ce dernier avait probablement de précieuses informations sur la résistance mutante à lui fournir. Après tout, si Rafael estimait nombre de hunters en ville... Un de moins ne l'empêcherait pas de dormir. Si la mort d'un des siens pouvait lui permettre de reprendre le contrôle de sa précieuse marionnette, il était prêt à faire ce sacrifice.

- Si c'est un coupable que tu cherches, il n'est pas ici. Je n'ai pas tué ta sœur et je ne sais pas qui l'a fait. En revanche, je crois que toi et moi aimerions bien le savoir. J'ai bien plus de contacts parmi les chasseurs que toi, et je n'ai pas à déplorer ce... Handicap que tu traînes comme un boulet. Si tu es venu pleurer dans mes bras, j'ai mieux à te proposer.

Le chantage, les marchés douteux, il en usait depuis des années. Cesare savait comment ça marchait, il ne tomberait pas si facilement dans le panneau. L'ennui, c'est que son père avait certainement bien plus de renseignements utiles à lui donner que de moyens de lui nuire. Pour le moment, en tout cas.

- Je peux t'aider à découvrir qui à tué ta sœur. A moins que tu ne préfères qu'on en finisse maintenant ?

Des options, il en avait... Et il ne perdait pas de vue son arme favorite. Sa plus jolie, sa plus terrible arme : Rayen.
crackle bones
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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeMer 28 Oct 2015 - 23:25


salvation comes at a price. heavy lies the crown
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and with this bullet lodged in my chest, covered with your name, i will turn myself into a gun, because it’s all i have, because i’m hungry and hollow and just want something to call my own. i’ll be your slaughterhouse, your killing floor, your morgue and final resting, walking around with this bullet inside me. and it feels so natural, like the bullet was already there, like it’s been waiting inside me the whole time. w/rafael demaggio & cesare demaggio.

DeMaggio, leur sang, leurs croyances, le lien invisible qui les avait connectés dès leur premier souffle dans cette vie. Fut un temps, où cette valeur avait eu plus d’importance que toutes les autres. Pour Cesare lui-même, pour le patriarche aux attentes excessives – pour chacun d’entre eux, tous ceux qui portaient ce nom avec une pointe de fierté. Il aurait volontiers pu croire que ç’avait été un autre fils DeMaggio qui avait pensé ainsi, un autre Cesare à des milliers de kilomètres de celui qu’il était devenu, dans ses mois d’errance. C’n’était pas le cas pourtant : les racines empoisonnées de son être tout entier, étaient bel et bien celles-ci, celles qu’il pouvait presque lire derrière la haine et l’horreur imprimées sur les iris de son patriarche. Il y avait eu un temps, où il se serait damné, et aurait damné toutes les âmes qui lui seraient passées sous la main, pour arracher un sourire ou un éclair fier sur le visage de l’homme qui l’avait élevé. Sa dévotion aux siens n’avait jamais eu de limite, n’avait jamais failli – et le frère ainé n’avait eu de cesse de penser son lien avec sa cadette comme l’une des choses les plus importantes à son appartenance. Ce n’était pas faute d’avoir su saisir, lire les rancunes et les rancœurs nées entre Aria et leur père, au fil des années ; Cesare s’était toujours retrouvé au milieu de ces histoires-là, cible centrale des attentes du Roi couronné de la famille – proie de l’admiration jalouse de celle qui souffrait d’un grandiose manque d’attention. Les Princesses n’avaient jamais été perçues comme de furieuses guerrières, des âmes à même de supporter sur leurs épaules l’empire de la famille ; et Aria avait été la personnification de tout cela, cette déception que Rafael n’avait jamais pu complètement effacer, née le jour même où la fille disgracieuse avait vu le jour. Elle avait pourtant tout donné, elle avait tout tenté, et s’était jetée dans la cause de leur famille avec bien plus d’ardeur et de bonne volonté que son frère ; mais à chaque fois que Cesare prouvait sa supériorité sur Aria, la flamme des croyances du paternel à l’égard du petit parasite de fille dont il avait hérité, s’était peu à peu éteinte. Combien d’animosité, de haine recelée, Aria avait-elle conservé en elle pendant tout le parcours de sa vie ? Maintes fois, le jeune homme avait tenté de palier à l’absence de leur père, l’indifférence de celui-ci à l’égard d’Aria – et finalement, il en était arrivé à lui aussi, envier l’autre parti, celle qui jouissait de libertés auxquelles il n’avait jamais goûté. N’en avait jamais eu l’envie, la volonté alors même qu’on lui avait répété que toute présence extérieure, tout élément étranger pouvait aisément être un danger : un dégénéré, ou quelqu’un qui trahirait le secret de leur lignage, et mettrait leurs ambitions toutes entières en péril. Dans le parcours chaotique de ses années, y’avait eu Skylar. Et y’avait eu Aria. C’était là le maigre tribut que le destin lui avait offert en récompense à des années de servitude pour une cause qui se délitait peu à peu dans son esprit. Il avait perdu Skylar. Et il venait de perdre Aria. L’ironie résonnait, telle un écho perfide à travers chaque virage de sa vie ; c’en était presque désolant, l’évidence d’un coup du sort qui avait déjà décidé qu’il était voué à être seul.

Seul comme son propre paternel, le reflet même de l’homme qui l’avait éduqué, élevé, entrainé et affuté plus qu’autre chose. Père et fils, suspendus au même fil de destinée – leurs schémas de vie avaient été voués à se répéter de manière quasi-identique : si Cesare ne s’était pas avéré être un dégénéré, sûrement qu’il aurait épousé plus vertement encore la cause de sa famille, maintenant qu’il avait vu les cadavres s’amonceler sous les bombes des transmutants. Aurait-il été à l’image de son géniteur, un bon parti qu’on aurait accouplé avec une fille de bonne famille de chasseurs ? Le Pedigree des DeMaggio était à son sommet, incontesté et incontestable : c’était bien pour cela, que Rafael et Isabella avaient tant à perdre, dans le fait que les mutations répugnantes qui habitaient leurs enfants viennent à se savoir. Cesare n’avait jamais douté, dès le moment où il avait revu les yeux emplis de haine de ses parents, que l’importance du secret dépassait pourtant la rage qu’ils ressentaient à leur égard – ça n’se savait pas, pas encore complètement, dans toutes les strates du monde des chasseurs, que Cesare et sa sœur Aria avaient été infectés par le mal qu’ils avaient tant cherché à combattre. Quel déshonneur ce serait, si la nouvelle venait à se répandre comme une trainée de poudre : pendant bien longtemps, la sécurité de sa sœur avait dépendu de ce secret, et Cesare avait fait son possible pour accepter celui qu’il était devenu, sans mettre en péril l’accord tacite mis en place avec leurs géniteurs. Leurs affaires familiales auraient dû se régler en famille avant tout ; loin des œillades publiques, des jugements officiels et des lynchages devant tout le monde. Mais désormais, même pour ça, c’était trop tard. Etait-ce ce savoir-là, désormais inévitable et immuable, qui eut le plus grand effet sur Rafael ? Contre toute attente – contrairement à ce qu’il aurait voulu saisir – Cesare vit dans les prunelles de son père, une certaine surprise perfide répondre à la sentence qu’il avait eu tant de difficulté à lâcher. Sa sœur était morte – Aria la disgrâce n’était plus ; ce qui devait être un soulagement pour le patriarche, était l’allumette qui avait enflammé l’être tout entier du fils revanchard. Et il n’lâcherait pas, il n’lâcherait pas avant d’avoir tout consumé sur son passage. La domination du père, le canon de son arme braqué contre le front du gamin qu’il avait vu naître – n’aurait été que temporaire, un énième rebondissement dans leur face à face ; si les choses avaient poursuivi leurs cours d’une quelconque manière. Mais plutôt que de rétorquer, plutôt que de relancer la machine de leur animosité, Rafael se releva, abandonnant au sol un Cesare plus dérouté que soulagé. Il n’s’était pas pointé jusque dans la maison familial pour tomber si facilement face aux attaques de l’homme qu’il était venu chercher, quand bien même il le menaçait de toutes les manières possibles et imaginables : le transmutant qu’il était en aurait eu encore sous le pied pour mettre à mal celui qui se vouait tant à ruiner son existence tout entière. L’ordre du patriarche DeMaggio claqua dans l’air avec ces saveurs d’autrefois, et si la perplexité n’avait pas été le sentiment dominant ses entrailles sous le silence de son père, Cesare lui aurait volontiers rétorqué d’aller se faire foutre. Pourtant, il y avait désormais quelque chose qui clochait, des deux côtés de l’équation : de toutes les réactions qu’il s’était imaginé arracher à son père avec une telle révélation, le fils n’avait pas préparé la moindre réponse à celle-ci. Il s’était bien plus facilement vu briser la mâchoire de son bourreau d’un furieux coup de poing, plutôt que se mettre à parlementer, face à face. Comme autrefois.

L’autrefois vers lequel il n’avait aucune volonté de retourner. Aucune ? Il pouvait appréhender la chose comme il voulait, dévisager l’homme en face de lui avec toute la haine qui brûlait ses sens ; Rafael DeMaggio avait des ressources que son fils n’avait plus désormais. Plus maintenant qu’il n’était qu’un Prince châtié et déshonoré. Le frère sans sœur, le dos au mur, dépossédé par tout ce qui lui avait donné une raison d’être, une raison de s’battre et d’en avoir la volonté. Qu’avait-il encore à perdre ? S’il n’y avait eu que ça, il aurait volontiers vendu son âme toute entière à son père, avec même la promesse qu’il le laisserait l’abattre comme un vulgaire animal si c’était tout c’qu’il fallait, pour retrouver le tueur d’Aria. Mais… Mais. C’n’étaient pas les mots savamment choisis par son interlocuteur, presque moqueurs à l’excès, qui réveillèrent sa haine pure et dure – presque, pourtant. « Pourquoi est-c’que ça t’intéresse ? » lâcha-t-il finalement, bien ingrat dans sa réponse à une proposition qu’il n’avait même pas espérée : au pire, il avait imaginé son père avoir infligé ses derniers supplices à Aria. Au mieux, il l’avait dessiné dans sa tête en train de ricaner avec l’auteur des faits, sur le travail bien accompli. D’où sortait cette quête de justice pour la fille envers laquelle il n’avait pas eu le moindre égard jusque-là, pendant les vingt-et-une années qui avaient composé sa vie ? Le prenait-il pour un idiot ? Quelqu’un qui pouvait si aisément oublier chacun des maux qu’Aria lui avait confiés ? La souffrance que leur géniteur ne lui avait que trop longtemps infligée ? Non… rien qu’pour ça, rien qu’pour ça il n’pouvait pas. La perplexité avait duré le temps qu’elle avait duré ; et la rage retrouva son chemin habituel jusqu’au cœur meurtris du fils DeMaggio : il n’y avait plus rien que les membres de cette famille pouvaient se vouer désormais, plus rien d’autre que la haine pure et dure qui les avait déchirés. « Qu’est-c’qu’y a, hein ? T’es jaloux que quelqu’un d’autre l’ait fait à ta place ? Ou alors p’tèt que t’aurais préféré la laisser moisir dans la cave pendant des mois encore, avant de l’achever. » et oh oui, dans le champ de bataille de leur relation si fusionnelle autrefois, il n’y avait plus le moindre chemin pour la confiance – l’accord temporaire de deux entités si opposées, luttant pour une même cause. Non, pas pour Aria ; même pas pour elle, parce que c’n’était certainement pas ce qu’elle aurait voulu. Pas c’qu’elle méritait ; il était prêt à faire n’importe quoi, n’importe quoi sauf piétiner la mémoire de sa sœur, effacer d’un revers de main les cauchemars qui l’avaient hantée, et les martyrs que leur propre père lui avait infligés. Il n’pouvait pas ; plus que tout le reste, ce serait tourner le dos définitivement à ce qui lui restait de sa cadette. L’inébranlable amour qu’il lui avait voué dans chaque minute de sa vie. Il n’savait pas qui avait tué sa sœur, et sans l’aide salvatrice de son père, il allongeait considérablement le temps qu’il mettrait à remonter la trace de l’assassin sans visage ; mais c’était toujours mieux que d’abdiquer. Peu importait si c’était un transmutant ou un chasseur qu’il cherchait – il le ferait sans son père, dusse lui prendre des décennies entières pour arracher la vengeance qui le consumait déjà de l’intérieur. « T’oublies que j’t’ai déjà vu faire, que j’connais bien ta façon d’faire quand tu fais un marché avec quelqu’un. Pendant des mois tu t’es foutu d’ma gueule parce que t’étais même pas capable d’faire les choses toi-même. » toute cette période pendant laquelle le fils menteur était devenu celui qui déshonorait, manquait cruellement à ses devoirs de frère ; celui qui croyait avoir berné ses géniteurs en falsifiant ses résultats au dépistage. La réalité avait été toute autre, et Aria en avait payé le prix ; livrée, seule entre les mains de leurs parents – et eux qui n’avaient rien trouvé de mieux à faire qu’alourdir encore leur agonie. « J’m’en fous si t’es encore en train d’me mentir. Ou si tu dis la vérité – même si t’as vraiment envie de retrouver qui a fait ça, juste parce que ça t’semble important pour une quelconque raison. » il lâcha un ricanement amer à cette idée, incapable d’imaginer pourquoi Rafael serait consumé par le même désir de justice qui l’habitait à l’heure actuelle. « J’vais trouver la vérité moi-même. J’ai pas besoin de toi, ou d’tes contacts : et c’est pas comme si t’avais quoique ce soit à m’proposer là maintenant pour m’faire croire que ça en vaut la peine. » hormis des promesses qu’il n’tiendrait pas ; parce qu’ils se haïssaient, que Cesare était de ces dégénérés qu’il détestait tant, et qu’il le poignarderait dans le dos, irrémédiablement. C’était c’que faisaient les gens de la même nature que son père en face de lui ; de ces êtres qu’il n’avait que trop souvent côtoyés dans sa vie. La seule chose qui avait été réelle, dans la vie de Cesare DeMaggio, chasseur voué à sa famille, ç’avait été sa sœur ; sans elle, il n’y avait plus que le mensonge. Et ce n’serait pas un homme comme celui en face de lui, qui le réconcilierait avec la moindre espérance, la moindre confiance à l’égard de ceux qu’il n’avait que trop longtemps associés à son sang, sa vie, sa substance. Sa famille.
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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeLun 2 Nov 2015 - 14:55

Good to see you, son...

Rafael DeMaggio & Cesare DeMaggio
Pourquoi est ce que ça l'intéressait à ce point de savoir qui avait tué Aria ? Rafael leva les yeux au ciel en soupirant. Petit ingrat... C'était un marché en or, que lui proposait le chasseur, un appui plus que nécessaire pour trouver le meurtrier de sa sœur. Mais Cesare s'obstinait à cracher son venin comme une ridicule petite vipère à peine sortie de l'oeuf, que son père aurait volontiers écrasée sous le talon de ses chaussures... Mais pas maintenant. Pas encore. Il pouvait lui être utile, Ô combien utile ! Rafael savait à quel point cela pouvait coûter à son fils de courber l'échine en acceptant son aide. Et s'il y parvenait, il ne se délecterait que davantage de cette nouvelle influence sur le dégénéré. Seulement pour ça, il fallait encore le convaincre.

Bien sûr que Rafael et lui ne poursuivaient pas le même but. L'un criait vengeance et en appelait au meurtre, l'autre voulait simplement... Comprendre. Savoir. S'assurer que le sang DeMaggio n'avait pas été versé par un incapable ou un novice. S'il avait toujours méprisé Aria, sa propre existence avait moins de valeur que celle du nom qu'elle portait. Il espérait qu'au moins dans la mort, elle avait su se montrer digne de son patronyme. Et étrangement, il en doutait. Mais plus que tout, le père voulait savoir qui lui avait volé son plus précieux atout face à Cesare, la petite friandise qu'il lui agitait sous le nez en guise de récompense pour s'assurer que celui-ci exécutait bien ses ordres. Désormais, il n'aurait plus cette influence sur lui, et c'était bien ce qui l'ennuyait. La seule chose sur laquelle il pouvait encore jouer, c'était cette haine viscérale que Cesare semblait vouer au meurtrier de sa sœur. Et à son père, par la même occasion, ce qui le fit ricaner.

- Oh arrête, tu vas finir par me faire pleurer... Qu'est ce que tu es venu faire ici, Cesare ? Me mettre le meurtre de ta dégénérée de sœur sur le dos ? Ou inconsciemment chercher mon aide ?

Si Cesare connaissait son père par cœur, la réciproque se valait également. Jamais son fils n'aurait pris le risque de venir sans une idée derrière la tête. Et maintenant qu'il avait la certitude que Rafael n'était pas le meurtrier de sa sœur, pourquoi ne pas chercher à fuir ou le mettre à terre ? L'un comme l'autre attendaient quelque chose, et Rafael entendait bien mener la danse. A aucun moment il ne devait laisser à Cesare l'occasion de reprendre le dessus ou de se croire maître de leur potentiel marché. Tranquillement, trop même, il alla ramasser les restes de la seringue qu'il avait tenté d'utiliser contre son fils. L'aiguille s'était brisée dans la chute, mais la petite fiole était toujours intacte. Il la porta au niveau de ses yeux, observant l'aspect trouble du liquide.

- C'est justement parce que tu m'as déjà vu faire que tu sauras prendre la bonne décision... Je te rappelle d'ailleurs que tu t'es foutu de moi aussi, alors nous sommes quittes... D'ailleurs, comment va ta petite protégée... ?

Coulant un regard de prédateur en direction de son fils, Rafael rangea les restes du vaccin dans sa poche et alla s'asseoir nonchalamment dans un fauteuil, fixant toujours Cesare. Il connaissait ses manières de procéder, il savait bien que n'importe quel marché conclut avec son père était risqué. Mais avait-il seulement le choix ? Plus amusé que perturbé, Rafael attendit patiemment que Cesare ait fini de cracher son venin, ricanant silencieusement.

- Que voilà de bien belles intentions... Tu es juste venu me dire que tu te débrouillais très bien sans moi ? Bravo, j'applaudis, dit-il en joignant le geste à la parole. Seulement... Je ne dirais pas que tu n'as pas le choix, simplement qu'il n'y en a qu'un de bon. Tu peux continuer à mener ta petit vendetta dans ton coin si tu veux. Après tout, si l'idée de continuer à chercher le meurtrier de ta sœur pendant cinquante ans t'amuse, c'est ton problème. Mais tu sais aussi bien que moi que l'affaire pourrait être réglée bien plus vite.

Rafael se redressa, joignant les doigts sous son menton avec un air de conspirateur. Le moindre mot de travers pouvait faire tomber ce fragile château de carte qu'il tentait de reconstruire après toutes ces années. Il n'avait pas droit à l'erreur, certainement pas. Le gamin était futé, il ne l'avait pas formé pour rien.

- Je ne cherche pas à venger ta sœur. Je me fiche totalement qu'elle soit six pieds sous terre ou en train d'essayer de survivre lamentablement. Tu vois ? Je deviens honnête, j'ai retenu la leçon... Mais tu comprendras sûrement que je ne suis pas le genre d'homme a accepter que qui que ce soit abatte un membre de notre famille impunément.

Il marqua un temps de pause, cherchant les failles, les détails... Quoi que ce soit qui pourrait lui permettre de mettre définitivement la main sur cette arme qu'il avait jadis tant chéri.

- Je te propose la chose suivante : Je t'aide à trouver qui a fait ça, tu me laisses l'interroger... Et ensuite je vous laisse régler vos comptes. Ça te va ? Je me fous totalement qu'un autre chasseur se fasse descendre, après tout.

Ce qui était on ne peut plus vrai. Rafael aurait poignardé le premier hunter venu si ça avait pu lui permettre d'abattre un mutant. Fixant toujours son fils, il attendait une réaction, favorable, de préférence.

- Ce serait dommage que je trouve le meurtrier d'Aria avant toi, n'est-ce-pas ? Et qu'il ait un coup d'avance sur toi... Ce serait déloyal..., ironisa-t-il enfin.

crackle bones
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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeMar 3 Nov 2015 - 20:37


salvation comes at a price. heavy lies the crown
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and with this bullet lodged in my chest, covered with your name, i will turn myself into a gun, because it’s all i have, because i’m hungry and hollow and just want something to call my own. i’ll be your slaughterhouse, your killing floor, your morgue and final resting, walking around with this bullet inside me. and it feels so natural, like the bullet was already there, like it’s been waiting inside me the whole time. w/rafael demaggio & cesare demaggio.

Caresse servile tout le long de son dos – le long de son âme, la colère était une fidèle alliée. Un spectre fiché dans ses chairs, duquel il avait toujours été habité ; quelque part, humain, le feu de sa hargne attisé par un patriarche qui l’avait utilisée, s’en était sustenté inlassablement. Pour vingt-six longues années, on avait choisi pour Cesare ce qu’il devait détester, ce qu’il devait accomplir, ce à quoi il devait aspirer. Isolde avait eu raison, jusqu’à un certain point ; le fils DeMaggio n’avait, pendant longtemps, pas été le maître de sa propre destinée. L’évidence lui avait semblé plus cruelle que jamais, lorsqu’il avait confronté ses points de vue à ceux que la transmutante lui lâchait, lors de leurs moments de confidence. C’était, au final, la seule chose vraie qu’il y avait eu entre eux : au milieu des mensonges du jeune homme en mission, des illusions qu’ils s’étaient constitués ensemble dans leur tête ; l’âme d’une vérité plus lumineuse que toutes les autres auparavant, avait été ce qui avait, d’instinct, éveillé le cœur glacé du chasseur. Il avait franchi avec elle, ce pas inédit qu’il avait cru lui être inaccessible, pour toujours – le Cesare qui ne s’était cru que maudit, DeMaggio jusque dans les fondements de son âme, avait tâté du bout des doigts d’autres chemins. Ses chemins, ceux qu’il aurait volontiers choisis, si on lui en avait laissé la possibilité – vingt-cinq ans plus tôt, lorsqu’il prenait son premier souffle de vie. Ou même y’a quelques mois à peine, plutôt que de tout détruire. Et Rafael avait passé un quart de siècle à apprécier chaque contour et chaque limite du pouvoir qu’il avait eu sur son fils : définitivement, la chute avait dû être grandiose tout autant que déplaisante. Les conséquences des actes inconsidérés du fils ingrat n’avaient pas tardé à tomber ; sur Aria, plus vivement que sur le traitre lui-même : ça ressemblait typiquement à ce que faisaient les monstres dans les histoires sempiternelles pour détruire les ambitions du héros. Mais Cesare n’était pas un héros, il n’avait jamais prétendu en être un : n’était-il encore que l’esclave de son père ? L’asservi au sang qui était le sien, dominé par l’appel de la mort qui avait imbibé son âme toute entière ? Il y avait une détermination farouche qui pulsait dans ses veines à la vitesse de l’éclair, l’élan de la rébellion qui dictait sûrement sa venue jusqu’ici. Ou peut-être plus un besoin de s’assurer qu’il était toujours là, survivant malgré le champ de ruines qu’était devenu toute sa vie : au moment de sombrer plus profondément que jamais, n’était-il voué qu’à redevenir le bon soldat de son père, ou pouvait-il trouver un quelconque moyen de continuer ? Cette réponse fluctuait au rythme des états d’âme qui traversaient l’être tout entier du transmutant ; il n’savait pas, n’savait plus, tant ses assurances lui échappaient comme l’air entre ses doigts. Croire avoir l’contrôle sur sa vie lui semblait bien souvent n’être qu’une illusion ; une volition tenace à laquelle il voulait se vouer plus que tout au monde. Qu’est ce qui pouvait le retenir maintenant ? C’n’était pas comme si son père allait pouvoir sortir Aria d’un coin de la pièce pour le menacer à nouveau, le soumettre à ses petites exigences perfides à nouveau. Cette nuit pourtant, à l’entrepôt, Rafael et Isabella n’avaient sûrement fait que rappeler au fils parjure, ses promesses d’autrefois.

Quoiqu’ils aient fait, peu importait le chemin parcouru et les meurtrissures laissées dans leur sillage, tous deux restaient les parents ; ceux qui avaient vu les progénitures grandir, s’émanciper. Être dans toute leur splendeur. Et Rafael le lui rappela d’une bien cruelle façon, l’ironie glissant sur sa langue comme le venin meurtrier d’un serpent dangereux. Tout DeMaggio qu’ils étaient, les deux protagonistes de cette farce avaient bien souvent appris à utiliser les faiblesses de leurs adversaires comme des épées tranchantes, justicières, à leur façon ; tout ceci n’en était que plus vrai désormais que père et fils se dévisageaient avec la haine de deux prédateurs ennemis, jetés à la gorge l’un de l’autre. Voués à se haïr, à se détruire, et chaque élément de leur passé constituant une énième corde à leur arc ; ils en avaient, des morceaux dévastés de passé en commun – de ces états d’âme recelés que l’un et l’autre pouvaient avidement lire dans les prunelles de son vis-à-vis. Etait-il venu s’échouer, comme le digne fils qu’il était, prêt à se livrer corps et âme à la volonté du père dans l’espoir d’une quelconque aide ? Quand bien même il s’opposait farouchement à ce principe, en apparences, les sarcasmes du chasseur trouvèrent un écho désagréable dans les tripes du jeune homme. Ses poings se serrèrent imperceptiblement, la frontière tranchante de ses ongles s’enfonçant rageusement dans la chair de ses paumes. Ce retour aux sources n’était pas aussi vivifiant qu’il ne l’aurait imaginé – maintes fois pourtant, Cesare s’était vu si aisément achever ses deux parents, sans faillir, sans s’faire trahir par le moindre sursaut d’humanité. Parricide, matricide ; peu importaient les horreurs qu’il devait affronter désormais, dans ses cauchemars, ses rêveries, la construction de ses plans revanchards, le fils tant adulé à une époque, s’était révélé être le bourreau idéal. Si seulement. Tout ceci semblait n’être que le credo tout entier de son être, la réponse idéale à toutes les tâches qu’il manquait à accomplir avec une quelconque dignité ; si seulement il avait été différent. Plus brave, pour arracher sa sœur d’entre les mains ensanglantés de leurs parents, chassant Aria de cette vie à laquelle elle avait tant aspiré – l’idiote, si occupée à vouloir satisfaire des êtres qui ne ressentiraient jamais rien d’autre que du dédain à son égard. Tous ces maux que sa sœur avait dû subir, des décennies durant : tout ça pour ça, tout ça pour ça. Pour être appelée une dégénérée, considérée comme une erreur pour l’éternité désormais ; et leur père, respirant toujours l’air, avalant des bouffées d’existence pour lâcher sa haine, ces mots traites jusqu’au visage de celui qui était venu réclamer justice. Ou revanche ; depuis longtemps, les concepts de bien et mal étaient floués pour le fils DeMaggio. Qu’il en soit ainsi, et advienne que pourra. C’n’était pas comme s’ils pouvaient jouer à armes égales d’une quelconque manière, si Cesare était venu habillé tout entier de ses ressentiments les plus vifs ; Rafael revêtait si aisément le visage du monstre, l’attitude d’une créature qui n’avait rien d’humain. Bien moins que tous ceux dont ils avaient amoncelé les cadavres, père et fils ensemble, lancés dans des chasses qu’il avait tant crues destinées à sauver le monde. Sauver le monde ; sauver Isolde. L’ombre qui glissa sur son faciès au moment où son géniteur évoqua la blonde, n’eut rien de semblable probablement, à tous les démons qui avaient débordé de lui jusqu’alors. Lui revenait la discussion qu’il avait eue avec Skylar à ce sujet ; il ne manquait qu’un faux pas, pour que son père tombe sur Isolde, et découvre la vérité que le fils ne prononcerait jamais. Jamais, parce qu’il avait un minimum d’instinct, et qu’il valait mieux ne pas imaginer ce que quelqu’un comme Rafael DeMaggio ferait du savoir que son sang perpétué dans une nouvelle lignée était destiné à vivre, quelque part. Hors de portée. Hors de portée tant que Cesare vivrait, survivrait avec la présence glaciale de ses convictions fichées dans son âme.

N’y avait-il qu’un bon choix à faire dans tout cela ? Est-c’que tout n’était que désolation et chaos à ce point ? Le fils n’voulait pas y croire, pas au moment de rageusement dévisager son père ; celui-là même qui reprenait trop aisément le contrôle de la situation. Face à lui, le pathétique adversaire qui demeurait silencieux face à chacune de ses attaques. Le pitoyable frère incapable de venger sa sœur sans avoir à ployer l’échine face à l’influence perfide de ses parents – de leur père. Cesare, condamné à être enchainé aux siens, quoiqu’il fasse, quoiqu’il arrive ; enchainé à un patriarche qui n’avait aucun respect pour lui, pour Aria, pour ce lien immuable qui aurait dû les connecter pour le restant de leurs jours. Si seulement. Oui, si seulement, le premier d’une longue chaine d’entre eux – si seulement ils n’avaient pas été des DeMaggio, si seulement Rafael n’avait pas été Rafael. Et dire que la faute lui retombait sur les épaules – à lui, le frère qui se lynchait jour et nuit pour avoir failli, alors même que leur père les observait avec tant de dédain. C’n’était donc ça, qu’une histoire de fierté, de curiosité maladive ; la répétition incessante de l’égo des DeMaggio, de l’héritage familial et de toutes ces conneries. Là, dans c’décor, ses yeux noirs fichés dans ceux si familiers de son père, Cesare revoyait chaque élément de sa vie défiler sur le voile de ses paupières – tout ça, vain. Vain ; parce qu’il n’avait pas bougé d’un pouce, toujours asservi aux mots qui s’arrachaient d’entre la bouche de son père, à devoir refouler sa rage, à devoir ravaler l'aigreur qu’il ressentait en l’entendant prononcer de telles paroles. Sur Aria, toujours sur Aria, imperceptiblement à jamais un élément de chantage, un point sensible sur lequel le père jouait – jouait jusqu’à en faire monter une bile acide au bord des lèvres du jeune homme. Déloyal c’était l’mot : tout était déloyal entre eux, ils n’avaient jamais été une famille, jamais été père et fils. Rafael était le déloyal des deux, Rafael était celui qui les avait détruits de part en part, de A à Z, depuis le commencement de tout. Rafael était celui qui avait pris Aria comme un jouet amusant, le baladant d’un coin à l’autre des affres de l’Enfer, de ces actes les plus innommables et monstrueux à l’achèvement pur et dur de tout c’qu’y lui restait. Hier ç’avait été Aria, et demain ce serait qui ? Ce serait quoi ?! Isolde, leur fille, sa vengeance ? Acculé ; consommé sous les moqueries du patriarche, consumé par la fureur, Cesare n’avait qu’à peine senti l’électricité glaciale qui vint tendre l’entièreté de son corps, arrachant à ses chairs, ses muscles crispés des supplications qui ne faiblissaient guère à mesure que les minutes s’allongeaient. « Non. » lâcha-t-il finalement entre ses mâchoires scellées, les mots bourdonnant avec la même intensité que le sang qui battait à ses tempes, le torrent qui éloignait toute clairvoyance de l’esprit du jeune homme – si aisément attisé, persécuté. Il y avait toujours eu un Diable en les entrailles du fils né avec tant d’innocence, vingt-six ans plus tôt ; ce monstre qui avait commis toutes les atrocités possibles et imaginables sans sourciller, la créature alimentée par le paternel, qui aujourd’hui s’émancipait plus loin encore que tout ça. Plus loin que les frontières d’une simili-humanité qui n’en valait plus la peine. « Non. Non. Non ! » beugla-t-il presque comme un dément, comme s’il s’agissait de la rébellion qu’il avait refoulée encore et encore en lui ; la frontière inébranlable qui n’aurait jamais dû faiblir – jamais, tout simplement parce qu’elle aurait protégé tant de vies, aurait préservé Cesare de commettre tant d’actes qu’il regrettait amèrement aujourd’hui.

Ce soir, ici, sous l’œillade impérieuse du paternel, sa rage était sienne, motivée uniquement par le feu qui le consumait lui, et non pas l’homme qui avait dicté chacune de ses volontés dans sa progéniture comme s’il s’agissait simplement d’un bon soldat. Et elle dépassait de loin tout ce qu’il avait toujours pu ressentir ; c’était un incendie sans cesse renouvelé, qui réduisait en miettes tout c’qui survivait, autour de lui. Et il semblait se matérialiser là, juste là, en plein cœur de la demeure sacrée ; sous les pieds de Cesare, tout le sol sembla trembler, les murs de la maison frissonner – chaque fondation métallique, chaque élément de tuyauterie répondant à la vague de protestation qui émanait du monstre qu’il était devenu. Dégénéré, incontestablement - mais plus loin encore que ça. Il lui aurait été difficile d’imaginer, pendant un temps de sa vie qu’il puisse détester quelqu’un plus vivement encore que les transmutants – cette chose qu’il était lui-même devenu. Les circonstances lui avaient prouvé tort, et il était maintenant seul, tout juste bon à récolter les morceaux. S’il fallait que ce soit le cas, alors il s’assurerait d’en déguster chaque miette, chaque cendre ; porteur de chaos jusqu’au bout. Il lui suffit à nouveau d’un geste, pour que le métal glacial réponde à son appel – son père avait toujours été infiniment fier de son appartenance à l’armée, conservant les plaques de son régiment accrochées à son cou comme un ornement à même de prouver sa valeur. Sa soi-disant supériorité ; qu’il en soit ainsi, gronda la furie fichée si profondément en lui. Les muscles de son bras vibrant sous un effort imperceptible, Cesare n’obéissait plus qu’à une froide détermination, la volonté d’accrocher coûte que coûte l’attention de son paternel. Quoi de mieux que de le faire par la douleur, pure et dure, insaisissable et impossible à stopper – une leçon que son géniteur lui-même lui avait apprise. Quel audacieux pouvoir avait-il là, de transformer les trophées soigneusement conservés par son père, en d’incandescentes brûlures à travers toute sa peu, là, presque au creux de sa gorge : rendues armes dangereuses sous l’influence du fils, les fines plaques de métal mangèrent peu à peu la peau, les chairs du si fier soldat – s’il le voulait, rien que par la force de sa volonté, la marche impétueuse de son esprit, il pourrait finir par les enfoncer jusque dans son cœur, ou les faire glisser tout le long de son tronc pour l’éventrer, ou lui trancher la gorge pour en finir vite – si vite. Trop vite. Force contre force, détermination surnaturelle contre la faiblesse du corps humain dans toute sa splendeur, Cesare se nourrissait avidement de chaque sensation qu’il tirait de cet instant. Ces imprenables secondes de pouvoir, qui s’allongeaient, s’étendaient ; son palpitant, lui, était déjà parti dans une valse toute nouvelle, la rancoeur renouvelée par cet instant pur et dur. Le seul qui parvenait à l’atteindre à nouveau. « J’pourrais te tuer maintenant, et personne n’en aurait rien à foutre. » grogna-t-il entre ses dents, chaque implacable détermination guidée par les fibres de son corps tout entier ; de la tête aux pieds, Cesare sentait émaner ce grandiose pouvoir qu’il avait toujours craint. Contrairement aux apparences, le DeMaggio ne s’était jamais donné la peine d’acquérir un certain contrôle de sa dégénérescence, s’acclimatant à celle-ci dans la limite du possible pour se sauver la vie ; mais maintenant qu’il la sentait couler avec force dans toutes ses veines, il se rendait compte de l’ampleur de la chose. L’ampleur de la monstruosité. Et toutes les idées qui se faisaient un chemin jusqu’à son esprit étaient si tentantes ; entre ses doigts, les insignifiantes plaques honorifiques de son père devenaient semblables à de fines lames de poignard qui s’enfonçaient, patientes et affamées, chaque fois un peu plus juste sous la peau du chasseur – plus loin, plus loin, tranchant chair et muscles, pour des secondes papillonnant, pulsant en lui avec la force d’une éternité toute entière. « Alors tu f’rais certainement mieux d’la fermer- » l’air brûlant dans sa gorge, le fils n’en avait cure pour l’heure, de verser le sang du paternel juste d’un claquement de doigt comme ça, résonnant sèchement dans l’air – un énième mouvement de doigt, un saut de détermination et tout pouvait être fini – si seulement.

Sous la poigne invisible de la tare du fils, le métal assassin semblait probablement peser une tonne, une prescience invisible qui clouait Rafael sur son vulgaire fauteuil ; ce qu’il aurait volontiers imaginé comme le trône de la victoire. Ce que Cesare pouvait aisément transformer en lieu où il pousserait son dernier soupir. « J’vais trouver qui a fait ça, tout seul – et j’l’interrogerai, et j’le tuerai. J’m’en fous si ça doit m’prendre cinquante ans, si j’dois y passer ma vie ou si j’dois crever dans l’procédé. » un énième mouvement du doigt et il captura le regard de son père dans une nouvelle morsure glaciale dans sa chair, sanglante. Sanglant lui-même, jusqu’au bout de ses mains moites, dévorées par la folie. « Et si tu t’mets sur ma route, j’te jure que j’te tuerai une bonne fois pour toutes. A la loyale. » souligna-t-il, un sourcil s’arquant sur son visage lugubre, déformé par la rage. Ou peut-être devrait-il le faire maintenant, histoire d’être débarrassé ; la conviction passa ses lèvres dans un frisson « J’suis sûr qu’tu t’étais dit que ce s’rait plus facile de s’occuper d’Aria en premier, hein ? Qu’c’était plus simple de l’utiliser comme tu l’as toujours fait. » les ténèbres le rattrapant, gagnant tout son esprit en plus que son visage, ses prunelles braves accrochées à celles de son père. « J’suppose que t’avais tort, t’aurais dû en finir avec moi d’abord. » contre toute attente, il en vint même à lâcher un ricanement à cette idée. « Faut croire que t’as plus rien pour m’tenir en laisse maintenant. » plus rien pour sauver sa peau, plus rien pour s’en servir de bouclier et protéger sa misérable existence. Elle revint à nouveau, la conviction désireuse d’en finir – Cesare sembla noyé par celle-ci, comme pris dans un torrent de doutes à nouveau. Il était venu pour en finir, après tout. Il avait égaré ses pas jusqu’ici avec cette idée en tête. Le visage d’Aria accroché à son cœur, les mots de Skylar virevoltant dans son esprit. Et Isolde, quelque part ; le devoir immuable de la protéger. Elle, maintenant que c’était tout ce qui lui restait. Aux abysses noirs et torturés de son regard, se mêla l’éclat de quelques larmes aux abords de ses paupières, traitresses échouées apportées par tous les fantômes qui emplissaient son âme toute entière ; ou résultat criant de la frénésie convulsive de chacun de ses muscles, Cesare lui-même ne savait pas, et quand bien même il était le premier spectateur de ces démons se battant avec rage en lui, Rafael n’avait sûrement aucun moyen d’interpréter tout cela non plus. Aussi vivement que cela avait commencé, tout s’envola ; la prescience électrique de l’air glissant dans le néant, le transmutant lâchant sa prise meurtrière et invisible sur tout ce qui l’entourait – des douleurs toutes nouvelles dans le corps, l’impression nauséeuse au bord des lèvres. Aurait-il seulement pu aller plus loin ? Il y avait toujours eu cette chose – cette loyauté, cet honneur bien loin de toute notion de respect ou d’amour, qui avait empêché Cesare d’embrasser pleinement ce démon. Le masque du transmutant qui haïssait tout autour de lui, au point d’en arriver à renoncer à tout, à toute ultime lueur, allant jusqu’à tuer son père, laissant son cadavre derrière comme si de rien n’était. « J’étais pas v’nu pour t’annoncer la mort d’Aria. Ni pour te d’mander ton aide. » l’évidence sous-entendue. « Au moins tu peux plus la toucher. Mais j’sais c’que tu lui as fait. C’que vous lui avez fait pendant des mois. Elle voulait v’nir en finir avec toi. Avec vous deux. » ajouta-t-il, sourire torve accroché aux lèvres. « J’ai toujours pensé qu’on valait mieux qu’vous. Mais j’détruirai cette famille jusqu’au bout rien qu’pour vous l’faire payer. » peu importait qui avait tué Aria, si Rafael avait lui-même infligé le coup de couteau mortel, s’il avait guidé les choses depuis l’ombre. Cesare avait manqué à bien des devoirs vis-à-vis de sa cadette ; il n’avait que trop failli. « Qu’est-c’que t’en dis, tu crois qu’Lancaster sera content d’apprendre que tu files ton fric à Sheldon Smith ? » incendié, aveuglé par cette colère presque délicieuse et enivrante, qui lui donnait plus d’assurance que jamais, le DeMaggio se révélait être le digne héritier de son père, de tous les instincts sadiques qu’il lui avait enseignés. Dommage pour eux, ils étaient désormais dans deux camps diamétralement opposés, voués à se détruire l’un l’autre.
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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeJeu 5 Nov 2015 - 0:39

Good to see you, son...

Rafael DeMaggio & Cesare DeMaggio
Le dégoût se peignait sur le traits de Rafael en une fresque hideuse et repoussante. Chaque fois qu'il jetait un regard à celui qui lui faisait face, son fils, la chair de sa chair, il ne pouvait s'empêcher de voir la monstruosité qu'il était. Ce n'était pas le visage d'un homme de vingt six ans qu'il voyait, mais celui d'une bête difforme, d'une créature répugnante capable de faire plier le métal à sa volonté. Sa personne entière allait à l'encontre de la nature ou d'un quelconque pouvoir divin s'il existait encore. C'était son devoir d'homme, de chasseur, de père que de rayer cet immondice de la surface du globe. Et pourtant il restait là. Assit dans son fauteuil, lui proposant un marché aussi déloyal que grotesque. Il aurait du le tuer, ne pas lui laisser l'occasion d'ouvrir la bouche pour lui cracher un venin auquel il était depuis longtemps immunisé. Mais il avait aussi besoin de lui. Ou plutôt, ils avaient, malheureusement, mutuellement besoin de l'autre. Rafael comptait reprendre le contrôle sur le fils en disgrâce pour abattre toujours plus de mutants, et il savait que Cesare ne pouvait cracher sur l'aide que lui-même pouvait lui apporter. Il n'aurait reculé devant rien, pas même le meurtre d'un autre hunter. Il s'en foutait royalement, même. Tout ce qui comptait, c'était l'éradication de cette espèce impure gangrenant l'humanité, l'origine de ses convictions, la seule chose dont il soit véritablement persuadé, au fond de lui.

Il en était même tellement sûr qu'il n'imaginait pas Cesare refuser son marché. Il l'avait élevé comme un chasseur, lui avait appris à haïr viscéralement les mutants... Il ne pouvait que l'approuver, quelque part. Il ne pouvait pas refuser, ne pouvait pas... « Non. ». La négation tomba comme un couperet, arrachant un frisson à Rafael. Il en écarquilla les yeux d'étonnement, peinant à savoir si son fils se moquait encore de lui ou s'il refusait sincèrement son offre. Et lorsqu'il comprit qu'il était on ne peut plus sérieux, Rafael fronça les sourcils et pinça les lèvres. Il n'aimait pas que Cesare lui refuse quoi que ce soit. Il avait pris l'habitude qu'il exécute ses ordres sans broncher, comme un brave petit soldat dénué de réflexion. Il lui avait tant lavé le cerveau pendant son enfance que le résultat aurait pu s'apparenter à une lobotomie si le gamin n'avait pas eu un éclair de lucidité au contact d'autres dégénérés. Instinctivement, le chasseur se tendit, comme si son corps percevait avant son esprit que quelque chose allait se produire.

Et il ne fut pas déçu. Comme pour appuyer son refus, Cesare se mit à hurler, arrachant une grimace à son père qui l'aurait volontiers fait taire en l'étranglant. Ou mieux : en lui arrachant les cordes vocales. Il l'avait déjà fait, après tout... Plusieurs années auparavant, avec une immonde générée capable de charmer ses semblables avec les mots. Une véritable vipère qu'il avait privé de sa monstruosité avant de l'achever. Il aurait pu refaire la même chose avec le monstre qui lui faisait face à présent. Il l'aurait fait... Si les fondations de la maison ne s'étaient pas mises à trembler. Se redressant sur son séant avec rapidité étonnante, Rafael porta la main à sa ceinture par réflexe, avant de se souvenir que quoi qu'il fasse, son fils dévierait ses balles. Tout autour d'eux, chaque objet métallique grinçait, gémissait sous la pression qu'infligeait l'immonde mutation de Cesare.

C'est alors qu'il les sentit. Ses précieuses plaques militaires, qu'il gardait pendues autour de son cou comme un trophée dont il était si fier, de simples petits bouts de métal qui avaient plus de valeur à ses yeux que le gamin qui les manipulait à présent à sa guise. Il sentit brusquement le métal chauffer jusqu'à lui brûler la peau, sentant la chair de son cou se consumer lentement tandis qu'il retenait à grand peine un hurlement de douleur. Peu importait la souffrance, il se refusait le droit de l'exprimer face à son fils. Il n'avait pas le droit de se montrer faible ni d'admettre qu'il était à sa merci. Au lieu de cela, il gardait les dents serrées, le poing serré autour de la chaîne autour de son cou. La paume de sa main subissait à présent le même sort, il l'a sentait brûler, mais ce n'était rien en comparaison des brûlures que provoquaient les petites plaques. Lui qui se pavanait comme un coq avec ses titres, il pourrait se vanter de les avoir tatoué sur le corps, désormais.

Et ce n'était pas fini. Loin de là. Il aurait voulu répliquer, hurler à son tour, déchaîner sa haine sur le monstre qui le clouait à son fauteuil, mais il était forcé de serrer les mâchoires pour ne pas laisser la moindre expression de souffrance le trahir. Il ne pouvait que tente de retirer le métal qui fusionnait avec sa peau, un regard hargneux planté dans celui du fils tant méprisé. Il n'attendait qu'une chose : Le bon moment pour répliquer et frapper à son tour. Il n'avait pas besoin d'une quelconque mutation pour laisser sa haine s'exprimer. Ses poings suffiraient. Mais cette fois, il ne pu retenir ce grognement de douleur lorsque les petites plaques commencèrent à percer la chair de sa gorge, se frayant un chemin entre les clavicules à vif. Avec une lenteur insupportable, Cesare était en train de le tuer. Et il n'aurait eu aucun mal à le faire. Il lui suffisait de continuer à enfoncer lentement, sadiquement ces reliquats d'un passé militaire vieux de trente ans. Quelle ironie... Le fils achevant son père avec ce qui le rendait si fier... Incapable de faire le moindre geste, Rafael avait l'impression qu'un poids de plusieurs tonnes s'était écrasé sur sa poitrine, lui coupant la respiration et malmenant son cœur. Le sang ruisselait sous son t-shirt, tâchant le tissu, et la chair brûlée dégageait une odeur infecte. Et puis, au prix d'un effort douloureux, Rafael esquissa un sourire moqueur. Cette rage incontrôlée, c'était celle d'un homme qui n'a plus rien à perdre, qui ne contrôle plus ses sentiments et qui se laisse engloutir par sa haine et sa tristesse. C'était probablement ce qui perdrait Cesare. Il se noierait dans la fange de sa propre colère et finirait par se faire tuer par un chasseur, à défaut de simplement se laisser dépérir. Et malgré la torture qu'il faisait subir à son père, celui-ci ne pouvait s'empêcher de ricaner. Parce qu'il trouvait cette colère d'enfant gâté déplacée, qu'il trouvait Cesare pathétique à perdre ainsi ses moyens tout ça pour... Pour une dégénérée ! Qu'elle ait été sa sœur n'y changeait rien, c'était une faiblesse, un fruit pourrit qu'il aurait du arracher à l'arbre bien plus tôt.

- On dit toujours que c'est mal de séparer frères et sœurs... J'aurais voulu vous abattre en même temps, ça m'aurait évité ce genre d'emmerdes..., grogna-t-il, du sang coulant sous son menton.

Sa voix s'était muée en un murmure sur la fin de sa phrase, tant le poids écrasant du métal en fusion sur sa poitrine l'empêchait de respirer. Cesare ne tiendrait pas éternellement... Tout ce que son père attendait, c'était un moment de déconcentration, une faille, pour attaquer. Mais il était patient, malgré la douleur, et il se contentait d'écouter ce que le fils détesté avait à lui dire. Des reproches, toujours plus de reproches... De l'ingratitude, surtout ! Un irrespect total pour celui qui lui avait appris tout ce qu'il savait, qui avait voulu faire de lui un plus grand chasseur qu'il ne le serait jamais... Qui avait trahit sa famille de la plus détestable manière qui soit.

- C'est bon, tu en as fini avec tes petits reproches ? Le caprice est terminé, ou tu comptes encore m'assommer longtemps avec tes jérémiades ?

S'il se foutait royalement de la mort d'Aria ? Pas totalement. Disons plutôt qu'il s'y intéressait seulement dans la mesure où il ignorait qui l'avait tuée. Tout le reste, tout ce qui était l'ordre du sentimental, d'un soit disant lien paternel qui aurait du les unir... Tout ça le faisait bien rire.
Et alors qu'il sentait la pression se faire moindre sur sa cage thoracique, Cesare retourna le couteau dans la plaie, se plaisant à imaginer son père trahissant Lancaster pour verser de grosses sommes au leader d'Uprising. C'en était trop. Trop de railleries, trop d'impertinence pour cet homme intransigeant. Lorsque enfin il se sentit pleinement maître de ses mouvements, il saisit Cesare au col, l'envoyant brutalement au sol. Son crâne percuta le parquet, ce qui n'arrêta nullement Rafael. En proie à un accès de rage pure, il abattit son poing sur le visage de son propre enfant, le rouant de coup pour tenter d'apaiser un peu sa colère. Mais rien n'y faisait. A chaque coup qu'il portait, sa frénésie ne faisait que croître. Il frappait, défigurant ce visage dans l'espoir que jamais plus il ne lui ressemblerait. Et lorsque finalement il se releva, se forçant à ne pas le tuer, il lui asséna un coup de pied dans les côtes. Rageusement, Rafael essuya le sang qui coulait sur ses lèvres et s'affaira à retirer les plaques de métal profondément incrustées dans sa chair. Rien à faire, l'une d'elles était tellement enfoncée qu'il lui faudrait un scalpel pour la retirer.

Sans douceur aucune, il s'agenouilla et attrapa son fils par le col pour le forcer à le regarder. Son visage n'était plus que haine et colère, une volonté meurtrière incrustée sur ses traits comme l'étaient ses médailles pendues à son cou.

- La seule et unique raison pour laquelle je ne te tue pas, Cesare, c'est parce que ce serait trop facile... Ce serait t'offrir ce que tu cherches, au fond de toi. Je veux que tu comprennes ce que c'est que de perdre un frère, une sœur, et de vivre avec le poids de la culpabilité sur les épaules... Même si tu retrouves son meurtrier, tu ne vivras jamais en paix. Son visage te hantera parce que tu n'as pas su la protéger ni la sauver...

Avec une expression écœurante de satisfaction, Rafael lâcha Cesare pour aller se rasseoir dans son fauteuil. La colère et l'adrénaline l'aidait à oublier la douleur lancinante de ses brûlures, mais il ne pouvait l'ignorer complètement. Le petit con ne l'avait décidément pas loupé...

- Et quand tu auras fini de te lamenter sur ton sort, que tu te seras lassé de courir après un fantôme... Tu reviendras me supplier de t'achever. Ce n'est qu'une question de temps...

En réalité, la raison pour laquelle Rafael n'avait pas encore tué Cesare était plus complexe. Il avait besoin de lui, et s'il ne pouvait obtenir ce qu'il voulait en concluant un marché ou par la force, il lui restait toujours sa botte secrète, son plan B, son plus terrible atout. Il avait toujours Rayen. Sa chère nièce, qui avait une si bonne influence sur Cesare... Elle saurait probablement mieux que quiconque comment le manipuler et le mener par le bout du nez, et il s'assurerait qu'elle lui rapporte tous dans les moindres détails.

- Tu tiens à ce point à détruire cette famille ? Dans ce cas qu'attends-tu pour te faire sauter la cervelle, dis-moi ? C'est tout de même ironique tu ne trouves pas ?

Il se releva alors, tournant autour de Cesare comme un prédateur qui aurait flairé une proie. Toujours aussi rageusement, il lui asséna un nouveau coup de pied dans les côtes. Il trouvait ce nouveau petit jeu particulièrement amusant, d'autant que cette fois, Cesare ne pouvait pas le priver de son arme. Seulement, il restait un problème à régler. Cette histoire d'argent, son argent, versé sur le compte de Sheldon Smith. Alors il retourna s'asseoir, se pencha vers le mutant et repris.

- Maintenant, revenons en aux choses sérieuses. Je n'ai pas grand chose à craindre de Lancaster. A ton avis, qui de toi ou de moi va-t-il croire, dans cette histoire ? Ce n'est certes pas une flèche, mais il n'est pas complètement idiot non plus... Seulement, j'aimerais autant éviter d'en arriver là... Alors tu vas gentiment me dire comment récupérer mon argent. Et tout de suite...
crackle bones
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeVen 6 Nov 2015 - 23:36


salvation comes at a price. heavy lies the crown
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and with this bullet lodged in my chest, covered with your name, i will turn myself into a gun, because it’s all i have, because i’m hungry and hollow and just want something to call my own. i’ll be your slaughterhouse, your killing floor, your morgue and final resting, walking around with this bullet inside me. and it feels so natural, like the bullet was already there, like it’s been waiting inside me the whole time. w/rafael demaggio & cesare demaggio.

Combien d’temps lui avait-il fallu, pour qu’il s’habitue au sang, son odeur, l’arôme disgracieux qu’il dégageait abondamment, sa couleur vermeil, son toucher poisseux et chaud tout à la fois ? Il y avait été confronté bien trop jeune probablement ; et depuis longtemps déjà, le fils DeMaggio, en digne petit soldat qu’il était, ne s’offusquait plus de voir des quantités carmin glisser d’entre des plaies mortelles. Le liquide vital n’était devenu, pour lui, qu’une arme de plus ; énième corde à son arc pour rendre ses menaces plus tangibles, sa présence plus oppressante et étouffante que jamais. Là, même face à son père, arrachant d’entre les entrailles du patriarche le sel de la vie, chaque goutte imbibant le tee-shirt qu’il portait, trahissant une certaine suprématie. C’n’était pas pour ça qu’il était venu pourtant, pas pour prouver cette supériorité grandiose et indéniable qu’il ressentait palpiter dans ses chairs à la vitesse de son cœur désormais ; pas pour user de ces stratagèmes pour faire peur à son père – il lui était probablement impossible d’éveiller toute crainte dans les yeux de l’homme en face de lui. Lui voler son argent, utiliser ces plaques métalliques qui le rendaient si fier pour l’attaquer de front, faire gronder sous ses pieds cette baraque qui affichait tout autant le malheur que la richesse, c’était là les seules armes dont disposait le fils. Le reste n’avait jamais eu la moindre importance pour Rafael DeMaggio – comme pour tous les DeMaggio avant lui ; l’inlassable cercle vicieux dans lequel ils étaient pris – et que Cesare lui-même répétait déjà, sans le vouloir, sans l’savoir sûrement. En le craignant tout autant, pourtant. Jamais il n’avait attardé plus de quelques secondes volatiles, ses œillades noires remplies de cauchemar sur le ventre proéminent d’Isolde : comme s’il s’en foutait. Comme s’il regrettait. Surtout, comme s’il avait peur de contaminer la chose à l’intérieur des entrailles de la jeune femme en y attardant trop longtemps son attention. Cet enfant n’pouvait pas être un DeMaggio, n’devait pas en être un : pas dans le monde actuel du moins, et c’n’était sûrement pas le Prince déchu qu’il était, qui serait en mesure de laver le patronyme qu’il portait, de tout le déshonneur qu’il avait amené sur le monde. La tristesse, le chaos et la désolation ; le fils était tout autant synonyme de ces ressentiments assassins que le père. Lui qui avait été un si bon soldat, si prompt à s’attirer des graines de fierté de la part de l’homme suprême de la famille. Pendant tant de temps. Le retour à la réalité brute, la déception coulant sous leurs chairs avec autant d’intensité pour l’un comme pour l’autre, il n’y avait plus que la haine pure et dure, la colère assommante, qui se communiquait dans le moindre des instants où leurs iris se cherchaient, se provoquaient, s’accrochaient pour ne jamais plus se perdre. Qu’ils crèvent yeux dans les yeux, dans un duel silencieux à celui qui pousserait en dernier le soupir ultime qui les mènerait dans les bras de la Faucheuse. Etait-ce avec cette conviction quasi-suicidaire que Cesare s’était pointé en ce lieu maudit, ce soir ? Peut-être. Peut-être pas. C’qu’il savait vertement, au moment de dévisager chaque trait tassé du faciès de marbre de son père, c’était qu’il n’craignait nullement les répercutions quelles qu’elles soient. Parce que Rafael avait perdu la face au moment où il avait perdu Aria dans son jeu de cartes, l’instant décisif où il avait envoyé un autre taré à la gorge de la sœur tant aimée, sans en saisir toutes les conséquences. Cesare n’avait plus peur de mourir, plus d’quoi vouloir s’attarder en ce bas-monde désastreux : et au moment de faire le tournant fatidique vers ce qui aurait dû être sa dernière nuit, sa seule conviction, son seul désir était d’emmener ses géniteurs avec lui. Tous les DeMaggio, précipités dans les abysses, voués à danser ensemble dans les profondeurs de l’Enfer qu’ils méritaient tant.

Et pour ça, il était prêt à flirter avec ces démons indécents et impossibles à maîtriser, ces monstres profondément ancrés en lui, nés le jour même où son père avait décidé qu’il était assez vieux pour commencer son entrainement – dignement. Baigné dans les horreurs de A à Z, le commencement cruel d’un chemin tortueux qui ne trouvait aucune fin : dès l’instant où on l’avait lancé sur cette route, le fils DeMaggio avait été destiné à être un chasseur pour le reste de son existence. Un mélange si savamment pesé qu’il s’en était retrouvé à profondément détester la trahison qui était venue s’apposer à sa vie – sa dégénérescence qui aurait dû tout remettre à zéro, tout compliquer, tout rendre plus difficile. Ca n’avait pourtant pas été ça, pas l’instant décisif où tout s’était brisé en mille morceaux, le voile des illusions grandioses des DeMaggio se déchirant en lambeaux incandescents. Le feu, la rage, l’incendie incessant d’une détermination farouche ; tout ce qu’on lui avait inculqué, s’était retourné contre sa famille aussi efficacement que ça s’était retourné contre lui, à un détour de sa vie, cinq ans plus tôt. Y’avait eu un temps, pour son père, pour la fierté de celui-ci, l’écho de celle-ci filtrant dans ses veines au rythme de son palpitant vaillant, où il aurait tué tout le monde, tous ces transmutants qu’il avait côtoyés lors de sa mission. Il l’aurait fait, sans un clignement d’œil, sans une ombre autre qu’éphémère, glissant sur le masque d’acier de son visage. Quelle ironie, la simplicité d’un pas de travers : Cesare avait marché sur un papillon, quelque part dans une partie du monde – et il récoltait ce soir les résultats du tsunami qui était venu s’écraser sur les rivages désespérés de son existence errante. Il avait tout pour ressembler à ces naufragés à l’aura emplie de désolation, la détresse transpirant par chaque pore de sa peau – des cibles si évidentes, cris d’agonie lancés en plein à l’attention du père qui le connaissait si bien. La tentation avait été trop grande ; père et fils usant des faiblesses de l’un et de l’autre – pour le père, c’était tout c’qu’y était matériel, tout c’qu’y n’avait que cette valeur éphémère, mais n’blessait sûrement rien d’autre que l’égo. C’n’était pas étonnant, somme toute, que Rafael ne puisse pas saisir ce que ça faisait, de sentir son être fondre en ruines à cause de quelqu’un, et non pas d’une hargne éveillée par l’arrogance. Sans Aria, sans sa sœur pour illuminer les tréfonds de son âme noircie par l’héritage de son sang, Cesare ressemblerait probablement à s’y méprendre à son paternel – tant physiquement que mentalement. Ils avaient si souvent été, pu être, semblé pareils sous tous points, le fils DeMaggio calquant ses attitudes, ses ambitions, ses désirs sur ceux qui habitaient si volontiers l’âme de son père. L’âme – curieusement, il n’eut nullement l’impression d’en ressentir une se débattre, palpiter sous ses doigts au moment de resserrer la prise invisible de son pouvoir autour des bijoux honorifiques de son père. Le soldat si fier, si haineux, détruit et dévasté par tout ce qu’il détestait le plus au monde : son fils, ce traitre, ce dégénéré, cette déception ambulante qui ne faisait que rapporter la honte sur le nom qu’il portait. Ca ne serait que justice, qu’une symbolique grandiose pour répondre à l’océan tourmenté qu’on avait déversé sur lui. Qu’il avait déversé sur lui, le père. Qu’elle avait déversé sur lui, la mère. Où était-elle d’ailleurs ? Oh, dans son orgueil grondant comme un torrent dans son être, Cesare aurait tout donné, aurait vendu son âme (ou ce qu’il en restait) pour savoir sa génitrice dans le coin, pouvoir lui apposer le même coup de poing du destin revenant brusquement leur arracher justice. On dit toujours qu’il n’faut pas séparer les frères et les sœurs – aux lèvres du frère sans sœur, s’étira un sourire aussi lugubre que sardonique, soulignant la profondeur de l’erreur du père. Il aurait dû faire ça, en effet, faire d’une pierre deux coups et assener la force de sa haine sur Cesare tout autant – n’importe quel destin possible et imaginable ne pouvait être pire que celui qu’il connaissait à l’heure actuelle. Même la mort, la mort qu’il pouvait si aisément offrir à son père, presque généreusement, ressemblait à un voyage paisible en comparaison de c’qu’il connaissait. La recherchait-il alors tant que ça ? Celle-ci semblait être cette âme-sœur qui le fuyait comme une étoile filante, un météore s’écrasant à la surface de son atmosphère avait de disparaître dans un éclat de fumée. La mort prenait les gens tout autour de lui, mais n’le prenait jamais lui.

Et il aurait dû ressentir une quelconque honte, une pointe amère de regret en voyant la douleur trahir le faciès de son père, le liquide vital tâcher le tee-shirt, craqueler les apparences grandioses desquelles Rafael se grimait habituellement. Un autre Cesare l’aurait fait, un autre Cesare n’aurait jamais levé la main sur le patriarche avec tant de hargne et de fureur au bout des doigts – cette volonté assourdissant tous ses sens. Il n’aurait pas tenu aussi longtemps, d’infinies minutes aussi longues qu’une éternité, fusant à toute allure dans l’air ; le transmutant, les mâchoires scellées, rendant ses attaques encore plus mordantes, glaciales et assassines au moindre mot de travers de la part de son interlocuteur. Qu’il sente les mots, les mots brûler son intérieur comme ils le faisaient tant avec ceux qu’il consumait rien que par la force de ses stupides convictions affichées, ces moqueries incessantes. Ce sarcasme redoutable, en de telles circonstances : tant de petites piques qui ne faisaient que rajouter de la hargne dans les attaques du fils, les plaques métalliques creusant un sillage toujours plus douloureux, toujours plus bouillant dans les chairs du père. L’odeur était répugnante – mais Cesare était habitué à pire, bien pire. Les gargouillements sinistres des venaisons se déchiquetant sous les lames, et même les grognements que Rafael était incapable de retenir : tant de fioul aux convictions du fils, à la folie qui avait peu à peu, silencieusement, dévoré sa conscience. Voilà qu’il y cédait tout volontiers, après avoir sauté à la gorge du patriarche de nombreuses fois, désormais il prouvait cette supériorité à laquelle il se raccrochait sans faiblir, dégustant plus que de mesure la moindre pique de peine qu’il saisissait dans les traitrises de ses traits. Encore, encore. Encore. Affamé, le monstre gronda, le monstre appela à être sustenté pour des heures entières. Si seulement ; toujours ces deux mots et leur retour grandiose dans la réalité. Y aurait-il eu un quelconque moment, une seconde décisive où tout aurait été trop tard pour s’arrêter ? Il fallait croire qu’il subsistait en le fils quelque chose que le père ne possédait plus depuis longtemps déjà – ou n’avait jamais possédé. Aussi vivement que sa tare s’était manifestée, le DeMaggio la ravala, chassant sa nature de transmutant jusque dans les profondeurs de son âme, presque vacillant, épuisé par le combat qui se jouait en lui. Entre une part à laquelle il était si facile de céder ; et quelque chose qui se raccrochait encore à un infime espoir – c’qui lui avait fait refuser l’aide de son père pour les bonnes raisons. Quelqu’chose qui ne voulait pas lui ressembler, ou être pire que Rafael encore ; quelque chose qui se raccrochait à Aria si fermement qu’il en avait l’impression qu’il pourrait grimper jusqu’au Ciel pour aller la rechercher. Là-haut, ou dans les abysses les plus profondes des Enfers sous terre, peu importait. Si seulement. A chaque seconde qui allongeait ce face à face, les résonances de ses démons retrouvaient une nouvelle ampleur, une fougue rassasiée ; et son âme, cette humanité inutile à laquelle il n’s’était que trop rattaché, fondait comme la cire d’une bougie qui se mourait dans le noir. La réponse du père à ses attaques ne le surprit nullement, tant et si bien que malgré l’épuisement de ses muscles, la fatigue ambiante de son être tout entier, le fils DeMaggio aurait aisément pu répondre d’une nouvelle attaque – après tout, les plaques de métal étaient toujours fichées profondément dans le poitrail du père. Et il restait ce gosse si prompt à envoyer son poing dans la gueule de son géniteur. Il ne fit rien pourtant, tombant comme un vulgaire pantin sous la prise de son père, l’arrière de son crâne vibrant déjà sous la force du choc contre le parquet – il aurait pu en finir simplement assommé, étouffé par l’air qui quitta si brusquement ses poumons. Et pourtant, quelque chose le raccrochait à la conscience tout autant qu’à cette stupide compassion qu’il voulait encore à tout prix ressentir, quand bien même elle lui faisait un mal de chien. Si seulement ; si seulement il n’y avait pas déjà eu tout un processus qui s’était mis en branle en lui.

Car malgré l’aisance avec laquelle il avait trouvé le sol, la pleine prise des pouvoirs de son père sur l’instant, c’n’était guère la peur ou l’abattement qui brillaient au fond de ses yeux ; plutôt une conviction rageuse qui avait consumé tout sur son passage, et était la seule détentrice de ses intérieurs désormais. Le premier poing qui s’écrasa contre son visage aurait pu le ramener à la réalité. Aurait pu, peut-être ; il faisait tonner en Cesare la réalité d’être vivant, encore vivant. Toujours là, accroché à la gravitation de cette planète, à la gravité de l’instant. A se ramasser un deuxième coup, un troisième. Un énième, il en perdit le compte, et aucune contre-attaque nourrie par le désir de survivre ne vint éclater en pleine tronche de Rafael ; chaque contact brutal des phalanges de son père avec son corps le réveillait, le révélait sous un tout autre jour qu’au début même de leur entrevue. A travers toutes les douleurs possibles et imaginables, chaque désert aride de torture et de solitude, Cesare avait appris à endurer, à encaisser sans protester – peu importait si ses os devaient se briser dans le combat, s’il finissait en miettes ; encore une leçon, infligée par son père des années plus tôt. Et un coup de pied fiché dans ses côtes pour alourdir le tout, définitivement faire quitter l’air à ses poumons. Le voilà redevenu semblable à son être profond, une vague créature rampant au sol, un filet de sang trahissant son humanité, sa survie envers et contre tout. Envers et contre tout. Qu’il le veuille ou non. La mort qui le repoussait, sadique jusqu’au bout. Une nouvelle fois, comme un brusque retour à l’autrefois inatteignable, l’apprenti se retrouva suspendu aux lèvres de son patriarche, son tuteur, peu importait le terme qu’il était logique d’appliquer dans ce genre de situations. Répondant à la haine par la même haine brillant au fond de ses prunelles, débordant sur son visage marqué par les coups, Cesare aurait voulu pouvoir repousser chacun des mots que venait de prononcer son père. Lui cracher l’acide ferreux de son sang en pleine figure et rétorquer – enfin rétorquer, après trop longtemps. Il n’en fit rien pourtant, muet, plus glacé qu’il n’aurait dû l’être par des sentences venues tout droit des lèvres d’un homme qui ne l’avait jamais vraiment connu, jamais vraiment compris. Jamais vraiment saisi. Peut-être plus qu’il n’était prêt à l’accepter pourtant, les chaines qui avaient retenu Cesare prisonnier à son nom, son héritage, son père, avaient sûrement été plus que ça. Et les rares armes qu’il s’était senti posséder jusque-là, semblaient s’être envolées entre ses mains ; il n’restait plus que les mots de son interlocuteur, bourdonnant à ses tempes avec une force incommensurable. Un flot incessant, impossible à stopper, tortionnaire pire encore que tous les coups qu’il avait reçus jusque-là. N’était-ce que ça, la fin possible de son voyage à travers les méandres de sa vengeance ? Cesare n’était-il voué qu’à finir comme ça, à nouveau dans cette maison, aux pieds de son père à supplier la mort ? C’était sûrement déjà le cas, ici ce soir, d’une quelconque manière ; dans des mots qui n’en étaient pas vraiment, sifflant rageusement dans les non-dits, la force de leurs yeux se cherchant avec provocation. Sur le sol sous ses mains, il put voir les traces rouges laissées par son sang, quelques gouttelettes ici et là, signes que la douleur qu’il ressentait à son nez n’était pas illusoire, comme toutes les autres qui traversaient son visage et son corps tout autant. Et dire qu’il n’s’était pas encore donné la peine de rétorquer quoique ce soit au père DeMaggio, muet, si muet que c’en était évident, que chaque mot avait tracé un chemin mortel jusque dans les tissus de son corps.

Pourquoi ne s’faisait-il pas exploser la cervelle ? Une question si élémentaire, qu’il s’était posée des dizaines et des dizaines de fois : renoncer d’cette façon ne lui ressemblait pas. N’ressemblait pas au sang gonflé d’orgueil qui courait en lui, de part et d’autre de son corps. Celui qui le poussait toujours à rétorquer, plutôt qu’à baisser les bras. Et à nouveau il encaissa, la salve d’attaques de son père, un nouveau coup dans ses côtes qui le rabattit droit sur le sol, tout son torse meurtris, marqué pour des jours sûrement, par des bleus qui ressembleraient à s’y méprendre à toutes les traces, toutes les marques qu’il avait gardées de leurs entrainements dans sa jeunesse. En son for intérieur, malgré l’amusement palpable et presque rieur au fond de ses yeux, Rafael devait savoir que ses attaques n’avaient pas de quoi le mettre définitivement K.O - ce qu’il voulait, c’était probablement faire durer le plaisir, s’acharner, encore, encore et encore. Et il fallait croire qu’il s’attachait plus avidement à son argent que ce que Cesare aurait cru – contre toute attente, la dernière requête de son père suffit à le faire ricaner, lui remettre les idées en place et ramener sa conscience au bon endroit. A quoi bon sentir des doutes, laisser des questionnements naitre en lui alors qu’ils venaient de la bouche d’un homme tel que Rafael ? Après avoir enduré, traversé vaillamment, lutté comme l’avait fait son digne patriarche peu de temps avant lui, Cesare se mettait déjà à rétorquer. En ses prunelles torves, fichées droit dans celles de son père, une main à peine frissonnante, traversant son visage pour essuyer le sang qui trahissait ces douleurs incessantes. « J’savais pas que t’étais autant attaché à quelque chose d’aussi... capitaliste. » son père qui se disait conservateur jusqu’au bout de l’âme, il l’imaginerait presque préférer troquer ses armes contre des pépites d’or, plutôt que d’apprécier la valeur de quelques zéros inscrits dans le néant numérique. « T’es si matérialiste. » lâcha-t-il, dévisageant l’homme en face de lui. « C’est pas comme si c’était ton argent hein. J’suppose que grand-père aurait préféré léguer tout son fric à l’autre fils. Comme quoi, tout l’monde a droit à son lot de déception, j’suppose. » oh oui, car Rafael, il connaissait bien la culpabilité, c’que ça faisait de voir son frère ou sa sœur crever en survivant. Blabla, comme s’ils pouvaient être similaires d’une quelconque manière de ce côté-là. « Va t’faire foutre. » asséna-t-il finalement, non sans une fierté grandiose, harmonieuse chantant dans ses tripes - si souvent, il avait ravalé ces mots, mû par le respect immuable, indestructible. « Même si j’pouvais t’rendre ton fric, j’le ferais pas. Et tu peux continuer à m’balancer des coups de pied ou à prendre ton air de connard- » car il savait très bien comment il avait éduqué son fils – ses deux enfants. Endurants, quoiqu’il arrive, quoiqu’ils traversent ; c’était bien pour ça que Cesare n’s’était pas explosé la cervelle, n’est-ce pas ? Cette volonté impérieuse de n’pas lâcher, peu importait l’ennemi, peu importait la lourdeur de la quête, l’aspect impossible de celle-ci. Sa vie toute entière était une quête impossible ; être au milieu du chaos. Ou même traquer des transmutants dans l’espoir de les éradiquer tous, alors qu’ils étaient déjà des millions, et seraient bientôt des milliards. « Compliments d’Aria. » il ne cilla guère, n’eut pas besoin de lever sa main cette fois-ci pour asséner quelque attaque que ce soit, autre que celle de ses mots rageurs : « On sait tous les deux que t’as sûrement pas eu l’courage d’annoncer à ton patron que tes deux enfants sont des dégénérés. Que t’aies raison ou tort sur cette histoire d’argent n’y changera rien. J’suppose qu’on regagne pas si facilement la confiance des uns et des autres une fois que nos p’tits secrets sont affichés au grand-jour. » et Cesare était bien placé pour savoir que les chasseurs n’étaient pas du type altruiste, tout à fait aptes à comprendre les états d’âme des uns et des autres afin de pouvoir expliquer des choix totalement débiles, comme celui du père DeMaggio, lorsqu’il avait décidé de faire comme si de rien n’était, quand ses deux enfants s’étaient révélés être d’horribles créatures transmutantes. « Alors tu disais quoi, à propos d’tes contacts ? J’suppose que t’en auras plus autant qu’tu le penses, d’ici quelques jours. » peut-être bien que ça les plaçait sur un quelconque pied d’égalité, dans leur quête sans sens et sans fin, à la recherche du meurtrier d’Aria. « Faut croire que j’ai été à bonne école, hein ? » à bonne école pour savoir ce qui pouvait tenir à cœur des autres, et l’utiliser à bon escient contre eux. Les coups n’y changeraient rien, les attaques verbales non plus – parler, marchander, blablater non plus. Menacer non plus. Comme pour cette nuit-là, la machinerie imprenable du Destin choisi et manœuvré par Cesare était déjà en marche. Et il n’y avait plus d’Aria, plus d’état d’âme pour les arrêter ce soir.
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Rafael DeMaggio
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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeDim 15 Nov 2015 - 23:38

Good to see you, son...

Rafael DeMaggio & Cesare DeMaggio
Un frisson lui parcouru l'échine. Mélange désagréable de colère, de douleur mais aussi d'une curieuse excitation à l'idée de voir le dégénéré à terre. Le sang continuait à couler sur son torse en une hémorragie régulière, tandis qu'une lame métallique était toujours fichée entre ses os. Les brûlures avaient laissées de profondes marques brunâtres, et on pourrait probablement bientôt lire tous les grades militaires de Rafael dans la blancheur de ses cicatrices. Ces marques seraient autant source de colère que de trahison, alors même qu'elles étaient censées refléter sa fierté, son honneur, son patriotisme. Cesare avait visé juste, si juste... Si son père le connaissait par cœur, il ne pouvait nier que la réciproque était on ne peut plus valable. Il saisissait à présent pleinement l'ampleur des choses : Pendant des années, il avait formaté son fils pour en faire un chasseur hors pair, mais surtout un individu soucieux du respect et de la hiérarchie. Il s'était toujours assuré que Cesare ne franchirait pas la limite, que même en lui vouant une haine sans nom, il n'oserait pas lever la main sur lui. Il l'avait tenu autant par la crainte des représailles que l'ombre de sa sœur, seulement ce temps était révolu. A présent, Rafael ne pourrait plus jamais invoquer le nom d'Aria pour temporiser la fougue de son fils.

Et c'était bien là la seule raison pour laquelle il regrettait la mort de la dégénérée. Il ne l'avait laissée vivre que pour maintenir cette poigne de fer sur Cesare, pas par compassion, pas par amour. C'était bon pour les faibles et le commun des mortels, ce genre de chose. Il aurait poignardé son meilleur ami – du moins s'il avait fait suffisamment confiance à un autre être humain pour l'appeler ainsi – s'il avait appris qu'il trahissait la cause des hunters ou pire, qu'il était lui-même dégénéré. Au fond, cette attitude faisait de Rafael quelqu'un de profondément antipathique et inhumain. Une vie humaine avait moins de valeur qu'une liasse de billets à ses yeux, sa mission passait au dessus de toute considération familiale ou émotionnelle... Qu'était-il donc sinon un monstre assoiffé de sang déterminé à faire taire l'évolution ? Mais plus que ses actes, c'était l'absence de remords et de conscience qui faisait froid dans le dos. Ôter la vie ne l'avait jamais empêché de dormir, pour la simple et bonne raison qu'il avait trop souvent côtoyé la mort et l'horreur pour les craindre. Il en était même plutôt blasé.

Alors qu'est ce qui retenait sa main encore aujourd'hui ? Qu'est ce qui l'empêchait d'achever la créature à ses pieds, qu'il aurait souhaité différente de lui, avec qui il aurait aimé ne rien partager ? Il aurait presque voulu que Cesare se défende, qu'il tente d'arrêter ses poings rageurs venaient défigurer son visage, mais il avait la désagréable impression de frapper une poupée de chiffon. Il n'eut à souffrir aucune résistance, et même si le rouer de coups semblant un instant soulager la rage du père, il n'en était que plus frustré. Qu'attendait-il donc ? Que Rafael fasse éclater son crâne sur le parquet pour qu'il n'ait plus jamais à ressasser sa culpabilité ? A cet instant, le père aurait tout donné pour être capable de lire dans l'esprit meurtrit de son fils, pour comprendre ses motivations. Alors, à défaut de comprendre, il se défoulait. Éprouvant un plaisir malsain et sadique à remettre Cesare à sa place. Cherchant à oublier qu'aucun traitement physique d'aucune sorte ne serait plus douloureux que la perte de sa sœur. Sachant désormais que jamais il ne pourrait lui faire plus de mal que l'inconnu qui lui avait arraché sa si précieuse Aria. C'était bien là l'une des raisons pour lesquelles Rafael tenait à retrouver le meurtrier de sa fille. Il n'irait pas le féliciter ni lui payer une bière, pas plus qu'il n'irait s'adonner à quelque chose d'aussi futile que la vengeance d'une gamine qu'il avait tant de fois maltraitée. Il irait plutôt le traiter d'idiot. Lui dirait qu'il n'avait fait que lui compliquer la tâche, et qu'il risquait fortement de voir débouler en face de lui un Cesare remonté et déterminé à tuer. Mais ça, c'était bien le cadet des soucis de Rafael. Il songeait même déjà à utiliser ledit meurtrier pour amadouer son fils, l'utilisant comme une carotte au bout d'un bâton pour faire avancer cette tête de mule. Seulement bientôt, il n'aurait plus aucun argument pour l'empêcher de lui rire au nez.

Rafael avait perdu son influence sur Cesare, et bientôt il perdrait le soutien de ses pairs. L'épée de Damoclès qu'il portait au dessus de la tête depuis des mois venait de se ficher dans son épaule, et il ne se relèverait pas si facilement d'un tel coup bas. Comment annoncer à des meurtriers en puissance, des fous furieux à la gâchette facile que lui-même avait laissé vivre ses enfants mutants plutôt que de les détruire dès le début ? Il pourrait invoquer n'importe quelle raison, personne n'y croirait. Surtout pas après les milliers de dollars qui étaient venus alimenter le compte en banque de Smith. Cette fois, il était tenu en échec et ne savait plus comment bouger son roi pour s'en sortir en un seul morceau. Il aurait pu en parler à des personnes de confiance, si seulement il avait été capable de la donner à qui que ce soit. Seulement, qui le croirait, sinon Isabella ? Les poings serrés, Rafael réfléchissait à une alternative, n'importe laquelle, mais la conclusion était toujours la même : Même à terre, Cesare avait gagé. Parce qu'il l'avait si bien formé que jamais il ne céderait, même sous la torture, et qu'il avait un coup d'avance sur lui. Comment se sortir d'une telle situation, finalement ? Les hunters de Radcliff n'étaient pas réputés pour leur clémence, et encore moins ceux qu'il avait l'habitude de côtoyer. Il lui faudrait bluffer, mentir... Encore et toujours. Mais si tout cela venait à se savoir ? Se faire avoir à son propre jeu avait le don de le mettre un peu plus en colère à chaque minute qui s'écoulait. Et cette évidente rébellion qu'il lisait sur le visage tuméfié de Cesare n'allait certainement pas calmer le jeu.

- Dis-moi... Tu as déjà entendu parler de l'instinct de survie ? Etrangement je trouve que tu en manques cruellement, Cesare... Puisque tu parles de ton grand père, tu devrais plutôt être soulagé de le savoir malheureusement six pieds sous terre. Lui n'aurait pas fait preuve d'autant de gentillesse et de compassion que moi à ton égard.

Quelle honte devait-il d'ailleurs éprouvé, là où il était... Le puissant nom des DeMaggio souilla pas une engeance mutante. Quelle ironie. Son poing se serra sur son genou, sa mâchoire se crispa, tandis qu'il luttait contre l'envie de se saisir de son revolver, toujours posé que la table basse. Ce n'était pas seulement la mutation du garçon, qui l'empêchait de tirer, c'était aussi le sentiment qu'il pouvait encore lui servir, qu'il y avait encore un espoir de le ramener à la raison... Si tant est que la cause que servait son père soit vraiment raisonnée et raisonnable.

- C'est une affaire de famille, entre toi et moi. Mon... Patron, comme tu dis, n'a pas à savoir que je traîne un boulet derrière moi. Ne me sous estime pas, Cesare. J'ai bien plus de portes de sortie que toi, je ne suis pas pris au piège comme un rat... Toi en revanche... Que te reste-t-il, hin ? Tes petits copains dégénérés ? Laisse-moi rire... Vous êtes si désorganisés que je ne serais pas étonné que vous vous entretuiez sans que nous ayons à bouger le petit doigt...

Malgré son calme apparent, sa voix tremblait légèrement sous l'effet de la colère. Rafael savait bien que Cesare avait frappé juste, cette fois. Et durement. Qu'il ne se sortirait pas si facilement de cette situation, mais qu'il ne pouvait pas non plus aller ramper aux pieds de Lancaster. Il était trop pétris d'orgueil pour ça.

- Tu veux mener ta petite vendetta tout seul ? Bien... Parfait ! Fais donc ! Tu vas me dire que tu n'as plus rien à perdre, blablabla... Tu regretteras bien vite d'avoir refusé mon aide...

Oh oui il le regretterait. Dès que Rafael aurait repris contact avec Rayen, sa pièce maîtresse serait en première position sur l'échiquier, prête à abattre ce roi fantoche et sa vengeance pitoyable.
Seulement, s'il avait su retrouver un semblant de calmes ces dernières minutes, ce ne fut que de courte durée. Il suffit de quelques mots, prononcées d'une voix moqueuse pour que Rafael sente à nouveau la haine l'envahir. Chaque fois que Cesare lui rappelait son implication dans tout ça, son influence dans l'attitude actuelle de son fils, il voyait rouge. « Faut croire que j’ai été à bonne école, hein ? ». Il ne lui en fallu pas plus. Dans vraiment y penser, il se retrouva avec son arme en main, le canon rivé entre les deux yeux de son fils.

Et la balle fusa, sans la moindre hésitation, à la fois témoin et actrice de cette haine viscérale que Rafael vouait aux transmutants. A la colère qui lui rongeait le coeur depuis trop longtemps pour qu'il y ait encore un quelconque espoir de le voir un jour changer d'avis. Il n'y avait ni hésitation, ni regret dans son geste, c'était simplement l'expression de toute la cruauté dont il était capable, condensée dans une seule et même balle.

Seulement, la balle toucherait-elle sa cible ? Ou bien serait-elle déviée ? Allait-il perdre ce soir sa carte favorite ? Autant de paramètres auxquels il n'avait pas pensé en tirant. La balle pouvait aussi bien finir dans le crâne de Cesare que dans le parquet... Ou ironiquement dans son propre coeur.
crackle bones



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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeJeu 19 Nov 2015 - 1:44


salvation comes at a price. heavy lies the crown
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and with this bullet lodged in my chest, covered with your name, i will turn myself into a gun, because it’s all i have, because i’m hungry and hollow and just want something to call my own. i’ll be your slaughterhouse, your killing floor, your morgue and final resting, walking around with this bullet inside me. and it feels so natural, like the bullet was already there, like it’s been waiting inside me the whole time. w/rafael demaggio & cesare demaggio.

La mort ; sans lente agonie, sans supplications désastreuses. Sans retour en arrière possible, sans échappée évidente. Etait-ce cela que Cesare était venu chercher, dévisageant droit dans les yeux l’homme qui l’avait vu naître ? Ses pas l’avaient guidé jusqu’ici presque de leur propre volonté, soldat sans cervelle amené sur le perron de la maison familiale sans l’choix de se retourner, la possibilité de s’replier pour disparaître dans le néant. Il ne l’avait que trop fait jusqu’alors : la fuite avait été une réponse adéquate aux volontés du fils DeMaggio, le meilleur moyen de répondre aux menaces de leurs parents sans prendre les armes et risquer la mort. Ou d’épouser la monstruosité innée, grondant en eux avec la force de leurs convictions. Qu’avait-il cherché à sauvegarder, au fond ? L’humanité de sa cadette, ou simplement sa vie ? S’il avait voulu simplement la sauver, il aurait pu venir plus tôt, assassiner ses parents lors d’une nuit noire, sans lune et avec seules les étoiles pour spectatrices. Il n’l’avait pas fait ; au prix de bien des efforts, dominant ses états d’âme les plus grandioses et glacés. Il avait eu tort. Tort, tort, tort – le synonyme de sa culpabilité se répercutait en un écho inépuisable à travers tout son corps, chaque parcelle de son cerveau. Et les remords s’accompagnaient de la voix d’Aria, entonnant ses paroles avec cette conviction qui avait toujours brillé au fond de ses prunelles ; la haine, viscérale et incontrôlable qu’elle lui avait voué, qu’il avait lu dans ses yeux sans pour autant parvenir à l’accepter. La vérité avait été là, omniprésente, et Cesare avait cru qu’en préservant l’âme de sa sœur, il aurait une chance de reconquérir son amour : mais dans les derniers mois de son existence, Aria n’avait fait que lui vouer une colère profonde, une fureur à nulle pareille, ces mêmes ressentiments qui lui avaient fait détester leurs géniteurs. Aurait-il gagné à nouveau le cœur asséché de sa sœur en lui offrant la tête de leurs parents sur une pique, un étendard victorieux à dresser au-dessus de leur tête ? Toutes les options lui semblaient préférables désormais, à celle qu’il avait choisie en fin de compte : se cacher comme un criminel, et forcer sa petite sœur à en faire de même. A percevoir et vivre tous les deux, leur mutation comme si cela était le pire crime possible et imaginable qu’ils aient pu commettre – n’surtout jamais accepter, avancer, progresser. Dis-moi... Tu as déjà entendu parler de l'instinct de survie ? – oui, oui il en avait entendu parler alors ; il avait cru s’y raccrocher pendant des mois, d’interminables jours à regarder par-dessus son épaule sans oser rétorquer aux attaques qu’on avait menées contre lui. Contre elle. Contre eux deux. Persuadés qu’ils n’seraient que traqués des deux côtés, ni mutants, ni chasseurs – encore moins humains qu’les plus inhumains. Voués à n’être que l’un pour l’autre, que l’un avec l’autre ; deux électrons chargés de tensions qui s’étaient maintes fois déchirés, détruits l’un l’autre dans des disputes violentes. Combien de fois avait-il cru la perdre ? La perdre… il n’aurait jamais cru que ça pouvait arriver comme ça : il aurait sacrifié tout ce en quoi il avait cru, tous ses instincts de survie quelconques pour que les rôles soient inversés, qu’jamais il n’connaisse le désespoir grandiose, le trou béant fiché droit sous son poitrail, derrière les apparences bagarreuses de ses regards. La compassion ; la compassion – le mot aussi ironique que traitre arracha un sourire sombre aux lèvres du fils. Compassion chez Rafael DeMaggio s’apparentait à une pierre lourde comme le plomb, se fichant dans des eaux calmes pour y créer des sillons de malheurs, des ouragans et des tsunamis dévastateurs.

Qu’est-ce qu’avait bien pu ressentir Aria au dernier moment ? Combien de fois Cesare s’était-il déjà posé cette question ? Il lui semblait avoir construit tous les scénarios possibles et imaginables à son esprit : lui revenaient plus aisément que tout, ces idées érigées de toute pièce par ses entrailles, où elle le maudissait dans son dernier souffle. De n’pas avoir été là, encore une fois. De n’pas l’avoir écoutée, de n’pas l’avoir laissée assouvir la soif vengeresse qui courait dans ses veines. C’était ça pourtant, la conviction des DeMaggio – n’jamais baisser les bras, n’jamais relâcher les armes. Mais tout aussi prisonniers qu’ils avaient été de c’nom maudit, de leurs conditions, le frère aîné s’était accroché à l’espérance vaine qu’ils pourraient rimer à autre chose. N’jamais s’abaisser à revêtir le masque monstrueux que portaient si aisément leurs parents désormais. Ils collaient à la peau de Rafael, s’étaient incrustés dans ses chairs aussi fortement que les plaques métalliques qui faisaient couler son sang – Cesare enfant s’était construit une image si inatteignable de son patriarche, qu’il lui semblait encore difficile à accepter, l’fait que son père pouvait saigner, souffrir comme n’importe quel autre humain. L’autrefois Dieu revêtait désormais plus le visage du Diable lui-même : l’idée restait la même, Rafael n’étant que cet ennemi sempiternel duquel il ne se déferait jamais vraiment. Qu’il le tue, là, au milieu de ce salon, le vide de son sang avec la puissance de sa dégénérescence – ça n’y changerait rien, y’aurait toujours l’emprise du père pesant sur lui, comme un spectre à la main famélique posée sur son épaule. L’héritage, l’héritage ; la famille. Tant de valeurs véhiculées avec une hargne sanglante tout au long de sa jeunesse – « C’est un peu tard pour parler d’affaire familiale tu crois pas ? » sarcasme vibrant dans sa voix avec la douleur ravivée par les souvenirs de la fête foraine – le désarroi de son père, évident, claquant dans l’air avec les mots qu’il avait prononcés un peu plus tôt. Aria était morte, et la vérité était aussi déconcertante que déplaisante : aucun DeMaggio n’avait commis le crime ; indéniablement, l’histoire avait dépassé les frontières de leur famille depuis bien longtemps déjà. Cesare avait été trop con de n’pas le voir plus tôt, de s’faire surprendre de la sorte par une quelconque contre-attaque aussi basse et prévisible. Il avait rétorqué, et Rafael n’aimait pas le juste retour des choses. Qui avait ramené ses p’tits copains dans l’histoire ? Ses prunelles sondant le père comme s’il cherchait à le transpercer corps et âme, le fils ne dit mot pour rétorquer aux minables attaques de son interlocuteur. Qui pouvait s’attendre à c’qu’il fasse partie d’une armée de dégénérés prêts à se jeter à la gorge des chasseurs ? Sûrement que c’était ce dont il avait l’air à l’heure actuelle – mais ça n’avait pas été ses volontés. Pas jusqu’alors, pas tandis qu’il avait saisi si ardemment, si désespérément la chance d’en sortir. D’sortir de ce cercle vicieux où il s’était perdu pendant plus de vingt années ; les habitudes avaient la vie dure, elles coulaient en eux à la vitesse ahurissante de leur sang – ici, là, des gouttes dispersées à travers la pièce, le décor de leurs luttes intestines. Ils les connaissaient bien, celles de l’un et de l’autre – ils savaient quelle cible abattre, quels mots prononcer pour faire s’effondrer des frontières aussi épaisses que friables. Les DeMaggio n’étaient certainement pas cette toute-puissance qu’on s’plaisait à imaginer ; ils étaient prévisibles, si prévisibles. Le flingue que saisit son père ne surprit aucunement le fils, Cesare ne cillant pas au moment d’observer, observer le cœur au creux de la gorge, chacun des gestes de son géniteur. Le canon de l’arme entre ses deux yeux, à quelques centimètres de là – et toute la folie fusant si rapidement au fond des iris de Rafael qu’on aurait pu croire qu’une éternité s’était condensée en une seconde à peine. Les habitudes, c’qui les gouvernaient de la tête aux pieds, et finiraient par avoir leurs peaux. Ils étaient des chasseurs ; Cesare était un chasseur, peu importait l’ardeur avec laquelle il le niait, cherchait une autre destinée. Il n’pouvait pas, n’pouvait pas y échapper.

La prescience, l’attraction. L’appel lascif de ses sens. Son acrimonie en miroir avec celle qu’il cueillait si aisément sur le faciès de son patriarche. Ses attitudes si similaires, toujours à rendre les coups : et tout c’qui aurait pu le retenir, arracher une quelconque décence à son âme avait disparu. Qu’ils en payent tous le prix. Le coup de feu partit bel et bien, l’écho se répercutant avec force à travers toute la pièce – vibrant, vibrant contre les murs, sur le sol, dans les entrailles de Cesare qui s’en découvrit presque surpris. Surpris ; car le pas avait été franchi – le couperet était tombé. Définitivement et sans la moindre chance de faire marche-arrière : et le père aurait été stupide de croire qu’il avait la moindre chance de l’avoir. Le commun-accord avait sifflé dans l’air avec leurs mots, des mois plus tôt, lorsqu’ils s’étaient quittés, Cesare ayant enfin retrouvé sa sœur détruite par les tortures de leurs parents. Leur prochain face à face se terminerait dramatiquement, dans les larmes et le sang ; un climax tragique d’une existence tragique. L’instant avait malgré tout eu sa force irascible, sa tempête destructrice. Un souffle, une seconde à peine de basculement. Rafael n’avait sûrement pas agi avec cet espoir de s’débarrasser si facilement de l’ingrate progéniture - et le sort qui se nouait sous ses yeux aurait dû être une évidence dès le départ. La hargne gronda dans les entrailles du DeMaggio avec la même puissance que la vie, toujours intacte, intouchée, inatteignable : « Tu crois qu’tu peux me tuer ? » le mugissement avait passé ses mâchoires serrées, la frontière de ses dents scellées les unes aux autres tandis qu’il ignorait si aisément la balle qui flottait dans l’air, juste entre eux deux, coup de la destinée qui n’attendait qu’à être relâché. Droit vers le crâne du fils, droit vers la destination qu’il lui donnerait, au gré de ses caprices. Mais chaque muscle de son corps répondant au même appel que sa furie, DeMaggio en oublia le projectile, qui tomba au sol dans un murmure cristallin oublié. « Tu crois qu’tu peux me tuer ?!- » le monde entier lui sembla trembler, murmurer d’un commun accord avec les voix démoniaques qui bouillonnaient, incendiaient ses tripes au rythme de son cœur. Cavalier solitaire, cavalier sans tête, lancé dans une bataille tortueuse, aux abords des gouffres de l’Enfer. « Avec ton stupide flingue, comme ça. COMME ÇA. » qu’il n’ouvre pas la bouche, n’parle pas, n’rétorque pas – tout chasseur qu’il était, Rafael DeMaggio avait oublié toute retenue, toute prudence, et voilà que son fils le suivait dans le néant. D’un geste de la main, un simple geste de la main, il envoya son propre père valser dans l’air, retrouver le sol avec la force de tonnes de plomb fichées sur sa misérable carcasse – le furieux soldat à la gâchette facile en avait oublié l’ultime plaque honorifique qui siégeait encore là, dans ses chairs, à quelques à-coups douloureux de son corps esseulé. Si seul. Impuissante marionnette – qu’il découvre donc c’que ça pouvait faire. Si les flots de sang au poitrail du père DeMaggio avaient pu cesser à un moment, ils ne reprirent que plus belle, Cesare se redressant sur ses jambes pour mieux admirer sa victime au sol, ramper, ramper comme l’insecte qu’il écraserait de son pied. La juste hiérarchie du monde, de ses aversions, de sa furie – ne résonnaient que ces convictions-là aux oreilles du transmutant, la course effrénée des torrents de son propre sang contre ses tempes. « Tu peux pas m’arrêter. » un grondement sauvage, un geste de l’autre main, et la précise arme du père disparut dans le néant du décor, tout c’qui n’avait pas d’importance, tout c’qui n’pouvait qu’être oublié – tout c’que Cesare n’observait pas, ses yeux déments accrochés à la silhouette de Rafael. Ce fut à son tour à lui de rendre la pareille, un coup de pied fiché entre ses côtes, et déjà l’appel, l’envie tentatrice d’en lancer toute une salve, jusqu’à lui exploser les côtes, lui perforer les poumons et qu’il se noie dans son propre sang. Qu’il goûte à son si précieux héritage avant d’pousser son dernier soupir, après une interminable agonie – interminable. Le hurlement de cette envie rageuse incrusta plus profondément encore la petite plaque métallique déjà inatteignable ; quand bien même il pouvait si aisément arracher des cris, des lamentations pitoyables à son père, Cesare serait sûrement incapable de les entendre, de les déguster d’une quelconque manière. Sourd, sourd à toute retenue, les relents d’humanité qui continuaient à se débattre comme une proie mourant dans le néant. Triste, on lui avait pourtant appris à se sustenter des martyrs de ses ennemis. « Qu’est-c’que tu vas faire, hein ?! HEIN ?! » à nouveau le chant glacial d’un ricanement, admirant à ses pieds l’œuvre sanglante. « Tu veux t’foutre de ma gueule ?! M’dire comment m’venger ?! M’BUTER POUR PROTÉGER TES POTES ?! T'peux faire semblant, m'faire croire que tu ricanes. Mais tu m'arrêteras pas. Tu m'prendras pas ma vengeance ! » aucun répit, aucun répit sous les vagues incessantes de sa hargne qui s’écrasaient sur ses convictions d’autrefois. Autrefois ; y’a si longtemps. Cesare attrapa son père par le col pour mieux lui écraser le dos contre le sol, faire résonner le parquet sous leurs pieds dans un coup de poing, une nouvelle politesse rendue droit sur le mâchoire de son père, les jointures de ses doigts grinçant de mécontentement. « C’EST PAS ÇA QU’TU VOULAIS ?! » le digne héritier était une arme létale, dangereuse, lancée avec dextérité et puissance à la gorge de n’importe qui – ce soir, c’était lui. Tout l’sarcasme de leurs existences mêlées l’une à l’autre. Ses pensées fusant à toute vitesse, ses gestes n’obéissant qu’à eux-mêmes, Cesare était incapable de savoir s’il laissait une fraction de seconde à son adversaire pour reprendre un souffle : il avait été éduqué à tuer, pas à faire preuve d’une quelconque clémence. Sous l’impulsion d’une nouvelle prise musclée de la part du jeune homme, le père traversa un nouvel élément du mobilier – table basse, vulgaire meuble insignifiant qui se retrouvait sur leur chemin, réduit en miettes sous le poids du corps si volontiers balancé. « J’aurais dû t’tuer. » souffla-t-il enfin, le son de sa voix rauque, enserré dans un étau ; cette vérité qu’il ne s’était que trop souvent répétée depuis qu’il s’était retrouvé perché sur le cadavre de sa sœur. Cette réalité qui n’avait jamais osé passer ses lèvres, tant elle s’avérait douloureuse ; ça rendait tout si complexe.

Leur haine, leur jadis, leurs différends – comment n’pouvait-il pas s’être senti la force de le faire plus tôt, malgré tout ? Dans les décombres de bois de la table-basse, Cesare ramassa ce qui avait autrefois été un des pieds de celle-ci : un support indispensable, avant que tout n’tombe en ruines. Quelle ironique symbolique plus encore lorsque le morceau de bois trouva un chemin tout naturel, un élan coléreux dans la cuisse du père, toujours retenu au sol par cette traitresse, diabolique plaque honorifique – le fils DeMaggio se découvrait de ces talents indécents, qu’il n’avait que trop tatillonné du bout des doigts autrefois. Si prompt à n’jamais accepter cette chose en lui, l’énième monstruosité battant ses muscles : tout ça pour ça. Le chanceux, il retrouverait Aria avant lui ; mais Cesare avait encore des choses à faire, des devoirs tardifs, une culpabilité qui le hanterait à jamais. Sûrement. Sûrement. Au rythme de son cœur s’écrasant contre son poitrail, le chasseur avait délogé le bout de bois assassin, relâchant l’hémorragie – rien d’mortel, rien d’grave, il n’avait sûrement qu’atteint les venaisons les moins vitales. De quoi le clouer sur place, calmer la bête et lui faire admirer le destin qui se profilait à chaque seconde s'évanouissant. Le futur qu'il avait promis au fils sans couronne quelques poignées d'seconde plus tôt ; sous la nuit, dans leur salon - l'affaire familiale. Le prélude. Le prologue à l’épilogue ; et la conviction ne faillit pas, l’destin ne se déroba pas, au moment où le fils meurtrier était prêt à lever le bras, viser les entrailles, lui faire cracher ses tripes sous la pointe de son arme de fortune. L'élan, le geste suspendu au néant ; plus un brin d'humanité pour retenir son geste. La surprise sonna comme un glas, le retour brusque à la réalité ; d’une douleur lui déchirant l’épaule déjà blessée – sous la résonance d’un coup de feu tiré de nulle part. Le transmutant en lâcha un hoquet de douleur, l’électricité de la balle se répercutant dans tout son dos. Il abandonna son père là, l’oublia presque au moment du volte-face, pour dévisager sa propre mère. Isabela, comme toujours fichée dans l’ombre pour surgir comme un monstre des profondeurs des océans – les abysses du cœur meurtris de l’enfant qu’il avait toujours été. Toujours l’fils de sa mère, le gamin accroché aux espoirs qu’elle faisait naître sans le vouloir. La répulsion qu’il vouait si aisément à son géniteur, il était incapable, tristement incapable de la vouer à la femme à quelques mètres de là. C’n’était pas faute d’la savoir responsable ; d’la voir pointer son flingue dans sa direction avec la même conviction que Rafael. C’était elle qui venait de tirer le coup le plus douloureux, papillonnant en écho avec le sang dans ses veines – celui qu’il sentait, chaud, poisseux, léchant son échine. L’infini en une seconde, mère et fils se redécouvrant là où l'reste du monde n'existait plus. La chasseuse allait sûrement vaincre ses démons avant l’enfant déchu, la matriarche des DeMaggio était faite de cet acier dangereux, incandescent, inébranlable – il dévia le pistolet armé juste avant que le coup ne parte, ricochant dans la pièce juste le temps de lui laisser une ouverture, abandonnant ses funestes desseins pour retrouver les ténèbres par où il était venu ; guère l’option de la fuite, plutôt celle de la survie. A la promesse d’une prochaine fois – ils savaient déjà trop bien qu’ils s’y perdraient tous, s’y noieraient et s’y consumeraient. Chacun soldats, s’y jetant tête la première ; ils n’étaient bons qu’à ça.
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Rafael DeMaggio
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MessageSujet: Re: Good to see you, son... [Cesare DeMaggio]   Good to see you, son... [Cesare DeMaggio] Icon_minitimeMar 8 Déc 2015 - 0:18

Good to see you, son...

Rafael DeMaggio & Cesare DeMaggio
Le piétiner, le détruire, le faire taire... Voilà ce que voulait à présent Rafael, tendis qu'il serrait son revolver dans sa main. Il allait mettre fin à toute cette mascarade, laver du sang de son fils l'honneur de sa famille, en purifier le nom qui avait été si honteusement souillé par un gêne défaillant. Jamais il n'accepterait cela. Jamais il ne pourrait tolérer qu'un dégénéré porte son nom, tout comme imaginer que cette malédiction pouvait venir de son sang ou de celui d'Isabella le rendait malade. D'ailleurs, comment cela pouvait-il venir de lui ? Il n'y avait que des chasseurs, de brillants chasseurs depuis des générations dans sa famille, pas un seul ne portait la moindre trace de mutation dans ses veines, tous avaient un sang pur et parfaitement vierge de ce genre d'immondices... Ce ne pouvait être qu'Isabella, comme toujours. Ce gamin qu'il avait entraîné pour en faire sa plus terrible arme se retournait contre lui, et il préférait encore le briser de ses propres mains que de le laisser agir à sa guise. Le regard résolument planté dans celui qu'il aurait du aimer et protéger, il appuya sur la détente sans hésitation, son geste mut par la haine et la colère qu'il éprouvait à l'encontre de son adversaire. Et comme il s'y attendait, la balle ne toucha pas sa cible. Il s'était même attendu à ce qu'elle termine dans son propre crâne, ce qui ne l'avait pas empêché un seul instant de tirer. Au lieu de cela, elle resta là, suspendu entre eux, témoin sourd et aveugle de toute la violence dont était capables le père et le fils. Elle incarnait à la perfection ce statisme et cette dernière seconde de calme avant la tempête. Car nul doute que Cesare ne se contenterait pas de balayer la balle d'un revers de la main sans chercher à faire payer son erreur à son géniteur. C'était bien mal le connaître que de supposer qu'il n'aurait pas retenu quelques leçons de son cruel paternel. Pourtant, la balle retomba sur le parquet dans un tintement métallique, alors même que Rafael sentait la colère enfler dans les entrailles de son fils. Il n'avait pas besoin d'être devin ou extralucide pour sentir que la suite n'allait pas lui plaire, bien au contraire.

La voix de Cesare résonna dans la pièce avant même que son père n'ait eu le temps d'envisager de lui vider son chargeur dans le crâne, par précaution. Les murs se mirent à trembler, l'air sembla bourdonner autour d'eux, effroyable spectacle offert par une mutation que l'on poussait à son paroxysme. Plus que la difformité dont elle affligeait son propriétaire, c'était bien sa puissance sans limite que Rafael haïssait et redoutait, quelque part. Il y avait forcément un moment où Cesare perdrait le contrôle de son don, et que se passerait-il alors ? Mettre ce genre de pouvoir entre les mains du commun des mortels, c'était comme doter tout un chacun d'une bombe à retardement : Nul ne pouvait se targuer d'en avoir un contrôle parfait et sans faille. Personne n'aurait du pouvoir se prétendre digne de posséder un tel pouvoir. Les fondations de la maison, chaque élément de la tuyauterie, tous les petits éléments métalliques résonnaient en cœur avec la rage de Cesare, et Rafael ne pouvait qu'assister, impuissant, à la perte totale de repère de son fils. S'il aurait pu être tenté de le calmer ? Et puis quoi, encore ?

D'un simple geste du fils haït, Rafael se retrouva éjecté de son fauteuil et heurta le sol de plein fouet. La petite plaque métallique qui s'était fichée peu de temps avant entre ses os continua sa course, s'enfonçant un peu plus dans sa chair à mesure que les secondes passaient. Avec l'énergie du désespoir, il tenta de la retirer, plantant pratiquement ses ongles dans sa peau pour arracher la plaque brûlante. La pulpe de ses doigts semblait brûler au contact du métal, dégageant une odeur abominable. Il essaya alors de se redresser à la force de ses bras, mais c'était comme si une force invisible le clouait au sol, faisant de lui, l'ancien militaire sur entraîné, une victime impuissante et faible condamnée à fixer le parquet jusqu'à ce que la mort vienne le cueillir. Un grognement de colère et de souffrance, c'est ce qu'il accorda à Cesare. Pas de hurlement ni de supplication, il préférait encore se mordre la langue jusqu'à se la sectionner que de montrer ouvertement qu'il souffrait. Il se contenta de l'écouter d'un oreille, un ricanement moqueur secouant son échine tandis qu'un premier coup de pied entre les côtes venait lui couper le souffle. Comme s'il pouvait avoir envie de tuer Cesare pour protéger qui que ce soit ? C'était son affaire, son problème, c'était pour lui qu'il voulait le faire et pour personne d'autre ! Car qui d'autre comptait à ses yeux, finalement ? Pour qui aurait-il donné sa vie et celle de son fils ? Il n'y avait pas à tergiverser longtemps : Pour personne. Oh non il ne lui prendrait pas sa vengeance ! Il avait déjà la sienne à mener contre l'espèce mutante toute entière !

Aussi aisément qu'il l'avait jeté au sol, Cesare le retourna sur le dos avant de lui asséner un coup de poing dans la mâchoire qui le sonna suffisamment pour qu'il en perde ses repaires. Le goût du sang l’écœurait, la colère et la douleur faisaient trembler son corps tout entier, mais il ne pouvait toujours pas bouger plus que cela. Pire, c'était le fils qu'il avait lui-même formé, qu'il avait façonné pendant des années qui le projetait avec une telle aisance sur les éléments du mobilier. Bientôt, Rafael se sentit à nouveau soulevé et alla percuter la table basse, laquelle se brisa sous le choc. La douleur lui coupa le souffle, tandis qu'il sentait tous les os de son dos gémir de protestation. Pourtant, lorsque Cesare lui cracha ces quelques mots à la figue, Rafael trouva encore la force de ricaner, lui crachant du sang au visage sans le moindre état d'âme.

- Ah oui... ? Qu'est ce que tu attends, alors... ?

De la provocation, rien de plus... Car si Rafael n'avait pas peur de mourir, il n'avait pas vraiment prévu de le faire ce jour-là. Et sûrement pas de la main de son fils ! Pourtant, il y avait de la certitude et de la conviction dans le regard haineux de Cesare, il ne lui en faudrait pas beaucoup plus pour tuer son père, pour avoir le sentiment d'avoir accompli quelque chose de bien ou encore allégé sa conscience... Et Rafael ne pouvait toujours pas se mouvoir, cloué qu'il était au sol par cette détestable plaque honorifique qu'il haïssait désormais plus que tout le reste. Seulement, c'était mal connaître Cesare que de croire qu'il l'aurait achevé rapidement... Lorsque le pied de la table basse se ficha dans sa cuisse, déchirant son épiderme et les muscles en dessous, Rafael ne pu contenir de hurlement de douleur qui résonna dans toute la pièce. Le corps secoué de spasme, il tentait instinctivement de retirer l'objet de sa jambe. Le sang coulait à n'en plus finir de ses différentes plaies, imbibant ses vêtements et le faisant pâlir à vue d'oeil. La douleur fut tout aussi cuisante lorsque Cesare retira d'un coup sec le pied de la table, lequel laissa quelques échardes douloureuses sur son passage. Un grognement de douleur accompagna la geste, et il fut lutter pour ne pas à nouveau pousser ce hurlement salvateur qui lui donnait presque l'impression d'alléger sa souffrance.

Seulement, tout s'arrêta là. Un coup de feu, le hoquet de stupeur de Cesare, Isabella à l'autre bout de la pièce. Une parfaite coordination, comme si l'idiote avait attendu ce moment-là pour intervenir. Et pourtant n'avait pas mieux visé ? Pourquoi avoir délibérément évité un point vital ? Dans un sens, Rafael lui en aurait tout autant voulu d'avoir tué ce fils dont il espérait encore pouvoir tirer quelque chose. Seulement, il était fait de tellement de paradoxes qu'aucune solution n'aurait pu l'amener à simplement remercier son épouse. Elle venait de lui sauver la vie, et ça n'empêcherait pas Rafael de la traiter comme une moins que rien. Leur relation était étrange... Elle devait être la seule à avoir sa confiance pleine et entière, il l'estimait suffisamment pour ne pas lui parler comme un chien h24, et avait tout de même une certaine affection pour elle... Cependant, tous ses sentiments avaient été balayés ces derniers mois par la suspicion, la rancoeur et la colère. Parce qu'il la pensais responsable de la situation actuelle, parce qu'il la croyait porteuse du gêne mutant. Aussi, lorsque Cesare se fut enfuit, Rafael put enfin se redresser, s'appuyant comme il pouvait contre l'accoudoir du fauteuil.

- Qu'est ce que tu attends ? Rends-toi utile et viens m'aider ! Aboya-t-il alors même qu'elle s'approchait en évitant les éclats de verre et autre projectiles. Je te croyais meilleure que cela au tir... Tu l'as fais exprès, n'est ce pas ?

Elle ne répondit pas non plus. En colère, haineux et blessé, Rafael ne pouvait comprendre l'amour pour son fils qui subsistait dans le cœur de cette mère. Il était bien trop pétrit d'orgueil et de ressentiment pour comprendre qu'elle n'avait pas seulement sauvé la vie de son époux, mais celle de son fils également. Rafael s'en foutait, de tout cela... Cet échec lui resterait bien plus longtemps en travers de la gorge que cette plaque de métal profondément incrustée dans sa chair.
crackle bones
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