nothing left to say≈ 001. Aria a toujours été cette enfant turbulente, avide de voir le monde, indépendante et vive. En grandissant, elle s’est rapidement rendu compte que son père n’avait d’yeux que pour son frère. Bien qu’elle se soit longtemps sentie mise à l’écart, elle ne s’est pas pour autant éloignée de Cesare ou renfermée sur elle-même ; puisque toute l’attention de leur géniteur était concentrée sur lui, elle en a profité pour multiplier les escapades nocturnes, les expériences sociales, ainsi que bon nombre d’emmerdes. Heureusement pour elle, son frère n’a jamais manqué un seul de ses appels à l’aide. ≈ 002. Férue de mythes depuis l’enfance, elle a plus de mal à se rappeler de faits historiques que de légendes. Ce goût pour l’imaginaire, pour le divin, fait qu’elle rêve de visiter la Grèce, berceau du panthéon de Zeus et des siens. Bien qu’élevée dans la religion chrétienne, Aria se sent plus éloignée de jour en jour des préceptes servis par l’église dans laquelle sa mère et elle se rendaient tous les dimanche pendant que les hommes de la famille étaient en chasse. Si on lui demandait demain dans quel état est sa foi, elle répondrait probablement qu’elle est proche de l’inexistence. ≈ 003. A l’instar de son frère, elle a suivi les règles de la famille en matière d’éducation et se révèle donc plutôt instruite. Néanmoins, elle est bien moins douée pour les calculs que lui. Aria appréciait dessiner dans le temps : elle aurait bien fait une école d’art si sa famille n’était pas porteuse du fardeau de la chasse aux mutants. Elle est douée. De nombreux croquis parsemaient sa chambre à l’époque… Mais depuis sa séquestration, elle ne s’est plus sentie capable de tenir un crayon. Blocage psychologique dû aux différents traumatismes qu’elle a subi. ≈ 004. Bien que moins poussée que son frère sur les tortueux sentiers du devoir familial, Aria n’en reste pas moins une chasseuse en devenir. Même si à présent elle fuit son passé, allant jusqu’à désirer brûler les fondations de cette institution, elle a longtemps suivi leurs préceptes et leurs entraînements. Son père ayant bien moins de temps à lui accorder qu’à son frère, c’est principalement en autodidacte qu’elle s’instruisit ; les armes à feu furent sa première obsession, pour la sensation de protection que lui procurait le poids d’un Glock entre ses mains. Un soir, son père la surprit fouinant dans l’arsenal des DeMaggio. Il fut surprit, bien évidemment, mais pas autant qu’elle l’aurait cru. Il consentit même à lui accorder quelques heures par mois, ce qui était pour la jeune Aria une réelle preuve d’intérêt. Après les premières semaines où elle apprenait seule comment monter et démonter la plupart des armes, il fut à ses côtés pour la conseiller lors de ses séances de tir. Au cours de sa seizième année toutefois, il la délaissa à nouveau pour se concentrer sur la formation de Cesare, fait dont elle s’accommoda remarquablement bien. Elle n’avait pas besoin de lui, de toute façon – il avait l’expérience, tout en demeurant un bien piètre professeur. Trop brutal, trop critique, jamais satisfait. Il l’avait rarement gratifiée d’un sourire encourageant ou d’un compliment. Pourtant, elle faisait des efforts, elle prenait réellement au sérieux leurs entraînements. Sans doute pour se venger, Aria subtilisa dans l’éventail d’armes blanches un Balisong, objet qui ne la quitta plus, dont elle apprit année après année à mieux se servir. Il n’est pas aussi lourd qu’un Glock, mais il fait tout aussi bien son travail entre ses mains expertes. ≈ 005. Aria a toujours rêvé d’avoir un chien, un gros molosse qu’elle aurait élevé elle-même et dressé à la perfection. Sauf que ses parents ne partageaient pas son désir, alors elle l’a comblé comme elle a pu. En nourrissant les chats du quartier, les chiens errants, toutes les bestioles un peu perdues. Forcément, les humains rentraient aussi dans ce schéma ; elle a tendance à vouloir protéger les plus jeunes qu’elle, les plus démunis. Dans une autre vie, Aria devait être un super-héros, ou quelqu’un de moins glorieux, mais tout autant dévoué à sa cause. Quoi qu’il en soit, elle ne désespère pas d’obtenir un jour ce qu’elle veut : un chien. Et tout le monde connaît le dicton : ce que femme veut… ≈ 006. Le manque d’intérêt de ses parents à son égard – notamment de son père – a été plutôt bénéfique pour la vie sociale d’Aria. Nettement moins solitaire que son frère, elle est totalement capable d’entretenir des relations amicales et de forger des liens avec des étrangers. Elle avait une belle poignée d’amis dans le milieu scolaire, ainsi que plusieurs connaissances ; toutefois, la cadette DeMaggio n’accorde pas aisément sa confiance. Elle peut sourire, rire, plaisanter, boire en compagnie de quelqu’un, cela ne voudra pas forcément dire qu’elle est capable de lui confier quoi que ce soit. Elle fait la part entre l’amitié et la confiance, de façon très distincte. Aria s’avère également être profondément rancunière, ne pardonnant pas à ceux qui l’ont trahie, leur rendant la monnaie de leur pièce au centuple. ≈ 007. Au lycée, elle a suivi quelques cours de gymnastique avant d’être lassée par les interminables monologues de l’entraîneuse. Pourtant, Aria était douée. Ce qui explique certainement son talent pour faire le mur, ce qui consistait à l’époque à se faufiler hors de sa chambre au premier étage en pleine nuit sans alerter ses parents, puis y remonter à l’aube avec tout autant de discrétion. Parfois, elle faisait appel à Cesare pour la tirer d’un mauvais pas. Elle a toujours pu compter sur lui. Elle pensait d’ailleurs pouvoir le faire éternellement, cependant les récents évènements lui ont prouvé qu’elle avait tort. Son frère avait des secrets, alors qu’elle s’était livrée entièrement à lui. Un revers qui lui a laissé un goût amer sur la langue, ainsi qu’une forte propension à la méfiance. ≈ 008. Depuis bien des années, Aria s’illustre comme une bonne vivante. Fêtarde – lors d’escapades nocturnes interdites – entière, impulsive, hyperactive, sentimentale, rien ne semble pouvoir entacher ses sourires ou lui ôter son énergie. Elle avait beau vivre dans un milieu dur, celui de la chasse, elle n’en demeurait pas moins optimiste. Elle savait que ce qu’ils faisaient était juste, tout du moins elle s’en était convaincue avec le temps. Il a fallu que sa mutation s’enclenche pour qu’elle commence à réaliser que non, tout n’allait pas bien. Elle parvint, pendant quelques temps, à se bercer d’illusions sur la réaction qu’auraient ses parents face à cette révélation, mais cela n’a pas duré. Expatriée loin de sa maison, dans l’une des planques des DeMaggio, elle affronta plusieurs jours de solitude seulement brisés par la venue d’un homme qui lui glissait sa pitance à travers les barreaux de sa cellule. De longues journées, d’encore plus longues nuits. Et le silence, tout le temps le silence. Elle avait cru devenir folle, forcée de s’exprimer à voix haute pour s’assurer qu’elle n’était pas devenue sourde, renfermée sur elle-même. En l’absence d’émotions auxquelles se rattacher, son pouvoir la taraudait, telle une faim insatiable. Trop la rendait agressive, pas assez lui ôtait toute combattivité. Elle fut toutefois rapidement servie en matière d’émotions : ses parents ayant statué sur le sort qu’ils lui réservaient, elle fut balancée au beau milieu d’un terrain vague avec un bracelet-émetteur à la cheville. Traquée ensuite, comme un animal. Les balles qui la frappaient marquaient sa chair de couleurs vives, propulsées par des fusils de paintball. Lorsque les prédateurs se refermèrent sur elle, son monde s’écroula. Deux jours plus tard, l’expérience fut renouvelée. Encore. Encore. Et encore. Jusqu’à ce que Cesare revienne. ≈ 009. Aria, infirmière-en-chef. ≈ 010. cauchemars.