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 our hearts have been changed (selwyn & meredith)

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MessageSujet: our hearts have been changed (selwyn & meredith)   our hearts have been changed (selwyn & meredith) Icon_minitimeVen 9 Jan 2015 - 22:39


Le soleil commençait à descendre doucement derrière les arbres, la journée se terminait. Assise sur son banc dans le parc de Radcliff, Merry referma son livre avec un petit frisson d’excitation. Cela faisait deux bonnes heures qu’elle était là, bien sagement, à fixer les lignes du roman qu’elle avait tiré au hasard dans la bibliothèque de ses parents. Deux bonnes heures qu’elle relisait les mêmes lignes sans les comprendre, l’esprit vagabondant de-ci de-là sur les dizaines de sujets qui l’accaparaient et qui retenaient bien plus son attention qu’un roman, le meilleur fut-il. Elle s’était dit que c’était une bonne idée, de venir lire au soleil, ça faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas accordé de moment de tranquillité de ce style. Et puis, ça ferait passer le temps ! Tu parles. Le temps s’était étiré à l’infini, comme pour mieux la narguer, et elle avait regardé sa montre une bonne centaine de fois depuis qu’elle avait posé ses fesses sur le banc. Elle devait bien se rendre à l’évidence, elle était beaucoup trop nerveuse pour réussir à se calmer aussi facilement ! Mais l’heure de quitter ce banc arrivait enfin, tout doucement. Elle se leva sans doute un peu trop précipitamment pour ne pas ruiner pour de bon cette image de jeune fille réservée et calme qu’elle avait entretenue tout l’après-midi, mais tant pis. Non, elle n’était pas calme, elle bouillait intérieurement depuis des heures ! C’était une torture d’attendre encore, alors que cela faisait des mois qu’elle se préparait à ce jour. Le jour où elle allait enfin revoir Selwyn.

Meredith était revenue depuis très peu de temps de France, et elle avait du mal à retrouver ses repères dans cette ville qui semblait lui être devenue étrangère. Son retour était bien moins évident que ce qu’elle avait espéré, mais elle savait assez quelles en étaient les raisons. La première, évidemment, c’était l’absence de sa petite sœur, mais c’était la raison de sa fuite hors du pays et elle savait bien que ça, ça ne changerait pas à son retour. Ca lui faisait quand même un sacré trou au cœur de revoir ces paysages où elle ne serait plus jamais … Mais elle n’y pouvait rien, malheureusement. Par contre, la deuxième raison était plus facilement remédiable. Si elle se sentait bancale à Radcliff, c’était parce qu’elle n’avait pas encore revu Selwyn, c’était aussi simple que ça. Il lui manquait, voilà tout ! Il avait été sa moitié pendant si longtemps, ils avaient toujours été fourrés l’un avec l’autre depuis tellement de temps … Elle avait l’impression qu’il lui manquait un morceau s’il n’était pas à ses côtés, dans cet environnement familier. En France, c’était différent, elle avait eu peu de temps d’y penser avec toutes ses nouvelles rencontres, et puis l’entraînement et les chasses … Il lui avait terriblement manqué, mais pas de la même façon. Elle savait qu’elle vivait sans lui, là-bas. Ici, elle devait recommencer avec lui, ce n’était pas négociable. Elle avait besoin de le voir, d’entendre sa voix, de reprendre leurs discussions enflammées comme par le passé. Depuis qu’elle avait remis les pieds à Radcliff, ce besoin s’était creusé, creusé, jusqu’à ce qu’elle se demande comment elle avait bien pu faire sans lui pendant trois ans. Et voilà maintenant qu’elle trépignait presque à l’idée de le revoir !

Elle avait soigneusement préparé son coup : elle voulait lui faire une surprise. Elle s’était trouvée un peu embêtée en réalisant qu’elle ne savait plus vraiment où il pouvait passer son temps, ni avec qui, mais elle avait fini par rassembler suffisamment d’informations – notamment en soudoyant Crescentia, qui avait craqué et avait donné l’emploi du temps complet de Selwyn. Emploi du temps pas vraiment original, d’ailleurs, mais c’était tout le charme de Selwyn et ça avait rendu Meredith toute nostalgique. Comme si lui, malgré ces trois ans d’éloignement, n’avait pas changé d’un pouce … Il passait encore régulièrement dans le petit café où ils allaient boire ensemble après les cours, et c’est là qu’elle avait décidé d’aller le retrouver. Son roman remisé – et déjà oublié – au fond de son sac, Merry se dirigea donc d’un pas vif vers le café, poussée par cette impatience qui la faisait presque flotter au-dessus des pavés. Elle eut tout de même une seconde d’hésitation avant de pousser la porte de l’établissement, stoppée par une appréhension qui lui serra le ventre … Mais elle entra tout de même en repoussant ses doutes bien loin d’elle. Elle était si heureuse ! Et c’est avec un gigantesque sourire qu’elle se dirigea vers la table où elle le voyait déjà, en face d’elle. Il était plongé dans sa lecture et ne la vit pas arriver, mais elle eut tout le loisir d’observer les traits de son visage, si familiers et pourtant exquis à découvrir à nouveau. Cette petite ride sérieuse sur le front, le plissement de ses lèvres … Il était exactement comme elle l’avait laissé, avec juste quelques années de plus. « Selwyn ! » Elle franchit les derniers mètres qui les séparaient et se pencha pour l’étreindre avec le même enthousiasme qu’elle aurait eu s’ils ne s’étaient quittés que quelques jours. Encore quelques secondes, elle voulait garder cette illusion qu’elle n’était pas partie si longtemps en le laissant derrière.
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MessageSujet: Re: our hearts have been changed (selwyn & meredith)   our hearts have been changed (selwyn & meredith) Icon_minitimeDim 11 Jan 2015 - 6:46

Ce matin-là, Selwyn se leva ordinairement, prêt à entamer une nouvelle journée ordinaire. Enfin, pas si ordinaire : c’était tout de même aujourd’hui que paraissait la nouvelle édition mensuelle d’un de ses magazines scientifiques préférés, Par-delà le microscope. Lors de ces journées exceptionnelles de parution, le Spiegelman avait tout un rituel qu’il respectait à la lettre : comme il savait que la boutique de revues n’obtenait son précieux recueil des derniers articles des avancées scientifiques que vers 19 h, il finissait sa journée de travail une heure plus tard (attendre sagement dans son salon ne l’enthousiasmait guère), ce qui lui permettait par le fait même de commencer le lendemain plus tard et de se payer une grasse matinée d'une vingtaine de minutes supplémentaires (22 minutes, plus exactement; rien ne se perdait jamais avec Selwyn). Comme l’excitation de découvrir de nouveaux concepts savants l’empêchait d’ingérer quoi que ce soit avant d’avoir lu le mot de la rédaction, il marchait d’un pas rapide vers la maison des presses, dont le service de livraison avait brusquement cessé le jour où le neveu du propriétaire – le livreur – avait raté ses acrobaties en BMX (qu’il accomplissant dans le dessein d’impressionner la girl next door) et qu’il s’était fracturé un nombre incommensurable d’os (et le pauvre n’avait même pas reçu la visite de sa veuve éplorée douce). Le caissier, connaissant les habitudes de locaux et particulièrement celles on-ne-peut-plus enracinées de Selwyn, avait déjà mis de côté le Par-delà et le jeune infirmier n’eut qu’à lui tendre le montant exact, préparé d’avance, bien sûr, avant de devenir l’heureux propriétaire du périodique. Les us voulaient ensuite que le joyeux luron lise les pages divines dans un café à quelques minutes de bicyclette. Il côtoyait l’institution caféinée depuis tellement longtemps que les serveurs préparaient son caffe latte avant même qu’il n’eût posé le pied dans l’établissement. Après un salut chaleureux aux autres habitués de la place/à la vieille tenancière qui l’avait vu grandir, Selwyn se dirigea vers sa place préférée – heureusement libre -, soit une banquette près de la grande baie vitrée. La lecture du mot de la rédaction finie, Selwyn commanda son repas du soir, qui était la seule source de surprise de sa journée, puisqu’il se laissait alors inspirer par les gargouillements de son estomac. La plupart du temps, il enfreignait la nécessité d’avaler les cinq groupes alimentaires et se préoccupait de son deuxième estomac, réservé aux sucreries en tous genres. (Aujourd’hui, par exemple, il se laissa tenter par les viennoiseries exposées dans la vitrine et expérimenta un muffin triple chocolat.)

C’est en pleine lecture d’un article sur l’utilisation de gènes de cétacés pour analyser la réaction des molécules cytotoxiques avec de l’exocytose chimiquement créée (vous n’avez rien compris ? moi non plus, soyez rassurés) qu’un élément de surprise le fit sursauter. Une voix ô combien connue et recalée dans les méandres de ses souvenirs l’interrompit et la propriétaire du « Selwyn ! » l’étreignit de bon cœur. Selwyn, trop surpris pour réagir décemment, ne bougea pas, mais ses bras eurent le réflexe de répondre à l’assaut et entourèrent les épaules de Merry, pendant une fraction de seconde. Merry. Merry était là. Devant lui. Dans ses bras. À Radcliff. Merry, ici. What. Cette effusion d’informations incompatibles à ses neurones le prit au dépourvu. Il ne se rendait pas encore compte que Merry était bel et bien là, après trois ans d’absence. Enfin, ce n’était pas vraiment Merry, si ? Ce n’était juste pas vraiment possible, non ? Et lui, il n’était pas vraiment lui-même, oui ? Il lui était inconcevable que Merry et lui pouvaient se trouver en même temps dans un même lieu. « Merry » souffla-t-il, dans l’espoir de concrétiser l’apparition, en vain. Il se sentait déconnecté, s’il arrivait à (se) sentir quoi que ce soit, et les réflexes l’emportèrent sur sa raison – inexistante en l’absence de réflexion digne de ce nom. « Tiens, assis-toi » lui proposa-t-il, d’une voix neutre, en refermant sa revue qui empiétait sur l’espace de table de Merry. « Tu veux quelque chose à boire ? Attends, j’y vais. » Il se leva, en toute banalité, lui commanda un chaï latte,  espérant qu’elle appréciant encore cette boisson chaude. Merry. Ici. Radcliff. What. Un médecin spécialiste des chocs crâniens aurait adoré analyser Selwyn en ce moment-même : son activité cérébrale avoisinait le néant. L’infirmier était si habitué à sa routine qu’une petite (d’accord, dans ce cas-ci, c’était plutôt une immense, taille mammouthesque) entorse le déstabilisait. Pour une deuxième fois dans sa vie, il ne comprenait pas ce qu’il se passait (la première fois étant lorsqu’il avait constaté l’absence de Merry, trois ans auparavant). Lorsqu’il retourna à la table et qu’il déposa la tasse devant la rouquine, il l’observa, cherchant à se convaincre que ce visage si familier, si ressemblant à la photographie de son ancienne meilleure amie qu’il traînait toujours dans son porte-feuille (photo qu’il n’avait jamais regardée au cours des trois dernières années, soit dit en passant, pour diverses raisons; la première étant que l’exercice de visionnement aurait été trop douloureux, la deuxième, qu’il connaissait l’image par cœur, à tel point qu’il aurait pu, malgré ses talents artistiques épouvantables [sauf lorsqu’il s’agissait de tracer des protons et compagnie], la redessiner étonnamment bien), n’était pas Merry – il ne voulait pas qu’elle soit Merry.  Or, force lui fut de constater que se tenait devant lui Meredith Quinn et il ne comprenait pas. Enfin, si, il pouvait concevoir aisément qu’elle avait quitté l’Europe, mais pas qu’elle se tenait à quelques centimètres de lui, comme avant. Puis, se rendant compte qu’il n’avait, au bout du compte, absolument rien à lui dire, Selwyn se replongea dans la lecture des molécules cytotoxiques.


Dernière édition par Selwyn Spiegelman le Jeu 12 Fév 2015 - 1:29, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: our hearts have been changed (selwyn & meredith)   our hearts have been changed (selwyn & meredith) Icon_minitimeDim 18 Jan 2015 - 18:23


Moment de grâce. Le temps resta suspendu un court instant, ce petit moment où Merry tenait Selwyn dans ses bras et où tout était enfin rentré dans l’ordre. Comme avant, ils étaient à nouveau tous les deux, il n’y avait plus de séparation, pas de non-dits, pas de hunters ou de mutants, juste leur amitié. Et pendant ces quelques secondes, Merry se sentit entière, heureuse. Elle réalisa qu’elle ne l’avait pas été depuis bien longtemps, malgré tout ce qu’elle avait pu croire. Toutes les fois où elle s’était sentie intégrée à son groupe de hunters et où le sentiment d’appartenir pour de vrai à quelque chose de fort, ça n’avait rien à voir. C’était si petit, si insignifiant face à des retrouvailles avec son meilleur ami de toujours ! Elle s’écarta bien à contrecœur, sachant très bien que rien ne serait comme dans ses rêves. Elle avait eu largement le temps d’envisager des dizaines et des dizaines de scénarios possibles à ces retrouvailles, et à présent elle fixait Selwyn avec une anxiété grandissante, se demandant dans quelle direction il allait se diriger. Une bonne, elle espérait. « Merry » Le sourire de la jeune femme s’agrandit encore quand il prononça son nom, mais ça ne diminua en rien l’inquiétude qu’elle ressentait. Il avait l’air complètement stupéfait de la voir, et elle se demanda si elle n’aurait pas mieux fait de l’appeler avant de débarquer comme ça. Mais elle voulait lui faire une surprise, ça aurait été trop bête de s’en priver ! Elle lui avait dit qu’elle revenait, de toute façon. Dans sa dernière lettre, elle avait très nettement écrit qu’elle allait quitter la France. Bon, elle datait déjà de plusieurs semaines, mais quand même ! « Tiens, assis-toi » Elle s’empressa de le faire sans se départir de son sourire, guettant toujours chez lui le moindre signe de … De quoi, au juste ? De joie ? Il avait toujours l’air très surpris, mais elle ne parvenait pas à déterminer si c’était une bonne chose … Ou au contraire une très mauvaise. Ses lèvres n’avaient pas esquissé le moindre petit sursaut, et ses yeux restaient impénétrables. A l’intérieur, Merry bouillait de ne pas pouvoir lire à travers lui – alors qu’elle l’avait toujours si bien fait quand ils étaient encore adolescents ! – et pourtant elle devait s’efforcer d’avoir l’air calme. C’était si difficile ! « Tu veux quelque chose à boire ? Attends, j’y vais. » Elle hocha la tête. « Oui je veux bien … » Il n’avait sans doute même pas entendu sa réponse tant il avait disparu rapidement vers le comptoir, et elle le vit revenir avec une tasse fumante. Un coup d’œil et une respiration au-dessus du liquide lui indiqua qu’il avait prit exactement ce qu’elle souhaitait – ce qu’elle avait toujours pris quand ils venaient ici, et son regard s’éclaira. Enfin un signe positif ! Il se souvenait de ce qu’elle prenait ! Il ne l’avait donc pas oubliée, pas complètement en tout cas … « Merci, Sel’. C’est parfait. »

Elle entoura la tasse de ses doigts pour s’imprégner de sa chaleur et y plongea les lèvres, sans quitter Selwyn des yeux. Il la regardait toujours, et elle s’attendit à ce qu’il dise quelque chose … Mais non. Il se replongea finalement dans sa lecture sans rien ajouter et Merry se retrouva, ébahie, en face de lui alors qu’il ne la regardait même plus. Pendant une seconde, elle ne sut que dire, et son cœur se serra. Il était un étranger qui n’avait rien à lui dire, alors ? Non ! Elle n’était pas venue pour les choses se passent ainsi ! Elle voulait … Elle voulait que tout recommence comme avant malgré l’éloignement, ô combien stupide de sa part d’y avoir cru. Et pourtant, elle effaça cette déception rapidement et décida de ne pas la laisser l’abattre. Elle n’allait pas baisser les bras si rapidement. Merry éclata de rire aussi spontanément qu’elle le pouvait – si par spontanément on oubliait le temps de réaction gigantesque qu’elle avait eu. Son rire sonna un peu bizarrement, un peu fêlé, pas très convaincant sans doute, mais c’était le meilleur qu’elle avait en stock. « Quoi, c’est tout ? » S’exclama-t-elle, tout en veillant à ne pas avoir l’air de lui en vouloir. Il ne fallait pas qu’il se vexe et qu’il s’en aille pour de bon, elle n’était pas sûre de pouvoir gérer ça – et de s’en remettre. « Ca fait trois ans, Sel’ ! Alors dis-moi, qu’est-ce que tu es devenu ? Tu travailles toujours à l’hôpital ? C’est génial que tu sois devenu infirmier, je ne t’aurais pas vu ailleurs qu’au service des autres. C’est tellement toi. » Ajouta-t-elle avec un sourire attendri. Il lui avait annoncé par courrier qu’il était devenu infirmier, elle avait été un peu déçue qu’il ne continue pas pour être médecin, mais ce n’était sans doute pas quelque chose à pointer du doigt. « Qu’est-ce que tu lis ? » Elle releva du bout du doigt la page du journal qu’il lisait. « Oh … Je suis arrivée le jour de la parution de Par-delà. » Fit-elle avec une grimace quand elle vit le titre du journal qu’il lisait. Elle se souvenait parfaitement de la passion qu’il avait pour ce magazine, et à quel point il tenait à le lire immédiatement … Sans que personne ne le dérange. « J’ai mal calculé mon coup. » Il aurait mieux valut qu’elle arrive la veille ou le lendemain, c’est sûr ! Mais ne pouvait-il pas faire une minuscule entorse à sa routine, pour elle ?
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MessageSujet: Re: our hearts have been changed (selwyn & meredith)   our hearts have been changed (selwyn & meredith) Icon_minitimeDim 25 Jan 2015 - 23:30

Bien qu’il détenait à présent la certitude que Meredith Quinn sirotait sa tasse – qu’il lui avait commandée dans un élan incompréhensible – en face de lui, Selwyn ne se faisait toujours pas à l’idée que son ancienne meilleure amie se trouvait là, en chair, os et esprit. Il flottait, à son insu, dans le déni d’une réalité qu’il n’était pas prêt à affronter; une réalité de sentiments qu’il avait enfoncés le plus possible, trois ans auparavant, question d’être minimalement fonctionnel. Autant de fois s’était-il imaginé le retour de Merry et leurs hypothétiques retrouvailles, autant de fois s’était-il convaincu qu’il préférait qu’elle ne revienne jamais à Radcliff ; il savait très bien que leur symbiose d’antan était irrécupérable et n’aurait même souhaité la retrouver, ne sachant plus de quelle manière se comporter envers Merry. Tant que Merry était à des milliers de kilomètres de sa tête tourmentée, Selwyn allait relativement bien. Rajoutez-la dans le tableau de sa nouvelle vie qu’il avait lentement reconstruite et plus rien n’allait. Un seul être revient et tout est dépeuplé. La réapparition de Merry remontait en l’infirmier une nuée d’émotions fortes qu’il ne désirait pas mais pas du tout réveiller, et la seule façon que son subconscient eut de laisser dormir ce dragon de sentiments au fond de sa grotte mal gardée fut de refuser la réalité. Toutefois, la grande force du jeune homme ne se cachait clairement pas en ses capacités mentales – du moins, pas quand Merry était un facteur important – et nul doute qu’elles failliraient trop tôt.

En attendant la submersion de sa sensibilité, Selwyn était parfaitement à l’aise à l’idée de garder Merry à distance. Il lui était mille fois plus évident de se conforter dans ses idées que Merry lui était une pure inconnue que de se replonger dans le désespoir et la colère vécus après son départ. Tant que la rouquine restait calme et silencieuse, il tenait bon. Or, elle ne semblait pas être venue que dans l’optique de le saluer brièvement, ne fut guère satisfaite de le voir se replonger dans sa lecture, et ré-entama les retrouvailles. : « Quoi, c’est tout? » Mais oui, c’était tout. Si elle avait voulu un party surprise avec ballons, confettis et petits gâteaux, elle aurait dû le spécifier ; il n’était pas dans sa tête (l’avait-il déjà été, de toute manière…). Soit Merry cherchait à le torturer encore un peu en lui imposant sa présence, soit elle se préoccupait réellement de ce qu’il advenait de lui (après l’avoir lâchement abandonné, que ceci soit mentionné) – mais aucune des deux hypothèses ne lui semblait plausible. « Ca fait trois ans, Sel’ !  » En effet, excellent calcul. Trois longues années, durant lesquelles le nombre de lettres qu’elle lui avait envoyées se comptait seulement sur les deux mains. À qui le quoi, c’est tout!? maintenant ?  Il avait relevé la tête, sans regarder Merry dans les yeux, préférant gratter la mince couche de lait bouilli collé sur la paroi de sa tasse (c’était bien la meilleure partie du café, il ne fallait pas la perdre, si ?). « Alors dis-moi, qu’est-ce que tu es devenu? » Absolument rien d’intéressant : une loque pendant quelques mois, puis un mutant. «  Tu travailles toujours à l’hôpital? C’est génial que tu sois devenu infirmier, je ne t’aurais pas vu ailleurs qu’au service des autres. C’est tellement toi. » Si elle connaissait son emploi, quelle utilité à le lui demander ?  À son sourire bienveillant, il se contenta de répondre par un autre sourire, en hochant de la tête. Sourire un peu forcé, certes, mais non dénué de gaieté : il appréciait beaucoup son travail, en éprouvait une certaine fierté, et il n’en parlant toujours qu’avec joie. Merry s’attendait probablement à ce qu’il poursuivît la conversation; action normale, voire polie, dans des circonstances semblables. Or, Selwyn ne voyait pas la pertinence de parler plus que nécessaire à son interlocutrice, au cas où elle s’imaginerait qu’il lui portait une attention particulière ou qu’il se réjouissait profondément de son retour. Oh ! bien sûr qu’il brûlait de curiosité ! Pourquoi revenait-elle maintenant, depuis quand restait-elle à Radcliff, que faisait-elle maintenant, médecin, comme ils se l’étaient promis? Mais à toutes ces questions, il comptait trouver réponses ailleurs. Parler à Merry de son retour aurait trop concrétisé cette réalité, qui, somme toute, s’ancrait davantage seconde après seconde, au fil de sa voix qui n’avait pas changé d’un timbre ou de ses yeux pétillants identiques à son souvenir. Devant son mutisme, Merry persista : « Qu’est-ce que tu lis? Oh … Je suis arrivée le jour de la parution de Par-delà. J’ai mal calculé mon coup. » Sans blague. Son arrivée ne dérangeait pas tant sa lecture paisible que l’ordre de l’univers dans lequel il gravitait. Elle serait arrivée hier ou après-demain qu’il aurait probablement réagi de la même manière – à l’exception qu’il n’aurait pu, malheureusement, pas continuer sa fascinante lecture pour échapper aux conventions sociales qui voulaient qu’il échangea plus de deux mots avec elle. Il haussa les épaules. « Bah. Ce n’est pas bien grave. Tu peux rester ici quand même, pendant que je lis. » L’art du compromis par Selwyn Spiegelman, en vente dans toutes les librairies dès demain. « Ils ont le journal du jour, si jamais tu veux connaître toutes les rumeurs de la ville que tu as manquées pendant trois ans. » Faire semblant de se soucier du taux d’amusement de son ancienne meilleure amie tout en essayant de cacher une vieille rancune qui remonte tranquille à la surface , encore écrit par cet auteur de renommée internationale, à ne pas manquer sur vos tables de chevet, mesdames et messieurs.


Dernière édition par Selwyn Spiegelman le Jeu 12 Fév 2015 - 1:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: our hearts have been changed (selwyn & meredith)   our hearts have been changed (selwyn & meredith) Icon_minitimeVen 6 Fév 2015 - 21:25


Plus les secondes passaient, et plus Merry sentait son malaise s’accentuer. Ca ne se passait pas bien, pas bien du tout. Selwyn n’était pas ravi de la voir, ni même un tout petit peu heureux. Il ne ressentait rien, elle ne voyait que ça pour expliquer ce visage fermé, cette absence de réaction. Et dieu savait à quel point elle n’était pas habituée à ce genre de comportement quand il était avec elle ! Depuis qu’ils étaient tout petits, depuis les débuts de leur amitié, jamais il ne l’avait traitée ainsi. Jamais. Même quand ses parents lui défendaient de venir jouer avec elle parce qu’elle risquait de mettre des idées religieuses dans sa tête … Il avait toujours été un garçon souriant, plein de vie, toujours joyeux de la voir. Et elle était si heureuse que les choses soient ainsi ! Il était son rayon de soleil, il suffisait qu’elle le voie pour se sentir bien. Elle ne demandait pas grand-chose, juste leur amitié qui les complétait si bien. Et elle refusait catégoriquement d’accepter que cela puisse être terminé. Comment était-ce possible ? Pourquoi ? Elle comprenait qu’il puisse lui en vouloir d’être partie si longtemps sans rien lui dire, bien sûr qu’elle comprenait, mais cela justifiait-il une telle froideur ? Il avait à peine levé les yeux de son magazine. Elle avait cru un instant que tout irait bien quand il était allé lui chercher son thé, mais visiblement il ne l’avait fait qu’à cause d’un réflexe de pure politesse. Il n’avait pas l’intention de lui parler. Cela se voyait sur son visage, à mesure qu’elle débitait tout ce qui lui passait par la tête qu’il restait de marbre, sans faire mine de répondre à ses questions. Mais bon sang, elle faisait un effort, ne pouvait-il pas en faire autant ? Même si les choses n’étaient plus les mêmes qu’avant son départ, ils pouvaient faire en sorte que cela s’arrange ! Mais peut-être ne le souhaitait-il tout simplement pas. Il avait fait une croix sur elle et sur leur amitié, il l’avait oubliée, elle n’existait plus pour lui. Cette constatation lui serra le cœur, mais Merry n’avait pas l’intention d’en rester là. Elle était devenue hunter, elle avait survécu à la mort de sa sœur, elle s’était endurcie. A présent, elle ne faisait plus demi-tour à la première difficulté. Surtout pas quand son amitié avec Selwyn était en jeu.

Elle s’était donc accrochée, mais sans beaucoup de résultats jusque là. Selwyn ne semblait pas décidé à entrer dans la conversation qu’elle tentait de construire, et Merry se demandait réellement s’il avait l’intention de garder le silence jusqu’à ce qu’elle s’en aille, quand il répondit enfin. « Bah. Ce n’est pas bien grave. Tu peux rester ici quand même, pendant que je lis. » Si elle avait espéré que ses paroles seraient un tant soit peu réconfortantes, il n’en était rien. Il lui avait tout simplement appuyé la tête sous l’eau, en lui disant qu’elle pouvait rester ici tant qu’il lisait. Elle le regarda avec un peu de stupeur, n’en croyant pas ses oreilles. Il aurait pu lui jeter son café à la figure que cela ne lui aurait pas déçue davantage. Il savait pertinemment qu’elle n’était pas venue ici pour le regarder lire, il se fichait d’elle en lui proposant une telle chose. Et il le faisait avec une désinvolture qui lui donnait envie de lui arracher son fameux magazine des mains pour le réduire en confettis. « Ils ont le journal du jour, si jamais tu veux connaître toutes les rumeurs de la ville que tu as manquées pendant trois ans. » Toujours aussi dégagé dans sa façon de lui proposer de ne pas continuer cette conversation qu’il ne souhaitait pas … Mais cette fois, il y avait autre chose. Merry était certaine d’avoir perçu du ressentiment dans sa dernière phrase … Et quand bien même elle s’était fait des idées sur son ton, le choix des mots n’avait pas pu être un hasard. C’était donc ça. Elle se laissa retomber sur sa chaise en poussant un petit soupir. Il lui en voulait donc d’être partie si longtemps. Ce n’était pas franchement une surprise, mais au moins c’était une confirmation et elle était contente d’avoir eu cet indice. Elle détestait avancer dans le noir. « Je me fiche bien des rumeurs de la ville, Sel’. Radcliff ne m’a pas manqué un instant pendant ces trois ans. » C’était sans doute un mensonge, un tout petit. Mais ce n’était pas le plus important. Elle voulait juste voir sa réaction. « Je veux savoir ce que j’ai raté à propos de toi. C’est toi qui m’as manqué pendant tout ce temps. » Elle ne le quitta pas des yeux en disant ces quelques mots, espérant de tout son cœur provoquer une réaction de sa part, n’importe laquelle. Qu’il se mette en colère s’il le souhaitait ! Mais qu’il ne reste pas impassible comme il le faisait. Son absence d’émotion donnait à Merry l’impression de se retrouver devant un étranger froid, quelqu’un qu’elle n’aurait jamais connu. « Je sais que j’ai mis longtemps à revenir, et je sais que je ne peux pas tout arranger du jour au lendemain, mais je suis venue m’excuser … Et te dire que j’aimerais vraiment faire en sorte qu’on redevienne amis, comme avant. »
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MessageSujet: Re: our hearts have been changed (selwyn & meredith)   our hearts have been changed (selwyn & meredith) Icon_minitimeSam 21 Fév 2015 - 20:11

Beaucoup plus de mots étaient sortis de sa bouche que Selwyn ne l'aurait souhaité : malgré son ardent désir de minimiser tout échange avec Merry, il se laissait peu à peu rattraper par une vieille mais encore cuisante rancune envers elle. D'ailleurs, comment devait-il nommer Merry? Ancienne meilleure amie? Il avait horreur de lui accoler cette définition, ne parvenant plus à la considérer comme était une meilleure quoi que ce soit. Ancien amour de jeunesse? Mais cet amour n'avait été qu'à sens unique, avait duré bien plus longtemps qu'une jeunesse et ne se catégorisait pas encore de l'adjectif 'ancien'. Merry lui semblait trop familier, trop habituel, trop plein-de-souvenirs, tandis que Meredith ne signifiait rien pour lui. Réfléchir à Merry et à son identité lui donnait des maux de tête ainsi que de gros dilemmes typologiques (et il évitait donc de la mentionner ou d'y penser concrètement — tâche pour la moins ardue); et ce questionnement nominal était la preuve certaine que Selwyn n'avait toujours pas digéré le départ de Merry, qu'il ne réussissait pas à regarder objectivement le passé. Mais mettons fin à cet aparté sur la subjectivité floue de Meredith Quinn et revenons aux commentaires passifs-agressifs de l'infirmier. Un autre que lui aurait probablement mieux gardé un filtre verbal, n'aurait pas laissé l'amertume se faufiler à travers ses lèvres, mais Selwyn, malgré tous ses efforts, ne pouvait rester longtemps de marbre devant Merry. Même après trois ans. Il lui fallait donc redoubler d'ardeur; hors de question de se dévoiler davantage devant la rouquine. Il se refusait catégoriquement à s'ouvrir à elle; il lui semblait qu'elle ne méritait plus ses confidences, ses états d'âme, ses moindres recoins, elle qui, pourtant, avait été, pendant tant d'années, la (tenancière) de ses secrets. Il ne voulait lui dire à quel point il avait été blessé/peiné/fâché/meurtri/atteint/la-liste-serait-si-longue-que-je-m'arrêterais-ici par son départ; elle était loin d'être sotte et le comprendrait par son comportement. Il n'avait pas voulu laisser transparaître autant de rancune de ses dernières phrases; être amer, ce n'était pas lui. Loin d'être un belligérant, Selwyn fuyait les disputes comme les gens allergiques au beurre d'arachides fuyaient les Reese (les pauvres, s'ils savaient le délice qu'ils rataient) et, de toute leur amitié, jamais n'avait-il cherché la confrontation (principalement parce qu'aucun évènement majeur n'avait permis une querelle d'envergure entre ces deux-là, qui s'étaient toujours compris à demi-mot). Il ne la cherchait pas davantage aujourd'hui et, de toute manière, même s’il l’avait voulue, il se serait rapidement heurté à un mur - il lui était impossible d'accoler à Merry des épithètes négatives,  de dire puisque tu nous as abandonnés pendant trois ans, puisque tu m'as abandonné, me laissant avec nos rêves détruits, tu es une grosse (insérer l'insulte qu'il vous plaira d'imaginer) . Mais même s’il souhaitait éviter toute discorde, il y avait fort à parier que celle-ci apparaîtrait  de toute façon; la distance envers Merry qu'il tentait d'installer depuis quelques minutes fondait tranquillement mais sûrement, en même temps que ses neurones acceptaient la réalité devant lui et que sa rancœur se frayait un chemin jusqu'à ses cordes vocales.

« Je me fiche bien des rumeurs de la ville, Sel’. Radcliff ne m’a pas manqué un instant pendant ces trois ans. » Selwyn voulait bien tenter l'impossible pour retenir le flux d'émotions qui l'assailliraient bientôt, mais un tel blocage nécessitait un peu d'aide de la part de son interlocutrice. Pouvait-elle être plus rude que cela, lui dire plus concrètement à quel point la France avait été ô combien plus agréable que leur ville remplie de gens ennuyants? Il n'avait rien répondu, se contentant de regarder Merry tout en jouant avec la cuillère qu'il tenait entre ses doigts. « Je veux savoir ce que j’ai raté à propos de toi. C’est toi qui m’as manqué pendant tout ce temps. » Il déposa calmement l'ustensile sur la table, sans briser le regard qu'il échangeait avec Merry. Et c'était bien le seul phénomène calme chez lui. Comment pouvait-elle honnêtement lui balancer cela, tandis qu'elle l'avait quasi-oublié durant ces trois années, l'avait on-ne-peut-plus négligé? Y avait-il une caméra cachée quelque part, participaient-ils à une mauvaise émission de télévision sur les relations humaines qui craignent? Écarquillant les yeux de manière exagérée, il glissa d’un ton simili-neutre : « Ah. C’est bien la première fois que tu daignes me le dire, en trois ans d’absence. » Mieux vaut tard que jamais, disaient-ils? Depuis trois ans devenait doucement un lieu commun de toute parole qu’il balançait à Merry; c’était cette réalité qui lui traversait incessamment l’esprit quand il la regardait. « Je sais que j’ai mis longtemps à revenir, et je sais que je ne peux pas tout arranger du jour au lendemain, mais je suis venue m’excuser… Et te dire que j’aimerais vraiment faire en sorte qu’on redevienne amis, comme avant. » Et voilà. Le gros morceau était lâché. Mots à la fois magiques et damnés. Comme il en avait rêvé, de cette déclaration, de cette demande de pardon, d’un signe de vie, d’un signe d’affection de sa part, d’une preuve qu’elle se souvenait d’une longue amitié, et comme il était trop tard : il n’arrivait pas à les croire. La succession des évènements était illogique. En un schéma, voici le problème : quasi-silence pendant des mois a.k.a désintéressement de Merry pour sa personne + demande d’amitié plus tard = confusion. Les propos précédents de Merry avaient peu à peu hérissé l’infirmier, mais cette dernière tirade avait eu le don de l’ulcérer. Merry était-elle à ce point naïve? Elle avait toujours été optimiste, refusant d’imaginer les pires des scénarios, mais en ce moment, elle battait des records de candeur. Et franchement, qui quémandait pour une amitié à vingt-sept ans? C’était une technique utile à la maternelle, mais aujourd’hui… Puis, il y avait dans sa phrase une constatation d’une tristesse infinie : elle avouait elle-même qu’ils avaient cessé d’être amis. Était-ce que maintenant, devant la réserve de Selwyn, qu’elle s’en apercevait? Ou l’avait-elle toujours su, lorsqu’elle était en France, et avait préféré renier ce fâcheux événement? Selwyn se ressassait exactement les mêmes questions, les mêmes doutes, qui le taraudaient depuis des années et sa langue le brûlait de les poser à Merry. Sa conscience menait tout un combat interne digne d’un thriller psychologique accompagné d’un sac jumbo de maïs soufflé extra-beurre : continuer à se terrer dans le mutisme? opter pour la pique ironique qui lui chatouillait le palais? lui révéler ce qu’il pensait? « Mais c’est n’importe quoi ce que tu veux, Merry! » Bon, son agacement avait pris le dessus et décidé ce qu’il dirait, d’accord. « On ne redevient pas ami avec les gens, on reste leur ami parce qu’ils comptent pour nous. Et c’est scientifiquement impossible, d’avoir un comme avant. » S’il avait été un fumeur, il se serait excusé pour aller s’aérer; malheureusement, Selwyn était un bon jeune homme et dut rester assis, devant une Merry qui lui demandait l’impossible.
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MessageSujet: Re: our hearts have been changed (selwyn & meredith)   our hearts have been changed (selwyn & meredith) Icon_minitimeMer 4 Mar 2015 - 19:56


Meredith avait tenté l’approche en douceur avec Selwyn, et ça n’avait sans doute pas été son idée la plus brillante, mais c’était ce qui lui avait semblé le plus approprié. Elle avait sincèrement espéré qu’il serait agréablement surpris par son retour, et qu’ils parviendraient à reprendre contact petit à petit, leur ancienne complicité refaisant surface malgré l’éloignement. Elle était persuadée qu’une amitié comme la leur ne pouvait disparaître, même en trois ans. Elle savait qu’elle avait des tords, bien entendu, mais elle avait de quoi se justifier et elle pensait qu’il l’aurait plus ou moins compris. Elle tenait à lui, elle le lui avait prouvé des milliers de fois par le passé, et son départ n’avait eu rien à voir avec lui, absolument rien. Pourtant, elle se tenait devant lui et sa froideur indiquait clairement qu’il n’avait pas compris. Qu’il n’avait vu que son départ et son silence sans chercher à comprendre … Il avait remis en question leur amitié, et ça n’avait pas été bien compliqué, d’après ce qu’elle pouvait voir. S’il avait tenu un tant soit peu à elle, il aurait attendu qu’elle s’explique avant de se comporter avec elle comme si elle ne comptait plus du tout. Au lieu de ça, il refusait de lui parler et préférait se plonger dans sa lecture. Cette approche là n’avait donc pas marché, elle allait en tenter une autre. Plus frontale cette fois, elle ne s’embarrassa de détours ou de sous-entendus et lui avoua directement ce qu’elle pensait, ce qu’elle souhaitait. Elle ne tenta même pas d’anticiper sa réaction, préférant ne pas se faire d’illusions. A ce stade, elle avait perdu beaucoup de ses espoirs, même si elle n’était pas encore prête à capituler. D’une façon ou d’une autre, elle allait vider son sac à Selwyn et elle ne partirait pas tant que ce serait fait. Qu’il entende au moins ce qu’elle avait à dire, et ensuite elle serait certaine qu’il n’y avait plus rien à faire. Une éventualité qui ne lui plaisait absolument pas. La vie ici, sans lui, lui semblait vide de sens. Elle s’en voudrait de n’avoir pas tout essayé pour le retrouver.

Mais ses mots ne rencontrèrent d’abord aucune réaction de la part de Selwyn, et Merry cru qu’elle avait échoué une nouvelle fois. Il restait impassible, seuls ses doigts jouaient avec sa cuillère. La jeune femme se força à ne pas le quitter des yeux, et enfin il ouvrit la bouche pour répondre. « Ah. C’est bien la première fois que tu daignes me le dire, en trois ans d’absence. » Merry prit ce reproche sans broncher, l’acceptant pour ce qu’il était. Effectivement, elle avait eu énormément de mal à lui dire qu’il lui manquait, mais c’était surtout parce qu’elle ne savait pas quand elle rentrerait et qu’elle ne voulait pas en rajouter dans le supplice de leur séparation. Elle avait essayé de se blinder, ces trois dernières années, de repousser au plus loin la souffrance de la mort de sa sœur. A chaque fois qu’elle avait pensé à Selwyn, elle avait eu envie de rentrer immédiatement à Radcliff, mais elle ne pouvait pas se le permettre. Elle se serait effondrée en revenant trop tôt. En restant loin, elle était parvenue à faire son deuil – plus ou moins bien – et pour ça elle avait du se forcer à ne pas trop entretenir de liens avec Radcliff. Selwyn était le premier de ces liens. Le dernier également. A chaque fois qu’elle avait voulu décrocher le téléphone pour lui parler, elle s’était vue perdre pied, se mettre à sangloter. Ce n’était pas ce qu’elle cherchait. Loin de lui, elle était devenue un tout petit peu plus forte, juste assez pour supporter la mort de sa sœur en étant à nouveau dans la ville … Mais pas suffisamment pour ne pas regretter que cela ait du se faire aux dépends de son amitié avec Selwyn. Elle n’avait pas réussi sur tous les fronts, elle n’avait jamais trouvé le moyen de lui parler, elle avait été lâche et pitoyable. « Mais c’est n’importe quoi ce que tu veux, Merry! » La jeune femme se raidit, vraiment pas habituée à contempler la colère de Selwyn. Il n’était pas un garçon colérique … Du moins pas quand elle l’avait connu. Et elle n’aimait pas l’idée qu’il ait changé en son absence, alors elle fit de son mieux pour ne pas penser de cette façon. Il était en colère contre elle, c’était légitime, cela ne signifiait pas qu’il était devenu une autre personne. Elle ne saurait pas gérer une autre personne … Comme il le disait si bien, c’était n’importe quoi, mais elle voulait le retrouver comme il était avant. « On ne redevient pas ami avec les gens, on reste leur ami parce qu’ils comptent pour nous. Et c’est scientifiquement impossible, d’avoir un comme avant. » Elle le reconnaissait déjà un peu plus dans cette dernière phrase, empreinte de sa logique bien cartésienne. « Tu comptais pour moi ! Et tu comptes toujours beaucoup. Je n’ai pas choisi de perdre ton amitié, même si c’est ce que tu as l’air de croire. » Elle se pencha légèrement en avant, se rapprochant un peu de lui. L’émotion la faisait trembler et elle dut agripper le bois de la table pour se créer une attache sûre, quelque chose qui la calme un peu. « Dieu sait que j’ai assez prié pour retrouver ma vie d’avant et j’ai bien compris que c’était impossible. » Souffla-t-elle d’un ton cassant. S’ils étaient en totale dissonance depuis leurs retrouvailles, ceci au moins faisait un écho au passé : lui invoquait la science et elle le ciel … Cela faisait bien longtemps que ce n’était plus arrivé. « Mais si tu crois que j’ai voulu une seule seconde que tout ça arrive, tu te trompes totalement. Je ne voulais pas perdre Isobel, et je ne pensais pas que son décès me conduirait à … A te perdre toi aussi. J’ai mal réagi, mais je ne savais pas faire autrement. » Elle relâcha la table et se laissa retomber contre le dossier de son fauteuil, brisant enfin le contact visuel avec Selwyn pour fixer sa tasse qui refroidissait. Tous les arguments qu’elle avait pu avoir en tête se mélangeaient dans un fouillis monstrueux et elle ne savait plus quoi dire pour qu’il comprenne ce qu’elle ressentait. « Tu m’as manqué Selwyn, chaque jour, et je voulais te parler mais … Je n’y arrivais pas. » Avoua-t-elle finalement, les yeux toujours baissés. Cette fois elle ne voulait plus voir sa réaction en direct, elle n’avait plus rien d’une battante décidée à retrouver son amitié. Elle se sentait minuscule sous son regard.
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MessageSujet: Re: our hearts have been changed (selwyn & meredith)   our hearts have been changed (selwyn & meredith) Icon_minitimeDim 15 Mar 2015 - 15:27

Il lui semblait que Merry réapparaissait juste au moment où il commençait à l'oublier, à se faire une raison, à songer à un après elle — une période qui, certes, s'annonçait plus terne que le passé, mais qui, de par sa conceptualisation, témoignant d'une amélioration immense depuis trois ans (aux débuts desquels il n'avait vu qu'un avenir nébuleux, incertain, indésirable). Toutefois, entre vous et moi, soyons honnêtes : Selwyn se confortait dans ses mensonges douillets, dans son illusion qu'il avait bel et bien oublié Merry. La vérité était tout autre et les probabilités que les poulets aient une belle dentition droite et blanche sans orthodontiste étaient bien plus élevées que celles d'avoir passé par-dessus toute l'affaire quinnienne. Cédons-lui une petite victoire : la rouquine était moins présente aujourd'hui dans ses pensées qu'hier, mais il faudrait qu'une dizaine d'années s'écoule avant que ne s'estompe toute trace de pincement au cœur à la moindre commémoration de Merry. Vingt ans d'amitié ne s'effaçaient pas si facilement, sans laisser des cicatrices, surtout lorsque le sujet de l'étude était un Selwyn Spiegelman particulièrement nostalgique. Merry réapparaissait juste au moment où il commençait à l'oublier et il s'en fâchait; elle revenait presque comme si de rien n'était, ne se souciant guère des conséquences de son départ ou de son retour. Comme s'il était normal de quitter toute sa vie, toute sa famille, tous ses amis, tout ce qu'elle connaissait et d'y revenir naïvement. C'était bien là l'ancienne Merry, persuadée que tout irait bien dans le meilleur des mondes... Oui bien sûr, tout en elle — ses paroles, ses gestes — témoignait de son repentir, mais Merry ne semblait pas comprendre l'étendue de la problématique de son retour. Elle ne semblait plus le comprendre, lui, Selwyn. Si elle avait eu un peu plus compassion, de compréhension à l'égard de son ancien ami, voire, de réflexion, n'aurait-elle pas adopté dès le départ pour une tonalité plus neutre? Ainsi, elle semblait savoir qu'elle était dans le tort, mais ignorait que de simples mots, aussi sincères étaient-ils, n'avaient pas le pouvoir de compenser trois ans de négligence. Trois ans de discours intérieur à se ressasser à peu près je ne suis rien pour elle je n'ai jamais rien été elle n'en a rien à foutre de moi rien du tout bouh  oh the feels, trois ans de doute, de questionnements, d'inquiétudes malgré lui (était-elle heureuse? au moins, un peu moins triste là-bas? question que sa fuite ait servi à quelque chose?). Non, quelques phrases ne faisaient pas le poids, même si Selwyn aurait adoré retrouver leur amitié d'antan en simplement désirant reconstruire une confiance absolue. Non, quelques mea-culpa n'éclipsaient pas ce que je serai tentée d'appeler un dommage collatéral, un peu à la sauce Peeta Mellark (sauce coupée à l'eau, quand même). Bref : Merry réapparaissait au moment où Selwyn s'y attendait le moins et il se retrouvait complètement déboussolé, ne sachant comment réagir. Il avait essayé, très vainement, de rester distant, mais il venait de lâcher quelques mots trahissant de vieilles émotions. Constant sa colère grandissant, Selwyn aurait tant souhaité que leur entretien désagréable se termine maintenant; il craignait d'être encore plus fâché contre elle et de lui balancer d'autres répliques qu'il regretterait le soir venu. Il savait déjà qu'il s'en voudrait dans quelques heures. Il n'avait jamais été réellement fâché, et surtout par contre Merry qui avait toujours eu le don de l'apaiser, mais il lui était à la fois impossible de continuer à rester de marbre devant Merry et impossible de prétendre qu'il était heureux de la revoir en refoulant sa colère. Trop de ressentiments avaient été réprimés dans le passé et il n'avait été qu'une question de temps/d'élément déclencheur avant que le trop-plein ressortit. Et il savait qu'il était déraisonnable de garder autant de rancune, mais il n'y pouvait rien. Il comprenait la logique des évènements : la mort de la soeur de Merry l'avait tant affectée qu'elle était partie pour l'Europe. D'accord, capiche. Parfaitement humain et sensible. Il savait aussi que l'intensité de sa propre douleur n'avait rien à envier à celle des parents Quinn. Il savait toutes ces évidences, mais son amertume merryienne était toujours restée malgré tout, et savoir qu'il savait qu'il était illogique empirait son exaspération. (À quoi bon avoir l'esprit scientifique et raisonné s'il était inutile dans les cas primordiaux?)

« Tu comptais pour moi! Et tu comptes toujours beaucoup. Je n’ai pas choisi de perdre ton amitié, même si c’est ce que tu as l’air de croire. »  Ce qu'il avait l'air de croire? Mais il n'avait rien cru tout seul! Les actions de Merry — ou ses non-actions justement — le lui avaient dit d'elles-mêmes. « Mais tu n'as pas choisi de la garder non plus »  siffla-t-il. « Dieu sait que j’ai assez prié pour retrouver ma vie d’avant et j’ai bien compris que c’était impossible. »  Au moins, la France ne l'avait pas changée au point de lui en faire passer son goût pour la religion, c'était déjà ça de gagner, déjà un morceau de l'ancienne Merry. Il la laissa parler; son athéisme n'avait rien à répondre à la divinité. « Mais si tu crois que j’ai voulu une seule seconde que tout ça arrive, tu te trompes totalement. Je ne voulais pas perdre Isobel, et je ne pensais pas que son décès me conduirait à… À te perdre toi aussi. J’ai mal réagi, mais je ne savais pas faire autrement. »  Elle se distança, se reposant sur sa chaise et Selwyn eut l'impression de soudainement mieux respirer. Cette proximité physique à la fois si ancienne et si récente était étrange. Et qu'est-ce qu’elle lui racontait en ce moment? Que son deuil avait été trop intense pour qu'ils gardent leur amitié? Que la force de leur relation n'existait plus lorsqu'un malheur arrivait, alors que les malheurs auraient justement dû cimenter leur amitié?  « Tu m’as manqué Selwyn, chaque jour, et je voulais te parler mais… Je n’y arrivais pas. »  Il voulait tellement la croire, mais comment y arriver même en la sachant incapable de mentir? « Mais on s’est toujours parlé, durant toute notre vie! Je pensais qu’être ami impliquait pouvoir compter sur l’autre, lui parler, en cas de problème, j’sais pas. Pourquoi soudainement… »  Oui, d’accord, le décès d’Isobel. Il comprenait…mais non. « Moi aussi, je voulais te parler. Savoir au moins où tu étais. J’ai appelé chez toi. Pendant trois semaines, tous les jours, jusqu’à rendre ton père complètement fou. Mon numéro est sans doute toujours bloqué, d’ailleurs. »  Les premières semaines du départ de Merry avaient été horribles : Selwyn ignorait tout de l’état de Merry, de sa situation géographique. Jour et nuit, il angoissait et n’arrivait à faire rien d’autre qu’imaginer son amie dans les scénarios les plus catastrophiques. Dormir était alors la seule façon de passer le temps en attendant de nouvelles de la fugitive, mais, comble de malheur, dès qu’il posait a tête sur l’oreille et fermait les yeux, il visualisait avec encore plus de réalisme une Merry morte. De bien agréables semaines de torture, donc, qui avaient cessé lorsqu’Ezekiel lui avait donné des nouvelles de sa sœur adoptive. Encore aujourd’hui, il se rappelait avec vivacité son anxiété d’autrefois et c’était sans doute pour cette raison que le ton de sa voix s’était relativement apaisé; on y décelait moins de colère et plus de tristesse. « Je voulais te parler, savoir comment tu allais après tout cela. »  Il avait préparé des boîtes de mouchoirs extra chez lui, au cas où elle viendrait se réfugier et déverser quelques larmes. Et un instant, était-il en train de se laisser attendrir? Fâché contre Merry, tu es, Selwyn. Fâ-ché. Trois ans d’absence. « Mais tout ça, c’est du passé, de toute manière, Merry. » Presque désinvolte, presque. Selwyn le nostalgique par excellence qui disait cela? Laissez-moi rire.
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MessageSujet: Re: our hearts have been changed (selwyn & meredith)   our hearts have been changed (selwyn & meredith) Icon_minitimeSam 28 Mar 2015 - 21:38


Imaginer la vie sans Selwyn … C’était tout bonnement impossible. Pourtant il semblait que cette alternative prenait de plus en plus de réalité à mesure que les minutes passaient et que Merry voyait le jeune homme repousser toutes ses tentatives de réconciliation. Mais elle n’avait jamais vécu sans lui, elle ne savait pas comment faire. Même quand elle était loin de lui, pendant ces années en France, elle n’avait pas cessé de penser à lui … Et il avait gardé cette place particulière pour elle. C’était la certitude qu’il serait toujours là qui l’avait si bien aidée à surmonter l’absence, la distance, le manque. Elle avait été naïve, comme bien souvent, mais elle n’avait pas vraiment imaginé sérieusement que leur amitié pâtirait à ce point de son départ. Pour elle il restait immuable, si bien égal à lui-même qu’il leur suffirait de peu de temps pour retrouver leur belle amitié … Il était comme un frère pour elle, et les frères restaient là quoi qu’il arrive, n’est-ce pas ? Ils pouvaient être fâchés, être vexés ou même blessés, mais ils finissaient par comprendre et par pardonner … Au nom de la famille. Seulement Selwyn n’avait jamais été son frère, et Merry avait eu le tord de l’oublier. Il était un ami, et il fallait entretenir l’amitié pour qu’elle subsiste malgré la distance. Elle savait bien qu’elle avait quelquefois des idées loufoques et impossibles, mais pour le coup, elle s’en voulait atrocement de ne pas avoir réalisé plus tôt que les dommages entre eux seraient irrémédiables. Si même Ezekiel lui avait semblé différent et froid après son retour, alors comment cela pouvait-il être différent avec Selwyn ? C’en était désespérant. Et toutes les excuses qu’elle avait pu avoir, les justifications qu’elle savait être les bonnes … Ne lui semblaient finalement n’être que des illusions, des murs de papier qu’elle avait monté autour d’elle et qui s’étaient envolés. Face au regard froid de Selwyn elle perdait tous ses moyens et prenait conscience de la terrible réalité. Sa vie avait changé bien plus qu’elle ne l’avait cru, à la mort d’Isobel, si elle avait également perdu Selwyn dans la bataille … Mais non, elle ne pouvait pas y croire, elle refusait d’y croire. Elle était celle qui gardait l’espoir malgré tout et elle ne baisserait pas les bras, pas encore.

« Mais tu n'as pas choisi de la garder non plus » La réplique avait fusé, cinglante, et Merry poussa un soupir. « Comment est-ce que tu peux croire que c’est un choix que j’ai fait ? Après toutes ces années à être tous les deux, tu crois vraiment que j’aurais pu faire une croix sur toi aussi facilement, comme ça ? » Elle n’avait certainement pas choisi d’en arriver ici, et elle était ulcérée qu’il voie les choses comme ça. Il avait compté pour elle, au moins suffisamment pour qu’elle n’ait pas envie de le perdre en lui tournant le dos du jour au lendemain ! « Mais on s’est toujours parlé, durant toute notre vie! Je pensais qu’être ami impliquait pouvoir compter sur l’autre, lui parler, en cas de problème, j’sais pas. Pourquoi soudainement… » Parce que même parler lui avait semblé au-dessus de ses forces ? Parce qu’elle ne voulait partager ça avec personne, même pas avec lui ? Ce n’était pas ce qu’il voulait entendre et elle se garda bien de le dire à haute voix, mais c’était la vérité. Face à la douleur, elle avait fui, et elle avait tout fait pour éviter d’en parler. Se perdre dans ses bras, pleurer à chaudes larmes tandis qu’il aurait essayé de la réconforter … Elle aurait voulu en être capable, mais elle avait choisi un autre chemin, celui qui lui avait semblé plus facile à supporter. Devant les inconnus qu’elle avait rencontrés, personne ne lui parlait d’Isobel, et c’était ce qu’elle avait désiré. Faire comme si ce n’était jamais arrivé. « Moi aussi, je voulais te parler. Savoir au moins où tu étais. J’ai appelé chez toi. Pendant trois semaines, tous les jours, jusqu’à rendre ton père complètement fou. Mon numéro est sans doute toujours bloqué, d’ailleurs. » Un sourire un peu triste releva les lèvres de Merry pendant un instant. Elle l’avait appris, bien plus tard, et son père le lui avait d’ailleurs beaucoup reproché. Il n’avait pas compris, lui non plus, pourquoi elle avait laissé Selwyn dans l’ignorance. Personne n’avait compris, et elle n’espérait plus que qui que ce soit le fasse. « Je voulais te parler, savoir comment tu allais après tout cela. » Il semblait s’être un peu radouci, et elle le retrouvait tel qu’elle se souvenait de lui. Elle le regarda, le cœur serré. Alors, c’était ça … Il s’était inquiété pour elle et il lui en voulait pour ça. Elle commençait à comprendre un peu mieux, à se mettre à sa place. Du moins elle essayait, et elle entrevoyait un peu mieux les raisons qu’il avait de ne plus vouloir lui parler. Elle n’avait pas eu le droit de le laisser dans l’ignorance complète comme elle l’avait fait, sans se soucier de l’inquiétude qu’elle provoquait. « Mais tout ça, c’est du passé, de toute manière, Merry. » Il avait dit ça sur un ton qui laissait croire qu’il avait tourné la page, mais ce qu’il avait dit juste avant le démentait totalement. Ou en tout cas c’est ce que Merry choisit de croire ! Elle ne voulait pas qu’il ait tourné la page, et elle allait ignorer le fait que ça pouvait être le cas. « C’est du passé, d’accord, mais … Ca n’efface pas ce que j’ai fait. Je suis désolée, je sais que je le répète beaucoup mais j’aimerais que tu me croies, un peu au moins. » Elle tritura sa serviette entre ses doigts, les yeux baissés. « J’aurais du t’envoyer un message quand je suis partie, je regrette de ne pas l’avoir fait … La vérité, c’est que je n’ai pas pensé à tout ça. Pas du tout. Je voulais juste … Mettre de la distance avec Radcliff, arrêter de pleurer constamment, et arrêter de penser à ce moment où ce dégénéré a posé ses mains sur ma sœur … » Sa bouche se tordit en une grimace, mais elle continua sur sa lancée sans s’appesantir sur ce point, qu’elle avait lancé sans y penser. « Je n’ai pas réfléchi, je suis partie et quand je me suis posée pour mettre de l’ordre dans ma tête, il y avait déjà des semaines qui étaient passées, c’était trop tard. Quand tu harcelais mon père au téléphone, il n’avait aucune idée d’où j’étais lui non plus. Ce n’était pas contre toi, Sel’, ce n’était contre personne en particulier. Je n’avais pas conscience de vous faire du mal. » Avoua-t-elle d’un ton piteux, le regard toujours fixé sur sa serviette. Ce n’était pas franchement une très bonne méthode pour regagner son amitié, ça !
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MessageSujet: Re: our hearts have been changed (selwyn & meredith)   our hearts have been changed (selwyn & meredith) Icon_minitimeSam 4 Avr 2015 - 3:23

« Comment est-ce que tu peux croire que c’est un choix que j’ai fait? Après toutes ces années à être tous les deux, tu crois vraiment que j’aurais pu faire une croix sur toi aussi facilement, comme ça? » Elle avait soupiré; signe que la conversation n'allait pas exactement vers la voie du pays magique avec des licornes crachant des arcs-en-ciel. Elle revenait avec ses questions pièges : mettre Selwyn au cœur du débat pour mieux éviter de se justifier — peut-être parce qu'il n'y avait justement pas de justification possible. Maligne Merry. « Comment est-ce que je peux le croire? Assez facilement en fait. » Assez facilement et malgré lui. Il avait bien essayé d'excuser son ancienne meilleure amie, de lui trouver des raisons (d'accord, il y en avait des potables maiiiis...), toutefois, les vieux doutes revenaient toujours… et souvent avant même qu'on ne les ait chassés. ll ne comprenait pas le raisonnement de Merry et elle ne semblait pas comprendre le sien. Si elle n'avait pas choisi délibérément de couper les ponts avec lui, alors que s'était-il passé? Étant toujours sans réponse à cette question abyssale, Selwyn s'était rabattu sur la seule option possible, soit le choix de Merry. « Si l'on suppose que je ne n'ai ni choisi de faire abstraction totale de notre amitié ni posé des gestes odieux pour que tu ne me parles plus, dis-moi donc ce que je dois croire, Merry, puisque tu sembles mieux le savoir que moi. » Il était odieux, odieux, odieux. D'une condescendance qu'il n'aurait jamais cru être. Et ce ton lui seyait affreusement mal. Ce n'était pas lui, Selwyn, d'être aussi rancunier, aussi fâché, et ce ne pouvait pas être lui qui venait de dire cela, si? Si. Le regrettait-il? Oui. Un peu seulement. Les propos de Merry l'agaçaient : pourquoi semblait-elle lui en vouloir de ne pas la croire quand elle se disait désolée? pourquoi s'obstinait-elle à le blâmer? comme si tout était de sa faute parce qu'il savait qu'elle avait choisi de ne pas lui parler, de rompre leur amitié? Mais à quoi s'était-elle attendue en revenant à Radcliff, diantre!? Qu'il allait simplement faire comme si les trois dernières années n'avaient pas existé? Et même s'il avait voulu effacer de sa mémoire toute trace de cette période horrible, il n'en aurait pas été capable, ne serait-ce que parce que c'était le choc de perdre Merry qui avait éveillé sa mutation (ce qui était un événement assez marquant dans l'histoire d'une vie, nul doute).

Et puis, l'immense colère qui bouillonnait dans ses veines depuis fort longtemps s'apaisa. Comme si le fait d'avoir partagé à Merry une partie de ce qui l'avait dérangé durant toute son absence l'avait libéré d'un certain poids. Du moins, un peu. Ainsi, même après cette longue séparation, Merry détenait toujours le pouvoir de le tranquilliser — douce Merry qui répandait partout où elle allait l'envie de paix internationale, douce Merry au sourire sincère qui répandait le bonheur de vivre. Ainsi, comme avant, Selwyn ne pouvait pas rester fâché contre elle, mais il voulait le demeurer : il ne voulait pas rendre les armes déjà, il ne voulait pas que Merry pensât que... que quoi au fait? qu'une partie de lui était immensément heureuse de la revoir, même s'il se le niait férocement? « C’est du passé, d’accord, mais… ça n’efface pas ce que j’ai fait. Je suis désolée, je sais que je le répète beaucoup mais j’aimerais que tu me croies, un peu au moins. » Ses propos suintaient la vérité; il le savait, il la sentait, pour reconnaître le ton et les gestes qui accompagnaient le tout. Certaines choses ne changeaient pas, heureusement. « Mais je te crois, c'est juste que... » Que quoi? Il ne savait pas trop. Il haussa des épaules, ne continua pas sa phrase. « J’aurais dû t’envoyer un message quand je suis partie, je regrette de ne pas l’avoir fait… La vérité, c’est que je n’ai pas pensé à tout ça. Pas du tout. Je voulais juste… Mettre de la distance avec Radcliff, arrêter de pleurer constamment, et arrêter de penser à ce moment où ce dégénéré a posé ses mains sur ma sœur… » Dégénéré. Le mot avait jailli de son discours comme s'il avait été surligné en jaune fluo. Le rythme cardiaque de Selwyn connut alors quelques ratées... mais non, elle ne pouvait pas réellement vouloir dire quelque chose par l'utilisation de ce terme négatif. Non, non, non. Elle était sans doute victime du discours social actuel qui ressassait dégénéré à toutes les sauces dans tous les médias possibles et inimaginables. Oui, voilà. Merry la pauvre victime de la terminologie de son ère. « Je n’ai pas réfléchi, je suis partie et quand je me suis posée pour mettre de l’ordre dans ma tête, il y avait déjà des semaines qui étaient passées, c’était trop tard. Quand tu harcelais mon père au téléphone, il n’avait aucune idée d’où j’étais lui non plus. Ce n’était pas contre toi, Sel’, ce n’était contre personne en particulier. Je n’avais pas conscience de vous faire du mal. » C'était déjà ça. Ou ce n'était que ça. Il l'aurait crue plus soucieuse, bienveillante, des autres — surtout lorsque les autres en question étaient ses propres parents en deuil de leur autre fille. Et puis, il comprenait le départ précipité. Mais l'absence pendant trois ans? Le peu de communication pendant trois ans? Il prit quelques secondes pour digérer ce qu'elle venait de lui dire, referma son magazine qu'il ne finirait décidément pas maintenant. Il regarda Merry, toute penaude avec son regard rivé vers le bas. C'était lui, Selwyn  Spiegelman, qui avait causé autant de remords chez elle? « Non mais je comprends le départ précipité après Iso', le besoin de changer d'air, et je ne t'en veux pas ou quoi que ce  soit » (je ne t'en veux plus vraiment mais un peu mais ça va un peu mieux maintenant mais juste un peu hein pas trop mais quand même était le fond exact de ses pensées) « mais je ne... comprends pas pourquoi il a fallu que tu... » sa voix tremblotait et il regrettait soudainement de s'être lancé sur cette idée. Et si elle le prenait mal? Et si de toute manière, ça ne changeait pas grand-chose à l'état de leur amitié plus que vacillante en ce moment, alors autant continuer les aveux. « ... que tu fasses, quand tu étais en France, comme si on n'était rien, pas des meilleurs amis, que tu ne parles plus de tout et de rien ou qu'il y avait toujours une bonne excuse pour reporter une session skype ou.. ouais. » Morceau lâché. Il respirait un peu mieux, mais à peine. Et ignorait où regarder, lui aussi. Il n’aurait pas dû dire tout cela. Diantre ! Tout ce qu’il disait à Merry ce soir lui semblait être une erreur, comme s’il ne savait plus comment se comporter avec elle.
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MessageSujet: Re: our hearts have been changed (selwyn & meredith)   our hearts have been changed (selwyn & meredith) Icon_minitimeLun 4 Mai 2015 - 20:02


« Comment est-ce que je peux le croire? Assez facilement en fait. » L’amertume dans le ton de Selwyn crispa Meredith. Oui, de la façon dont il le disait, elle n’avait aucun mal à croire qu’il s’était jeté tête la première sur une explication aussi simpliste. Et plus ça allait, moins elle avait l’impression qu’il le regrettait. Elle avait la désagréable impression qu’il n’en avait pas terminé avec elle, que c’était le moment des règlements de compte, et ce n’était pas facile à accepter sans sourciller, mais elle se mordit la lèvre et attendit sans rien dire. Il avait besoin de vider son sac, elle s’en doutait, et elle n’avait pas le droit de l’en empêcher, après tout ce temps. « Si l'on suppose que je ne n'ai ni choisi de faire abstraction totale de notre amitié ni posé des gestes odieux pour que tu ne me parles plus, dis-moi donc ce que je dois croire, Merry, puisque tu sembles mieux le savoir que moi. » A nouveau, le ton qu’il employa la blessa presque davantage que ses paroles. Elle ne le reconnaissait plus, elle ne savait pas qui était cette personne mesquine et froide qu’elle avait devant elle. Ce qu’elle lui répétait depuis qu’elle s’était assise en face de lui semblait lui entrer par une oreille pour ressortir par l’autre, et il ne cessait de poser la même question. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Mais elle n’en savait rien, bon sang ! « Je n’ai pas d’explication scientifique à te donner Selwyn ! Rien qui ne rentres dans ta logique ou qui soit reproductible en laboratoire, j’ai agi spontanément et sans penser à rien, c’est tout. Essaye d’imaginer ce que j’ai pu penser, essaye de te mettre à ma place ! Je venais de perdre ma sœur ! Comment voulais-tu que je reste rationnelle ? Peut-être que tu aurais agi différemment, peut-être que tu serais resté digne et que tu ne te serais pas enfui, mais tu n’en sais absolument rien, alors cesse de juger mes réactions et essaye juste de les comprendre. Sois un peu plus ouvert d’esprit. » Elle ravala de justesse le "pour une fois" qui suivit, ayant déjà bien trop conscience d’avoir franchi les limites en sous-entendant qu’il ne savait rien de sa douleur. Mais effectivement, il n’en savait rien. Il n’avait pas vu sa petite sœur brûler vive, il n’avait jamais eu à subir de douleur si vive. Il était resté ici à vivre sa vie si tranquille et elle lui en voulait, elle lui en voulait tellement ! Il ne semblait pas comprendre que quelquefois, il n’y avait aucune explication à donner, que seul l’instinct de survie prenait le pas. Seule leur ancienne amitié avait empêché la jeune femme de lui balancer ces vérités aussi crûment, mais il saurait parfaitement lire entre les lignes, elle lui faisait confiance.

Sa colère soudaine s’effaça pourtant en même temps que sembla diminuer celle de Selwyn, et Merry se prit à espérer une nouvelle fois. Oh, elle était sans doute encore bien naïve d’y croire, mais elle ne pouvait faire autrement. Elle était bien trop attachée à Selwyn pour parvenir, même maintenant, à lui tourner le dos, et le moindre petit signe lui semblait un immense pas en avant. « Mais je te crois, c'est juste que... » L’étincelle d’espoir n’était donc pas vaine ! Merry se redressa, les yeux brillants, mais il ne termina pas sa phrase et il la laissa repartir dans ses excuses alambiquées sans plus l’interrompre. Elle ne savait pas s’il disait ça uniquement pour lui faire plaisir – dieu sait qu’il l’avait fait si souvent par le passé ! – ou s’il le pensait réellement, mais l’entendre de sa bouche était un vrai réconfort. C’était un début, se répétait-elle en boucle, et un bon début. Elle ne pouvait pas abandonner si proche du renouveau, plus maintenant ! Et plus question de lui sortir des horreurs, se promit-elle. Elle voulait qu’il redevienne son ami, pas le faire fuir en l’accusant d’être insensible. Elle savait qu’il n’était pas insensible, c’était juste qu’ils ne se comprenaient plus, mais il suffisait qu’elle trouve les bons mots, et peut-être …  « Non mais je comprends le départ précipité après Iso', le besoin de changer d'air, et je ne t'en veux pas ou quoi que ce  soit » Elle le regarda d’un air un peu sceptique. Il ne lui en voulait pas, vraiment ? C’était pourtant bien le contraire de ce qu’il disait depuis dix minutes. Qu’il lui reprochait d’être partie comme ça … Mais elle appréciait tout de même l’effort qu’il faisait pour rester diplomate. « mais je ne... comprends pas pourquoi il a fallu que tu... » Elle le fixa d’un air suppliant, attendant qu’il lâche enfin la fin de sa phrase. Peut-être allait-elle enfin comprendre ! « ... que tu fasses, quand tu étais en France, comme si on n'était rien, pas des meilleurs amis, que tu ne parles plus de tout et de rien ou qu'il y avait toujours une bonne excuse pour reporter une session skype ou.. ouais. » Il avait l’air presque aussi gêné qu’elle, à présent, et elle aurait voulu trouver les mots pour désamorcer facilement cette situation si tendue. Il semblait n’attendre que ça : quelques mots bien placés pour tout arranger … Mais elle n’avait pas de formule magique. Même si Selwyn semblait bien plus conciliant, elle ne savait toujours pas ce qu’elle pourrait lui dire pour le convaincre qu’il n’était pour rien là-dedans, et qu’elle n’avait en aucun cas souhaité toute cette histoire. « Ce n’était pas ce que je voulais que tu ressentes, je t’assure. Mais … » Elle se mordit la lèvre, et se força à continuer. « Quand les mois sont passés, que je me suis rendue compte que je n’avais donné de nouvelles à personnes, quand … J’ai réalisé que j’avais abandonné tout le monde … Je ne sais pas si tu imagines le … » Elle regarda au plafond, un profond malaise l’empêchant de mettre des mots sur ce qu’elle aurait voulu dire. Ce qu’elle devait pourtant dire, sans quoi il ne comprendrait sans doute jamais. Mais elle n’était pas sûre que cela l’excuse en aucune façon, même si elle réussissait à l’avouer à haute voix. « J’avais honte, Sel. C’est tout. J’avais honte de vous avoir laissés comme ça sans rien dire. » Elle se passa une main sur le visage comme pour se soustraire à son regard le temps d’un instant. Comment expliquer cette sensation humiliante d’avoir été une moins que rien pour tous ceux qu’elle avait aimés, en commençant par lui-même ? Elle s’était infligé ça toute seule, pour le coup. En refaisant sa vie sans rien dire, elle leur avait tourné le dos, et elle s’en était rendu compte trop tard. « Passé le moment où je ne voulais parler à personne, à chaque fois que je pensais à toi et que je me disais que je voulais te parler, je réalisais que ça faisait déjà trop longtemps et que si je t’appelais, je tomberais comme un cheveu sur la soupe, que je n’arriverais jamais à m’expliquer, et je repoussais l’échéance, c’était un cercle vicieux … Alors je t’ai envoyé des mails en me disant que c’était moins terrible ainsi, que je ne te parlais pas en face et que les reproches, ce serait pour plus tard. » Pour être parfaitement honnête, elle n’avait pas vu les choses aussi lucidement quand elles s’étaient présentées, mais dans la pratique c’était exactement ce qui s’était passé et elle ne s’en rendait réellement compte … qu’aujourd’hui. Elle s’était trouvé diverses excuses pour ne pas avoir à parler à Selwyn en face, que ce soit par skype ou par téléphone, mais c’était surtout parce qu’elle savait au fond d’elle que c’était bien trop tard pour se manifester. Et aujourd’hui, c’était plus tard que jamais.
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