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 + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila)

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MessageSujet: + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila)   + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila) Icon_minitimeMar 28 Avr 2015 - 23:01

≈ the sons of cain receive no reprieve
ripper & lyudmila


(ripper)

Tu n’es plus que rouge. Rouge et noir. Colère et envie de sang. La noirceur de ton âme, contre l’écarlate que tu désires voir couler entre tes phalanges, plus que toute autre chose au monde. Et tes poings s’écrasent sur le sac de sable, encore et encore, avec un acharnement presque inhumain. Et tu sens le regard d’un boxeur sur ton dos, mais tu l’ignores. Il peut bien penser ce qu’il veut. Tu en as assez avec ton sac. Assez, jusqu’au moment où quelqu’un se mettra en travers de ton chemin. Pour te dire de te calmer, ou pour te provoquer. Ta colère est dirigé sur ce qui peut recevoir les coups. Et pour le moment, tout va encore bien.

Tu as pris les devants sans crier gare. À la première situation de stress de la journée, tu as décidé que tu ne t’étais pas dégourdi les jambes depuis trop longtemps, et tu es venu foutre en l’air mes projets de soirée tranquille. Tu es venu empiéter sur mon esprit, et tu l’as relégué au second plan avec une violence sans pareille. Tu as tant envie de sang, tant envie que tout éclate, que je ne me souviendrai de rien demain. C’est le cadet de tes soucis. La soirée t’appartient. Et il n’y a rien de plus délicieux, en ce bas monde, que de sentir que tu peux faire absolument tout ce dont tu as envie.

Tu t’éloignes du sac de sable, sans crier gare. La grosse chaîne oscille, il se balance quelques longues secondes encore. Car quoi qu’il arrive, lui ne saignera jamais. Et ce n’est pas ce que tu recherches. Pas ce que tu espères de ta soirée. Toi, tu veux sentir la violence, et voir le sang couler. Tu veux frapper jusqu’à ce que la peau sur tes phalanges s’enlève. Frapper et me laisser les cicatrices et les pots cassés, lorsque sera venu demain. Tu vas aller demander si quelqu’un a envie de se battre. Si quelqu’un veut monter sur le ring avec toi, ici, et maintenant.

Et en marchant ton épaule percute la sienne. Toi, tu ne te souviens pas vraiment d’elle. Et pour être honnête, tu t’en fous. Mais moi, je m’en souviens bien. Et si tu ne m’avais pas écrasé, je t’aurais probablement empêché de faire ça. Car au moment où tu la bouscules, tu sens ton cœur faire un bond d’agressivité au fond de ta poitrine. Tu te tournes légèrement vers elle, le regard méprisant et le sourire dédaigneux. Et tu lui craches quelques mots, comme si elle n’était rien. Et pour toi, elle n’est rien.

« Va jouer ailleurs, la naine. Et regarde où tu marches. »

Tu te détournes instantanément pour reprendre ta route. Parce qu’elle ne mérite pas plus d’attention que ça. Personne ne mérite plus d’attention que ça. Les gens ne sont que des produits de consommation, des choses que l’on utilise et que l’on jette immédiatement après. Des choses qu’on massacre et qu’on laisse en sang sur le bas-côté, ou qu’on baise pour passer le temps et qu’on offre à quelqu’un d’autre après. Le respect, c’est un mythe. Une fable inventée par les utopistes qui croient que l’humanité vaut encore quelque chose. Mais toi, tu n’as plus le moindre espoir. Et pour dire vrai, tu n’en as jamais eu. Tu es né comme ça. Né rouge et noir, comme le Diable. Né pour goûter au sang et te complaire dans la violence.

Né pour montrer le véritable visage du monde à tous ces naïfs, qui espèrent encore que le bien existe.


(c) elephant song.
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MessageSujet: Re: + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila)   + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila) Icon_minitimeMar 5 Mai 2015 - 18:41

― ripper & lyudmila ―
now i don't take pleasure in a man's pain,
but my wrath will come down like the cold rain.

Ses phalanges cognent avec leur hargne habituelle, forçant son adversaire à reculer un peu plus à chaque coup qu’elle projette. Pourtant c’est pas un combat ; c’est qu’un entraînement et ce qu’elle heurte n’est qu’un bouclier de frappe, pas l’homme qui se planque derrière. Mais ça l’empêche pas d’y mettre toute la force de ses mains et ses pieds alors qu’elle enchaîne les techniques, absorbée dans la tâche. Y a plus rien autour d’elle – elle ne voit plus les autres boxeurs, les entend encore moins, comme enfermée dans une bulle qui l’empêche de prêter attention à son environnement. C’est elle et le mur qui lui fait face, elle et ses démons qu’elle terrasse un à un en espérant qu’ils ne se relèveront pas, mais ils le font toujours et si c’est pas maintenant, ça sera en pleine nuit, au creux de ses draps froissés et ses tripes en vrac. Alors elle s’acharne la sauvage, elle frappe encore et encore, tellement qu’elle entend pas tout de suite la voix qui la somme d’arrêter, tellement qu’elle remarque pas que son rival est acculé alors qu’il n’a jamais consenti à ça. « Mila, bordel ! » Ça résonne à ses oreilles mais elle met un temps à se stopper, ses bras arrêtant leur machine infernale tandis qu’elle observe le bouclier s’abaisser pour laisser apparaître un visage. « J’savais que t’étais teigneuse mais quand même, quand j’te dis stop : arrête-toi, merde. » Faudra pas qu’elle s’étonne si à force, plus personne n’accepte de s’entraîner avec elle. Pourtant elle ricane, le souffle court et une pellicule de sueur couvrant son front et sa nuque, haussant vaguement les épaules. « Pas ma faute si t’es une p’tite nature. » Il lui offre une grimace en guise de réponse et elle laisse échapper un rire, détachant ses gants pour venir refaire sa queue de cheval correctement, histoire d’éviter d’avoir des mèches dans les yeux. Elle est hargneuse c’est un fait, tous ceux qui la côtoient un minimum l’ont appris – parfois à leurs dépens – et c’est pas quelque chose qui changera de sitôt. Faut juste apprendre à faire avec.

En attendant elle meurt de soif et déjà elle s’éloigne pour aller chercher sa bouteille d’eau, abandonnée de l’autre côté de la salle. Ensuite, elle compte bien se trouver un concurrent qui acceptera de se battre avec elle puisque l’entraînement ne lui suffit plus, elle préfère largement se mesurer à d’autres poings plutôt qu’à une surface inerte. S’il est plus grand et plus fort ça n’est que mieux : elle a cette fâcheuse habitude qui consiste à se mesurer à des gens qui font deux fois sa taille et qui pourraient probablement la massacrer. Mais souvent, elle parvient à inverser la tendance justement parce qu’elle est une teigne, en plus d’être plutôt rapide et agile. Et quand ça marche pas, elle récolte des bleus qui ne peuvent qu’être bénéfiques selon elle. Alors elle avance en jetant quelques coups d’œil aux boxeurs qui sont en mouvement autour d’elle, cherchant à repérer celui qu’elle pourra provoquer dans un combat. Et puis elle se fait bousculer ; le contact est loin d’être brutal et elle en aurait certainement rien à foutre en temps normal, sauf que ses prunelles se posent sur l’idiot qui l’a percutée et elle sent ses poings se serrer malgré elle. C’est Lockhart, ce type qu’elle a connu à New York y a longtemps déjà. Ce type qu’elle aimait même plutôt bien et qu’elle aurait presque considéré comme un ami, jusqu’à ce qu’elle doive fuir avec Artem, pour des raisons obscures qui n’ont fait que s’épaissir avec le temps, la laissant avec une multitude de doutes et une confiance en Lockhart totalement brisée. Depuis qu’elle l’a croisé à Radcliff pour la première fois, elle le regarde de travers, mais ils ne se parlent pas et c’est pas plus mal comme ça. Jusqu’à maintenant. Il brise le silence qui s’était imposé entre eux d’une manière assez magistrale, qui ne ressemble pourtant en rien aux souvenirs de lui qu’a Lyudmila. Presque incrédule, elle plisse les yeux alors qu’il se désintéresse d’elle entièrement pour reprendre son chemin comme si de rien n’était. Ça passe pas. Elle supporte pas. La vengeance est un plat qui se mange froid, ou plutôt sacrément épicé dans le cas de Lyudmila – c’est pire qu’un plat mexicain et Lockhart risque bien de se faire arracher la gueule par la sauce piquante qu’elle va utiliser pour lui cramer les entrailles. Sans même y réfléchir à deux fois, elle s’approche derrière lui pour le pousser brusquement de ses deux mains, le faisant presque trébucher au passage. Elle attend qu’il se retourne pour lui adresser une œillade peu amène, levant légèrement le menton comme pour le regarder de haut ; alors qu’il est beaucoup trop grand pour qu’elle puisse se le permettre. « Tu tiens plus d’bout, Lockhart ? Faut regarder où tu marches. » Elle reprend ses paroles d’un ton sarcastique, preuve indéniable qu’il l’a piquée au vif. C’est tout ce qu’il a trouvé à lui dire et ça la fout en rogne. Elle a pas oublié l’urgence dans laquelle son frère l’a forcée à faire ses valises pour quitter New York, parce que le groupe de mutants qui les avaient accueillis s’était foutu en tête de se servir d’elle pour des plans foireux – et considérant que Lockhart était proche d’eux, elle est persuadée qu’il l’a trahie lui aussi. Alors qu’il se foute littéralement de sa gueule, là, comme ça, c’est pas acceptable. C’est trop lâche, c’est trop pusillanime, ça lui ressemble pas et ça suffit à la faire bouillonner. Tellement qu’elle parvient pas à se maîtriser, et son poing se referme de lui-même avant de venir s’écraser contre la mâchoire de Lockhart sans préavis. « La naine te salue, connard. »


{ points ajoutés }
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MessageSujet: Re: + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila)   + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila) Icon_minitimeMer 6 Mai 2015 - 21:04

≈ there's no church in the wild
ripper & lyudmila


(ripper)
Il est des fois où j’en arrive à me demander si se battre n’est pas le but auquel tu tends, dans ta vie. Chaque fois que tu te réveilles, tu cherches les emmerdes. Tu as envie de sentir la colère chez les gens, et de laisser déferler la tienne sur leurs pauvres carcasses. Tu n’as pas de limites, ni de pitié. Tu veux simplement les voir s’énerver. Les laisser cogner en premier, pour avoir une bonne raison de te jeter à leur gorge. Tes mots ne sont que des aiguilles, plantées fermement dans les nerfs les plus fragiles, sortant hors de leurs gonds tous ceux que tu croises ; les contraignant à se dérider, à abandonner leurs têtes de zombies enracinés dans leurs vies sans intérêt, et à montrer leur véritable personnalité, leur instinct de survie, et leur côté bestial. Tu ne sais pas être gentil, ou calme. Ton nom est un antonyme de ces principes, et tu en ris. Tu en ris, parce que tu trouves ça drôle. Drôle qu’on te supplie d’arrêter, drôle qu’on te demande de compatir, ou qu’on cherche à stimuler l’empathie chez toi. L’empathie pour te forcer à arrêter d’arracher les vêtements, qu’ils soient hommes ou femme. L’empathie pour tenter de sauver sa peau, de te faire arrêter de cogner. Arrête, je pourrais être ta sœur, s’il te plait. Je pourrais être ton frère. Ton père. Arrête ça. Toi, tu ne t’arrêtes pas. Lorsque la machine est lancée, il te faut bien plus qu’un appel à la pitié pour t’arrêter. Car c’est ainsi que tu t’es forgé. Dans la haine et la douleur, dans le désir le plus profond et le plus viscéral d’une vengeance brutale et sanglante. Tu es un alien, alien de cette société, parfait étranger né de la haine et de la violence, et qui jamais ne s’accoutumera à la vie qu’on voudrait le voir adopter.

Alors, tu as provoqué Lyudmila. Parce que tu te moques bien de l’affection que je peux avoir pour elle, de ce que l’amitié que j’ai avec son frère peut bien représenter pour moi. Tu te fiches éperdument de qui elle est, même si tu la connais, dans le fond. Tu la connais, tu as le souvenir de son image, de son visage. Parce que je ne te l’ai jamais caché. Tu as le souvenir, mais tu l’ignores. Tu la provoques, comme n’importe qui d’autre, sans t’attendre à la moindre pitié de sa part. Tu la prends pour un être inférieur. Car c’est une femme. Et que pour toi, les femmes sont inférieures, sur certains plans. La force physique et la violence en font partie. Elles ont beau être remontées, sauvages et déterminées, elles n’en restent pas moins des femmes. Faibles, physiquement. Faibles psychologiquement. Nées pour la reproduction et la prospérité de l’espèce. Ne pas croire qu’elles ne sont faites que pour la vaisselle et l’élevage des enfants. Non. Elles ont bien d’autres talents. Mais elles sont faibles. Et toi, c’est tout ce qui t’importe. Tout ce qui te reste. Et l’espace d’un instant, ton sang se met à bouillir. Bouillir d’envie de lui dire, tu sais, Mila, suffit pas de se mettre une plume de pigeon dans l’cul pour devenir un coq.

Les mains se posent sur ton dos et te poussent brutalement. Tu titubes, trébuches presque. Malgré ton mètre quatre-vingt-cinq. Malgré la prévisibilité d’une mauvaise réaction. Tu te retournes. L’œil peu amène. Tu la regardes. Un rictus mauvais au coin des lèvres. Tous les muscles de notre corps se sont tendus. Tu as eu la soudaine envie de la tuer. Mais ça te passe. Ce que tu veux, c’est te battre. Pour ça, tu attends qu’elle donne le premier coup. Qu’elle s’envole de fierté sous sa prouesse d’avoir réussi à t’atteindre. Parce que la chute n’en sera que plus dure. Elle n’en fera que plus mal, et tu n’en prendras que plus de plaisir. C’est comme ça que tu fonctionnes. Car pire que la résignation, il y a l’espoir. Cruel. Fatal. Sans pitié. Exactement comme toi.

Et tu as ce rictus. Un demi-sourire, méprisant et moqueur. Et Mila, ça lui suffit. Ça lui suffit pour refermer le poing, et le balancer de toutes ses forces vers ton visage. Ça lui suffit pour te foutre la droite de la journée — pas du siècle non plus, faut pas exagérer, ce n’est qu’une femme. Et tu titubes. Le goût de sang envahit ta bouche immédiatement, et tu bascules sur le côté. Elle a suffisamment de force pour avoir failli te faire tomber. Tu t’es rattrapé au ring à ta droite. Et tu te redresses lentement. Sa voix cinglante fend l’air, et tombe comme un second coup sur ton visage. Et en te redressant, tu ne peux pas t’empêcher d’éclater de rire. De ce rire méchant et hautain, de celui qui se fout ouvertement de la gueule de la brunette. Tu ne prends même pas la peine de mimer cette douleur que tu ne ressens pas. Ce n’est qu’un picotis. Qu’une sensation revigorante à l’extrême. Tes doigts touchent le mince filet de sang que tu sens couler le long de ta lèvre. Elle a frappé fort. Tes dents ont entamé la chair tendre de ta joue. Tu souris. Et alors, tu montres que toi aussi, tu es capable d’agir sans préavis, ni avertissement.

Tu lui tombes dessus sans crier gare. Tes bras enserrent immédiatement sa petite taille, et tu la bouscules pour la cogner violemment contre le bord du ring. Sans perdre une seconde, tu la lâches et tu empoignes ses cheveux pour venir diriger sa tête tout droit vers le sol bétonné. Tu as de la force, Ripper. Beaucoup plus que n’importe lequel d’entre nous. Une force presque inhumaine, que tu déploies soudain, pour la faire tomber. Et tu craches le sang accumulé dans ta bouche au visage de Mila, comme si elle n’était rien. Et les gens autour de vous commencent à bouger, à se demander ce qui se passent.

Ils pensent que vous allez vous arrêter, alors ils ne font rien.

Les imbéciles. Les ignorants. Les naïfs.

Les moins-que-rien.

{ points comptabilisés }


(c) elephant song.


Dernière édition par Lockhart O'Meara le Ven 8 Mai 2015 - 0:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila)   + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila) Icon_minitimeJeu 7 Mai 2015 - 6:36

C’est comme une putain de maladie. Chaque jour qui passe, ça la torture. Ça la démange de la cime de ses ongles jusqu’au fond de ses entrailles, ça gratte sous la peau et dans le cœur, au milieu de son dos puis au creux de son ventre. Y a quelque chose qui griffe la paroi de ses organes pour les déchirer, ça lacère sa chair trop tendre pour en sortir comme un dégueulis noirâtre, comme le flot de ses mots lancés tels des boulets de canon et les vagues de ses phalanges qui se replient sur elles-mêmes. C’est sa rage qui bouillonne sans cesse, l’acide remonte le long de sa gorge en la faisant suffoquer et elle le crache à la face du monde, elle l’imprègne dans les peaux et les têtes à l’aide de ses mains déjà trop ternes, tellement poisseuses qu’elle peut plus les laver. Elle fait marrer la sauvage, elle est ridicule avec son petit mètre soixante et des poussières, avec ses épaules qui lui donnent l’air frêle ; elle fait pas peur malgré les taches dans le fond de ses yeux et les cicatrices étalées sur le canevas de son épiderme. On lui rit au nez, on s’esclaffe en voyant sa dégaine de sale gosse qui a oublié de grandir mais qui veut jouer dans la cour des grands. On se tient les côtes en pouffant et pendant ce temps elle attaque ; elle vient les briser ces putains de côtes et tous les autres os qui lui tombent sous la main, elle enfonce ses crocs et ses serres comme une barbare, elle tord et elle dévore en se prenant pour une cannibale. On la regarde comme une poupée désarticulée et on rigole comme un con. Mais Mila c’est une sale bête, une sale race qui vous sautera à la gorge pour mordre dedans et l’arracher. Son sang n’est que violence – une fois qu’il s’est mis à couler y a plus de fin à sa fureur.

Mais sa fureur est déjà là, elle grouille derrière ses mâchoires crispées et son regard noir. Lockhart la déclenche et l’alimente, avec ses mots et son sourire, avec sa façon de la regarder comme si elle était rien. Qu’un grain de poussière, un insecte à écraser sous sa godasse. Alors elle cède à la pulsion, elle envoie les jointures de ses phalanges claquer contre les dents du coupable et elle se satisfait de le voir tituber puis se rattraper au ring. Elle se satisfait du filet rouge qui coule au coin de ses lèvres et une première onde de soulagement l’envahit ; il le méritait et elle en crevait d’envie, y a une part d’elle qui attendait cet instant. Elle s’attend presque à ce que ça suffise à le faire changer d’attitude, à ce qu’il abandonne son cynisme et redevienne le type qu’elle a connu y a trop longtemps. Elle pense que l’électrochoc suffira à remettre Lockhart dans son état normal mais elle sait pas, l’idiote. Elle sait pas que c’est pas Lockhart – il est pas là, pas maintenant, c’est que l’autre, c’est que Ripper qu’elle ne connaît pas et qu’il aurait mieux valu qu’elle ne connaisse jamais. Il éclate d’un rire mauvais, trop crade, crève-cœur, à gerber. Elle comprend pas. Elle fronce les sourcils et elle le regarde, elle essaie d’analyser, de voir au travers de son visage mais y a rien. Que du noir, et une haine plus virulente encore que la sienne. Elle a pas le temps de réagir. Elle sent les bras l’attraper et la projeter  vers le ring, elle sent son bassin cogner la surface trop dure et l’éclair de douleur qui en résulte. Mais c’est rien, tout ça. Il s’arrête pas. Il attrape sa tignasse et elle grogne, elle griffe la main qui l’empoigne, sans succès. Le sol se rapproche trop vite, trop fort. Elle s’écrase lamentablement, ses mains rattrapent le coup mais n’empêchent pas ses membres de heurter violemment le béton qui lui brûle la peau et l’égratigne au niveau de ses paumes et puis ses coudes, suffisamment pour voir une touche de rouge poindre à la surface. Elle sent le contact chaud et humide contre son visage, ça descend de sa tempe jusqu’à sa joue et le coin de son nez, ça coule sur le bord de ses cils et elle ferme les yeux juste à temps pour les protéger. Il vient de lui cracher dessus. Il lui a taché le visage avec son sang dégueulasse en espérant l’empoisonner. Elle en fera une peinture de guerre.

Sa main essuie rageusement l’affront alors qu’elle se redresse, les traits déformés par la colère. Son pied se lève et s’écrase brutalement dans le ventre de son adversaire, le forçant à se plier en deux, et elle en profite, la teigne. Une main agrippe ses cheveux, l’autre vient embrasser son nez dans un craquement sourd, presque douloureux à entendre. Elle espère profondément qu’elle l’a cassé. Et si c’est pas fait, elle cognera encore pour y arriver. En attendant elle l’achève en le poussant à nouveau de toutes ses forces, profitant du fait qu’il soit désorienté par les coups tout juste reçus pour le faire tomber à son tour, inversant la situation qu’il a provoqué en premier. Il est là, échoué sur le sol crasseux, et elle peut enfin le surplomber de sa hauteur pourtant largement inférieure. Elle lève le menton pour le regarder comme s’il n’était qu’un parasite répugnant, et elle abat son pied sur la main de Lockhart, appuyant suffisamment fort pour s’assurer qu’il souffre et que ses articulations grincent, mais pas assez non plus pour briser ses phalanges. « C’est tout c’que t’as dans l’ventre ? » Comme toujours, elle peut pas s’empêcher de provoquer. Pourtant y a aucune pointe d’amusement dans son regard, y a même pas de sourire sarcastique qui se glisse sur ses lèvres – elles sont trop pincées, tordues dans un angle haineux. Elle sent des regards peser sur eux mais elle en a strictement rien à foutre, de toute façon personne n’intervient. Y a qu’elle et Lockhart. Ou plutôt, elle et Ripper. Elle risque de se faire éventrer et elle en a aucune idée. Elle sera belle la sale effrontée, quand il lui foutra les tripes à l’air pour s’en faire un collier.
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MessageSujet: Re: + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila)   + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila) Icon_minitimeJeu 28 Mai 2015 - 15:17

≈ it's just beneath the skin
ripper & lyudmila


(ripper)
Mila, ce n’est pas une adversaire comme les autres. Parce que les autres restent par terre et encaissent. Ils comprennent qu’ils sont moins forts, et qu’ils n’ont aucune chance de se relever, au bout du compte, si tu insistes un peu trop. Mais Mila n’est pas comme ça, parce que Mila s’en fout. Elle sait probablement qu’elle est moins forte, et encore ; c’est une question à se poser très sérieusement, au vu de sa ténacité et de sa volonté de te détruire, de te massacrer. Mais elle est moins forte. Toi, tu n’as aucun doute là-dessus. Et malheureusement, moi non plus. Elle est moins forte mais elle insiste. Elle a décidé qu’elle te ferait mal. Et rapidement, c’est ce qu’elle se met à faire.

Elle attend que tu te sois un peu redressé, et elle te fait tomber, elle aussi. Elle se relève. Et elle t’écrase la main, du talon. Tu ne grognes même pas. Tu te contentes de serrer les dents. Un rictus fend ton visage. Un rictus profondément mauvais. Il n’y a plus aucune chance qu’elle s’en sorte avec de simples petits dégâts. Aucune chance qu’elle puisse tenir sur ses deux jambes pour se glisser hors du gymnase, après cette altercation. Ils l’emmèneront en civière. Et toi, ce que toi tu espères sincèrement, c’est qu’elle partira les deux pieds devant. Elle a osé l’affront. Elle a osé se dresser face à toi. Et personne ne fait ça impunément. À notre grand désarroi à tous. À mon plus grand effroi.

Alors quand ta main libre se referme sur la ceinture de Lyudmila, c’est la suite logique des choses. Tu concentres toute ta force dans ton bras, et tu la fais basculer à terre. Vers toi, parce que c’est là que tu as le plus de force. Elle arrive à dévier un peu, et elle tombe en diagonale. Vers ton autre main. Son talon s’enfonce un peu plus sur tes doigts, et tu crois sentir une phalange de l’un d’eux lâcher. Mais ça ne te fait rien. Ça ne te fait jamais rien. L’adrénaline et toi ne faites qu’un, et la douleur t’est étrangère. Elle l’a toujours été. Elle ne le sera pas pour nous, et je pleurerai en me bandant deux doigts ensemble pour faire une attelle de fortune. Mais tu t’en fous. Comme toujours, rien d’autre que toi n’a d’importance. Et tu as prévu de lui faire bouffer sa vengeance bouillante.

Tu ne prends même pas la peine de te relever. Tu dégages sèchement ta main de sous son pied, et tu armes ton poing. Il s’écrase. Oh, oui, il s’écrase. De cette violence inouïe, sur le visage de Mila. Une fois, deux fois. Ta main indemne lui tient la gorge. Et tu serres. Tu es campé à califourchon sur elle, et tu frappes. Elle va se soucier de respirer avant de riposter. Parce que c’est plus important pour vivre. Pour le commun des mortels, à tout le moins.

Tu changes de poing. Tu attrapes son col de ta main indemne, pour la laisser reprendre son souffle. Tu n’as aucune envie de la sentir te claquer entre les mains. Pas tout de suite, en tout cas. Là, tu veux qu’elle souffre. Encore, et encore. Qu’elle souffre, jusqu’à n’en plus pouvoir. Jusqu’à te supplier d’arrêter. Et tu la feras gémir. Tu la conduiras au supplice, et à la supplication. Si personne n’intervient pour t’arrêter, tu la feras prier. Même si Mila, elle ne prie pas. Même si Mila, elle ne flanche pas.

Tu martèles son visage jusqu’à voir le sang s’échapper doucement d’entre ses lèvres. Et même après ça, tu ne t’arrêtes pas. Tu sens qu’on essaie de t’attraper les épaules. Tu entends les cris autour de toi. Ils n’ont pas mis longtemps à intervenir. Mais déjà trop longtemps pour son nez. Pour sa joue. Pour son arcade. Elle a du sang dans les yeux, et elle ne doit plus voir grand-chose. Et tu essaies de te débarrasser des insectes qui t’attrapent les bras, les épaules, qui tendent leurs longs doigts crochus pour essayer de te tirer en arrière. Les misérables. Ils arrivent à te faire te relever. Mais en deux coups d’épaules tu t’es dégagé. Tu as trop de force pour eux. Trop de hargne, concentré en une seule personne. Et ils titubent en arrière, pendant que tu attrapes le bras de Mila. Que tu le lui tords. Parce que cette pétasse a levé la main sur toi. Elle ne recommencera pas de sitôt. Avant, elle ira dire bonjour aux murs blancs des hôpitaux. Tu lui déboîtes l’épaule, et on t’attrape à nouveau. Elle ne mettra pas longtemps à récupérer, si y a que ça. Alors, tes pieds frappent. Frappent, et frappent encore. Tu te débats en même temps, de ces insectes qui s’acharnent, et tu t’acharnes, toi aussi. Tes talons qui enfoncent ses côtes, qui martèlent sa poitrine. Et finalement, quand un bras ultime s’enroule autour de ton cou pour te tirer en arrière, lorsque tu te vois arraché à ce morceau de viande sanguinolent, tu fais la dernière chose qu’il t’est permis de faire. Ton talon s’écrase brutalement sur sa cheville. Ça, c’est pour notre main.

Et les insectes se mettent à crisser. Ils crissent et ils hurlent, autour de toi, te tirant en arrière, te donnant un ou deux coups pour tenter de te sonner, et de te maîtriser plus facilement. Tu es certain qu’ils ont déjà appelé une ambulance, et quelques-uns se penchent autour de Mila pour la regarder, pour estimer les dégâts. Dégâts que tu as causés.

Machine à détruire, qu’on pousse hors de la salle de sport. On ne te demande même pas de récupérer tes affaires. On veut que tu foutes le camp. Et d’après ce qu’ils beuglent, ils ne veulent pas que tu reviennes. Ils ne veulent plus jamais te voir ici. Plus jamais. Tu vas devoir partir en quête d’une nouvelle salle de sport. C’est moi qui vais m’y coller. Pour changer.

Histoire que tu ne veuilles pas revenir, le rhinocéros grâce à qui ton extraction a été possible te balance une mandale dans la figure. Ton nez se brise sous l’impact. Et tu auras probablement un œil bleuté demain. Ça te sonne suffisamment pour te voir fermer la porte en métal au nez. Ils t’ont sorti par derrière. Et ils veulent pas te revoir là. Pas avoir d’ennuis. Ils nous aimaient bien, alors ils ont pas appelé la police. Mais je ne sais pas si tu réalises qu’on aurait pu finir au poste. Que ça aurait pu être encore bien pire que ça.

Ils t’ont poussé contre le mur. Tu es tombé, puis tu t’es laissé tomber. Lentement. Sûrement. Tu as fermé les yeux, une main sur ton nez. Le sang poisseux coulant le long de tes doigts. Le froid te saisit. T’es en tenue de sport. Pas en tenue de ville. Demain, je vais appeler pour m’excuser — pour t’excuser — et pour demander à un gars de me ramener nos affaires. Je vais sûrement devoir le payer. Mais il va falloir que je récupère tout ça.

Progressivement, tu te calmes. Tu regardes autour de toi. Tu te relèves, de ta démarche animale, puissante. Tu fais quelques pas, malgré cette main bientôt douloureuse et ton nez en sang. Tu titubes, jusqu’à t’éloigner un peu de la salle de sport. De l’autre côté. Là où l’ambulance ne passera pas. Là où personne ne te verra.

Là où tu pourras t’enfoncer dans l’ombre, l’ombre que tu aimes tant et qui te rend ton affection.

Dans ces ténèbres qui t’ont façonné, être de sang et de colère.

Dans ces ténèbres qui finiront inexorablement par te dévorer et nous engloutir, après nous avoir longuement rongés.


(c) elephant song.
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MessageSujet: Re: + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila)   + but she is satisfied the most while stabbing madly at the roast. (lyudmila) Icon_minitimeMar 9 Juin 2015 - 22:41

― cannibal's hymn ―

Y a des tas de choses que Mila a jamais appris. Dire bonjour et puis merci, savoir être polie et acceptable en société, baisser sa garde de temps en temps, se tenir correctement et pas balancer des jurons à tout va, éviter de cracher par terre, se laisser prendre au jeu du flirt, accepter les compliments en souriant, cuisiner sans mettre le feu et ne pas parler la bouche pleine, arrêter de traîner des pieds et puis profiter de la vie. Elle s’est jamais vraiment adaptée – n’a pas tenté de le faire non plus. Elle est comme elle est puis tant pis si ça dérange, de toute façon elle écoute jamais ce qu’on peut bien lui dire et n’en fait qu’à sa tête peu importe ce que ça peut lui coûter. Mais ça c’est parce qu’elle a voulu oublier ; y a des tas de choses qu’on lui a pas inculqué mais si y a bien un truc qu’on lui a imprimé dans le crâne, c’est comment courber l’échine et se préparer à la douleur, faire le dos rond et ravaler ses larmes en priant pour que ça passe, se recroqueviller dans un coin avec des cendres plein la bouche. Depuis le soir même où Artem l’a sortie de sa prison, elle s’est promis : plus jamais. Les coups elle les rendra tous et ça sera œil pour œil, dent pour dent. Qu’on vienne s’y frotter de trop près et elle vous dégommera de toutes ses forces. Alors Mila, elle s’acharne envers et contre tout, si elle tombe elle se relève et chaque préjudice qu’on lui porte se paie au triple, elle laisse rien passer, elle sait pas pardonner. Tant que les deux camps sont pas à égalité, sa hargne connaît pas de fin. Peu importe ce qui peut se dresser devant elle, un mur ou bien un ouragan, un colosse ou le diable lui-même : ça change rien. Elle reste debout même quand ses jambes se brisent et elle se transforme en boulet de canon. Pourtant, au fond d’elle, elle sait – elle finira par y laisser la peau.

Mais la balle est dans son camp, c’est elle qui a l’avantage et elle se gêne pas pour en profiter allègrement, elle l’envoie embrasser le sol, l’enfoiré. Elle croit presque qu’elle a gagné de là-haut, elle se sent comme sa seigneurie qui a agenouillé le bouffon, elle le fixe avec dédain et elle lui écrase la main. Faut toujours se méfier d’un adversaire surtout lorsqu’il est à terre, elle en est le meilleur exemple et pourtant elle l’a pas vu venir, elle se sent attirée par terre à nouveau et tout ce qu’elle peut faire c’est tenter de maîtriser la trajectoire. Son corps s’écrase dans un bruit sourd, ses avant-bras prennent tout le contrecoup de la chute et son visage atterrit dangereusement près du béton. Elle a même pas commencé à se redresser qu’elle sent Lockhart bouger à côté d’elle et puis sur elle – son cerveau est encore en train d’assimiler mais on le stoppe dans sa course, ça cogne une fois et puis deux, déjà le sang se met à couler. Ses phalanges se replient sur elles-mêmes dans un poing menaçant qui n’a pas l’occasion de quitter ses flancs, la pression sur sa jugulaire est trop forte. Ça serre, ça frappe, ça claque de tous les côtés et puis ça écrase. Elle tousse et cherche l’air sans grand succès, ses deux mains viennent agripper celles de son agresseur pour tenter de se défaire de son emprise, elle a les jambes qui se tordent dans tous les sens à mesure qu’elle essaie de se débattre comme elle peut. Ses poumons s’atrophient et elle se sent au bord de l’implosion, bien sûr ça fait mal mais surtout ça l’enferme, c’est comme se retrouver prisonnière et elle peut rien y faire, sa bouche s’ouvre et se ferme avec le son de l’agonie, ça lui donne l’air d’une pauvre bête en détresse c’est ridicule. Quand sa trachée s’ouvre en entier c’est brutal, l’oxygène lui brûle la gorge et elle tousse de plus belle comme un fumeur prêt à cracher ses tripes alors qu’elle fume pas Mila, plutôt crever que s’approcher de ces choses-là et c’est à croire que Lockhart va finir par l’achever. Les coups pleuvent, sa tête se retrouve projetée à droite et puis à gauche, elle est rien de plus qu’un pantin tombé dans les mains du gosse destructeur, y a ses yeux qui roulent dans leurs orbites et le sang qui lui encrasse la tronche, ses doigts qui agrippent n’importe comment – les tissus, les cheveux, la peau, tout ce qu’ils trouvent mais ça leur suffit pas, ils tiennent pas, ils griffent puis glissent, elle est rien qu’un chaton qui cherche à échapper au roi de la jungle. Dans sa tête y a un marteau-piqueur, ça bourdonne jusqu’à ses oreilles et elle entend rien, juste son cœur qui bat à ses tempes et ses os qui craquent sous les assauts, sa vision est floue mais tout tourne au ralenti. Elle voit de l’agitation sans pouvoir discerner ce qui se passe vraiment, la seule chose qu’elle retient c’est les prunelles de Lockhart ; c’est noir, c’est ardent, c’est moche comme le monstre qui crie au fond de son palpitant, c’est qu’une étendue de haine qu’elle reconnaît trop bien, comme un miroir de sa propre rage qui n’est pourtant pas celle de Lockhart. Elle voit rien que ces foutus yeux qui prennent un sale air d’écho, elle voit qu’un monstre qui lui ressemble tellement que ça la paralyse.

Son nez émet un son lugubre, sa joue est transpercée d’un éclair de douleur, son arcade s’ouvre et bientôt elle voit plus rien, y a un voile sombre qui s’étend sous ses paupières et ça pique, ça crame, ça l’aveugle complètement. Le néant a laissé place à une rivière pourpre et le chaos de sa respiration s’arrête, reprend, c’est laborieux, elle s’étouffe toute seule alors qu’une main tremblante vient chercher à essuyer le rideau qui la prive d’un de ses sens. La vérité c’est qu’elle contrôle plus rien, elle a mal partout, elle entend plus, sa vision lui fait défaut, tous ses membres frissonnent douloureusement et elle se sent plus impuissante que jamais. Le craquement qui émane de son épaule résonne en même temps que son cri guttural, elle sait pas d’où c’est venu et elle peut même pas riposter, elle se sent comme cette putain de gamine incapable de se défendre, elle est qu’un tas d’os ankylosés offert en proie aux charognards et Lockhart est devenu le pire de tous. Lockhart n’est plus Lockhart, Lockhart n’est qu’un putain de sauvage, comme elle, pire qu’elle, c’est la trempe des barbares assoiffés de sang, la lignée des maudits bons qu’à torturer. Elle respire plus, y a un orage qui s’abat sur sa cage thoracique, ça la comprime et puis ça claque, elle sent son squelette qui se disloque comme s’il n’était fait que de brindilles, il la mord, la croque et la recrache, il est le prédateur qui la démantibule n’importe comment. Ça tord, ça heurte, ça cogne, ça lynche, ça étrangle, ça crache dans tous les sens, elle a l’impression de même plus rien sentir, anesthésiée par le tsunami qui l’a prise en otage. Sa boîte crânienne se fait beaucoup trop lourde, ses paupières se sont closes et elle bouge plus, même pas quand il lui assène un dernier coup dans la cheville, même pas quand on s’attroupe autour d’elle et que les voix s’élèvent. Elle est plus là, elle s’est perdue quelque part entre sa souffrance et ses souvenirs, quelque part entre la voix de sa mère et les cigarettes de son père, entre la Bible et le fouet, entre le sang et l’eau bénite. C’est un entre-deux, elle essaie de quitter son enveloppe charnelle pour aller en habiter une autre, pour fuir les plaies béantes qui s’offrent à tous, mais elle peut pas, ça marche pas, ses forces l’ont abandonnée et tout ce qu’elle peut faire c’est accepter de rester coincée dans sa propre tête. Elle ressemble plus à grand-chose Lyudmila, c’est qu’une carcasse peinturlurée de rouge, une guerrière qui a bouffé son totem. On lui a fait ravaler ses armes et elles la lacèrent de l’intérieur, y a plus rien qui tourne rond, plus rien qui tourne tout court, le moteur crachote des bulles d’hémoglobine et les roues sont toutes crevées. La sauvageonne devient chair à pâté, elle n’est plus qu’un festin pour les corbeaux ; invitée à la table du cannibale elle vient de se faire dévorer puis recracher, personne voudra des restes empoisonnés.

― the end ―
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