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 death is your gift (feat. charlie)

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MessageSujet: death is your gift (feat. charlie)   death is your gift (feat. charlie) Icon_minitimeLun 3 Aoû 2015 - 2:09


death is your gift.
“Death's got an Invisibility Cloak? (...)
So he can sneak up on people: sometimes he gets bored of running at them, flapping his arms and shrieking.”
On dirait l'une de ces stars hollywoodiennes des années cinquante.
L'une de ces icônes de beauté que tu as toujours admirées, auréolées d'une aura énigmatique de glamour et de charisme.
Même allongée inerte contre le froid du brancard en acier, malgré son teint blême et ses muscles marqués par une certaine rigidité cadavérique, elle reste d'une beauté insolente.
Tu l'envierais presque. Elle, et ses traits délicats, encadrés par une cascade de somptueuses boucles rousses. Elle, et sa silhouette pulpeuse, avantageuse, enveloppée dans cette robe noire, sélectionnée par ses proches, qui épouse parfaitement ses formes. Elle, et son visage désormais perpétuellement figé dans une expression de profonde sérénité.
Marlene Robinson. Marlene. Ça sonne classieux, ça sonne précieux. Dans ta tête, tu t'amuses à décomposer son prénom, à le scinder en syllabes. Mar-lene. Même son nom a des allures de vedette du grand écran.
La quarantaine. Mère de famille. Son dossier indique aussi qu'elle a succombé aux blessures provoquées par un accident de voiture. Ça te choque un peu, vu le climat de tension actuel : t'as l'impression que c'est ta première patiente depuis des siècles qui n'est pas une dégénérée.
Dégénérée.
Le mot t’échappe, comme un mécanisme, et t'écorche la langue au passage. C'est le terme approprié, pas vrai ? C'est Oncle Frank qui l'a dit. Alors pourquoi tu grinces des dents un peu plus chaque fois que les mots transpercent la barrière de tes lèvres ?
Le thanatopracteur a déjà fait le plus gros et il a effectué un travail remarquable : de son accident, il ne reste plus que d'infimes cicatrices ornant son doux visage. De vagues hématomes parsèment également ses jambes galbées, mais ce n'est rien que tu ne puisses habilement dissimuler grâce à la magie du maquillage.
Armée de ton pinceau, tu commences à couvrir son visage puis ses jambes de fond de teint, jusqu'à gommer progressivement la totalité des vestiges de la collision.

« And here's to you, Mrs. Robinson, Jesus loves you more than you will know... »

Ta voix frêle brise le silence environnant. Elle est horriblement fausse et menace de se briser sur les fins de phrase, mais qu'importe : tu continues à entonner du Simon & Garfunkel. Après tout : qui peut t'entendre ? L'avantage lorsque l'on traîne majoritairement avec des morts, c'est qu'il n'y a personne pour cafter nos vilains petits secrets. Et tu as donc tout le loisir de faire la sérénade les cadavres.
Cet atelier exigu, c'est pas grand chose, mais c'est ton royaume. La décoration est rudimentaire : tout est d'un blanc aseptisé, rigide. Quelques étagères viennent se greffer aux murs et une éternelle odeur de formol flotte dans l'air. C'est pas parfait, ni très joyeux. C'est même carrément glauque quand on y pense un peu trop. Mais, rien à faire, t'adores cet endroit. C'est peut-être parce que ça te rappelle ton père. Parfois, tu te dis que de te lancer dans cette profession, c'est ta manière un peu particulière de lui rendre hommage. À chaque nouveau patient, c'est comme si t'honorais sa mémoire et cette simple pensée te réchauffe le cœur.
Et puis, il y a quelque chose de délicieusement paisible ici. Le silence gouverne la pièce et t'enveloppe comme un drap de soie. Ici, tu te sens protégée, à l'abri de la terreur ambiante qui règne sur Radcliff. Cet endroit, c'est un peu ta forteresse. Dernier rempart face à la folie meurtrière qui s'empare de la ville.

« God bless you please, Mrs. Robinson. Heaven holds a place for those who pray... »

Avec toute la minutie du monde, tu lui déposes une touche de rouge-prune sur les lèvres, puis laisse reposer ses boucles soyeuses sur son épaule droite. Ton travail achevé, tu places délicatement ton pinceau sur un coin de la table, te décales de quelques pas, et autorises un sourire satisfait à poindre coin de tes lèvres tandis que tu admires ton oeuvre.

(c) AMIANTE
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MessageSujet: Re: death is your gift (feat. charlie)   death is your gift (feat. charlie) Icon_minitimeLun 3 Aoû 2015 - 20:32

I'm the postman !

|►
- Hey Charlie, tu fais quoi ce soir ?

D’habitude, ce genre de réflexion tire de la jeune femme au mieux un roulement des yeux exaspéré, au pire un bon coup de poing dans le museau. Sauf que le ton n’était pas à la séduction, loin de là, ce qui avait fait lever les yeux pâles de la jeune femme en direction de son interlocuteur, un grand métisse au visage taillé à la serpe : c’était marrant tiens, la façon dont il prononçait son prénom. Il faisait chanter la première syllabe, avalant presque la seconde, comme le font souvent les gentlemen du sud, quelque chose qui ressemblait à « Tchar-lee ». ça changeait du « Charrrli » trainant de Roman, mais elle aimait bien quand même. Elle haussa les épaules, attrapant une chips dans le paquet qui se tenait devant elle :

- J’sais pas, pourquoi, on a des trucs à faire ?

Le métisse était un ancien mutant, fraichement vacciné, issu d’une famille de hunters réputée dans le sud. Ses parents n’avaient accepté de le laisser vivre que s’il se faisait vacciner au plus vite et surtout, surtout, s’il devenait un hunter de haut vol, ce qui était le cas. Charlie aimait bien bosser avec lui : il était pro, efficace, et pas trop bavard. Il chantait faux dans la voiture quand il conduisait, mais elle s’y était habituée sans trop de difficulté. L’homme ricana de sa voix gutturale, son rire résonnant comme le grognement d’un ours. Il était tellement grand et imposant que Charlie aurait été incapable de faire le tour de son torse, qu’elle atteignait à peine d’ailleurs, avec ses bras. Il prit le paquet avant de lui répondre tranquillement :

- On a une livraison pour la morgue, et j’ai un rencart ce soir… ça te gênerait de me remplacer ?
- Je sais pas … tu me donnes quoi en échange ?
- Un autre paquet de chips ?
- Vendu.
- T’es vraiment une fille facile, Charlie.
- Ta gueule.
- C’était un compliment.

Elle lui sourit, de cette petite moue satisfaite qui creusait des fossettes sur ses joues : elle était serviable, très serviable, pour la bonne et simple raison qu’elle n’avait aucune vie sociale. Alors être ici ou là en fin d’après-midi, elle n’en avait pas grand-chose à faire. Et puis, elle les aimait vraiment beaucoup ces chips là. Le chasseur lui fit taper dans sa main, puis appela son boss pour l’avertir du changement de plan : du mastodonte black, il se retrouverait avec une minuscule blonde à l’air de petit lutin. Ça lui ferait du changement.

Charlie s’était pointée à l’endroit indiqué à 18 heures tapantes, alors qu’un autre géant à la peau d’ébène l’attendait, accoudé à sa portière, un cigare à l’épaisseur tellement impressionnante qu’elle se dit qu’il devait surement vouloir compenser quelque chose, autre part, calé entre deux dents en or. Il ressemblait un peu au Barracuda de cette série des années 80 dont elle ne se souvenait plus du nom. Bref. Il lui confia les clés en l’appelant Gamine, elle le remercia en carbonisant son gros mégot marronatre d’une décharge d’énergie du bout du doigt, lui faisant hoqueter sa cendre peu ragoutante. Il n’y avait qu’une seule personne qui pouvait la rabaisser ainsi, et il était bien plus blanc, respectable et slave. Elle attrapa les clés du Truck et fila en direction de la morgue, à l’hopital.

La mutante chasseuse n’aimait pas vraiment les hopitaux, aussi elle traversa les couloirs avec son brancard au pas de course, le nez plissé et les lèvres pincés : cet endroit sentait le désinfectant, les médicaments et la mort. Cela sentait comme le sous sol de chez son père, comme le kolkhoze dans lequel elle avait vécu pendant quinze ans. Cette odeur de javel l’avait marqué au fer rouge, et elle la mettait mal à l’aise à chaque fois. Heureusement, une fois l’ascenseur l’odeur chimique s’estompa peu à peu pour laisser place à un autre parfum un peu moins perturbant pour la jeune femme : celui du formol, des gels de conservation et du … Parfum pour femme mure ? Charlie était à peu près sure que c’était du Shalimar. Ou du Chanel N°5. Un truc de dame quoi. Elle poussa son chariot hors de l’ascenseur sans bruit, tendant l’oreille. Une voix féminine. Haut perchée. Qui chantait. Mal, en plus. Charlie haussa un sourcil en écoutant la thanato massacrer un extrait des Beattles en barbouillant les lèvres d’un cadavre avec du rouge à lèvres. C’était assez insolite, mais marrant à regarder. Pour signaler sa présence, elle feignit une quinte de toux, tout en apparaissant dans le couloir, étrange apparition en bottes de biker derrière un chariot métallique chargé d’une masse humaine. Elle n’avait pas spécialement un chat dans la gorge, mais Roman lui avait appris que c’était une bonne façon de signaler sa présence sans effrayer quelqu’un. Alors elle essayait d’appliquer ses conseils, bien qu’elle n’y voit pas vraiment l’intérêt.

- Ouah … Les Beattles doivent se retourner dans leur tombe… enfin pour ceux qui sont morts, les autres doivent juste avoir les oreilles qui sifflent désagréablement … Y en a pas un qui s’est réveillé une fois pour se plaindre ? T’as jamais eu de cadavres de mélomanes ?

Ça aurait pu être incroyablement malpolie comme réflexion, si cela n’avait pas été prononcé par la jeune femme accoudée à son cadavre, la joue appuyée sur son poing, l’air sincèrement curieux. Sa chevelure peroxydée aurait pu la faire passer pour une vieille dame à la crinière chenue, si son visage n’avait pas été aussi scandaleusement juvénile, avec ses grands yeux ronds et son nez en trompette. Elle attendit la réponse de la doctoresse, qui ne vient pas tout de suite, aussi elle se remit à pousser son chargement en sa direction pour ne plus être séparée d’elle que part le mètre soixante dix du cadavre.

- J’m’appelle Charlie, Troy pouvait pas v’nir ramener, euh, lui. Du coup on m’a dit de le descendre ici pour le donner à qui de droit. Très original comme prénom ça, « Quidedroi ».très exotique.

Le pire dans tout ça, c’était qu’il était impossible de savoir si elle était sérieuse ou pas…

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MessageSujet: Re: death is your gift (feat. charlie)   death is your gift (feat. charlie) Icon_minitimeMar 4 Aoû 2015 - 0:25


death is your gift.
“Death's got an Invisibility Cloak? (...)
So he can sneak up on people: sometimes he gets bored of running at them, flapping his arms and shrieking.”
Une quinte de toux caverneuse retentit et te brise dans ton élan.
Ta voix déjà éraillée se tord prématurement en un couinement haut perché alors que tu t'apprêtais à massacrer fièrement les notes suivantes de l'emblématique Mrs. Robinson. Intérieurement, tu maudis l'auteur de cette intrusion subite dans ton havre de silence.
Puis ton sourire satisfait se mue presque instinctivement en une moue outragée, tandis que tu écrases une main contre tes lèvres en un geste démesurément offusqué devant ce manque flagrant de culture musicale. Est-ce qu'elle vient bien de mentionner les Beatles ?! Dieu du ciel. Pour une férue de musique comme toi, l'affront est total.

« Nope. » que tu rétorques, la dernière syllabe accentuée, faisant claquer tes lèvres l'une contre l'autre dans un petit 'plop', à la manière d'une enfant vexée et presque méprisante, qui essayerait de manifester son désarroi en adoptant un air presque hautain, pour faire comme les grands.

« Mais madame Robinson ici présente pourrait bien devenir ma première revenante si tu continues à blasphémer comme ça. (...) Si tu veux te moquer de moi, sois au moins exacte : c'était du Simon & Garfunkel que je massacrais, pas les foutus Beatles. »

La grande amatrice et admiratrice de musique en toi regrette déjà le 'foutu', déclamé uniquement pour un effet d'emphase ; t'adores les Beatles.
D'un geste agile, tu fais glisser ta chaise à roulettes pour faire face à ton interlocutrice, les yeux plissés en un regard férocement inquisiteur.
Une jeune femme. Jolie comme un cœur. Au visage si poupon que tu n'arrives pas à déterminer son âge. Y'a aussi sa crinière peroxydée et son teint blafard qui contribuent à semer le doute. Tes lèvres se pincent pour réprimer un sourire taquin alors que tu te dis qu'elle est sans doute aussi pâle que les deux cadavres qui trônent dans la pièce. Avachie sur un coin du brancard, elle te regarde et tu la jauges, tu la juges. Tu l'évalues, dans une tentative vaine de déceler qui tu as devant toi.
Devant l'innocence qui habite ses traits, tu te rends compte qu'elle est totalement sérieuse pour sa remarque sur les éventuels cadavres zombies.

Elle mentionne Troy pour une demi-seconde, et tu réprimes déjà un soupir de plaisir en repensant à sa carrure de dieu grec, ses traits virils et ciselés, son teint délicieusement hâlé, son sourire ravageur, son-- sa voix posée t'extirpes de brutalement ta torpeur. Elle a le don de couper court à tes fantaisies. Tu te racles la gorge, plus dans un effort de te redonner une contenance plutôt que par nécessité, puis hoche la tête avec compréhension.

« Ok, cool. » que tu lâches, dans un souffle, en te levant de ta chaise, daignant enfin prêter attention à ton nouveau patient.
T'enfiles des gants avant d'évaluer l'étendue des dégâts et des réparations qu'il va falloir effectuer. Y'a pas mal de lésions sévères qui parsèment son corps, deux-trois coupures ici-et-là. Et diverses contusions sur les avant-bras qui suggèrent qu'il a tenté de se défendre.

« Dieu tu ciel, qu'est-ce qu'il a fait pour mériter un traitement pareil ? »

Tu poses la question même si, au fond, tu crois que tu connais déjà la réponse : c'est un mutant, c'est suffisant. Ça justifie toutes les violences corporelles qu'on pourrait lui infliger pour l'empêcher de nuire.
C'est pas le premier, ni le dernier que tu verras. Y'a une sorte d'accord tacite entre toi et quelques hunters de la ville. Tu sais pas exactement en quoi il consiste-- les termes ont étés négociés bien longtemps avant ton entrée dans l'immense jeu du chat et de la souris qui s'intensifie à Radcliff en ce moment et puis, de toute façon, t'es bien consciente que t'es rien d'autre qu'un pion dans tout cet énorme bazar. Tout ce que tu sais, c'est que ton boulot à toi, c'est de retaper le mieux possible les cadavres qu'on te dépose, histoire de pas trop éveiller les soupçons.

Face à sa remarque sur l'éventuel prénom de nouveau venu qui vous sépare, un sourire enfantin s'invite sur tes lèvres et vient adoucir tes traits. Sa candeur apparente tranche avec la lueur qui réside dans son regard. Y'a quelque chose de mécanique chez elle, quelque chose qui te trouble. Tous ses gestes semblent être soigneusement manufacturés, étudiés. Comme ceux d'un automate qu'on aurait programmé à agir normalement. Tu sais pas si t'es juste intriguée, ou complètement flippée.

« Mais, sérieusement : Paul Simon et Arthur Garfunkel, ça te dit rien du tout ? Virtuoses du folk ? Tous les deux bien vivants et toujours en activité ? »

C'est plus fort que toi : tu reviens à la charge, tes mains parcourant avec minutie et attention le cadavre de l'inconnu.

(c) AMIANTE
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MessageSujet: Re: death is your gift (feat. charlie)   death is your gift (feat. charlie) Icon_minitimeMar 4 Aoû 2015 - 22:24

I'm the postman !

-Charlie haussa un sourcil alors que la femme en face d’elle la fixait d’un air réprobateur. Enfin, réprobateur, pas tout à fait, elle avait plus l’air outrée, voire un peu insultée. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, pas pour l’instant, bien qu’en toute honnêteté, elle était à peu près sure de s’en foutre royalement. On lui avait déjà dit qu’elle avait l’empathie d’un fer à repasser. Elle avait rétorqué qu’on ne demandait pas à un fer de sentir les choses, juste de les repasser comme il fallait. Dumbass. Cependant, elle avait compris le message : elle n’était pas d’une délicatesse extrême, elle n’était même pas délicate du tout, ni de près ni de loin, dans ses propos. En général, elle ne se rendait d’ailleurs même pas compte qu’elle blessait ou vexait les gens. Elle le faisait, c’était tout. Elle pencha la tête sur le coté, calant une mèche derrière son oreille avec un air pensif :

- Les Beattles étaient mélomanes non ? que tu massacres leurs chansons ou celle d’un autre groupe, ils seraient probablement pas contents, je pense ?

Fais la maline Charlie tiens, c’est malin. C’est peut être une super mutante en face de toi, ou une super tueuse en série, et toi tu t’amuses à l’asticoter. Si elle te plante un scalpel dans la carotide, ce sera bien fait pour toi, espèce de pie jacasseuse. Heureusement pour la blonde, la préparatrice se reconcentra sur le corps qu’elle lui avait ramené : elle ne l’avait même pas regardé elle-même, elle s’était contentée de transporter le cadavre dans son enveloppe de plastique zippé sans la moindre curiosité. Ça aurait pu être Roman dans ce sac, qu’elle ne le saurait qu’à l’instant même où Margo l’ouvrait. Elle tendit le cou pour tenter d’identifier le défunt, en vain. Ce n’était pas une de ses victimes, aussi elle n’avait pas la moindre idée de qui il était. En revanche, elle savait pourquoi il se retrouvait à la morgue, au lieu d’être tranquillement chez lui à regarder la télévision : un gène de plus dans son Adn, une capacité étrange et Bim, à l’abattoir. C’était comme ça, c’était leur lot à tous, ou presque. Charlie ne leva même pas les yeux vers Margo alors qu’elle se demandait ce que l’homme avait fait pour mériter un pareil traitement. Dans le son de sa voix, elle devinait que l’interrogation était purement rhétorique : elle savait très bien. Aussi, la blonde se contenta de répondre :

- Il a du vachement se débattre. Sacré … *elle regarda l’étiquette d’identité sur la housse * Sacré Jimmy. En même temps quand on s’appelle Jimmy, à la base, on n’est pas aidé. Mais du coup il s’appelle pas Quidedroi, je ne suis que déception.

Jimmy Mitchell était un télépathe, d’après la suite mystérieuse de chiffres et de lettres qui suivait son nom de famille. Charlie considérait que les télépathes n’étaient pas vraiment des mutants dangereux : après tout, elle disait tout ce qu’elle pensait, aussi elle ne craignait pas grand-chose de ces derniers. En revanche, elle savait qu’ils ne plaisaient pas du tout aux politiciens, en général. Allez savoir pourquoi. Et puis voilà que la préparatrice revenait à la charge sur Simon et Garfun-truc. C’était si important pour elle ? Charlie tordit la bouche, soupirant en laissant ses épaules s’abaisser comme si la question l’embêtait vraiment. Comment lui dire que ses références musicales se limitaient à la radio une fois de temps en temps et aux cassettes de Roman dans sa voiture ? Après tout, elle avait une bonne excuse pour son inculture :

- Ben en fait, j’ai passé plus de la moitié de ma vie dans un kolkhoze en Sibérie, yavait pas la radio. Et encore moins de musique « occidentale ». Du coup ma culture musicale est … lacunaire.

Elle battit des cils comme si cette énormité qu’était sa vie était une excuse acceptable et surtout, crédible. Parce que c’était la vérité la plus crue, mais qui la croirait ? Personne de sensée probablement. Mais ceux qui connaissaient Charlie savent qu’elle ne ment pas. On lui avait appris à ne Jamais mentir. Et puis, comme si la confidence n’était pas des plus étranges, elle reprit le fil de la conversation tout naturellement :

- Tu vas lui faire quoi du coup ? une douche, une piqure de gel dans les fesses pour pas qu’il se décompose et zou, dans le carton ?

Elle savait que c’était un peu simplifié comme explication, mais c’était parce qu’elle était curieuse d’entendre le déroulement de tout le process. D’ailleurs, elle avait pris ses aises, assises sur une des chaises à roulette qui servaient surement aux médecins légistes pendant les autopsies, alors qu’elle grattait du bout de l’ongle une tache de sang sur l’accoudoir, A moins que ce soit un peu de matière cérébrale…. Beurk.


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MessageSujet: Re: death is your gift (feat. charlie)   death is your gift (feat. charlie) Icon_minitimeSam 12 Sep 2015 - 19:50


death is your gift.
“Death's got an Invisibility Cloak? (...)
So he can sneak up on people: sometimes he gets bored of running at them, flapping his arms and shrieking.”
Elle a pas l'air plus contrariée que ça par l'état du petit Jimmy ici présent. Le pauvre garçon est tout entaillé, tout lésionné de partout, mais ton interlocutrice a même l'air plutôt blasée et prend le tout à la rigolade. Tu te doutes que c'est sûrement pas le premier cadavre qu'elle voit - les corps mutilés et autres joyeusetés doivent faire légion dans sa profession - mais ça te surprend, te choque presque.
Ça te fait tout bizarre : généralement, c'est toujours à toi qu'on reproche de ne pas avoir les réactions appropriées. D'agir comme un robot, un automate coincé dans une apparence charnelle, condamné à jouer les humaines. Ou alors, on te reproche tes réactions déplacées ou disproportionnées. C'est simple : quoi que tu fasses, le monde est jamais content. Et il n'y a que quelques rares individus qui parviennent à t'accepter comme t'es.
Les conventions sociales ont toujours été un grand mystère pour toi ; t'as jamais vraiment assimilé toutes les règles du jeu. T'as dû loupé la grande réunion où l'on apprend à tout le monde à fonctionner correctement, parce que t'es une complète buse en société.
Toi, t'es la nana qui se marre face au dramatique des enterrements. Qui dit ce qu'il faut pas, ou pas comme il faut. Qui trébuche sur un truc hors de prix ou qui éternue monstrueusement dans un moment où il faut être ultra-solennel. Ça le fait sourire Oncle Frank ; il dit que c'est ce qui fait ton charme et que tu lui rappelles ta mère. Une marginale, un électron libre. Une briseuse de conventions. Tu grimaces toujours un peu quand il dit ça, comme si ça te faisait physiquement mal qu'on t'assimiles à elle.
Tu la détestes pas. Enfin, tu crois. Au fond, tu comprends : elle n'a juste jamais eu la fibre maternelle ; ce n'était rien de plus qu'un petit oiseau aux ailes brisées, que papa a pris soin de réparer. Et il a pris du temps pour le faire, il s'est évertué à la faire rentrer dans un moule. Avec le temps, tu te dis qu'elle est peut-être même parvenue à se convaincre que c'est ce qu'elle était. Sauf qu'un jour, la pression a été trop forte. Et qu'à la première chance qu'elle a eu de tout plaquer, elle l'a fait. Tu comprends. T'aurais sûrement fait la même chose. Mais y'a toujours cette petite partie de toi, la plus sombre, la plus refermée, qui refuses catégoriquement qu'on l'assimile à toi.
Tes émotions en bazar, le petit chaos émotionnel auquel t'es sujette, tout ça, ce n'est qu'un énième effet secondaire de la mort de papa, t'en es convaincue. Heureusement, avec le temps, t'as appris à aiguiser ton art, à le maîtriser. Et même que tu passerais presque pour quelqu'un de bien ajusté.
T'as pas l'habitude de côtoyer d'autres handicapés des émotions. Du coup, tu dois avouer que ça te prend un peu au dépourvu qu'elle s'offusque pas plus que ça. C'est étonnant. Mais carrément rafraîchissant.

« C'est con, ça sonnait bien, j'trouve. »

Un sourire traverse tes lèvres tandis que tu continues d'évaluer le petit Jimmy. Ils l'ont sacrément amoché, mais tu penses que tu devrais pouvoir limiter les dégâts.

Sans réfléchir, t'hoches la tête de manière compréhensive lorsqu'elle t'explique la raison de sa culture musicale limitée. T'es à peu près à 80% sûre qu'elle plaisante. Même si le sérieux avec lequel elle balance tout ça te déroute un peu beaucoup.
Face à sa dernière question, tu t'autorises un petit rire amusé.

« Haha, c'est à peu près ça, ouais. (...) Tu veux m'assister ? Ça m'éviterait de sérénader des cadavres et, au passage, de massacrer de grands classiques. J'pourrais peut-être même te faire ta culture musicale. »


(c) AMIANTE
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MessageSujet: Re: death is your gift (feat. charlie)   death is your gift (feat. charlie) Icon_minitimeJeu 17 Sep 2015 - 20:51

I'm the postman !

Charlie hocha vivement la tête à la réflexion de la jolie brune. Du coup, Jimmy resterait dans son esprit « Jimmy Quidedroit », ce serait plus marrant. Alors que Margo examinait son client, charlie c’était assise sur un brancard et laissait ses jambes se balancer librement dans le vide, comme une petite fille. Il fallait dire qu’elle n’était pas bien grande en même temps. Elle observa Margo qui observait Jimmy, dans une mise en abime amusante : Elle avait l’air tellement concentrée dans l’étude du corps qu’elle plissait ses yeux, dont les cils étaient si longs et noirs que Charlie se demanda si ils étaient faux. Les siens étaient si blancs et fins que des fois, ça lui donnait l’air de ne pas en avoir, et ce n’était pas très joli, alors que Margo avait vraiment de jolis cils, qui cerclaient de jolis yeux.
Elle sortit de sa contemplation quand un rire jaillit de la bouche de Margo, et que cette dernière lui proposa de l’aider à s’occuper du cadavre. Charlie haussa les épaules avec un sourire : après tout pourquoi pas ? elle n’était pas du genre trouillarde, et elle avait vu des cadavres en bien moins bon état que Jimmy, et en général, c’était un peu de sa faute.  Elle sauta de son perchoir pour se pencher sur le corps, à coté de Margo, en plissant le nez :

- Hum, moi j’veux bien mais faudra m’expliquer, j’ai jamais fait ça. Après, tu peux chanter hein, on a jamais tué personne juste parce qu’elle chantait faux. Arracher la langue peut être, mais pas tuer. Et promis, je toucherai pas à ta langue … Je dois prendre une blouse et des gants comme toi ?

Sans attendre, elle attrapa une blouse un peu trop grande pour elle pour l’enfiler, retroussant les manches d’un air déterminé, puis tira sur des gants en caoutchouc pour les faire claquer sur ses mains, tout sourire :

- Alors je dois faire quoi ? On doit le vider ? On peut lui ouvrir les cranes ? J’adore les trépanations, c’est toujours tellement rigolo à faire ! T’as du Ravel ? genre le boléro ? ça je crois que je peux le chanter avec toi, un peu.

Elle avait l’air d’une petite fille devant un nouveau jouet. Elle ne trépignait pas, mais elle n’était pas loin, surtout en voyant tous les outils de métal brillant de Margo, juste à coté d’elle.  Elle n’avait jamais le droit de jouer avec les corps de ses victimes, Roman disait que c’était une perte de temps, et surtout que c’était « sale ». Alors pour une fois qu’elle pouvait s’amuser un peu, elle n’allait pas bouder son plaisir, si Margo le voulait bien.

- Du coup, toi t’es la pour nettoyer après le médecin légiste ? une fois qu’il a tout charcuté, toi tu rends tout ça tout beau ? Il peut pas juste être un peu plus délicat avant lui ?

La question était sérieuse, malgré son air totalement décalé. C’était toujours le souci avec Charlie : elle ne réfléchissait pas vraiment comme les gens « normaux ». Il y avait un sorte de pragmatisme implacable dans sa logique, quelque chose de perturbant pour tous ces gens qui ont l’habitude de louvoyer au lieu de traduire leur pensée. Les paroles de Charlie étaient la traduction brute de ses pensées, de ses réflexions. Ça choquait les gens, la plupart du temps, mais elle s’en fichait royalement.

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